Côte des pêcheurs de perles

La côte des pêcheurs de perles (en portugais : Costa da Pescaria, c'est-à-dire la « Côte de la Pêcherie »[1]) est une portion du littoral de l’Inde, à l’extrême sud de la péninsule indienne sur son côté oriental, allant de l’archipel - dit ‘Pont d'Adam’ - reliant l’Inde au Sri Lanka, au cap Comorin. Elle borde le golfe de Mannar. Son nom à origine dans la très ancienne présence de pêcheurs spécialisés dans la pêche de perles[2], le golfe de Mannar constituant avec le golfe Persique et la Mer Rouge, une des régions historiques majeures d'exploitation de l'huître perlière maritime[3].

Côte des pêcheurs de perles
Carte ancienne de la côte des pêcheurs de perles (1889)
Carte ancienne de la côte des pêcheurs de perles (1889)
Pays Drapeau de l'Inde Inde
État Tamil Nadu
Districts Kanniyakumari, Tirunelveli, Thoothukudi, Ramanathapuram
Coordonnées géographiques 8° 53′ 46″ N, 78° 10′ 23″ E
Étendue d'eau Golfe de Mannar (océan Indien)
Extrémités Pont d'Adam (nord)
Cap Comorin (sud)
Nature des rivages Plages, Dunes
Cours d'eau Thamirabarani, Vaippar
Caps et péninsules Cap Comorin
Îles Pont d'Adam
Ports Thoothukudi
Origine du nom Pêche à la perle
Géolocalisation sur la carte : Inde
(Voir situation sur carte : Inde)
Côte des pêcheurs de perles
Géolocalisation sur la carte : Tamil Nadu
(Voir situation sur carte : Tamil Nadu)
Côte des pêcheurs de perles

Histoire

modifier

Histoire ancienne

modifier

Période moderne

modifier

Souvent en conflit avec les envahisseurs et marchands musulmans venus de la côte ouest indienne, de Perse ou d'Arabie, ainsi qu'avec les populations musulmanes locales, les Paravas, une caste hindoue de pêcheurs de perles, fait appel, en 1532, aux Portugais pour leur protection et défense[3]. En 1535, Pedro Vaz, à la tête d’une armée portugaise expulse les musulmans de la région et permet aux Paravas de reprendre leurs ancienne occupation de pêche à la perle, qui doivent cependant verser un tribut aux portugais[3].

 
Pêche aux perles, près de Tuticorin (1709)

Avec l’arrivée des portugais protecteurs débute vers 1537 un mouvement de conversions religieuses au christianisme. Il prend de l’ampleur avec l’arrivée du plus célèbre d‘entre eux, saint François Xavier qui visite une première fois la côte des pêcheurs en 1544. Sa prédication comme son dévouement et style de vie impressionne les Paravas qui reçoivent le baptême en grand nombre. Le saint missionnaire en aurait baptisé 40.000 à 50.000. Plusieurs postes missionnaires sont créés, dont celui de Punicale (Punnaikayal). Longtemps ils restèrent sous le contrôle et la juridiction du Padroado.

Les Paravas forment un large groupe chrétien sur la côte des pêcheurs qui devient une importante région chrétienne, la seconde après l’introduction du christianisme en Inde du Sud par l’apôtre saint Thomas.

En 1553, une flotte ottomane effectue un raid sur la côte des pêcheurs, près de Tuticorin, la ville principale. Ils ont le soutien actif des musulmans de la côte de Malabar et l’accord tacite de Vittula Nayak de Madurai. 52 Portugais sont faits prisonniers à Punicale, et les églises de la cité sont incendiées[4]. Les Ottomans, bien que désireux de contrôler le commerce avec l'Inde et d'étendre leur influence sur l'océan indien, se retirent progressivement de la région en raison d'une concurrence portugaise forte et bien installée[4].

La pêche perlière sur la côte des pêcheurs de perles a historiquement constitué un quasi-monopole des pêcheurs Paravas, qui maintenaient cette situation grâce au versement de tributs aux États successifs qui contrôlèrent la région. Il s'en fut ainsi sous la présence portugaise, néerlandaise, puis britannique, jusqu'à l'avènement de la république indienne actuelle, qui s'octroie un monopole d'État[3].

Dans le Golfe de Mannar, l'espèce d'huître perlière la plus commune est Pinctada imbricata radiata[3], bien qu'on y trouve aussi l'huître Pinctada imbricata fucata[5].

Longtemps réputée pour ses perles et l'intense activité que celles-ci suscitaient, la Côte connaît à partir de 1962 une interdiction totale de la pêche perlière instaurée par le Département de la Pêche, de l'Élevage et de l'Industrie laitière du ministère indien de l'agriculture[5]. Un bannissement motivé par le rapport de 1961 du CMFRI (L’Institut central de recherche sur les pêches marines), qui constate une forte baisse de la population d'huître perlière, causée par des prises au filet excessives[5]. Cette même année, il est relevé que plus de 1 500 plongeurs sont actifs dans la pêche à la perle, et qu'en moyenne 300 000 huîtres étaient prélevées quotidiennement[5].

Géographie

modifier

La Côte des pêcheurs de perles est totalement situé dans l'état indien du Tamil Nadu, au sud du pays et face au Sri Lanka et à l'Océan indien. Elle est frontalière au nord au Rāma Setu ou Pont d'Adam et au sud à la Côte de Malabar.

La zone débute sur les rivages méridionaux de Pamban, l'île sur laquelle est localisé la célèbre cité de Rameshwaram, et continue vers le sud, formant la côte septentrionale du Golfe de Mannar. Le long de la Côte, de nombreux îlots et atolls forment un collier continu jusqu'à Thoothukudi (Tuticorin), grande ville portuaire et au centre d'une importante région salinière.

Un peu plus loin, la Thamirabarani, seul fleuve de l'Inde du Sud aux eaux pérennes, s'écoule en formant un delta fertile, mais aux dimensions peu importantes par rapport aux autres grands deltas qui se suivent sur la Côte Est de l'Inde.

La côte redevient normale au niveau de la ville sainte de Tiruchendur, d'où elle continue jusqu'au Cap Comorin, au chemin seulement perturbé par les larges zones sèches au sol rouge et sableux et à l'horizon couverte par les palmiers de Palmyre, un environnement endémique à cette région.

Notes et références

modifier
  1. Emm de Sousa, Nouveau dictionnaire françois-portugais ... mis en ordre ..., (lire en ligne)
  2. S. Ravichandran, « THE DUTCH TRADE ON THE PEARL FISHERY COAST », Proceedings of the Indian History Congress, vol. 73,‎ , p. 318–326 (ISSN 2249-1937, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d et e (en) Alexander E. Farn, Pearls : Natural, Cultured, and Imitation, Londres, Butterworths (Elsevier), coll. « Butterworths gem books », (ISBN 978-0-408-01382-6, OCLC 12808276), chap. 5 (« Sources of natural pearls »), p. 36-39, 17
  4. a et b (en) Pius Malekandathil, Maritime India : Trade, Religion and Polity in the Indian Ocean, Delhi, Primus Books, (ISBN 978-93-80607-01-6, OCLC 551379069), chap. 6 (« The Ottoman Expansion and the Portuguese Response in the Indian Ocean, 1500-1560 »), p. 27, 117-119
  5. a b c et d (en) S Godson Wisely Dass, « Five lakh pearl oyster spats released into Gulf of Mannar »  , sur The New Indian Express, (consulté le )
  NODES
Note 2
os 4