Bataille du cap Finisterre (mai 1747)

bataille navale

La première bataille du cap Finisterre est une bataille navale livrée pendant la guerre de Succession d'Autriche. Elle est souvent nommée aussi bataille du cap Ortégal puisqu'elle s'est déroulée au large de l'Espagne. Cette bataille oppose le 14 mai 1747 une escadre britannique, commandée par George Anson, à l'escorte d'un convoi français, commandé par Jacques-Pierre de Taffanel de La Jonquière. C'est le deuxième des trois grands affrontements navals opposant la Marine française à la Royal Navy pendant ce conflit[2]. Cette bataille se déroule dans le cadre de la stratégie des convois.

Bataille du cap Finisterre
Description de cette image, également commentée ci-après
Les vaisseaux de La Jonquière se sacrifient pour sauver le convoi vers le Canada.
Informations générales
Date [1]
Lieu Au large de cap Finisterre espagnol
Issue Victoire britannique
Belligérants
Drapeau du royaume de France Royaume de France Drapeau de la Grande-Bretagne. Royaume de Grande-Bretagne
Commandants
Marquis de La Jonquière George Anson
Forces en présence
6 vaisseaux de ligne
2 frégates
30 ou 40 navires marchands
14 vaisseaux de ligne
1 frégate
1 brûlot
Pertes
6 navires capturés
2 frégates
7 navires marchands

Guerre de Succession d'Autriche

Batailles

Campagnes italiennes

La France et la Grande-Bretagne protègent, pendant la guerre de Succession d'Autriche, leurs navires de commerce en formant de grands convois escortés contre les corsaires et les vaisseaux adverses. La Grande-Bretagne, qui dispose de plus de navires de guerre que la France, met en place en 1747 une puissante escadre destinée à intercepter les convois qui partent vers les Antilles et les Indes. Cette bataille, acceptée par les Français pourtant en grande infériorité, se termine par leur défaite, mais la Royal Navy doit laisser s'échapper une partie du convoi et découvre la qualité supérieure des nouveaux vaisseaux de 74 canons.

Le contexte : la protection des convois pendant la guerre de Succession d'Autriche

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La guerre, qui a repris entre la France et la Grande-Bretagne en 1744, n'a vu se dérouler qu'une seule grande bataille navale — la même année — devant Toulon. Depuis cet affrontement, la Marine française, qui combat avec des effectifs très inférieurs à ceux de la Royal Navy — 51 vaisseaux contre 120 en 1744, sans compter les frégates — a réussi à éviter les grandes engagements au profit de la sureté de ses liaisons avec les possessions coloniales des Antilles, d'Amérique, d'Afrique et des Indes. Les Français ont donné la priorité à l'escorte des convois marchands, organisés par le ministre de la Marine, Maurepas. Ces missions sont remplies avec succès de 1744 à 1747, au point que les chambres de commerce des ports adressent des félicitations aux officiers de la Marine de guerre, note l'historien Patrick Villiers[3].

La Royal Navy est, de son côté, empêtrée dans une guerre contre l'Espagne et dans un lourd soutien à la British Army des Pays-Bas autrichiens[4], ce qui l'oblige à disperser ses escadres un peu partout. Celle de la Manche, entre autres, est très importante alors que les Français ont renoncé après deux échecs à leurs plan d'invasion de la grande-Bretagne et ont quasiment déserté ces eaux, n'y laissant agir que les corsaires. La Royal Navy ne prend conscience du succès de la stratégie française qu'en 1746, ce qui suscite une vigoureuse réaction menée par des chefs nouveaux (George Anson, Edward Hawke) qui remplacent les vieux amiraux. Ils décident de serrer la côte française au plus près avec une nouvelle escadre, le Western Squadron, chargée de guetter l’arrivée ou le départ des convois (souvent prévenus aussi, par un service d’espionnage renforcé)[5]. Cette politique de blocus provoque en 1747 la reprise des grands affrontements navals sur la façade atlantique.

Le déséquilibre des forces en présence

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Côté français, il n'y a aucune raison de changer une stratégie qui a très bien fonctionné jusque-là et on prépare les armements pour la campagne de 1747 sur les mêmes principes que ceux des années précédentes. Deux convois sont prévus pour le printemps 1747. Le premier est purement militaire puisqu'il s'agit d'apporter de gros renforts pour le Canada où l'on n'a pas renoncé à reconquérir la forteresse de Louisbourg, prise en 1745 par les Anglo-Américains (c'était l'un des rares véritable succès de la Royal Navy depuis le début de la guerre). Un convoi de 40 navires de charge[6] doit quitter Brest en mai sous les ordres de Jacques-Pierre de Taffanel de La Jonquière, un chef d'escadre expérimenté, habitué des missions d'escorte et qui doit prendre le poste de gouverneur du Canada[7]. On peut cependant se demander si le succès des précédentes missions n'amène pas le ministre à baisser un peu la garde, puisque ce convoi très important ne bénéficie que d'une escorte de 3 vaisseaux et 2 frégates seulement. Le plus puissant, le Sérieux, que monte La Jonquière, n'a que 64 canons, et le Rubis, qui porte en théorie 52 canons est en fait armé en flûte et n'en embarque que 30[8].

Le deuxième convoi, sous les ordres du chevalier de Saint-Georges est essentiellement commercial. Il s'agit de 15 voiles de la Compagnie des Indes à destination de Pondichéry et de l'Hindoustan portant aussi du ravitaillement et quelques renforts[9]. Il sort de Lorient avec sa petite escorte de 2 vaisseaux (et sans doute quelques frégates)[10] mais un violent coup de vent disperse quelques navires de commerce et de guerre. Ces derniers rejoignent à l'île d'Aix La Jonquière qui décide de les prendre sous sa protection, ce qui lui permet aussi de récupérer une grosse unité de 74 canons pour l'escorte. Il dispose maintenant de 6 vaisseaux : l’Invincible (74 canons), le Sérieux (64 canons, navire amiral), le Rubis (30 au lieu de 52), le Jason (50), la Gloire (40), l’Émeraude (40), suivi de 5 frégates, la Chimère (36), le Diamant (30 ?), l’Apollon (30), le Philibert (30), le Thétis (22) et 3 corvettes, le Vigilant (20), le Modeste (18), le Dartmouth (un ex-corsaire britannique de 18)[11]. On remarque que deux vaisseaux, la Gloire et l'Émeraude n'ont que 40 canons, ce qui en fait des unités plus proches de la grosse frégate que du véritable vaisseau de ligne. Sur le papier l'escorte française dispose donc d'à peu près 400 canons[12], qu'il faut en fait réduire à 298 si on retranche les bouches à feu des frégates qui ne doivent normalement pas être engagées dans une bataille navale. La Jonquière a sous son commandement 2 819 marins et soldats de marine[13],[14].

Côté britannique, le Western Squadron a été confié à Anson, secondé par Peter Warren. L'escadre dispose de 14 vaisseaux, une frégate, une corvette, un brûlot. C'est une force considérable qui comporte deux très grosses unités, le HMS Prince George (90 canons, navire amiral) et le Namur (74), suivi d'un énorme groupe de navires de force moyenne, le Devonshire (66), le Monmouth (64), le Prince Frederick (64), le Yarmouth (64), le Princess Louisa (60), le Nottingham (60), le Defiance (60), le Pembroke (60), le Windsor (60), le Centurion (50), le Falkland (50), le Bristol (50). La frégate l'Ambuscade — une capture française — aligne 40 canons, la corvette Falcon 10 canons, le brûlot Vulcan (8 canons)[15]. La présence d'une seule frégate est étonnante car ces navires sont normalement essentiels pour l'éclairage de l'escadre et une force de 14 vaisseaux en dispose normalement de quatre ou cinq. Quoi qu'il en soit, ce squadron compte à peu près 1 000 canons servis par 8 000 marins, soit largement plus du double de ce dont dispose La Jonquière[16]. Avec un tel écart de force, les Français n'ont aucune chance de pouvoir échapper à l'anéantissement ou même simplement de repousser l'adversaire si une rencontre vient à se produire.

Une bataille acharnée

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Les différentes phases de la bataille vues par une gravure hollandaise. Celle-ci, extrêmement violente, se solde par l'anéantissement de l'escorte française et la capture d'une partie du convoi, même si aucun navire n'explose contrairement à ce que laisse entendre l'image.

La Jonquière et le chevalier de Saint-Georges quittent l'île d'Aix le 10 mai, avec l'intention de naviguer groupés jusqu'au large de la Galice, puis de se séparer pour atteindre chacun leur destination[17]. Les Britanniques, informés depuis longtemps de ce départ, guettent le convoi dans le golfe de Gascogne. Côté français, les ordres du ministère sont très clairs : le convoi est prioritaire et doit passer coûte que coûte. Côté britannique, l'objectif primordial est la saisie du convoi, ce qui ne devrait normalement pas poser de gros problèmes militaires vu la disproportion des forces : l'escorte française devrait normalement s'enfuir… Ce sont en fait deux cultures militaires qui sont face à face. Côté britannique, on pratique aussi le convoi escorté, mais en cas d'attaque ennemie impossible à repousser, l'escorte doit se replier et c'est le convoi qui est sacrifié. Cette politique permet à la Royal Navy de maintenir sa supériorité numérique alors que côté français on donne la priorité aux navires de commerce[18]. Compte tenu de cette logique, la bataille est inévitable.

Le 14 mai au matin, les deux flottes sont en vue l'une de l'autre au large du cap Ortégal, au nord du Finisterre espagnol. Les Français font route au sud-ouest et voient se détacher les voiles britanniques qui arrivent par le nord-ouest. L'escadre d'Anson progresse en ligne de front, déployée sur près de 9 milles de long, sans doute pour profiter du vent qui est presque arrière (nord-nord-ouest). Côté français on sait que l'escadre britannique rattrapera tôt ou tard le convoi car les navires de commerce sont beaucoup plus lents que les vaisseaux de guerre. La Jonquière sonne le branle-bas de combat et forme sa ligne de bataille en y intégrant 4 gros navires armés de la Compagnie des Indes[19], ce qui sur le papier lui donne 10 vaisseaux face aux 14 d'Anson. Il fait régler la marche de l'escorte sur le convoi en diminuant ses voiles et observe l'escadre britannique qui approche. L'essentiel de la journée se passe ensuite à manœuvrer pour éloigner cette dernière du convoi.

Vers 13 h 00, les Britanniques sont à 3 milles. La Jonquière s'interpose entre eux et le convoi qui fuit au sud-ouest avec 2 (ou 6) frégates. Les Britannique, se forment à leur tour, en ligne de bataille et se rapprochent peu à peu en parallèle de la ligne française. Warren, devinant que les vaisseaux français ne désirent que lui barrer la route pour permettre au convoi de passer, demande à Anson de faire hisser le signal ordonnant la chasse générale au convoi[20]. Après semble-t-il un moment de confusion, Anson suit la proposition de son second, et les Britanniques abandonnent la ligne de bataille pour se jeter à la poursuite du convoi, toutes voiles dehors, ce que doit faire aussi l'escorte française pour ne pas se laisser distancer. Vers 16 h 00, les Britanniques sont à portée de tir des transports de troupes. La Jonquière n'a plus le choix : il coupe la route du Western Squadron pour le forcer à combattre et protéger le convoi[20].

 
« Monsieur, vous avez vaincu l'Invincible et la Gloire vous suit ». Le chevalier de Saint-George présente son épée à l'amiral Anson à l'issue de la bataille.

La bataille qui s'engage prend aussitôt un tour acharné et sanglant. Les premiers vaisseaux britanniques tirent à démâter pour neutraliser ou ralentir les navires français qui sont ensuite pris à partie par les grosses unités de la Royal Navy plus lourdes et plus lentes comme le HMS Prince George (90) ou le Namur (74). La mêlée dure plus de trois heures au milieu d'un violent orage[21]. Les vaisseaux français, de plus petit gabarit et qui combattent sur les deux bords, succombent les uns après les autres. Le Jason (50) amène son pavillon assez rapidement. Le Rubis (30), attaqué par 2 vaisseaux britanniques, le Pembroke (60) et le Nottingham (60), ne se rend que lorsqu’il est totalement désemparé[9]. La Gloire (40) soutient un duel de trois heures contre le Windsor (60), le Bristol (50) et le Prince George (90). Son commandant a la tête emportée par un boulet. Le navire ne se rend qu’après avoir épuisé ses munitions.

Parmi les blessés se trouve le jeune comte de Grasse, futur vainqueur de la guerre d'indépendance des États-Unis[21]. Le Diamant (30 ?) n’est plus qu’une épave lorsqu’il se rend aux 4 vaisseaux qui le cernent, après trois heures de canonnade[22]. La Jonquière, sur le Sérieux (64) résiste pendant trois heures au Namur (74), au Devonshire (66) et au Falkland (50)[9]. Profitant de la mer houleuse, il réussit grâce à un vigoureux coup de barre à se placer entre le Devonshire et le Namur pour leur asséner tour à tour une sévère bordée. Mais le navire, criblé de coups, compte 9 pieds d’eau dans la cale et sa voilure est fracassée. La Jonquière, par ailleurs très grièvement blessé, doit baisser pavillon à son tour[23]. Deux des quatre navires de la Compagnie des Indes réussissent à s'enfuir, mais les deux autres sont capturés, ainsi qu'une partie des frégates.

À la nuit tombante le drame est consommé, même si la bataille s'attarde, car un vaisseau donne du fil à retordre aux chefs britanniques. Il s'agit de l’Invincible (74 canons), qui livre un combat aussi acharné que désespéré à toute l'escadre britannique. Ce puissant navire, sorti depuis peu des chantiers navals (1744), montre sa valeur entre les mains habiles du chevalier de Saint-Georges et ne se rend qu'après huit heures de combat. Ses munitions étant épuisées, le chevalier de Saint-Georges aurait fait tirer une dernière fois en chargeant ses canons avec son argenterie[9].

En présentant son épée à l'amiral Anson, le chevalier de Saint-George, qui ne semble pas trop affecté par l'issue du combat, a encore assez d'esprit pour un calembour : « Monsieur, vous avez vaincu l'Invincible et la Gloire vous suit ». Parmi les prisonniers se trouve le jeune Marion Dufresne, futur navigateur et explorateur de l'océan Pacifique. Un capitaine britannique fait l'éloge du comportement des officiers français : « Je n'ai jamais vu une meilleure conduite que celle du commodore français ; et, pour dire la vérité, tous les officiers de cette nation ont montré un grand courage ; aucun d'eux ne s'est rendu que quand il leur a été absolument impossible de manœuvrer[24]. »

Un bilan très contrasté : tout le monde vainqueur ?

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Trois des six vaisseaux français capturés, le Rubis, le Diamant et le Jason. Ils sont intégrés dans la Royal Navy, comme nous le montre cette gravure de 1750.

Les 2 819 marins, soldats et officiers de l'escorte sont tous capturés, tués ou blessés. Le pertes sont très élevées même s'il est difficile de les connaître avec précision, tant les chiffres varient d'un historien à l'autre. Le premier auteur de l'article Wikipedia sur cette bataille donne des pertes de 434 tués et 358 blessés pour les Français mais sans préciser ses sources. Michel Vergé-Franceschi cite le chiffre de 800 morts français mais ne dit rien des blessés[21]. Jean-Claude Castex parle de 700 hommes « hors de combat », sans détailler les morts et les blessés[25]. Les pertes britanniques seraient presque équivalentes bien que les historiens britanniques n'en confessent que 500[25]

Le bilan matériel de la journée permet aux deux protagonistes de s'en tirer la tête haute. Côté britannique, c'est clairement une victoire et elle est revendiquée comme telle puisque l'escadre française a été entièrement capturée. Côté français, ont retient surtout que La Jonquière a rempli sa mission, puisque pour l'essentiel les navires civils sont passés. Après l'engagement, Anson a envoyé trois de ses vaisseaux les moins endommagés, le Monmouth, le Yarmouth et le Nottingham, donner la poursuite au convoi du Canada, mais une bonne partie de celui-ci a réussi à se sauver même si les chiffres varient là encore d'un historien à l'autre. Patrick Villiers et Jean-Pierre Duteil précisent que les Britanniques réussissent à s'emparer de 26 navires sur 40, soit plus de la moitié des transports[26]. Michel Vergé-Franceschi soutient que le convoi à destination de Québec y arrive sain et sauf[21]. Jean-Claude Castex parle de quelques navires capturés, mais l'historien britannique Tunstall parle de 18 prises[27]. L'article Wikipedia en anglais « First Battle of Cape Finisterre » ne donne que 6 transports capturés[28]. Deux siècles et demi après, la comptabilité de cette bataille garde sa part de mystère… Quant au convoi de la Compagnie des Indes, plus personne n'en fait mention ce qui indique qu'il a profité du combat pour se sauver lui aussi, malgré la capture de deux de ses navires et d'une partie de son escorte, puisque l'Invincible (74) n'était pas au départ placé sous le commandement de La Jonquière. Cinq navires gagnent l’île de Saint-Catherine sur les côtes du Brésil. Sans nouvelles du reste du convoi, ils reprennent la mer le 9 août et arrivent à l’Île-de-France le 12 octobre avant de filer vers Pondichéry porter des renforts à Dupleix[29].

Même si le convoi pour le Canada est plus ou moins épargné, la capture de La Jonquière fait capoter le projet de reconquête de Louisbourg. Le chef français va passer plusieurs mois en captivité en Angleterre, où il est très bien traité, comme tous les autres officiers. La bataille n'a pas de grandes conséquences stratégiques, la guerre de Succession d'Autriche étant sur le point de se terminer, d'ailleurs sur une victoire française en Europe et aux Indes[30]. La Jonquière gagnera son poste de gouverneur du Canada en 1748, où il mourra en fonction en 1752. La Jonquière n'est d'ailleurs pas le seul administrateur colonial à ne pouvoir prendre ses fonctions sous les effets du blocus britannique resserré. Le 20 septembre 1747, Hubert de Brienne de Conflans est blessé et capturé après une série d'engagements au large d'Ouessant. Comme son confrère, il ne gagnera son poste de gouverneur général de Saint-Domingue qu'en 1748, après le traité de paix[21].

On peut conclure en s'attardant sur les conséquences tactiques à court et à long terme de cette bataille. Au ministère de la Marine, on se rend compte après ce combat que la stratégie des convois escortés a atteint ses limites. Maurepas fait renforcer les escortes en augmentant le nombre et la puissance des vaisseaux destinés à ces missions, ce qui donnera lieu en octobre 1747 au dernier grand combat naval du conflit presque au même endroit. Côté britannique, on examine avec beaucoup de curiosité le vaisseau de 74 canons si difficilement capturé pour se rendre compte avec étonnement de son avance technique[31]. Il seea intégré à la Royal Navy sous le nom de HMS Invincible et sera à la base d'une nouvelle série de vaisseaux de ligne, la Valiant Class (en), qui formera l'ossature de la Royal Navy jusqu'en 1815[32]. Quant à Anson, cette bataille lui vaut le titre de pair de Grande-Bretagne et le grade de vice-amiral. Warren est lui reçu dans l'ordre du Bain[33]. Anson deviendra l'un des principaux responsables de la Royal Navy et engagera celle-ci sur la voie de réformes profondes, qui lui apporteront de grandes victoires et la maîtrise des mers pendant le conflit suivant.

Galerie

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Articles connexes

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Notes et références

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  1. Les sources anglaises anciennes peuvent donner la date du 3 mai ; en effet, jusqu'en 1752 le calendrier julien y est utilisé, contrairement à la France qui utilise depuis 1564 le calendrier grégorien.
  2. Le premier combat étant celui du cap Sicié en 1744 et le dernier celui de la deuxième bataille du cap Finisterre en octobre 1747, sur le même lieu que la deuxième bataille.
  3. Deux convois ont été organisés en mai et septembre 1744. Le 14 mai 1745 Maurepas a publié une ordonnance organisant les convois obligatoires sous peine de 500 l.t (livres tournois) d’amende pour le capitaine. En 1745, trois convois sont partis pour les Antilles (dont un de 123 voiles en septembre) et deux en sont revenus. L’escadre de huit vaisseaux du bailli de Piosin a protégé l’arrivée à Cadix d’un convoi franco-espagnol de dix millions de piastres. En 1746, deux départs seulement, mais Conflans et Dubois de La Motte ont escorté sans perte 123 et 80 navires. La Galissonnière a ramené six navires de la compagnie des Indes. En janvier 1747, Dubois de La Motte est rentré avec le convoi des Antilles estimé à 40 millions de l.t., soit deux fois le budget de la Marine (Villiers et Duteil 1997, p. 86-87).
  4. Bély 1992, p. 506-513.
  5. Villiers et Duteil 1997, p. 84-85.
  6. Chiffre donné par (Villiers et Duteil 1997, p. 85), mais Michel Vergé-Franceschi donne le convoi à 30 navires (Vergé-Franceschi 2002, p. 1089). L'historien anglais Tunstall le donne à 38 navires (B&T Tunstall 1990, p. 97). Jean-Claude Castex le donne seulement à « une vingtaine de transports de troupes et logistiques. » Jean-Claude Castex signale comme date du combat, le 7 mai, alors qu'il semblerait s'être tenu le 14… Castex 2004, p. 81.
  7. Il avait commencé sa carrière sous Louis XIV et participé à l’expédition de Rio de Janeiro en 1711 au côté de Duguay-Trouin. C’était aussi un habitué des missions d’escorte (Taillemite 2002, p. 294).
  8. C'est-à-dire qu'on lui a retiré une partie de son artillerie, celle de la batterie basse, la plus puissante, pour le transformer en navire de transport.
  9. a b c et d Lacour-Gayet 1902, p. 170-171.
  10. Le nombre de frégate est très difficile à connaître car les auteurs qui font le compte-rendu de ces évènements donnent des chiffres très différents ou ne citent pas la présence des frégates.
  11. Détail de l'effectif donné par Allen 1852, p. 160. Le décompte des effectifs donné par les historiens français est un véritable casse-tête. Patrick Villiers et Jean-Pierre Duteil parlent de 6 vaisseaux mais ne disent rien des frégates (Villiers et Duteil 1997, p. 85). Michel Vergé-Franceschi parle de 5 vaisseaux et 2 frégates seulement (Vergé-Franceschi 2002, p. 1089). Jean-Claude Castex parle de 5 vaisseaux et 6 frégates. Ces deux historiens retranchent peut-être sans le préciser le vaisseau le Rubis qui n'est armé qu'en flûte.
  12. 436 canons selon Vergé-Franceschi 2002, p. 1089, 344 canons selon Grant 1880, p. 40 repris par Castex 2004, p. 81 qui donne pourtant plus de vaisseaux et de frégates dans son article que Michel Vergé-Franceschi.
  13. Grant 1880, p. 40.
  14. Castex 2004, p. 81.
  15. Détail de l'effectif donné par Allen 1852, p. 160.
  16. Michel Vergé-Franceschi parle de 944 canons, (Vergé-Franceschi 2002, p. 1089), Jean-Claude Castex d'un peu plus de 1 000 canons et soutient que l'escadre anglaise se monte à « 17 gros vaisseaux », ce qui est totalement faux (Castex 2004, p. 81).
  17. Meyer et Acerra 1994, p. 100.
  18. Villiers et Duteil 1997, p. 85.
  19. Ces derniers sont issus d'un autre convoi, celui de 50 voiles de la Compagnie des Indes parti de Lorient et séparés de leur groupe par un coup de vent (voir plus haut). Ces navires qui portent de nombreux canons ressemblent à des vaisseaux de guerre par l'aspect mais n'en ont ni la force, ni la résistance. Cet armement est destiné à se protéger dans les mers asiatiques des corsaires et des pirates, ou des concurrents des autres Compagnies anglaises ou hollandaises… Leurs équipages sont moins nombreux et ce sont des civils dont le rôle n'est pas de tenir une place dans une bataille rangée face à des vaisseaux de guerre.
  20. a et b Castex 2004, p. 82-83.
  21. a b c d et e Vergé-Franceschi 2002, p. 1089.
  22. Jean-Claude Castex soutient que le Diamant (30) coule-bas après sa capture (Castex 2004, p. 82-83), mais une gravure de 1750 le montre intégré dans les rangs de la Royal Navy. Voir la gravure dans l'article.
  23. Neuf pieds représentent à peu près trois mètres d'eau. La Jonquière a le corps traversé par un coup de feu. Ibid.
  24. Le Moing 2011, p. 304. « The French fought with equal conduct and valour » note l'historien anglais Grant 1880, p. 41 (« Les Français se sont battus avec une égale conduite et valeur »). Cité par Castex 2004, p. 82-83.
  25. a et b Castex 2004, p. 82.
  26. Castex 2004, p. 85.
  27. B&T Tunstall 1990, p. 97.
  28. Allen 1852, p. 160.
  29. Lacour-Gayet 1902, p. 201.
  30. Rappelons, pour élargir le contexte, que l’armée anglaise a été régulièrement écrasée aux Pays-Bas autrichiens, dans l'actuelle Belgique. L’armée française y a récolté un magnifique chapelet de victoires à Fontenoy (11 mai 1745), à la bataille de Rocourt (11 octobre 1746) et à la bataille de Lauffeld (2 juillet 1747). Tous les Pays-Bas autrichiens sont conquis en 1747 et les Provinces-Unies menacée d’invasion avec la chute des forteresses de Berg-op-Zoom (16 septembre 1747) puis de Maastricht le (7 mai 1748), ce qui hâta les pourparlers de paix (Bély 1992, p. 506-513). Aux Indes, La Bourdonnais et Dupleix avaient repoussé toutes les attaques anglaises et conquis la grande place anglaise de Madras.
  31. « Je puis seulement vous dire que l’Invincible surpasse à la voile toute la flotte anglaise. Je ne puis m'empêcher de penser que c'est une honte pour les Anglais qui font toujours grand cas de leur marine » déclarait Keppel après inspection du vaisseau français. Cité par Meyer et Acerra 1994, p. 91.
  32. Acerra et Zysberg 1997, p. 68.
  33. Grant 1880, p. 41.

Sources et bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

En français
  • Charles Chabaud-Arnault, « Études historiques sur la marine militaire de France », Revue maritime et coloniale, Ministère de la Marine et des colonies, no 123,‎ , p. 86 et suiv.
  • Étienne Taillemite et Maurice Dupont, Les guerres navales françaises : du Moyen âge à la guerre du Golfe, Paris, SPM, , 392 p. (ISBN 2-901952-21-6).
  • Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4).
  • Michel Vergé-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle, éditions Sedes, .
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0).  .
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655).  
  • Alain Boulaire, La Marine française : De la Royale de Richelieu aux missions d'aujourd'hui, Quimper, éditions Palantines, , 383 p. (ISBN 978-2-35678-056-0).
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, coll. « Dictionnaires », , 537 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2847340082).  
  • Jean Meyer et Jean Béranger, La France dans le monde au XVIIIe siècle, éditions Sedes, .
  • Martine Acerra et André Zysberg, L’essor des marines de guerre européennes, 1680-1790, éditions Sedes, .  .
  • André Zysberg, Nouvelle Histoire de la France moderne, t. 5 : La monarchie des Lumières, 1715-1786, Point Seuil, .
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  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8).  .
  • Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur, (lire en ligne).  .
  • Lucien Bély, Les relations internationales en Europe au XVIIe – XVIIIe siècle, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Thémis », , 731 p. (ISBN 978-2-13-044355-1).  .
En anglais
  • (en) James Grant, British battles on land and sea, vol. 2 : 1745-1826, Londres, Cassell & Company, Limited, , 576 p. (OCLC 5866126, lire en ligne).
  • (en) Joseph Allen, Battles of the British navy, vol. 1, Londres, Henry G. Bohn, (lire en ligne), p. 160.
  • (en) Nicholas B&T Tunstall, Naval Warfare in the Age of Sail : The Evolution of Fighting Tactics, 1650-1815, Londres, (ISBN 0-7858-1426-4).
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