Bend Or

cheval pur-sang

Bend Or (1877-1904) est un cheval de course pur-sang anglais, champion sur les pistes avant de devenir un étalon extrêmement influent.

Bend Or
Image illustrative de l’article Bend Or

Père Doncaster
Mère Rouge Rose
Père de mère Thormamby
Sexe Mâle
Naissance 1877
Pays de naissance Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Mort 1903 (à 26 ans)
Pays d'entraînement Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Éleveur Duc de Westminster
Propriétaire Duc de Westminster
Entraîneur Robert Peck
Jockey Fred Archer
Nombre de courses 14
Nombre de victoires 10 (2 places)
Gains en courses £ 16 466
Distinction Tête de liste des pères de mères en Angleterre et en Irlande (1901, 1902)
Production Ormonde
Principales victoires The Derby
St. James's Palace Stakes
Epsom Gold Cup
Champion Stakes

Carrière de courses

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Casaque du Duc de Westminster
 
Le Duc de Westminster

Élevé par le Duc de Westminster dans son haras Eaton Stud, Bend Or, qui doit son nom à un terme d'héraldique, commence sa carrière à deux ans, en juillet 1879, par une victoire à Newmarket dans les Chesterfield Stakes. Il ne connaît pas la défaite cette année-là, remportant les cinq courses auxquelles il prend part et s'imposant comme le meilleur poulain de sa génération et le grand favori du Derby à venir. En 1880, il est contraint de faire l'impasse sur les 2000 Guinées à la suite d'une blessure contractée à l'entraînement[1], et rentre directement dans le Derby. Il s'y impose, mais pour la première fois se découvre un solide rival, Robert The Devil, qui prend l'avantage dans la ligne droite avant que Bend Or fonde sur lui et lui prenne une tête au poteau, in extremis[2]. Trois semaines plus tard, tandis que Robert The Devil s'en va conquérir à Longchamp le Grand Prix de Paris, le poulain portant la casaque jaune du Duc de Westminster conserve son invincibilité dans les St. James's Palace Stakes, encore une fois de justesse, encore une fois d'une tête, devant le dénommé Fernandez. La suprématie de Bend Or est réelle, mais ne tient qu'à un fil.

Qui va rompre en septembre, coupé par Robert The Devil. Dans le St. Leger, Bend Or s'incline lourdement, terminant lointain cinquième sur un terrain détrempé. Bis repetita deux semaines plus tard dans les Great Foal Stakes, qui ressemble à un remake inversé du Derby, une tête le séparant de Robert The Devil. Celui-ci semble avoir pris définitivement l'ascendant, comme le prouve sa victoire dans les Champion Stakes, tandis que Bend Or, apparemment sur le déclin, est un discret dauphin, à dix longueurs de son bourreau. Mais Bend Or n'a pas dit son dernier mot. La trêve hivernale lui fait le plus grand bien et il revient au printemps 1884 dans de bien meilleures dispositions. Dans le City and Suburban Handicap, il s'impose devant le 3 ans Foxhall. L'heure de la revanche a sonné : Bend Or défie Robert The Devil, victorieux lui aussi pour sa rentrée, dans l'Epsom Gold Cup. Et, pour leur cinquième et ultime confrontation c'est lui qui a le dernier mot, d'une encolure. À l'automne, semblant meilleur que jamais, Bend Or enchaîne avec les Champion Stakes, mais manque ses adieux peu après en terminant cinquième de Foxhall dans les Cambridgeshire Stakes. Ainsi prend fin la carrière de celui que son jockey Fred Archer considérait comme le meilleur cheval qu'il ait jamais monté, lui qui fut le plus grand jockey de son temps (13 titres de champion jockey) et celui du plus fameux fils de Bend Or, Ormonde[2].

Résumé de carrière

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Date Hippodrome Pays Course Distance Jockey Place Écart Vainqueur ou deuxième
1879, 2 ans
Juillet Newmarket   Royaume-Uni Chesterfield Stakes 1 000 m C. Wood 1er / 11 1 Petal
29 juillet Goodwood   Royaume-Uni Richmond Stakes 1 200 m F. Archer 1er / 8 3/4
Août York   Royaume-Uni Prince of Wales's Stakes 1 000 m F. Archer 1er / 9 1/2 Brotherhood
Septembre Newmarket   Royaume-Uni Triennial Produce Stakes 1 200 m F. Archer 1er / 11 1 The Song
Octobre Newmarket   Royaume-Uni Rous Memorial Stakes 1 000 m F. Archer 1er / 9 2 Cannie Chief
1880, 3 ans
26 mai Epsom   Royaume-Uni The Derby 2 400 m F. Archer 1er / 19 tête Robert The Devil
Juin Ascot   Royaume-Uni St. James's Palace Stakes 1 600 m G. Fordham 1er / 5 tête Fernandez
15 septembre Doncaster   Royaume-Uni St. Leger 2 920 m 5e / 12 loin Robert The Devil
28 septembre Newmarket   Royaume-Uni Great Foal Stakes 2 100 m T. Cannnon 2e / 7 tête Robert The Devil
14 octobre Newmarket   Royaume-Uni Champion Stakes 2 000 m G. Fordham 2e / 4 10 Robert The Devil
1881, 4 ans
27 avril Epsom   Royaume-Uni City and Suburban Handicap 2 000 m 1er / 24 1 ½ Foxhall
3 juin Epsom   Royaume-Uni Epsom Gold Cup 2 400 m F. Archer 1er / 2 encolure Robert The Devil
13 octobre Newmarket   Royaume-Uni Champion Stakes 2 000 m F. Archer 1er / 8 3/4 Scobell
25 octobre Newmarket   Royaume-Uni Cambridgeshire Stakes 1 800 m 5e / 32 Foxhall

Au haras

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Bend Or entre au haras de son propriétaire, Eaton Stud, pour y devenir étalon. Il saillit relativement peu, jamais plus de quarante juments par an, mais dès sa première saison de monte, il donne Ormonde, considéré comme le plus grand champion du XIXe siècle[3], invaincu en 16 courses et lauréat de la Triple Couronne britannique en 1886. Il est aussi le père de Ossory (Prince of Wales's Stakes, St. James's Palace Stakes), Orbit (Eclipse Stakes), Lord Bobs (Dewhurst Stakes, July Cup), Rouge Croix (Dewhurst Stakes), Radium (Goodwood Cup, Doncaster Cup) ou encore de Bona Vista, vainqueur des 2000 Guinées en 1892.

Mais par-delà les performances de ses fils (plus rarement de ses filles), Bend Or a surtout engendré de nombreux reproducteurs très influents, qui ont pérennisé son sang à travers le temps : en lignée mâle, Bend Or est toujours omniprésent dans les pedigree des purs-sang contemporains. Il le doit en partie à Ormonde, à travers la lignée Orme-Flying Fox-Ajax-Teddy. Et en partie à Bona Vista, via son arrière-petit-fils, l'incontournable Phalaris, d'où Pharos, le père de Nearco. En lignée maternelle, Bend Or a également assuré sa pérennité via Doremi, la deuxième mère de Teddy (lequel est donc inbred 5x3 sur Bend Or). Père de mère de Sceptre, Il est également le père de Fairy Gold, mère de Fair Play (membre du Hall of Fame américain, grand étalon et père de l'illustre Man o'War), Friar Rock (Belmont Stakes) et St. Lucre, mère Zariba, jument-base de l'élevage Boussac, mère entre autres de la grande Corrida.

Sacré deux fois tête de liste des pères de mères en Angleterre et en Irlande (en 1901 et 1902), Bend Or meurt en 1903[4].

Origines

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Et si Bend Or était un "imposteur" ? La polémique éclate à l'été 1880 lorsque Charles Brewer, le propriétaire de son rival Robert The Devil, accuse le vainqueur du Derby de ne pas être celui que son entourage prétend qu'il est[5]. D'après les confidences d'un ancien groom au service du Duc de Westminster, Bend Or se nommerait en réalité Tadcaster, qu'il serait le fils non pas de Rouge Rose, mais d'une certaine Clemence, elle aussi saillie par Doncaster en 1876 : les deux yearlings auraient été confondus au paddock. Eaton Stud est alors contraint de rendre public son stud book, où plusieurs erreurs sont constatées. Mais, entre la possibilité d'une erreur et le scénario de vengeance d'un ancien employé[1], le Jockey Club britannique décide de ne pas donner suite à la réclamation de Brewer et de maintenir le résultat du Derby[6]. Mais le mystère reste entier, et si des analyses récentes tendent à montrer que les deux poulains ont probablement été confondus, elles n'ont pu en apporter la preuve irréfutable[7].

Pour l'histoire, Bend Or sera donc bien ce fils de Doncaster et Rouge Rose né en 1877. Doncaster remporta le Derby 1873, la Goodwood Cup 1874 et la Gold Cup 1875 avant que le Duc de Westminster débourse £ 14 000 pour en faire un étalon à Eaton Stud. Il y a honorablement réussi, donnant une lauréate des 1000 Guinées, Farewell, et Sandiway, vainqueur des Coronation Stakes. Mais c'est essentiellement à Bend Or qu'il doit sa renommée. Quant à Rouge Rose, il s'agit d'une sœur de Paradigm, mère de la grande championne Achievement (par Stockwell), lauréate entre autres des July Stakes, des Champagne Stakes, des 1000 Guinées, des Coronation Stakes, du St. Leger et de la Doncaster Cup. Elle intégra Eaton Stud à 10 ans. Elle a remarquablement tracé au haras, outre Bend Or, via ses filles Rose of Lancaster (par Doncaster), mère de Voltoi (1000 Guinées) et deuxième mère de Robert le Diable (City & Suburban Handicap, Doncaster Cup, Duke of York Stakes), Red Rag (par Lord Lyon), mère de Red Ensign (Prince of Wales's Stakes), et Rose of York (par Speculum), mère de la Française Roxelane (Poule d'Essai des Pouliches, Prix de Diane), d'où Roi Herode (dont le père Le Samaritain est un petit-fils d'une certaine Clemence...), père du grand The Tretrarch. Parmi les lointains descendants de Rouge Rose au XXe siècle et au XXIe siècle, on compte Frankel, Harbinger, Le Moss, Levmoss, Love, Mtoto (via Red Rag) ou encore Three Troikas et Snow Fairy (via Rose of York).

Pedigree

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Origines de Bend Or (GB), mâle alezan né en 1877
Père
Doncaster
1870
Stockwell
1849
The Baron
1842
Birdcatcher
Echidna
Pocahontas
1837
Glencoe
Marpessa
Marigold
1860
Teddington
1848
Orlando
Miss Twickenham
Mère par Ratan
1852
Ratan
Mère par Melbourne
Mère
Rouge Rose
1865
Thormanby
1857
Windhound
1847
Pantaloon
Phryne
Alice Hawthorn
1838
Muley Moloch
Rebecca
Ellen Horne
1844
Red Shank
1833
Sandbeck
Johanna
Delhi
1838
Plenipotentiary
Pawn Junior (famille 1-k)[8]

Références

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  1. a et b « Bend Or: racing’s huge debt to an ‘imposter’ | Topics: Phar Lap, Ormonde, Man o' War », sur Thoroughbred Racing Commentary (consulté le )
  2. a et b « Bend Or », sur www.tbheritage.com (consulté le )
  3. « Ormonde », sur www.bloodlines.net (consulté le )
  4. « A Famous Racehorse », The Argus,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Star (Christchurch), « The Derby Scandal », sur paperspast.natlib.govt.nz, (consulté le )
  6. Otago Witness, « English », sur paperspast.natlib.govt.nz, (consulté le )
  7. (en-US) « The mystery of Bend Or », sur The Owner Breeder (consulté le )
  8. « Pedigree de Bend Or », sur www.pedigreequery.com (consulté le )
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