Charles Lemercier de Longpré

personnalité politique française

Charles Lemercier de Longpré, ou Charles Le Mercher de Longpré, baron d'Haussez, né à Neufchâtel-en-Bray (Normandie) le et mort à Saint-Saëns (Seine-Inférieure) le , est un homme politique français, baron de l'Empire, député sous la Restauration, ministre de la Marine à la fin du règne de Charles X.

Biographie

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Issu d'une famille de magistrats attachée à l'Ancien Régime, le baron d'Haussez est le fils de Charles Étienne Le Mercher de Longpré, écuyer, seigneur d'Haussez, conseiller du roi, assesseur au bailliage de Neufchâtel, maître des requêtes à la Cour des comptes, aides et finances de Normandie (reçu en 1783), et d'Anne Louise Bézuel[2].

Sitôt ses études terminées, tout jeune encore, il entre dans les complots royalistes qui se tramèrent vers la fin de la période révolutionnaire. En l'an VII, il sert dans l'« armée royale de Normandie », fut dénoncé à la police, poursuivi, et doit se cacher jusqu'en 1804.

Il se remet à conspirer et se trouva compromis dans l'affaire de la tentative de débarquement de Cadoudal et Pichegru sur la côte de Biville. Prévenu d'avoir favorisé l'entreprise des conjurés, il est poursuivi puis acquitté faute de preuves.

Rallié à l'Empire, il est nommé en 1805 maire de sa ville natale de Neufchâtel[3] (aujourd'hui Neufchâtel-en-Bray). Il est créé baron de l'Empire par décret impérial du 2 janvier 1814[4].

Mais il ne tarde pas à renouer avec son inclination légitimiste. Empressé à saluer Louis XVIII à la tête d'une délégation neufchâteloise, commandant de la garde nationale après Waterloo, et conseiller général de la Seine-Inférieure, il est élu député par le grand collège de ce département le [5]. Il avait précédemment échoué, le 10 mai, comme candidat à la chambre des Cent-Jours dans l'arrondissement de Neufchâtel-en-Bray[6].

Député et préfet

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Dans la Chambre introuvable, le baron d'Haussez fait partie de la majorité ministérielle.

Le 6 décembre 1815, il s'oppose à la proposition Hyde de Neuville tendant à faire juger par une commission parlementaire les individus exceptés de la loi d'amnistie. Il défend l'institution du jury et combat l'idée de rendre au clergé le droit exclusif d'enregistrement des actes de l'état civil.

Après la dissolution de la Chambre, à laquelle il applaudit, en septembre 1816, il n'est pas réélu député.

En 1817, il laisse la mairie de Neufchâtel au baron de Villers.

Il débute alors une carrière dans l'administration préfectorale en étant nommé préfet des Landes () puis préfet du Gard (19 mars[7] 1819) et préfet de l'Isère (1820).

C'est pendant son administration qu'éclatent les troubles de Grenoble (1821), à la suite de la révolution du Piémont. Le général Pamphile de Lacroix, commandant la division, met le département en état de siège contre l'avis du baron d'Haussez, qui en appelle au gouvernement et obtient le retrait de cette mesure. Il n'en prend pas moins une part active à la répression qui étouffe les troubles.

Il est nommé Préfet de la Gironde ().

Fait maître des requêtes au Conseil d'Etat en 1820, il est nommé en 1826 Conseiller d'État[8].

Il reçoit le titre de baron héréditaire sur institution d'un majorat assis sur la terre d'Haussez, suivant des lettres patentes du 26 avril 1827[9].

Il reparaît à la Chambre des députés le , élu par le 2e arrondissement électoral des Landes (Dax)[10]. Il siège dans la majorité, mais lorsque Charles X se sépare du vicomte de Martignac pour appeler le prince de Polignac à former un nouveau ministère, le baron d'Haussez accepte, le , le portefeuille de la Marine en remplacement du vice-amiral de Rigny.

Ministre de la Marine

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Charles Lemercier de Longpré portraituré par Alfred d'Orsay.

Il signale son passage au gouvernement par le rôle important qu'il joue dans la préparation et la conduite de l'expédition d'Alger. Avec ses collègues Bourmont, Courvoisier et Guernon-Ranville, il contribue à faire révoquer le traité d'abord conclu avec les envoyés du pacha d'Égypte, Méhémet Ali, en vertu duquel ce dernier était chargé de courir sus aux pirates d'Afrique, et de venger le coup d'éventail donné par le dey d'Alger au consul de France Pierre Deval.

Dès qu'il eut été décidé que la France s'armerait elle-même pour sa propre querelle, l'Angleterre demanda des explications, se plaignit et recourut même à la menace. La France lui fit connaître que le Roi ne déposerait les armes qu'après avoir atteint le double but qu'il s'était proposé, à savoir le redressement des griefs avec le Dey d'Alger, cause immédiate des hostilités, et, en second lieu, le triomphe des intérêts communs à toute la chrétienté. Cette attitude irrita profondément l'Angleterre. À Paris, l'ambassadeur d'Angleterre, sir Charles Stuart, essaya d'intimider le baron d'Haussez dans des entretiens semi-diplomatiques. Mais le ministre de la Marine repoussa ces démarches et l'on dit même que, dans la conversation, irrité du ton tranchant de l'ambassadeur, il lui déclara : « Si vous désirez une réponse diplomatique, M. le président du conseil vous la fera. Pour moi, je vous dirai, sauf le langage officiel, que nous nous f*** de vous ! »[11].

Le baron d'Haussez fait poursuivre avec ardeur les préparatifs de l'effort de guerre. Dans tous les ports du royaume, il double la tâche des ouvriers ainsi que leur salaire et affrète en moins de trois mois cent bâtiments de guerre et quatre cents de transport. La plupart des amiraux déclaraient pourtant le débarquement impossible, mais ils n'entament pas la résolution du ministre, qui, fort de l'opinion de deux capitaines de vaisseau employés au blocus d'Alger, Gay de Taradel et Dupetit-Thouars, passe outre, déchire la nomination de l'amiral Roussin au commandement de la flotte, et en confie le commandement à l'amiral Duperré, alors préfet maritime à Brest. Son activité contribue à faire de l'expédition d'Alger un succès.

Le 25 juillet 1830, le baron d'Haussez signe les ordonnances de Saint-Cloud, non sans avoir présenté quelques observations de forme.

Le 28, il paraît, dit-on, dans les rangs des troupes royales. Quand la victoire fut acquise à l'insurrection, il se rend à Saint-Cloud auprès de Charles X, puis, via Saint-Saëns, gagne Dieppe et, de là, l'Angleterre.

Exil et retraite

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Impliqué dans le procès des ministres, il est condamné par contumace, le , à la détention perpétuelle. Il passe son temps d'exil à visiter l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, l'Europe centrale (Hongrie, Transylvanie), et rentre en France à la faveur de l'amnistie de 1839.

Il fixe sa résidence dans le département de la Seine-Inférieure. Ayant renoncé à la politique, il publie des récits de ses voyages.

Il meurt en 1854 au château de Saint-Saëns, aujourd'hui golf de Saint-Saëns, et est inhumé dans la chapelle familiale du cimetière de Les Ventes Saint Rémy[12].

Distinction

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Hommage

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Mariage et descendance

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Il épouse à Neufchâtel en Bray le 3 octobre 1796 (12 vendémiaire an V) Rose Catherine Emilie Patry des Hallais (Neufchâtel en Bray, 5 février 1782 - Saint Saëns, 30 novembre 1866) fille de Charles Denis Hippolyte Patry des Hallais, conseiller du roi, auditeur en la Chambre des Comptes de Normandie[14], et de Emilie Félicité Adélaïde Estard de Tourneville. Tous deux ont uniquement une fille, décédée avant eux :

Publications

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Le baron d'Haussez a publié plusieurs écrits sur la politique et l'administration ainsi que des récits de voyage durant son exil[15] :

  • Réflexions d'un ami du roi, par M. ***, ancien député (1816)
  • Un mot à M. de Chateaubriand (1817)
  • Considérations sur l'agriculture et l'industrie dans les Landes, 110 p. (1817) [lire en ligne]
  • Des routes et des canaux (1828) ;
  • Souvenirs pour servir à la statistique du département de l'Isère, 1828, Bordeaux, imprimerie de Lanefranque, III-166 pages ;
  • Philosophie de l'exil (1832)
  • La Grande Bretagne en 1833. 2 vol. in 8°, Paris, A. Pinard, XXIV-331 & 351 p. (1833) ;
  • Voyage d'un exilé. De Londres à Naples et en Sicile, 1835, Paris, Allardin, 2 volumes, 447-422 pages ;
  • Alpes et Danube. Voyage en Suisse, Styrie, Hongrie et Transylvanie. 2 vol. (1837) (lire en ligne : vol. 1 ; vol. 2)
  • Moi (1854)
  • Mémoires du baron d'Haussez, dernier ministre de la marine sous la Restauration, publiés par son arrière-petite-fille la duchesse d'Almazan - Introduction et notes par le comte de Circourt et le comte de Puymaigre, 2 Tomes, Paris, Calmann Lévy éditeur, 1896-1897 (consultable sur Gallica)

Annexes

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Sources

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  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001513/d_732 » (consulté le )
  2. Gérard d'Arundel de Condé, Les anoblis par charges en Haute-Normandie de 1670 à 1790, Paris, Patrice du Puy, , 413 p. (ISBN 2-908003-31-7), p. 252
  3. J-B Mathon, « Sur M. le baron d'Haussez », Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie,‎ (lire en ligne)
  4. Vicomte Albert Révérend, Armorial du premier empire, tome 3, Paris, Librairie Honoré Champion, rééd 1974, p. 99-100
  5. 122 voix sur 197 votants et 248 inscrits
  6. 32 voix contre 54 à M. Rigoult, élu
  7. ou 3 février ?
  8. René Bargeton, Pierre Bougard, Bernard Le Clère, Pierre-François Pinaud, Les Préfets du 11 ventôse an VIII au 4 septembre 1870, Paris, Archives nationales, , 423 p. (ISBN 2-86000-064-X), p. 191-192
  9. Vicomte Albert Révérend, Titres anoblissements et pairies de la Restauration 1814-1830, tome 4, Paris, Librairie Honoré Champion, (lire en ligne), p. 299
  10. 111 voix sur 157 votants et 230 inscrits
  11. cité par le Dictionnaire des parlementaires français
  12. Philippe Landru, « Ventes-Saint-Rémy (76) : cimetière », sur landrucimetieres.fr, (consulté le )
  13. « Lemercher baron d'Haussez Charles », sur leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  14. Gérard d'Arundel de Condé, Les Anoblis par charges en Haute-Normandie de 1670 à 1790, Paris, Patrice du Puy, , 413 p. (ISBN 2-908003-31-7), p. 340
  15. H. Tribout de Morembert, Dictionnaire de Biographie française, tome 17, Paris, Librairie Letouzey et Ané, (ISBN 2-7063-0155-4), col 731-732

Article connexe

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Liens externes

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