Classe Collins

classe de sous-marins

La classe Collins est une classe de six sous-marins de 3e génération à propulsion diesel-électrique. De conception suédoise, ils ont été produits sous transfert de technologie en Australie pour la Royal Australian Navy. Leurs centrales de propulsion diesel-électrique ont été fournies par l'entreprise d'ingénierie française Jeumont-Schneider.

Classe Collins
illustration de Classe Collins
Le HMAS Rankin (SSK 78) en 2006.
Caractéristiques techniques
Type Sous-marin d'attaque
Longueur 77,78 m
Maître-bau 7,80 m
Tirant d'eau 7,01 m
Déplacement 3 051 t (surface)
3 353 t (plongée)
Propulsion 1 moteur principal Jeumont-Schneider de 5,25 MW
3 moteur Diesel Hedemora/Garden Island Type V18B/14 de 4,42 MW
3 moteurs électriques Jeumont-Schneider de 4,2 MW
1 propulseur d'étrave
1 moteur hydraulique de secours Mactaggart Scott dm 43006
Vitesse 10 nœuds (surface)
20 nœuds (plongée)
Profondeur 200 m
Caractéristiques militaires
Armement 6 tubes de 533 mm pour 22 torpilles Mark 48 mod.4 ou Mark 48 ADCAP ou missiles antinavires UGM-84 Sub-Harpoon, ou 44 mines sous-marines
Rayon d'action 11 500 milles à 10 nœuds (surface)
400 milles à 4 nœuds (plongée)
Autonomie de 70 jours.
Autres caractéristiques
Équipage Originellement 8 officiers et 37 hommes d'équipage
Porté à 58 en 2009.
Histoire
Constructeurs ASC (Adélaïde) par transfert de technologie Saab
A servi dans  Royal Australian Navy
Période de
construction
Période de service -
Navires construits 6
Navires prévus 10
Navires annulés 4
Navires en activité 6

Historique

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Les projets de remplacement de la classe Oberon d'origine britannique commencent en 1978. Au début des années 1980, les bureaux d'études de la Royal Australian Navy se prononcent en faveur d'un sous-marin ayant une endurance de 10 000 milles marins (18 520 km) et capable de rester en plongée ininterrompue durant 10 semaines[1], plutôt qu'un achat « sur étagère » d'un bâtiment européen, construit traditionnellement pour de courtes distances et de faibles endurances[2]. C'est pourtant Kockums, un industriel construisant de petits bâtiments devant opérer dans la peu profonde mer Baltique, qui est choisi en 1987 de préférence à HDW. Ce choix, comme celui du F-111C en son temps, est controversé, des rumeurs de corruption (plus tard démenties) apparaissant[3]. Le plus grand défi qu'aura à relever la classe Collins est que, dès 1985, le gouvernement Hawke avait décidé que les bâtiments seraient construits entièrement en Australie. Une société ad hoc, Australian Submarine Corporation, est créée à Adélaïde entre Kockums et des partenaires australiens et américains (lesquels fournissent le système de combat). Ce montage industriel génèrera plus tard des tensions considérables entre le constructeur et le client.

Retards, dépassements budgétaires et problèmes techniques et humains

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Le gouvernement envisageait un total de dix sous-marins : six sont effectivement mis en service. Ce programme a couté 5,071 milliards de dollars australiens en 2006[4].

En 2009, la marine manque de personnel qualifié et seuls trois pourraient être envoyés en mission[5].

Le rapport McIntosh-Prescott

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Si le premier bâtiment, le HMAS Collins, construit par Kockums, est livré à temps en , le second, construit par Australian Submarine Corporation, accuse un retard de 18 mois. À ce moment, les problèmes techniques et les retards de la classe sont devenus importants. Ces derniers sont si sérieux et si persistants qu'un rapport public est commandé à Malcolm McIntosh, directeur de la Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO) et John Prescott, ancien directeur du management chez BHP.

Le rapport McIntosh-Prescott conclut que les Collins ne sont pas aptes au combat :

« Le problème essentiel des sous-marins de la classe Collins est qu'ils ne peuvent pas offrir des performances aux niveaux requis pour les opérations militaires. Les causes sous-jacentes en sont une myriade de déficiences dans leur design et des limitations opérationnelles conséquentes liées à la plate-forme et aux systèmes de combat[6]. »

Le rapport note que le bâtiment est bruyant et donc vulnérable à une attaque, que la tuyauterie pose de sérieux problèmes (la RAN admettra plus tard qu'elle avait été remplacée en cachette sur le HMAS Collins avant la visite des rapporteurs[7]), que les moteurs cassent régulièrement, que le mauvais dessin de la coque entraîne des turbulences quand le bâtiment est submergé, que le rendu visuel du périscope est flou et que les systèmes de communications et de combat sont dépassés[6].

Le système de combat risquant de n'être jamais complètement opérationnel[8] et le rapport McIntosh-Prescott conseillant son démantèlement, celui-ci est remplacé en 2005 sur les 6 bâtiments de la classe par un nouveau système fourni par General Dynamics/Raytheon[9]. Le problème de signature sonore des moteurs Diesel est résolu avec l'aide de l’US Navy[10].

Service actif

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L'HMAS Waller à Pearl Harbor durant l'exercice RIMPAC 08 (25 juin 2008)

En 2002, il est rapporté que le HMAS Sheean « s'est bien débrouillé » durant les deux semaines d'exercices RIMPAC 02 au large d'Hawaï avec l'USS Olympia (SNA de classe Los Angeles). Les deux sous-marins, échangeant les rôles de chasseur/proie, sont crédités du même nombre de tirs au but. Durant son attaque simulée de l'Olympia et de deux destroyers de classe Arleigh Burke, le Sheean lance 28 torpilles. Selon le chef d'état-major de la flotte sous-marine australienne, « un pourcentage respectable de tirs portés par le Sheean à l'Olympia ont été des succès qui auraient détruit le puissant bâtiment américain[11]. » Le Sheean pénètre ensuite le rideau ASM américain et coule virtuellement l'USS Tarawa (LHA de classe Tarawa) et l'USS Rushmore (LSD de classe Whidbey Island)[12].

Cependant, un an plus tard, à la suite de l'accident de l'HMAS Dechaineux, l’Australian Broadcasting Corporation (ABC) rapporte qu'« au moins deux sous-marins de classe Collins ont des problèmes de soudure dans les joints de la coque ». John Moore, député et ancien ministre de la Défense australien, confirme qu'« il y a sans aucun doute des problèmes avec la soudure, mais si vous y dépensez suffisamment d'argent et remplacez suffisamment de soudure, je pense que ce sera hautement utile[13]. » L’ABC rapporte que la profondeur maximale de plongée de la classe Collins, bien que classée secret défense, a été limitée à 200 mètres[14]. Selon The Australian, ces problèmes étaient connus de la RAN depuis mai 2002, date de publication d'un rapport confidentiel énumérant « 67 risques importants de sécurité ».

Ces nombreux problèmes semblent avoir été corrigés et les 6 Collins ont été déclarés opérationnels en mars 2004.

En 2024, des dommages importants causés par de la corrosion sont découverts sur les HMAS Sheean et HMAS Farncomb, et nécessitent des « réparations très compliquées » selon Stuart Whiley, le PDG du chantier naval ASC[15].

En Novembre 2024, l'Australian Broadcasting Corporation (ABC) a révélé qu'un seul sous-marin de type Collins sur les six que possède la RAN était en état de prendre la mer[16].

Jane's Fighting Ships et le rapport annuel 2006 d'Australian Submarine Corporation rapportent que le Collins a été modifié pour l'embarquement de forces spéciales[17].

Armement

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Électronique

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Les sonars, de fourniture THALES, indépendamment du programme de remplacement SEA 1000, recevront une mise à niveau[18].

Les tableaux électriques de propulsion et têtes de batteries sont conçus et fabriqués par la société française Schneider-Electric.

Liste des unités

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Numéro Nom Quille Lancement Service Statut
SSG 73 HMAS Collins 14 février 1990 28 août 1993 27 juillet 1996 en activité : Base navale de Stirling
SSG 74 HMAS Farncomb 15 décembre 1995 31 janvier 1998
SSG 75 HMAS Waller 19 mars 1992 14 mars 1997 10 juillet 1999
SSG 76 HMAS Dechaineux 4 mars 1993 12 mars 1998 24 février 2001
SSG 77 HMAS Sheean 17 février 1994 3 mai 1999 24 février 2001
SSG 78 HMAS Rankin 12 mai 1995 26 novembre 2001 29 mars 2003

Accidents

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Projet initial de remplacement en 2016

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Le remplacement de la classe Collins est prévu pour 2025. Le lancement d'études sur le projet, dénommé SEA 1000, est autorisé par le ministre de la Défense australien Joel Fitzgibbon en , tandis qu'un bureau d'études est mis sur place en octobre 2008. Le remplacement est acté par le Livre blanc sur la défense 2009, publié le . D'un déplacement supérieur aux Collins, les 6 à 12 bâtiments[20] seraient à propulsion anaérobie et non nucléaire et entièrement construits en Australie (vraisemblablement par ASC) avec l'utilisation de « technologies australiennes, européennes et américaines[21] », bien que le chantier naval Electric Boat de Groton (General Dynamics) et Lockheed Martin soient donnés favoris[22]. Le rôle des nouveaux sous-marins serait l'attaque de navires de surface et de sous-marins, l'attaque de cibles terrestres, la collecte d'informations, la projection de forces spéciales[23], voire la dissuasion conventionnelle de l'Australie[24],[25],[26]. Tout d'abord estimé à 15 milliards de dollars australiens (12 pour les bâtiments, 3 pour le développement)[21], le coût du programme atteint 34 milliards[20]. Le , l'Australie annonce avoir choisi les sous-marins du programme Barracuda[27],[28],[29].

Second projet de remplacement à partir de 2021

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Contexte

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Cependant, le , le gouvernement australien annonce la rupture du contrat. L’administration américaine de Joe Biden a en effet annoncé le même jour la création d’un vaste partenariat de sécurité dans la zone indo-pacifique entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni. Ce nouveau pacte est appelé « AUKUS », d’après les initiales des pays fondateurs (Australia, United Kingdom, United States). La France, pourtant présente dans la région via ses territoires d'outre-mer, n’a pas été consultée au préalable. Dans le cadre de ce partenariat, l’Australie va bénéficier d’un transfert de technologies américaines et britanniques pour construire des sous-marins à propulsion nucléaire et non plus conventionnels comme ceux retenus initialement par la marine australienne sur la base d'une compétition dont Naval Group fut sorti vainqueur en 2016. Cette annonce a déclenché une crise diplomatique entre la France et ses alliés américains et australiens. La Nouvelle-Zélande a déjà annoncé que ces futurs sous-marins australiens seraient interdits dans ses eaux territoriales. En effet ce pays n'y admet aucun navire à propulsion nucléaire depuis 1985[30],[31],[32], politique actée par une loi de 1987.

Solution à développer au titre de l'AUKUS

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Le ministre de la défense australien Peter Dutton entreprend, le , une visite sur le chantier naval Electric Boat de Groton où sont produits les sous-marins de la classe Virginia[33].

Décembre 2024: la livraison par les Etat-Unis de trois SNA de type Virginia à la marine australienne semble hasardeux dans la mesure où l'US Navy peine déjà à obtenir les siens, l'industrie navale américaine n'étant pas encore parvenue à augmenter son rythme de production.

Les cinq autres SNA promis à la RAN doivent être construits en coopération avec le Royaume-Uni. Or comme le rappelle un article de l'ASPI (Australian Strategic Policy Institute) récemment publié, le réacteur PWR3 qui doit les équiper "n'a pas encore été testé" et, la priorité pour le Royaume-Uni est la mise en service des futurs sou-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) de type Dreadnought.

Refonte et maintien en service jusqu'en 2048

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D'ici à l'entrée en service de la solution retenue pour la mise à disposition d'un sous-marin d'attaque nucléaire, les exemplaires de la classe Collins vont devoir subir des refontes afin de porter leur date de retrait du service à 2048, au moins[34]. Saab Kockums AB en attend du gouvernement fédéral une formalisation écrite.

Notes et références

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  1. Joseph Henrotin, « Les sous-marins suédois : Sjöormen, Gotland, Challenger, Collins et A26 », Technologie et armement, no 10,‎ , p. 78-82 (ISSN 1953-5953)
  2. (en) Patrick Walters, « Cutting Edge: The Collins experience », Strategic Insights, no 22,‎ (ISSN 1449-3993, lire en ligne)
  3. (en) Peter Yule et Derek Woolner, The Collins Class Submarine Story: Steel, Spies and Spin, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-86894-5)
    p. 114
  4. (en) « 10 FACTS ABOUT THE COLLINS SUBMARINE », sur australianmadedefence.com, .
  5. « Le blues des sous-mariniers »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Les nouvelles Calédoniennes, .
  6. a et b (en) Malcolm K. McIntosh et John B. Prescott, Report to the Minister for Defence on the Collins Class Submarine and Related Matters, Ministère de la Défense australien, (lire en ligne)
  7. (en) « Subs Are Out Of Depth », The Herald Sun,‎
  8. (en) « $500m To Save Our Subs - Minister Orders Project Overhaul », The Australian,‎
  9. (en) « Australia's Collins Class Subs, Submariners On Track for Upgrades », sur defenseindustrydaily.com, Defense Industry Daily, (consulté le ).
  10. (en) Simon Royal, « Collins Class submarine war », sur abc.net.au, ABC, (consulté le ).
  11. (en) Brendan Nicholson, « Collins sub shines in US war game », The Age,‎ (lire en ligne)
  12. (en) Nick Field, « Prawns, roo end RIMPAC 2002 at Pearl Harbor », sur defence.gov.au, Ministère de la Défense australien (consulté le ).
  13. (en) Edmond Roy, « Collins Class nightmares continue », sur abc.net.au, ABC, (consulté le ).
  14. (en) Andrew Fowler, « Are leaky Collins class subs all washed up? », sur abc.net.au, ABC, (consulté le ).
  15. Laurent Lagneau, « Deux sous-marins australiens doivent être réparés pour des problèmes de corrosion », sur Zone Militaire, (consulté le )
  16. (en) Andrew Green, « Emergency funding plea for Virginia class submarines sparks fresh AUKUS concerns », abc.net.au/news/2024-11-29, no Thu 28 Nov,‎ (lire en ligne)
  17. (en) ASC Annual Report 2006, Australian Submarine Corporation (lire en ligne)
  18. Thales renforce les capacités sonar des sous-marins australiens de la classe Collins, 14 juin 2018.
  19. (en) « Navy forced to reduce subs' diving depth », sur theage.com.au, AAP, (consulté le ).
  20. a et b (en) Greg Jennett, « New submarines now biggest ever military project », sur abc.net.au, ABC, (consulté le ).
  21. a et b (en) « Navy to spend $15bn on subs », sur theaustralian.news.com.au, AAP, (consulté le ).
  22. (en) « US « to play key role » in new Aussie subs », sur brisbanetimes.com.au, AAP, (consulté le ).
  23. (en) Cameron Stewart, « Defence to reach new depths », The Australian,‎ (lire en ligne)
  24. (en) « New subs unlikely to go nuclear: ADA », sur abc.net.au, ABC, (consulté le ).
  25. (en) Andrew Davies, « Keeping our heads below water: Australia’s future submarine », Policy Analysis, no 16,‎ (lire en ligne)
  26. (en) Mark Thomson et Andrew Davies, « Strategic choices: Defending Australia in the 21st century », Strategic Insights, no 45,‎ (ISSN 1449-3993, lire en ligne)
  27. « Sous-marins vendus par DCNS à l’Australie : les coulisses d’un contrat « historique » », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  28. « Comment la France est parvenue à vendre 12 sous-marins à l'Australie », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  29. « Quatre questions sur le contrat de 34,5 milliards d'euros remporté par DCNS en Australie », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  30. « Sous-marins : l’Australie rompt le « contrat du siècle » avec la France, crise diplomatique entre Paris et Washington », sur Le Monde, (consulté le ).
  31. AFP, « L'Australie torpille son méga-contrat à 56 milliards d'euros de sous-marins français », sur The Huffington Post, (consulté le ).
  32. « Sous-marins : l'Australie annule le «contrat du siècle» avec la France », sur Le Figaro, (consulté le ).
  33. Tweet de satisfecit du ministre, 21 septembre 2021.
  34. Submarine Upgrade Will Extend Australian Navy’s Collins Class To 2048, Navalnews, 28 septembre 2021.

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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