Catharina van Hemessen

peintre flamand de la Renaissance
(Redirigé depuis Caterina van Hemessen)

Catharina van Hemessen, aussi appelée Catherine de Hemessen en français, née à Anvers en 1528, morte après 1587 dans la même ville, est une peintre flamande de la Renaissance. Elle est la première femme peintre flamande dont on connaisse des œuvres avec certitude. Elle est également le premier peintre, de tout sexe, dont nous disposons d'un autoportrait devant un chevalet. Son œuvre comporte principalement des portraits de la bourgeoisie, surtout des femmes, ainsi que certaines scènes religieuses.

Catharina van Hemessen
Autoportrait de Hemessen (1548)
Naissance
Décès
Après 1587
AnversVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Lieu de travail
Mouvement
Père
Jan Sanders van Hemessen, Allégorie de Catharina van Hemessen et Christian de Morien, Rijksmuseum Amsterdam, circa 1550

Biographie

modifier

Peu de sources directes existent sur Catharina van Hemessen, que l'on connaît surtout par les sources sur son père, son mari et par les tableaux parvenus jusqu'à nous[1].

Catharina van Hemessen nait à Anvers en 1528[2]. Son père est peintre, Jan Sanders van Hemessen, et lui a probablement enseigné le métier, à l'instar d'autres femmes peintres de la Renaissance.

Elle se spécialise dans le portrait, rejoint la guilde de Saint-Luc d'Anvers, où elle reçoit l'autorisation d'enseigner.

Dans les années 1540, Van Hemessen obtient le soutien de Marie de Hongrie, régente des Pays-Bas et sœur de l'archiduc d'Autriche Charles Quint.

Elle épouse en 1554 Christian de Morien, un compositeur et organiste au service de Marie de Hongrie, et organiste à la cathédrale Notre-Dame d'Anvers. À partir de cette année, l'on ne trouve plus de trace de peintures, laissant certains historiens[Lesquels ?] considérer qu'elle arrête la peinture peu après son mariage.

En 1555, son nom est repris sur la liste des Demoiselles d'honneur de la Ville de Bruxelles, et en 1556, elle est sous le patronage de Marie de Hongrie. Elle l'accompagne, de même que son mari, dans son fief de Castille en Espagne et prend en charge la formation artistique et l'éducation des dames de compagnie.

À la mort de Marie en 1558, le couple reçoit une pension pour récompenser leurs services rendus ; Lodovico Guicciardini commente que cette pension est substantielle, « en raison de services rares et excellents » et que le couple ne saurait s'en passer. Le couple rentre alors à Anvers, tandis que Sofonisba Anguissola succède à Catharina à la Cour d'Espagne.

En 1561, le couple s'installe à Bois-le-Duc, Christian ayant rejoint l'Illustre Confrérie de Notre-Dame et le chapitre de Saint-Jean en qualité d'organiste. La confrérie finance leur frais d'installation.

La dernière trace du couple date de 1565, date à laquelle ils quittent Bois-le-Duc[3].

Lodovico Guicciardin cite son travail dans Descrittione di Lodovico Guicciardini patritio fiorentino di tutti i Paesi Bassi altrimenti detti Germania inferiore en 1567, où il note qu'elle est toujours vivante.

Sa date de décès est inconnue.

Son œuvre

modifier

Portraits

modifier

Rattachée à la période flamande, Catharina van Hemessen peint des portraits réalistes, principalement de bourgeoises. Les couleurs de fond sont sombres et neutres. Les modèles posent généralement assis. La composition se veut épurée, les sujets sont représentés de petite taille. Giorgio Vasari dit d'elle qu'elle « excelle dans l'élaboration de miniatures ».

Bien qu'elle travaillait probablement dans l'atelier de son père, ses portraits évoquent plus ceux de Quentin Metsys, Jan Mabuse et de Joos van Cleve.

Neuf de ces portraits nous sont parvenus.

Autoportrait au chevalet

modifier

En 1548, âgée de 20 ans, Catharina van Hemessen réalise un autoportrait, où elle est assise, attelée à son chevalet. Il s'agit du premier tableau de ce type dont nous avons une trace. D'une taille de 32 sur 25 cm, tempera sur un panneau en chêne, il est aujourd'hui conservé au Kunstmuseum de Bâle[4].

Scènes religieuses

modifier

Quatre tableaux dépeignant des scènes religieuses nous sont parvenus. De par leur manière décorative et archaïque pour l'époque de Catherina, ils évoquent les primitifs flamands[1].

Liste de ses œuvres

modifier
https://collections.musees-normandie.fr/ark:/16418/mth1159927/v0001.simple.selectedTab=record Portrait de femme Musée Thomas Henry (Cherbourg-en-Contentin)
 
Portrait de femme, années 1540 ou début des années 1550 Fitzwilliam Museum, Cambridge, Royaume-Uni
 
Portrait de femme Huile sur toile

Non daté
Inscription dans le coin supérieur droit
Bowes Museum, Barnard Castle, Royaume-Uni

Autoportrait, 1548 Huile sur toile
33 × 26,5 cm
Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg, Russie
 
Autoportrait, 1548 Huile sur bois
Date et signature dans le coin supérieur gauche en lettres jaunes

« Ego Catherina de Hemessen me pinxi 1548 »
Kunstmuseum Basel, Bâle, Suisse

Autoportrait, 1548 Cape Town, Afrique du Sud
 
Jeune fille jouant du virginal, 1548 Huile sur bois
32 × 26 cm
Inscription : « Caterina de Hemessen
Pingebat 1548. Aetatis Suae 22 »
Wallraf-Richartz Museum, Cologne, Allemagne
 
Portrait d'une jeune fille, 1548 Huile sur panneau
24 × 17 cm
Signature et date dans le coin supérieur droit :

«Catherina de Hemessen. Pinxit 1548»
Rijksmuseum, Amsterdam, Pays-Bas

 
Portrait d'un homme de 42 ans, 1549 Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Ville de Bruxelles, Belgique
 
Portrait d'une dame de 30 ans, 1549 Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Ville de Bruxelles, Belgique
 
Portait d'une dame, 1551 Huile sur chêne
22,9 × 17,8 cm
Inscription : «Caterina de Hemessen pingebat 1551»
National Gallery, Londres, Royaume-Uni
 
Portrait d'un homme, 1552 Huile sur chêne
36,2 × 29,2 cm
Signature et date :
«catharina . filia
ioannis de hemes
sen pingebat
.1552.»
National Gallery, Londres, Royaume-Uni
 
De kastijding van Christus, 1555 Huile sur bois
34,9 × 23 cm
Collection William. A. Rudd, Ohio, États-Unis
 
Rustpauze van de Heilige Familie op de Vlucht naar Egypte, 1555 Mauritshuis, La Haye, Pays-Bas[5]
 
Kruisweg van Christus en ontmoeting met Veronica Huile sur bois
38 × 28 cm
Collection H. Boeyckens, Pays-Bas
 
Portrait d'une jeune fille, vers 1560 Huile sur panneau
30,5 × 23 cm
Musée d'art de Baltimore, Baltimore États-Unis

La place des femmes dans la peinture flamande

modifier

L'enseignement des peintres et des peintresses se faisait par apprentissage : dès l'âge 9-15 ans, l'apprenti (e) peintre ou peintresse était formé (e) par le maître ou la maîtresse peintre durant quatre ans (deux ans pour le dessin et l'enluminure). Ce système d'apprentissage était ouvert aux garçons comme aux filles, même si les archives révèlent assez peu de noms d'apprenties ou de femmes peintres[6]. L'enseignement peut se faire au sein de l'atelier familial ou chez un maître ou une maîtresse étrangers ; les historiens estiment vraisemblables que dans le cas présent, il s'agisse de son père, Jan Sanders van Hemessen[7].

Postérité

modifier

De son vivant, elle dispose d'une bonne notoriété. Cette réputation s'entend encore un siècle plus tard, lorsque Johan van Beverwijck (en), médecin et critique d'art vivant à Dordrecht, la cite en 1639 dans son ouvrage Van de uitnementheyt des vrouwelicken geslachts[8].

Au XXe siècle, Catharina van Hemessen est l'une des 999 femmes mentionnées sur le socle de l'installation de Judy Chicago The Dinner Party, au niveau de la table d'Artemisia Gentileschi, dans l'aile II.

Notes et références

modifier
  1. a et b Karolien De Clippel, Catharina van Hemessen (1528 - na 1567). Een monografische studie over een 'uytnemende wel geschickte vrouwe in de conste der schilderyen', Nieuwe reeks, n° 11, Koninklijke Vlaamse Academie van België voor Wetenschappen en Kunsten, Bruxelles, 2004.
  2. Catharina van Hemessen, Autoportrait, 1948, actuellement exposé au Kunstmuseum, Bâle. Son autoportrait contient l'année 1548, son nom, et son âge (20 ans).
  3. Harry van den Berselaar, Hofkapel, éditorial in Onder de Boschboom, Bois-le-Duc, 2006.
  4. Stephan Kemperdick, The Early Portrait, from the Collection of the Prince of Liechtenstein and the Kunstmuseum Basel, Munich, Prestel, , 125 p. (ISBN 3-7913-3598-7), p. 15.
  5. (en) « Rest on the Flight into Egypt, c. 1550 », sur mauritshuis.nl (consulté le ).
  6. Marc Gil, « Les femmes dans les métiers d'art des Pays-Bas bourguignons au XVe siècle », Clio. Histoire, Femmes et Société, no 34,‎ , p. 231-254 (lire en ligne).
  7. Fred. Kleiner, Gardner's Art Through the Ages : the Western perspective, Boston, Wadsworth Cengage Learning, , 496 p. (ISBN 978-0-495-57364-7 et 0-495-57364-7, OCLC 301810886, lire en ligne), p. 519.
  8. Johan van Beverwijck, Van de uitnementheyt des vrouwelicken geslachts, Dordrecht, (OCLC 65293798).

Annexes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

modifier

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier
  NODES
Note 3