Ermold le Noir

poète de la cour carolingienne d'Aquitaine

Ermold le Noir (en latin Ermoldus Nigellus), né vers 790, mort après 838[note 1], est un ecclésiastique de l'époque carolingienne, clerc de la maison de Pépin Ier d'Aquitaine, surtout connu comme auteur d'un poème en l'honneur de Louis le Pieux, une des sources de l'histoire de cet empereur.

Ermold le Noir
Biographie
Naissance
Décès
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Activités
Œuvres principales
Carmen in honorem Hludovici christianissimi Caesaris Augusti (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Biographie

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La vie d'Ermold le Noir nous est connue par les indications qu'il donne de temps à autre sur lui-même dans ses écrits. L'ensemble reste fragmentaire.

En 824, il accompagne Pépin, roi d'Aquitaine depuis 817, au cours d'une campagne contre les Bretons.

Peu après, il est banni de la cour de Pépin sur l'ordre de Louis le Pieux pour avoir incité le fils à se révolter contre son père.

Exilé à Strasbourg auprès de l'évêque Bernold, il entreprend de regagner la faveur de l'empereur en écrivant un poème sur ses supposés exploits. La rédaction a lieu en 826-827.

Il est réintégré à la cour de Pépin en 830.

On n'a pas d'autres renseignements de sa part, mais on estime qu'il peut être identifié à un personnage nommé Hermoldus, chancelier de Pépin à la fin de son règne.[réf. nécessaire]

Œuvres

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Ermold était un homme cultivé, connaissant les poètes latins.

Carmen in honorem Hludovici

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Ermold a composé lors de son exil un poème en distiques élégiaques en quatre livres, Carmen in honorem Hludovici christianissimi Caesaris Augusti, dont la préface est un poème en acrostiche de 35 vers : chaque vers commence et finit par la même lettre, les 35 initiales et finales formant deux fois la phrase de 35 lettres ERMOLDUS CECINIT HLUDOICI CAESARIS ARMA[1], c'est-à-dire « Ermold a chanté les (faits d') armes de Louis César » : cette phrase démarque probablement le début de l'Enéide : « Arma virumque cano » (« Je chante les (faits d') armes et l'homme »)[2].

Les quatre livres traitent des exploits de l'empereur entre 781 et 826. Ils exposent des pratiques de l'époque comme la commendatio. Le dernier livre, où l'on trouve une description du palais impérial d'Ingelheim, quelques décennies après sa construction (en 826-828), culmine avec le récit de la visite du chef dane Heriold (=Harald Klak), que Louis avait appelé à l'aide, et qui se fit baptiser avec toute sa suite. D'après diverses annales, il semble que les tractations tenues au palais d'Ingelheim aient été difficiles, les ennemis d'Heriold ayant dépêché eux aussi une ambassade auprès du roi. Le baptême n'aurait pas eu lieu à Ingelheim, faute d'une église, mais plutôt à Mayence. La couverture panégyrique des événements tend à présenter le baptême du chef déchu Heriold comme le terme de décennies de pillages par les Normands.

Poèmes à Pépin

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Il a aussi écrit deux poèmes en distiques élégiaques dédiés à Pépin, les Carmina in laudem gloriosissimi Pippini regis. Inspirés par les poèmes de l'exil d'Ovide (Tristes, Pontiques), ils font naturellement écho à la situation personnelle de l'auteur. Ils révèlent un poète de grande culture.

Edition de ses œuvres

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Les deux manuscrits dont on dispose sont du Xe siècle (Vienne, Bibliothèque nationale autrichienne) et du XVe siècle (Londres, British Museum).

Une première édition est réalisée en 1726 par Ludovic Muratori. Plusieurs éditions sont réalisées au cours du XIXe siècle : en Allemagne par George Heinrich Pertz en 1829 ; en France par Jacques Paul Migne dans la Patrologia Latina en 1844 ; de nouveau en Allemagne par Ernst Dümmler dans Poetae Latini aevi Carolini en 1884.

Dès 1824, une traduction est publiée en France dans la Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France de François Guizot, qui présente l'auteur et l'œuvre dans une introduction.

Manuscrits
Éditions et traductions du XIXe siècle
  • Ermoldi Nigelli carmina, dans Georg Heinrich Pertz et autres (éd.): Scriptores (in Folio) 2: Scriptores rerum Sangallensium. Annales, chronica et historiae aevi Carolini, Hanovre, 1829, pages 464–523 (Monumenta Germaniae Historica, disponible en ligne).
  • Jacques Paul Migne, Patrologia latina, tome 105, Paris, 1844.
  • Ermoldi Nigelli carmina, dans Poetae Latini medii aevi 2: Poetae Latini aevi Carolini (II), édition d'Ernst Dümmler, Berlin, 1884, pages 1–93.
  • Ermold le Noir, Faits et gestes de Louis le Pieux, poème dans François Guizot, Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Librairie Brière, Paris, 1824 (disponible en ligne)
Publication récentes
  • Ermold le Noir, Poème au roi Louis le Pieux suivi de Epîtres au roi Pépin (édition d'Edmond Faral), Les Belles Lettres, Paris, 1964
  • Ermold le Noir, La Succession de Charlemagne : la vie de Louis le Pieux, Paleo, Clermont-Ferrand, 2001[3]

Notes et références

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  1. Dates hypothétiques.

Références

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  1. « Texte latin du poème », sur documentacatholicaomnia.eu.
  2. Christiane Veyrard-Cosme, « La poésie de circonstance à l'époque carolingienne. Ermold le Noir et le poème sur Louis le Pieux », dans La Muse de l'éphémère. Formes de la poésie de circonstance de l'Antiquité à la Renaissance, éd. Aurélie Delattre et Adeline Lionetto, Paris, Classiques Garnier (Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, 84 ; Lectures de la Renaissance latine, 5), 2014, p. 223-240.
  3. données de WorldCat

Voir aussi

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Bibliographie

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  • * Anne-Marie Turca, « Ermold Le Noir », dans : Robert Bossuat, Louis Pichard et Guy Raynaud de Lage (dir.), Dictionnaire des lettres françaises, t. 1 : Moyen Âge, éd. entièrement revue et mise à jour sous la dir. de Geneviève Hasenohr et Michel Zink, Paris, Fayard, 1992, p. 413-414.
  • (en) Peter Godman, « Louis "the Pious" and his poets », dans Frühmittelalterliche Studien, n° 19, 1985, p. 239–289.
  • (en) Shane Bobrycki, « Nigellus, Ausulus: self-promotion, self-suppression and Carolingian ideology in the poetry of Ermold », dans Ego Trouble: Authors and Their Identities in the Early Middle Ages, Vienne, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften (Forschungen zur Geschichte des Mittelalters, 15), 2010, p. 161-173.
  • Jean Favier, Charlemagne, Paris, Fayard, 1999, p. 598.
  • (de) W. O. Henkel, Über den historischen Werth der Gedichte des Ermoldus Nigellus, Eilenbourg, Schrader, 1876

Liens externes

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