César Gattegno

homme de théâtre et musicien français

César Gattegno ( - ) est un acteur, metteur en scène, musicien, compositeur, chef d'orchestre et marionettiste français, fondateur et directeur de la Compagnie César Gattegno et du Théâtre du Rocher de La Garde[1],[2].

César Gattegno
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 82 ans)
ToulonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Cesare Raffaello GattegnoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité

Biographie

modifier

Né à Turin en 1928 dans une famille juive d'origine salonicienne et alexandrienne, César Gattegno fait au conservatoire de Lyon des études de musique (piano avec Simone Daubian, composition et direction d'orchestre avec César Geoffray) - et d'art dramatique dans la classe de Victor Magnat avant de "monter" à Paris en 1948.

Les années parisiennes

modifier

Il exerce son talent protéiforme dans les métiers les plus divers du spectacle et multiplie les expériences. Comédien, une de ses premières apparitions au théâtre est, en 1947, au Théâtre des Célestins dans Les Gueux au paradis de Gaston Martens et André Obey, mise en scène de Charles Gantillon. Un de ses premiers rôles au cinéma est dans Un condamné à mort s'est échappé de Robert Bresson. Musicien pianiste, il écrit des chansons comme Monsieur le petit le chasseur, chantée par les Frères Jacques ; chef d'orchestre, il dirige la musique de scène de Paul Dessau pour La bonne âme de Se-Tchouan de Bertolt Brecht mise en en scène par Jean Vilar (1960) ; il compose la musique de scène de l'Orestie d'Eschyle, mise en scène d'André Steiger, jouée par le Groupe de théâtre antique de la Sorbonne (1961). En 1963, il compose la musique du film Les Mauvaises Fréquentations de Jean Eustache.

Militant communiste, il participe à différents spectacles d'intervention : Drame à Toulon[3] de Henri Delmas et Claude Martin, sur l'affaire Henri Martin avec les Pavés de Paris ; Leçon d'histoire, montage sur l'Algérie, créé en mars 1961 au théâtre Récamier par le Comité des Jeunes du Spectacle. Lorsque José Valverde prend la direction du Théâtre Gérard-Philipe, il fait partie de l'aventure.

Bilingue italien, il est également un temps lecteur de textes italien chez Plon, en vue de leur sélection pour l'édition française. Passeur de textes, il contribuera à faire découvrir les premières pièces de Dario Fo (La Marcolfa, Un mort à vendre, On expédie les cadavres et on déshabille les femmes), Luigi Lunari (Tarentelle sur un seul pied) et, dans le domaine allemand, à redécouvrir Ernst Toller (Hop là, nous vivons !), Friedrich Wolf (Professeur Mamlock).

À partir de 1969, et de son installation dans le Var, il se consacre aussi à la mise en scène et à la compagnie qu'il a fondée.

La Compagnie César Gattegno et le Théâtre du Rocher

modifier

Le mouvement de mai 1968 le convainc de quitter Paris et de rejoindre le désert culturel que constitue alors l'agglomération toulonnaise, où il fonde la Compagnie qui porte son nom, partie prenante du mouvement de la décentralisation initié par Jean Vilar, Roger Planchon, Gabriel Monnet, etc.

En 1969, il crée l'Action Culturelle Provence Méditerranée avec de jeunes acteurs de la région PACA et l'artiste peintre Gilbert Louage.

En 1973, la municipalité de La Garde (banlieue est de Toulon) lui confie la direction du Théâtre du Rocher en cours de création[4].

Durant 20 ans, de 1974 à 1994, loin du microcosme parisien et dans des conditions difficiles malgré le soutien constant des collectivités locales et du ministère de la culture, César Gattegno fait vivre la flamme du théâtre à La Garde et en Provence. À travers de nombreux spectacles d'un répertoire allant du théâtre médiéval (La Farce de maître Pathelin) au théâtre contemporain inédit (René Escudié) ou non (Albert Cohen, Michel de Ghelderode), en passant par le théâtre classique (Pierre Corneille), le théâtre militant (Maxime Gorki), le théâtre-opéra (Bertolt Brecht - Kurt Weill) et même du « théâtre policier » (G.J. Arnaud)…

Dans cette liste, la contribution de César Gattegno à l'introduction en France du théâtre de Dario Fo tient une place particulière. Servie par la troupe permanente que César Gattegno a su former sur place avec Alain Aparis, Didier Bourguignon, Cathy de Coorde, Colette Mallet, Rolland Martinez, Claude Mauran, Caroline Megglé et César Gattegno lui-même, les pièces en un acte ou Histoire du tigre de Dario Fo, montées (et jouées) par César Gattegno étaient des bijoux malheureusement méconnus[5].

Ce travail de scène s'accompagne d'activités d'atelier, de lectures de contes, de théâtre pour la jeunesse à qui des générations d'enfants et d'adolescents toulonnais doivent leur culture et leur goût du théâtre - et pour certains, leur vocation théâtrale - sans compter celui du festival de juillet qui permet à la troupe de briser l'enceinte du théâtre pour se faire entendre d'autres publics.

La cohérence dans la diversité de ce travail théâtral pourrait être définie par l’opposition qu’il faisait lui-même entre le divertissement, qu’il revendiquait (divertir : détourner, ou changer) et la distraction, qu’il récusait (distraire : dissiper, ou abrutir) : son théâtre visait toujours à éclairer, à faire réfléchir par le plaisir, à engager le spectateur à plus de conscience[6].

L'exposition « César Gattegno et le Théâtre du Rocher » lui a été consacrée en 2014 à La Seyne-sur-Mer par la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti[7],[8].

Fausse retraite

modifier

Prenant sa retraite de la direction du théâtre du Rocher, César Gattegno continue à œuvrer pour la culture populaire en jouant dans des films de télévision, dans des spectacles (Le Retour de Carola Neher de Jorge Semprun), en assurant des lectures de contes…

César Gattegno contribue enfin à fonder en avril 2010 la coopérative d'édition Le Bas vénitien, et prend jusqu'à sa mort en avril 2011 une part active à son comité éditorial[6].

On ne saurait tracer une biographie de César Gattegno sans rappeler sa fidélité indéfectible au Parti communiste, ce qui ne l'empêchait pas de détecter dans les œuvres, chez les artistes, et tout simplement chez les hommes les plus éclectiques, des sources d'intérêt et de reconnaissance, en l'absence de toute œillère.

Vie privée

modifier

César Gattegno a vécu avec Martine Merri, avec qui il a eu un fils, l'écrivain David Gattegno, puis avec Grisélidis Réal, avec qui il a eu un second fils, le musicien Aurélien Gattegno, enfin a épousé Françoise Promonet, bibliothécaire, avec laquelle il a eu trois enfants, Manuel, Anne-Rachel et Raphaël.

Théâtre

modifier

Acteur et metteur en scène

modifier

César Gattegno a joué dans de nombreuses pièces, dont il a assuré la mise en scène de certaines, [9]

  • 1947 Les Gueux au paradis, de Gaston-Marie Martens, mise en scène Charles Gantillon
  • 1951 Drame à Toulon – Henri Martin, de Claude Martin…
  • 1952 Gloriana sera vengée. d'après La Tragédie du vengeur, attribuée à Cyril Tourneur, mise en scène Jean Vernier
  • 1963 Charles XII, d'après August Strindberg, mise en scène Gabriel Garran
  • 1965 Le Brave Soldat Sveik, d'après Jaroslav Hašek, mise en scène José Valverde
  • 1966 Hop la ! Nous vivons, d'après Ernst Toller, mise en scène José Valverde
  • 1967 La Politique des restes, d’Arthur Adamov, mise en scène José Valverde
  • 1969 La Farce de Maitre Pathelin - Le Nouveau Pathelin - Le Testament de Pathelin. mise en scène César Gattegno
  • 1970 La Marcolfa, d'après Dario Fo, mise en scène, César Gattegno
  • 1970 Un mort à vendre, d'après Dario Fo mise en scène César Gattegno
  • 1971 Le Savetier Colbain. mise en scène César Gattegno
  • 1973 Chili Vencera, montage d'actualités d'après Pablo Neruda, conception Rolland Martinez
  • 1973 L'Exception et la Règle - La Croix blanche, de Bertolt Brecht, mise en scène César Gattegno
  • 1973 La Jalousie du Barbouillé et Le Médecin Volant, de Molière, mise en scène César Gattegno
  • 1974 Contes populaires et fables – Le Roi des corbeaux – Merlicoquet, mise en scène César Gattegno
  • 1975 La Mère, d'après Maxime Gorki, mise en scène César Gattegno
  • 1975 Le Brave Soldat Sveik, d'après Jaroslav Hašek, mise en scène César Gattegno
  • 1975 Drame à Toulon, de Claude Martin…
  • 1975 Un mort à vendre et On expédie les cadavres et on déshabille les femmes, de Dario Fo, mise en scène César Gattegno
  • 1976 Grand-peur et misère du IIIème Reich, de Bertolt Brecht, mise en scène Rolland Martinez
  • 1976 Tarentelle sur un seul pied, d'après Luigi Lunari, mise en scène César Gattegno
  • 1976 La Farce du cuvier, mise en scène César Gattegno
  • 1977 Professeur Mamlock, de Friedrich Wolf, mise en scène César Gattegno
  • 1977 Happy End, d’Elisabeth Hauptmann (Bertolt Brecht et Kurt Weill), mise en scène César Gattegno
  • 1977 Requiem pour une aciérie et un théâtre, de César Gattegno, mise en scène Rolland Martinez
  • 1978 Victor ou les Enfants au pouvoir, de Roger Vitrac, mise en scène César Gattegno
  • 1978 Horace, de Pierre Corneille, mise en scène César Gattegno
  • 1980 Gigogne, de René Escudié, mise en scène César Gattegno
  • 1983 Le Rouge et le Noir, d'après Stendhal, mise en scène Renata Scant
  • 1984 L'Histoire du soldat, de Charles-Ferdinand Ramuz, mise en scène André Mairal
  • 1984 L'Amazone, de Gaston Puel, mise en scène Gilbert Lyon
  • 1984 Cabaret Boris Vian
  • 1985 M.A.N., de René Escudié, mise en scène César Gattegno
  • 1986 Perquisition chez Monsieur Vallès, Jules, de René Escudié, mise en scène César Gattegno
  • 1986 Du rouge sous les ongles, de Jean Siccardi, mise en scène César Gattegno
  • 1986 Histoires… – Le Pape - Le premier miracle de l'enfant Jésus, de Dario Fo, mise en scène César Gattegno
  • 1987 La Folie hexagonale, de G.-J. Arnaud, mise en scène César Gattegno
  • 1987 Si vous n'aimez pas le violon, d’Élie Pressmann, mise en scène Alain Aparis
  • 1988 Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, mise en scène Yves Borrini
  • 1988 Les Pardaillan, d'après Michel Zévaco, mise en scène Alain Aparis
  • 1989 L'Édition du 13 mars, de Jacques Maury, mise en scène César Gattegno
  • 1989 L'Auberge, de René Escudié, mise en scène César Gattegno
  • 1989 La Crique, de Guy Foissy, mise en scène André Mairal
  • 1991 Phèdre, de Jean Racine, mise en scène César Gattegno
  • 1991 Ézéchiel, d’Albert Cohen, mise en scène Rachel Cohen
  • 1994 Don Quichotte et Don Juan – ou la Dissimulation profitable de René Escudié mise en scène André Steiger
  • 2001 Le Retour de Carola Neher, de Jorge Semprun, mise en scène Georges Perpès

Autres mises en scène

modifier

Musiques de film

modifier

Filmographie

modifier

Comme acteur :

Cinéma
Télévision

Notes et références

modifier
  1. César Gattegno, De l'action culturelle Provence Méditerranée au théâtre du Rocher, 1969-1994, Françoise Gattegno, (ISBN 978-2-7466-7562-9, lire en ligne)
  2. Cet article repose sur le recueil "De l'action culturelle Provence Méditerranée au théâtre du Rocher, 1969-1994", publié en 2014 par Francoise Gattegno, les archives internes du Théâtre du Rocher et les témoignages des membres de la compagnie.
  3. « Drame à Toulon de Claude Martin et Henri Delmas »  , sur observatoiredelacensure.over-blog.com.
  4. « Théâtre du Rocher-Historique », sur Saison du Rocher Ville de La Garde,
  5. Colette Godard, « Les théâtres de la décentralisation à la Fête de l'Humanité », Le Monde,‎ 9 -9-1977 (lire en ligne  )
  6. a et b « Propos à brigadier rompu | le bas vénitien », sur lebasvenitien.com (consulté le ).
  7. « “César Gattegno et la naissance du Théâtre du Rocher“ du 12/11/2014 au - LaSeyne.Info », sur laseyne.info (consulté le ).
  8. « Bibliothèque de théâtre Armand Gatti :: Expositions », sur orpheon-theatre.org (consulté le ).
  9. « César Gattegno », sur Les Archives du Spectacle, (consulté le )

Liens externes

modifier

  NODES
INTERN 2
Note 3