Fantomas (film, 1964)

film d'André Hunebelle, sorti en 1964

Fantomas est une comédie policière franco-italienne d'André Hunebelle sortie en 1964.

Fantomas
Description de l'image Fantomas Logo.png.
Réalisation André Hunebelle
Scénario Jean Halain
Pierre Foucaud
Acteurs principaux
Sociétés de production Gaumont
Production artistique et cinématographique
Pays de production Drapeau de la France France
Genre comédie policière
Durée 104 minutes
Sortie 1964

Série Trilogie Fantomas

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

C'est le premier film de la trilogie d'André Hunebelle consacrée au criminel de fiction, avant Fantomas se déchaîne en 1965 et Fantomas contre Scotland Yard en 1967. À sa sortie, il a attiré 4,5 millions de spectateurs dans les salles françaises et 45,5 millions de spectateurs en URSS[1].

Synopsis

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Déguisement de Fantômas porté au carnaval de Belfort, en 2013.

Place Vendôme, le richissime lord Geoffroy Shelton arrive en Rolls-Royce pour faire ses emplettes chez Van Cleef, quelques bijoux pour son épouse lady Maud Beltham. Il y en a pour 5,5 millions de francs, précise le vendeur, qu'il paie avec un chèque dont l'encre s'efface après le départ de Shelton, le jour même où le commissaire Juve annonce la prochaine arrestation du célèbre malfaiteur qui se fait appeler Fantômas, auteur de plusieurs méfaits. Ainsi commence le film.

Fandor[N 1], journaliste au quotidien Le Point du jour et fiancé d'Hélène, décide d'enquêter sur cet étrange personnage qui se montre toujours masqué ou grimé. Il le croit une pure invention de la police, désireuse de se mettre en valeur. Pour le prouver, il fait paraître une fausse entrevue du criminel dans le quotidien qui l'emploie. Furieux, Fantômas fait enlever le journaliste et lui ordonne de révéler son imposture dans un nouvel article qu'il doit publier sous 48 heures. À peine libéré, Fandor est arrêté par le commissaire Juve. Pendant sa garde à vue, un nouvel article, guère plus élogieux que le précédent à l'égard de Fantômas, paraît à l'insu de Fandor. Le malfaiteur enlève de nouveau le journaliste et le retient prisonnier dans son repaire secret, sous la garde d'hommes de main et de Lady Beltham, sa mystérieuse compagne.

Désireux d'appréhender Fantômas, Juve lui tend un piège. À la une du Point du jour, il défie le malfaiteur en annonçant que sur la terrasse Martini[N 2], aux Champs-Élysées, vont défiler des mannequins parés par les plus grands joailliers parisiens. Mais, sous les traits de Fandor, Fantômas s'empare des bijoux après avoir fait inhaler un gaz soporifique aux mannequins ainsi qu'aux policiers en faction. Par la même occasion, il enlève Hélène dont il s'est épris et qu'il espère séduire. Il s'échappe en hélicoptère tandis que Juve le poursuit sur les toits puis, accroché à une grue, tombe sur le tas de sable d'un chantier voisin.

Pour Juve, Fandor et Fantômas ne font qu'un. Mais ce dernier fusille la devanture d'un cinéma puis dévalise les clients d'un casino, cette fois-ci sous les traits du commissaire. Ridiculisé et confondu par de nombreux témoins, Juve clame son innocence devant son adjoint l'inspecteur Bertrand qui refuse de le croire. Juve est mis en prison. Lady Beltham qui, par un subterfuge de Fandor, connaît l'infidélité de Fantômas, se venge en libérant les deux fiancés qui se retrouvent au milieu de nulle part dans une voiture avec un mot de la complice de Fantômas. Mais cette dernière a saboté les freins de la voiture et Fandor et Hélène en réchappent de peu. Au commissariat, tous deux racontent ce qu'ils ont découvert mais Bertrand, incrédule et convaincu de la complicité de Fandor avec Fantômas, le fait incarcérer aux côtés du commissaire. Un vieux gardien les aide à s'évader, les emmène hors de Paris puis les fait monter dans une voiture. C'est Fantômas qui, sous un nouveau déguisement, veut se débarrasser d'eux. Constatant l'évasion, Bertrand comprend son erreur et lance la recherche. Trois gendarmes à moto poursuivent Fantômas dont le véhicule, équipé de gadgets, parvient à neutraliser deux d'entre eux. Fandor assène un coup à Fantômas et provoque un accident. Mais le malfaiteur en réchappe et s'enfuit sur la moto du dernier gendarme, inconscient après une chute. Juve et Fandor poursuivent Fantômas sur un train de marchandises, en voiture puis en hélicoptère, au large des côtes où il a pris la mer sur une embarcation. De l'hélicoptère, Juve se fait déposer sur le sous-marin où le criminel vient de s'enfermer. L'appareil s'enfonce dans la mer. Secouru in extremis par Fandor et Hélène, le commissaire promet d'appréhender Fantômas.

Fiche technique

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Distribution

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Mylène Demongeot incarne le principal personnage féminin du film.

Interprètes non crédités :

Jean Marais incarne Fantômas, lorsqu'il arbore son masque vert bleu, lorsqu'il enlève son masque devant Fandor et lorsqu'il se fait passer pour lord Shelton, Fandor puis un vieux gardien de la prison. Christian Toma, interprète d'un inspecteur assistant Juve, revêt également le masque de Fantômas dans les scènes où Jean Marais joue Fandor, ou, inversement, tient le rôle de Fandor de dos lorsque Marais est Fantômas de face[5]. Louis de Funès, portant quelques prothèses sur son visage, joue Fantômas dans les scènes où il porte le masque de Juve. Aussi dans la scène du braquage du casino, Louis de Funès apparaît sur une plate-forme plus élevée pour simuler la taille de Fantômas, supérieure à celle de Juve. Toutes ces interprétations de Fantômas sont liées par la voix de Raymond Pellegrin[6].

Production et réalisation

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Dans un probable souci d'internationalisation, l'accent circonflexe est enlevé du nom de Fantômas (qui le tirait de « fantôme ») dans le titre, même si le nom apparaît parfois intact dans le film[7],[8].

Attribution des rôles

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La mannequin populaire Marie-Hélène Arnaud a été choisie pour le rôle de Lady Beltham.

Le véritable joaillier Pierre Arpels, fils de l'un des cofondateurs de Van Cleef & Arpels, accueille Fantomas déguisé en lord Shelton dans la scène d'ouverture[4],[9].

Tournage

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Les extérieurs du film ont été tournés de juillet à septembre 1964 à :

Cascades

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Rémy Julienne, champion de France de moto-cross en 1957, fut engagé en 1964 par Gil Delamare (cascadeur réputé et coordinateur des effets spéciaux) pour réaliser des acrobaties à moto lors de la poursuite finale et doubler Jean Marais. L'acteur réalisa cependant lui-même la majorité des cascades.

Jean Sunny (cascadeur spécialisé sur deux-roues) accepta pour la seule fois de participer à un film, dans la vertigineuse séquence de voiture sans frein qui dévale une forte pente. La scène fut tournée au col de l'Espigoulier, à proximité d'Aubagne et de Cassis, et au col Sainte-Anne, entre Allauch et Mimet.

Claude Carliez a également collaboré au film, qui était responsable de toutes les scènes d'action.

Soucieux de ne pas paraître physiquement inférieur à Jean Marais, Louis de Funès sauta d'un pont dans un train en marche. Réglée par Gil Delamare, la cascade se passa sans incident. En revanche, il se blessa lors de la scène où il est suspendu à une grue au-dessus de Paris. Même s'il n'était qu'à un mètre du sol, « certains troncs nerveux, étirés par cette longue suspension, avaient provoqué une paralysie des muscles de l'épaule »[10]. L'acteur mettra plusieurs années pour recouvrer, en partie, ses capacités.

Box-office

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Avec 4,5 millions de spectateurs en salles, le film fut l'un des grands succès de 1964, année de tous les succès pour Louis de Funès, dont Le Gendarme de Saint-Tropez assit définitivement la popularité.

Le film fera 45,5 millions d'entrées en URSS[1], le classant 77e du box-office soviétique de tous les temps. Avec les ressorties, le film fera plus de soixante millions de spectateurs soviétiques[11], à tel point que vu ce succès, un Fantomas à Moscou fut un temps envisagé.

Autour du film

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  • Juve devait être incarné par Bourvil, qui refusa le rôle peu de temps avant le début de tournage[12]. Quant au rôle du journaliste Fandor / Fantômas il fut un temps envisagé qu'il devait être incarné par l'acteur russo-américain Yul Brynner et voulait un cachet énorme pour pouvoir jouer dans le film ce que le réalisateur André Hunbelle a refusé et le choix se porta sur l'acteur français Jean Marais[13].
  • À la 34e minute du film, on aperçoit sur la couverture du quotidien Le Point du jour, où Juve lance à Fantômas le défi de s'emparer d'une collection de diamants, le numéro de téléphone BAL.53.70. Pourtant la numérotation alphanumérique avait été abolie un an plus tôt, le .
  • La voiture de sport grise conduite par Jean Marais à la fin du film est une BMW 507 cabriolet.
  • Le film La Diablesse aux 1 000 visages de Chung Chang-wha (1969) s'inspire fortement du Fantomas de Hunebelle[14].
  • En 2002, un nouveau film Fantômas fut annoncé avec Jean Reno et José Garcia dans les rôles-titres[15]. Le projet, que devait réaliser Frédéric Forestier en 2003, fut gardé en réserve par « La Petite Reine », la société production de Thomas Langmann, avant d'être réactivé début 2009. Un budget de 50 millions d'euros est consacré au film et le réalisateur Christophe Gans est choisi[16], mais le projet ne verra finalement pas le jour.
  • Dans ce film, le nom de Fandor, n'est jamais mentionné, ni prononcé, ni écrit quelque part. Pour preuve, lorsque le commissaire Juve découvre le tatouage que Fantômas a inscrit sur le torse du journaliste, il dit « F comme Fantômas ». Or, le journaliste aurait pu dire pour se défendre « F comme Fandor ». Ce n'est que dans Fantomas se déchaîne que l'on connaîtra le nom du journaliste.[réf. souhaitée]
  • La performance de Marais dans ce double rôle est saluée par la critique mais c'est Louis de Funès qui lui ravira la vedette par son interprétation paranoïaque du commissaire Juve. Durant le tournage, le courant ne passa pas entre les deux acteurs. Pour Marais le talent comique de de Funès est « fondé sur la mauvaise humeur ». Ils ne font pas le même métier d'acteur : le premier sert les rôles qu'il interprète, le second se sert des rôles pour lui même, dit Carole Weisweiller[12].

Erreurs dans le film

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Il y a de nombreuses incohérences dans l’enchainement des scènes de la poursuite finale : le lendemain de l'évasion de Juve et Fandor, l'inspecteur Bertrand décide de placer des barrages et Hélène Gurn déclare « Moi aussi je vais m'en occuper ! ». Dans la scène suivante, elle est dans un hélicoptère et déclare au pilote : « Ça doit être cette voiture noire, là-bas ! » sans qu'aucune explication ne soit donnée sur la façon dont elle a retrouvé la voiture (qui a dû parcourir plusieurs centaines de kilomètres depuis Paris pour arriver en bord de mer) ni comment elle l'a identifiée.

Plus tard, après que Fantomas a volé une locomotive, Juve et Fandor tentent de suivre en voiture. Alors que la voie ferrée bifurque à gauche, la route continue tout droit. Fantomas profite de ce que ses poursuivants l'ont perdu de vue pour sauter du train. Pourtant, lors de la scène suivante, Juve déclare : « Il est surement descendu vers la mer »; sans qu'encore une fois aucune explication ne soit fournie quant à la façon dont il a su qu'il n'était plus dans le train. De même aucune explication n'est fournie sur la façon dont ils suivent Fantomas jusqu'à la crique ni sur celle dont l'hélicoptère les retrouve[17].

Distinction

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Procès

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Marcel Allain, le seul des auteurs de Fantômas encore en vie à la date de réalisation du film (Pierre Souvestre est mort en 1914), est très mécontent du résultat des trois adaptations tournées par Hunebelle. Il poursuit en justice la société Gaumont pour les torts moraux et commerciaux qu’auraient causés ces « films grotesques » à son œuvre littéraire.

Le tribunal de grande instance de Paris juge en sa faveur en janvier 1969 : « Attendu que Fantômas […] est essentiellement un être qui « fait peur » ; […] que le caractère bouffon des films litigieux révèle la dénaturation complète de l’œuvre », le tribunal rend caduc le contrat entre Marcel Allain et Gaumont, ordonne l’évaluation de son préjudice et la réévaluation de ses gains à 3 % des recettes des films[19].

Notes et références

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  1. Pas une fois son nom n'est cité dans le film.
  2. Lieu chic alors en vogue.

Références

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  1. a et b Poiré, Alain. 200 films au soleil. Paris: Ramsay, 1988, p. 255 (ISBN 2-8595-6729-1)
  2. Dicale 2009, p. 277.
  3. Chiffres de l'inflation en France d'après l'INSEE. Coefficient de transformation de l'euro ou du franc d'une année, en euro ou en franc d'une autre année – Base 1998 et Base 2015. Dernière mise à jour à l'indice de 2023.
  4. a et b Gabrielle De Montmorin, « Joaillerie : le petit monde des grands vendeurs », sur lesechos.fr, Les Échos, .
  5. Franck et Jérôme Gavard-Perret, « Interview de Christian Toma », sur Autour de Louis de Funès, (consulté le ).
  6. Henri-Jean Servat, Jean Marais, l'enfant terrible, Éditions Albin Michel, 1999, page 65 (ISBN 2-226-10924-2)
  7. Dicale 2009, p. 239.
  8. Artiaga 2013.
  9. « Van Cleef & Arpels Pierre Arpels Watch » (consulté le )
  10. Olivier de Funès et Patrick de Funès, Louis de Funès : Ne parlez pas trop de moi, les enfants !, Le Cherche midi, 2005, p. 143 (ISBN 2-7491-0372-X)
  11. « Chiffre énorme, même pour un pays aussi immense que l'Union soviétique ! » selon Alain Poiré dans 200 films au soleil, Ramsay, Paris, 1988, p. 255 (ISBN 2-8595-6729-1)
  12. a et b Carole Weisweiller et Patrick Renaudot, Jean Marais, le bien-aimé, Éditions de La Maule, 2013, page 201
  13. « Yul BRYNNER : Biographie, Tombe, Citations, Forum... », sur JeSuisMort.com (consulté le )
  14. La Diablesse aux 1 000 visages sur Allociné.
  15. « Garcia et Reno dans Fantômas ?», Allociné, 22 janvier 2003.
  16. (en) « Fantomas spies bigscreen makeover », Variety, 21 août 2009.
  17. Fantômas (1964) Toutes les erreurs sur erreursdefilms.com
  18. Lemonier 2005, p. 37.
  19. Loïc Artiaga, « Le Bleu et le noir. Fantômas, le temps des guerres chromatiques (1962-1969) », Belphégor. Littérature populaire et culture médiatique, nos 11-1,‎ (ISSN 1499-7185, DOI 10.4000/belphegor.79, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

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À propos de Fantômas

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À propos des comédiens

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Articles connexes

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Liens externes

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