Ferrand de Flandre
Fernand ou Ferdinand de Portugal ou de Bourgogne, dit Ferrand de Flandre[1] (en portugais Dom Fernando) ( - † Noyon, ), est infant de Portugal et comte de Flandre et de Hainaut de 1212 à 1233 par son mariage avec la comtesse Jeanne de Flandre et de Hainaut, dite de Constantinople.
Ferrand de Flandre | |
Vaincu à Bouvines, Ferrand est fait prisonnier. Enluminure des Grandes Chroniques de France, vers 1330. Bibliothèque municipale de Chartres, BM 0003, fo 288. | |
Titre | |
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comte de Flandre et de Hainaut (par son mariage avec Jeanne de Constantinople) | |
– (21 ans) |
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Biographie | |
Dynastie | Dynastie de Bourgogne |
Date de naissance | |
Date de décès | (à 45 ans) |
Père | Sanche Ier de Portugal |
Mère | Douce d'Aragon |
Conjoint | Jeanne de Constantinople |
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Rébellion contre la France
modifierIl est le fils benjamin du roi de Portugal Sanche Ier de Portugal et de Douce d'Aragon. Le , avec l’accord de Philippe Auguste, il épouse la comtesse de Flandre Jeanne de Constantinople, nièce et pupille du roi de France. Jeanne est encore mineure au moment du mariage et a hérité du comté à la mort de son père Baudouin en 1206.
Dès le début de son règne, il subit l’autorité de Philippe Auguste qui a arrangé lui-même le contrat de mariage, en plaçant les villes d’Aire et de Saint-Omer, voisine de l’Artois déjà sous domination royale, dans l’apanage de son fils aîné Louis. Retenu prisonnier à Péronne le temps que le prince Louis occupe ces villes, le couple peut enfin penser faire son entrée à Gand, mais les Gantois leur ferment leur porte, car ils considèrent que leur comtesse a été « vendue » à Ferrand par Philippe Auguste [2]. Un traité est finalement signé à Pont-à-Vendin le , par lequel Ferrand et Jeanne cèdent à Louis de France Aire et St-Omer, comme droits de sa mère Isabelle de Hainaut, mais en échange de quoi le futur Louis VIII renonce à émettre des prétentions sur la Flandre. Peu après, le couple fait enfin son entrée à Gand, dont les habitants acceptent de leur payer une somme à titre de compensation du préjudice subi. Les comtes accordent à la ville une nouvelle organisation municipale (élection annuelle des échevins).
Ferrand ne répond que conditionnellement à l’appel féodal du roi de France contre Jean sans Terre (1212), avec lequel il passe une alliance offensive et défensive, les approvisionnements flamands de laine se faisant essentiellement en Angleterre. Ferrand veut monnayer le retour de Saint-Omer et d’Aire et refuse un dédommagement[3]. Philippe Auguste retourne alors l’ost contre le comte de Flandre et envahit ses états () : Cassel, Ypres et tout le pays jusqu'à Bruges sont pris, Gand est assiégée. Ferrand appelle au secours son allié qui lui envoie le comte de Salisbury, accompagné de Renaud de Dammartin, brouillé avec le roi de France. L’expédition anglaise débarque à Damme, où Ferrand jure fidélité au roi Jean, mais doit se replier ; le roi de France détruit le port puis prend Lille et finalement Gand[4].
Ferrand doit alors se réfugier sur l’île de Walcheren, en Zélande, terre impériale. Les troupes françaises se retirent et, après un échec devant le château d’Erquinghem, tenu par le châtelain de Lille, et un autre devant Lille même, le comte reprend Gand, investit Tournai, traditionnellement fidèle aux Lys, et fait finalement son entrée à Lille, dont les habitants, débarrassés de la faible garnison française, lui ont ouvert chaleureusement leurs portes. Mais le roi réapparaît, reprend Lille et, de rage, la détruit en grande partie déportant ses habitants, les marquant du signe des esclaves [5],[Note 1]. Le comte, malade, n’a eu que le temps de s’enfuir parmi les flammes puis de gagner l'Angleterre auprès du roi Jean, accompagné de divers chevaliers flamands (1213). Se forme alors la coalition des Flamands de Ferrand, des Anglais de Jean sans Terre et des Allemands de l’empereur Othon IV de Brunswick. La campagne est placée sous les ordres d’Otton et de Ferrand [6].
Au début de 1214, le prince Louis de France s’empare de Bailleul et de Steenvoorde. Ferrand, quant à lui, revenu en Flandre, ravage l’Artois et le comté de Guînes, prend Saint-Omer et Hesdin. Louis est rappelé en France pour combattre Jean sans Terre qui s’est emparé du Poitou et marche sur Angers. Mais le roi d’Angleterre est battu à La Roche-aux-Moines et doit se replier.
De Bouvines à l'allégeance au roi de France
modifierCependant, Otton était arrivé à Valenciennes, avec le duc de Brabant, les comtes de Namur et de Limbourg, alors que Philippe Auguste levait l’oriflamme à Saint-Denis et mettait en branle l’ost à Péronne. La rencontre des deux armées a lieu à Bouvines, le dimanche 27 juillet 1214. C'est une défaite pour les coalisés : épuisé, Ferrand se rend à Hugues de Marcuit, Otton s'enfuit. Enchaîné, transporté en cage jusqu'à Paris, il est enfermé dans les cachots du château du Louvre[7].
Jeanne est alors courtisée par Pierre Mauclerc, alors veuf. Il obtient son accord pour tenter de faire annuler son mariage pour consanguinité par le pape Honorius III. Ce dernier accède à la demande. Cependant, le nouveau roi de France Louis VIII oppose un refus au remariage du duc de Bretagne avec la comtesse de Flandre, un tel territoire prenant en tenaille le domaine royal lui paraissant dangereux. Louis VIII obtient du Pape l'autorisation du remariage de Jeanne et de Ferrand tout en les obligeant à un traité (la « paix de Melun ») ainsi qu'une rançon. Ferrand sort donc le après que Blanche de Castille a reçu la moitié de la rançon de cinquante mille livres parisis exigée pour sa liberté et réunie par Jeanne. Pour cela, celle-ci a dû emprunter sur les foires de Champagne près de 30 000 livres, principalement auprès des banquiers lombards [8].
Il doit laisser en gage les villes de Douai, Lille et L'Écluse dans l’attente du paiement du reste de la rançon. Il doit également jurer fidélité au roi[9].
Il reste dès lors fidèle à ce serment. Lors de la révolte de Pierre Mauclerc et des grands barons contre Blanche de Castille, il reste fidèle à la régente, pour qui il combat lors des premières opérations de la guerre, avant de s’aventurer en Namurois, où il prétend au siège comtal, dont l’empereur l'a investi. Il s'empare de quelques villes, mais après l’entremise du comte de Boulogne, un traité est signé à Cambrai (1232) : Henri de Vianden, époux de Marguerite de Courtenay-Namur conserve le comté de Namur, tandis que Ferrand reçoit les bailliages de Golzinne et de Vieux-Lille, en attendant le retour du comte légitime, l'empereur de Constantinople Baudouin II de Courtenay.
Avec Jeanne, il renforce les communes, instituant notamment en 1228 de nouveaux échevinages à Gand, Ypres, Bruges et Douai, avec un nouveau mode d’élections. Il meurt à Noyon, malade de la gravelle[10]. Son cœur et ses entrailles sont ensevelis dans la cathédrale de la cité, tandis que son corps est enterré à l’abbaye du repos de Notre-Dame de Marquette près de Lille[11] où Jeanne lui fit construire un mausolée avant de l'y rejoindre à sa mort.
Ascendance
modifierNotes et références
modifierRéférences
modifier- Dom Fernando de Portugal sur le site Foundation for Medieval Genealogy.
- Leopold August Warnkönig, Histoire constitutionnelle et administrative de la ville de Gand et de la chatellenie du Vieux-Bourg : jusqu'à l'année 1305, A. Vandale, .
- John W. Baldwin, The Government of Philip Augustus: Foundations of French Royal Power in the Middle Ages, University of California Press, , 611 p. (ISBN 978-0-520-07391-3, lire en ligne).
- M. Guizot (François), Collection Des Mémoires Relatifs À L'histoire de France : Depuis la Fondation de la Monarchie Française Jusqu'au XIIIe siècle, J.-L.-J. Brière, .
- Victor Derode, Histoire de Lille et de la Flandre Wallonne, Librairie de Vanackere, .
- Adolphe Berty et Henri Legrand (architecte).), Topographie historique du vieux Paris : Région du Louvre et des Tuileries, Imprimerie impériale, .
- Sivéry Gérard. "Mouvements de capitaux et taux d'intérêt en Occident au XIIIe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 38e année, N. 1, 1983. pp. 137-150 (en particulier p.140). doi : 10.3406/ahess.1983.411043 ; url : /web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1983_num_38_1_411043.
- "Pierre Ier de Bretagne (p. 114-115) d'Eric Borgnis Desbordes, éd. Yoran Embanner.
- Philippe Maurice Lebon, Mémoires sur la bataille de Bouvines, p. 46.
- François Vinchant, Annales de la province et comté du Hainaut, Librairie scientifique et littéraire, 1854, volume 6, p. 305.
Notes
modifier- l'ampleur des destructions est inconnue. La déportation et la mise en esclavage des lillois sont contestées par les historiens contemporains, notamment Alexandre de Saint-Léger dans l'histoire de Lille tome 1 page 31.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Edward Le Glay, Histoire des comtes de Flandre jusqu'à l'avènement de la Maison de Bourgogne, Comptoir des Imprimeurs-unis, Paris, 1843.
- Henri Platelle et Denis Clauzel, Histoire des provinces françaises du Nord, 2. Des principautés à l'empire de Charles Quint (900-1519), Westhoek-Editions Éditions des Beffrois, 1989 (ISBN 2-87789-004-X).
- Cécile et José Douxchamps, Nos dynastes médiévaux, Wepion-Namur 1996, José Douxchamps, éditeur (ISBN 2-9600078-1-6).
- Geneviève de Cant, Jeanne et Marguerite de Constantinople, Éditions Racine, Bruxelles, 1995 (ISBN 2-87386-044-8).
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :