Agriculture traditionnelle piaroa

L'agriculture traditionnelle piaroa, basée sur la culture itinérante, est typique de la région guyanaise et de l'Amazonie. Elle comprend de nombreuses espèces et variétés qui sont plantées dans des portions de jungle ou de forêt secondaire défrichées et qui retournent au fil des ans à l'état de forêt secondaire.

Cycle de culture

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Le cycle de culture piaroa est constitué d'une série de phases interdépendantes qui se suivent et parfois se chevauchent. La principale différence se situe entre les phases intensives, connues sous le nom de patha et une série de phases décrites avec le terme générique resaba. Ces dernières commencent quand les cultures exigeantes comme le manioc ou le maïs sont remplacées par celles à croissance lente comme les arbres, qui demandent peu d'attention et des périodes de production beaucoup plus longues. On peut voir dans le tableau ci-après que ces deux termes génériques sont divisibles en plusieurs catégories plus petites, qui décrivent les phases de l'évolution du jardin, des espèces dominantes, du propriétaire, etc.[1]

Principales phases de culture[1]
Français Piaroa Période Végétation dominante
Forêt abattue Isaka homena/isaka sakwa - Végétation haute
Champ abattu mais pas encore brûlé Dawye hoipia 0-4 mois Végétation séchant
Champ brûlé, période de culture Isaka kwoa 4-5 mois Végétation brûlée, écorces
Jardin de maïs Yamu patha/patha aleata 5-11 mois Maïs (Zea mays)
Jardin de manioc Ire patha 1-3 (5) ans Manioc (Manihot esculenta), cultures mineures
Début de jachère, végétation basse/buissonnante, champ de manioc récemment abandonné Resaba sakwa, resaba hareaba 3-4 ans Légumineuses, palmiers, plantes à fruits, plantes médicinales et magiques
Jachère avec péjibaie / jachère avec uvilla / (le nom dépend de l'espèce dominante) Pahare resaba, nai resaba, etc. plus de 4 ans Péjibaie, palmier pêche (Bactris gasipaes), Cupuaçu (cacao sauvage) (Theobroma grandiflorum), Uvilla (Raisin d'Amazonie) (Pourouma cecropiifolia), etc.
Vieille forêt secondaire Tabo(saba) resaba plus de 6 ans Mélange de plantes cultivées et sauvages (en particulier palmiers et arbres fruitiers)
Vieux jardin des ancêtres Tabotihamina resaba plus de 25 ans Végétation sauvage et plantes associées à l'intervention humaine (par ex. Sclerolobium guianense)
Forêt primaire et vieille forêt secondaire De'a plus de 75 ans Végétation sauvage

Espèces cultivées

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Plantation de manioc des indiens Piaroa, Venezuela.
 
Racines de manioc
 
Ignames
 
Cupuaçu (cacao sauvage)

Le nombre d'espèces et de variétés plantées est élevé. Même si seulement cinq variétés de manioc son plantées majoritairement pour leur commercialisation, il est planté dans 15 à 25 variétés[1] et connu en plus de 100 variétés ayant des différences de saveur, d'acidité ou de couleur. Le manioc est à la base d'une trentaine de plats différents: huit types de gâteaux, quatre types de farine grillée, trois façons de consommer les tubercules, onze types de boissons et trois façons d'utiliser le yare (jus pressé), tels que la fameuse sauce cathare ou chaude (fabriqué à partir de yare, de piment et de têtes de fourmis bachaco)[2].

Liste non exhaustive de plantes cultivées par les Piaroas dans l'Alto Cuao et lieux de culture[1].
Nom vernaculaire Nom scientifique Nom piaroa Lieu de plantation/récolte Utilisation
Manioc Manihot esculenta Ire jardins nourriture
Maïs Zea mays Yamu jardins nourriture
Patate douce Ipomoea batatas Wiriya jardins nourriture
Ananas Ananas comosus Kana jardins nourriture
Banane Musa sp. Paruru forêt secondaire nourriture
Péjibaie (palmier pêche) Bactris gasipaes Pahare forêt secondaire nourriture
Cupuaçu (cacao sauvage) Theobroma grandiflorum Harewa forêt secondaire nourriture
Uvilla (Raisin d'Amazonie) Pourouma cecropiifolia Nai forêt secondaire nourriture
Mingucha Oenocarpus bataua Bare pu'ori forêt primaire et secondaire nourriture
Piment Capsicum frutescens Rate jardins nourriture
Cucurito Attalea maripa Wacha forêt secondaire nourriture
Manaca Euterpe precatoria Menea forêt secondaire nourriture
Papaye Carica papaya Mapaya jardins, forêt secondaire nourriture
Cocona, túpiro Solanum sessiliflorum Nu'e forêt secondaire nourriture
Camon, manoco, punáma, milpesos Oenocarpus bacaba Pho pu'ori forêt primaire et secondaire nourriture
Igname Dioscorea sp. Huare jardins nourriture
Mamure Heteropsis spruceana Kiyo wipo forêt secondaire vannerie
Tabac Nicotiana tabacum Jatte jardins tabac à fumer
Capi Banisteriopsis caapi Tuhuipä forêt primaire et secondaire plante magique
Yopo Anadenanthera peregrina Yuhua forêt primaire et secondaire plante magique

Les jardins de l'Alto Cuao où Zent a effectué ses recherches et qui représentent bien l'agriculture traditionnelle des Piaroas, renferment de 20 à 40 cultigènes et vraisemblablement plus d'une centaine de variétés différentes[3]. Les cultures vivrières les plus importantes sont le manioc et le maïs, mais sont également plantés des:

Références

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  1. a b c et d Freire 2007, p. 681-696.
  2. Rivas 2009.
  3. Zent 1992, p. 194-197.

Bibliographie

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  • (en) Germán Nicolás Freire, « Indigenous Shifting Cultivation and the New Amazonia: A Piaroa Example of Economic Articulation », Human Ecology, Boston, Springer US, vol. 35, no 6,‎ , p. 681-696 (ISSN 0300-7839, DOI 10.1007/s10745-007-9120-y, lire en ligne)
  • (es) Pedro Rivas, « La agricultura en los piaroa », Así Somos, no 3,‎ , p. 37 (lire en ligne)
  • (en) Stanford Rhode Zent, Historical and Ethnographic Ecology of the Upper Cuao River Wõthĩhã : Clues For an Interpretation of Native Guianese Social Organization, New York, Columbia University, , 478 p. (lire en ligne) (thèse de doctorat)
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