Élection présidentielle portugaise de 2016

élection au Portugal

L’élection présidentielle portugaise de 2016 se tient le pour élire au suffrage universel direct le président de la République portugaise pour un mandat de cinq ans. Le chef de l'État sortant, le social-démocrate Aníbal Cavaco Silva, ne peut concourir à cette élection puisque achevant son second quinquennat.

Élection présidentielle portugaise de 2016
Type d’élection Élection présidentielle
Corps électoral et résultats
Inscrits 9 751 398
Votants 4 744 597
48,66 % en augmentation 2,1
Votes exprimés 4 642 015
Blancs et nuls 102 552
Marcelo Rebelo de Sousa – PPD/PSD
Voix 2 403 879
51,99 %
António Sampaio da Nóvoa – Ind.
Voix 1 058 705
22,90 %
Marisa Matias – BE
Voix 468 414
10,13 %
Résultats de l'élection
Carte
  • Marcelo Rebelo Sousa
  • Sampaio da Nóvoa
  • Edgar Silva
Président de la République
Sortant Élu
Aníbal Cavaco Silva
(Indépendant)
Marcelo Rebelo de Sousa
(PPD/PSD)

À l'issue du tour, le social-démocrate Marcelo Rebelo de Sousa est élu dès le premier tour avec 51,99 % des voix. Son mandat a commencé le .

Contexte

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Le président sortant, Aníbal Cavaco Silva.

Le , l'ancien Premier ministre social-démocrate Aníbal Cavaco Silva, qui a dirigé trois gouvernements constitutionnels entre 1985 et 1995 (soit le mandat le plus long pour un chef de gouvernement portugais), est élu de justesse président de la République portugaise à l'issue du premier tour de scrutin, avec 50,6 % des voix[1]. Son élection, la première à la présidence d'un candidat conservateur depuis la révolution des Œillets, devait inaugurer une « cohabitation » avec le gouvernement socialiste dirigé par José Sócrates, avec lequel les rapports seront tendus. La victoire du Parti socialiste (PS) aux élections législatives du n'entamera pas la popularité du chef de l'État qui annonce, à la fin de l'année 2010, sa candidature pour un second mandat.

Le , Cavaco Silva est aisément réélu avec 53,1 % des voix à l'issue du premier tour, au détriment de son concurrent socialiste, le poète Manuel Alegre[2],[3] ; néanmoins, plus d'un électeur sur deux ne s'est pas rendu aux urnes, puisque le taux d'abstention pour cette élection présidentielle est estimé à 53,4 % des inscrits. Ayant promis d'exercer « une magistrature active » pour « défendre les intérêts du Portugal », le chef de l'État est directement intervenu, les semaines suivantes, pour conjurer la crise économique et politique impliquant le pays. Après la mise en échec du gouvernement Sócrates, Cavaco Silva devait dissoudre l'Assemblée de la République et convoquer des élections anticipées, largement remportées par le Parti social-démocrate (PPD/PSD), emmené par Pedro Passos Coelho, et son allié, le Parti populaire, dirigé par Paulo Portas.

Âgé de 76 ans, Aníbal Cavaco Silva aura été élu deux fois de suite à la présidence de la République portugaise. Conformément à l'article 123 de la Constitution du Portugal relative à la « rééligibilité » du chef de l'État, il ne pourra pas solliciter un troisième mandat présidentiel de cinq ans. Les citoyens portugais âgés d'au moins dix-huit ans vont devoir élire le vingtième président de la République portugaise et le septième président depuis la révolution des Œillets.

Cette élection présidentielle se tient trois mois après les élections législatives du . Bien que l'alliance de centre droit Portugal à Frente menée par le Premier ministre sortant Pedro Passos Coelho soit arrivée en tête, celui-ci, malgré le soutien du président de la République, a été renversé à l'Assemblée nouvellement élue par une coalition de gauche inédite, le PS étant allié à deux formations de gauche radicale, le Bloc de gauche (BE) et la Coalition démocratique unitaire (CDU). Aníbal Cavaco Silva, qui s'est dit défavorable à la constitution d'un gouvernement soutenu par une telle majorité hétéroclite, s'est finalement résolu à nommer le socialiste António Costa comme Premier ministre.

Modalités

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Le président de la République portugaise est élu pour un mandat de cinq ans, au suffrage universel direct. Tout candidat doit disposer d'au moins sept mille cinq cents et d'au plus quinze mille parrainages de citoyens inscrits sur les listes électorales, dont la validité est contrôlée par le Tribunal constitutionnel, et soumettre sa candidature au plus tard un mois avant la tenue du premier tour.

Si, le jour du scrutin, aucun candidat n'obtient la majorité absolue des suffrages exprimés, un second tour est organisé deux semaines plus tard, entre les deux candidats ayant obtenu le plus grand nombre de votes. Celui qui arrive en tête est déclaré élu. Depuis la révolution des Œillets, en 1974, seule l'élection de 1986 s'est jouée au second tour, entre le socialiste Mário Soares, qui l'a finalement emporté, et le chrétien-démocrate Diogo Freitas do Amaral.

S'agissant de cette élection présidentielle, le premier tour est convoqué le . Un second tour, s'il devait être nécessaire, opposerait les deux candidats arrivés en tête à l'issue du premier tour trois semaines plus tard, le .

Un peu plus de neuf millions d'électeurs pourront élire le président de la République au cours de ce scrutin.

Candidats

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Candidatures déclarées

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Au , jour du premier tour de l'élection présidentielle, dix candidats sont parvenus à satisfaire les conditions pour se présenter à la succession d'Aníbal Cavaco Silva. C'est le nombre de candidats le plus élevé à une élection présidentielle depuis la Révolution des Œillets en 1974.

Favori des sondages et des enquêtes d'opinion[4],[5], Marcelo Rebelo de Sousa, 67 ans, est soutenu par le Parti social-démocrate (PPD/PSD), le Parti populaire (CDS-PP) et le Parti populaire monarchiste (PPM). Ancien dirigeant du PPD/PSD, il se revendique pourtant comme un « candidat indépendant ».

Ancienne ministre de la Santé et présidente du groupe PS à l'Assemblée de la République, Maria de Belém Roseira, 66 ans, n'est cependant pas officiellement soutenue par le Parti socialiste (PS)[6]. Se présentant comme une candidate indépendante de centre-gauche, elle a publiquement désapprouvé le gouvernement socialiste d'António Costa soutenu par la gauche radicale à l'Assemblée.

Autre candidat indépendant de centre gauche, l'ancien recteur de l'université de Lisbonne, António Sampaio da Nóvoa, 61 ans, soutenu par le PCTP-MRPP et le mouvement LIBRE, propose un programme de gauche rejetant l'austérité, prônant un rapprochement des institutions européennes et soutenant le gouvernement de gauche appuyé par le Bloc de gauche et le Parti communiste à l'Assemblée.

La députée européenne Marisa Matias, 39 ans, est la plus jeune candidate à cette élection présidentielle. Soutenue par le Bloc de gauche (BE), elle se dit favorable à l'intégration européenne mais dénonce les « diktats imposés par le gouvernement allemand ».

Le Parti communiste (PCP) est représenté par Edgar Silva (en). Âgé de 53 ans, celui-ci est membre de l'Assemblée législative de Madère depuis 1996.

Les cinq autres candidats, indépendants de toute formation politique, sont néanmoins crédités de faibles intentions de vote à en croire les sondages.

Candidatures évoquées

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Deux anciens Premiers ministres ont néanmoins renoncé à concourir à l'élection présidentielle : le socialiste António Guterres, longtemps présenté comme un favori[7], et le social-démocrate Pedro Santana Lopes, qui semblait intéressé par une candidature avant de renoncer publiquement[8].

Résultats

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Résultats de la présidentielle portugaise de 2016[9]
Candidats Partis Premier tour
Voix %
Marcelo Rebelo de Sousa PSD[a] 2 413 956 52,00
António Sampaio da Nóvoa Indépendant[b] 1 062 138 22,88
Marisa Matias BE[c] 469 814 10,12
Maria de Belém Roseira Indépendant 196 765 4,24
Edgar Silva PCP[d] 183 051 3,94
Vitorino Silva Indépendant 152 374 3,28
Paulo de Morais Indépendant 100 191 2,16
Henrique Neto Indépendant 39 163 0,84
Jorge Sequeira Indépendant 13 954 0,30
Cândido Ferreira Indépendant 10 609 0,23
Votes valides 4 642 015 97,84
Votes blancs 58 964 1,24
Votes nuls 43 588 0,92
Total 4 744 597 100
Abstention 5 006 801 51,34
Inscrits / participation 9 751 398 48,66

Analyse

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Sans surprise, Marcelo Rebelo de Sousa est élu président de la République portugaise à l'issue du premier tour de cette élection. Sauf en 1986, tous les présidents portugais ont été déclarés élus dès le premier tour, sans qu'ils ne soient contraints d'attendre un second tour. Avec 51,99 % des voix, Rebelo de Sousa distance largement son principal concurrent, António Sampaio da Nóvoa.

Ce dernier, avec 22,90 % des voix, recueille un résultat satisfaisant mais ne parvient pas à contraindre le candidat du centre droit à un ballotage. Cet échec est certainement dû à la diversité des candidatures se réclamant de la gauche ou du centre gauche comme celle de l'ex-ministre Maria de Belém Roseira.

Celle-ci subit un camouflet : alors que les sondages la donnaient troisième, elle ne recueille que 4,24 % des voix et se trouve largement distancée par Marisa Matias ; la candidate du BE a rassemblé un peu plus de 10 % des suffrages, ce qui constitue une surprise importante de ce scrutin.

Conséquences

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Le mandat présidentiel de Marcelo Rebelo de Sousa commence le . Le nouveau chef de l'État doit alors travailler avec un gouvernement socialiste soutenu par une majorité courant du centre gauche à la gauche radicale dans le cadre d'une « cohabitation ».

Notes et références

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  1. Soutenu par le CDS-PP et le PPM
  2. Soutenu par PCTP et L
  3. Soutenue par le MAS
  4. Soutenu par le PEV

Sondages

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  1. « Anibal Cavaco Silva a remporté la présidentielle portugaise dès le 1er tour », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. « Le président portugais réélu avec 53% », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (pt) « Résultats officiels de l'élection présidentielle de 2011 », sur cne.pt.
  4. (pt) « Marcelo Rebelo de Sousa admite candidatura às presidenciais de 2016 », SIC Notícias,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Marcelo Rebelo de Sousa est le grand favori de l'élection présidentielle du 24 janvier au Portugal », sur www.robert-schuman.eu, 4 janvier 2016. (consulté le )
  6. (pt) Catarina Falcão Lusa et Catarina Falcão, « Oficial: Maria de Belém comunicou a Costa que será candidata à Presidência », Observador (pt),‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (pt) « António Guterres diz que não é candidato a ser candidato às presidenciais de 2016 », Observador (pt),‎ (lire en ligne).
  8. (pt) « Santana Lopes anuncia que não é candidato a Belém », Expresso,‎ (lire en ligne).
  9. « Commission électorale », sur www.cne.pt (consulté le ).

Voir aussi

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  NODES
Note 4