Frédéric Henri Wolff
Frédéric Henri Wolff (Colmar, – Remenoville, ), est un officier français. Il est le deuxième fusillé pour l'exemple par l'armée française durant la Première Guerre mondiale. Il est le seul officier supérieur fusillé.
Frédéric Henri Wolff | |
Naissance | Colmar, Alsace, France |
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Décès | (à 45 ans) Remenoville, Lorraine Fusillé |
Origine | Français |
Allégeance | France |
Arme | Infanterie coloniale |
Grade | Commandant |
Années de service | 1889 – 1914 |
Commandement | 4e bataillon du 36e régiment d'infanterie coloniale |
Conflits | Première Guerre mondiale |
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Biographie
modifierFils d’un officier du 69e régiment d'infanterie alors en garnison à Colmar, il fait ses études au Prytanée de La Flèche. Il intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1889 (promotion du Dahomey). À la sortie d'école, en 1891, il intègre l'infanterie.
Il est décoré de la Légion d'honneur, médaillé du Tonkin et fait chevalier de l'ordre du Dragon d'Annam.
Première Guerre mondiale
modifierLe , à la tête du 4e bataillon du 36e régiment d'infanterie coloniale[1], il tente de se rendre avec ses hommes pendant l'assaut d'Einvaux[2].
Son unité ayant été prise sous le « feu violent et remarquablement précis » des Allemands[3], Wolff a agité un mouchoir blanc au bout d'une baïonnette pour se rendre et capituler en rase campagne. Scandalisé, un caporal fourrier s'est alors exclamé : « Non ! Non ! Mon commandant ! Ne nous rendons pas ! ». Le caporal fourrier est alors parti alerter son lieutenant. Celui-ci est arrivé auprès de Wolff, a brandi un revolver et a menacé « de brûler la cervelle à qui voudrait se rendre ». À ces mots, Wolff a préféré rentrer son mouchoir et s'est écrié : « Fichons le camp ! », ce qui a provoqué la fuite des soldats face aux Allemands.
L'attitude du commandant Wolff est dénoncée par un de ses lieutenants auprès du général Durupt, le général de leur brigade. Dès le , l'affaire est signalée au général de Castelnau, commandant la IIe armée, qui décide de saisir le conseil de guerre. Le , le capitaine Cartier, commissaire rapporteur entend les témoins : le lieutenant Tomazon, un caporal et deux soldats racontent que le commandant Wolff a mis un mouchoir blanc au bout de son fusil. Lui-même est entendu le lendemain. Auparavant, le commandant Wolff a reconnu son geste lors d'un entretien avec le général Durupt, furieux[4]. Pour se défendre, Wolff invoque une ruse de guerre et la pression de ses soldats[5]. L'enquête est terminée le [4].
Le commandant Wolff est jugé par le conseil de guerre du quartier général de la IIe armée le . Il est condamné pour avoir « tenté de capituler » en rase campagne, d'avoir cherché à « faire poser les armes à la troupe » et d'avoir « provoqué à la fuite en présence de l'ennemi »[6],[7],[5],[8]. Le général de Castelnau, conformément au barème, ordonne que le « sieur Wolff susnommé soit passé par les armes à Remenoville le à 18 heures trente minutes »[8]. Wolff est fusillé[9],[5],[8],[3]. Il est rayé des cadres de la Légion d'honneur et du Dragon de l'Annam[10].
L'exécution du commandant Wolff est représentative de l'état d'esprit des cadres militaires en ce début de la guerre. Ce passage par les armes d'un officier est connu et compris comme une décision nécessaire[11], dont la dimension symbolique apparaît nettement aux contemporains[5]. Une demande de réhabilitation est déposée en 1933, sans succès[7]. Son avocat insiste pourtant sur son patriotisme[12].
Il a longtemps été considéré comme le premier fusillé de la Grande Guerre. En réalité, il est le deuxième fusillé car un autre soldat l'a été avant lui : le soldat Jean-Marie Juquel du 36e régiment d'infanterie coloniale, passé par les armes le à Gerbéviller[13]. Wolff demeure le premier et le seul officier supérieur à avoir été fusillé durant la Première Guerre mondiale. L'historien André Bach estime que sa condamnation montre que la justice militaire de l'époque n'est pas « totalement une justice de classe »[3].
Notes et références
modifier- Frédéric Mathieu, 14-18, les fusillés, Malakoff, Editions Sébirot, , 905 p. (ISBN 978-2-9532726-4-2), p. 801-804.
- Karine Gélébart, « Première guerre mondiale : le commandant Frédéric-Henri Wolff, fusillé pour l'exemple par l'armée française », sur France 3 Alsace, (consulté le ).
- Jean-Marie Pottier, « Revivez en ligne l'histoire du premier fusillé français de la Grande Guerre », sur Slate, (consulté le ).
- Bach 2003, p. 275-277.
- Offenstadt 1999, p. 22.
- Jugement rendu par le Conseil de guerre du Quartier Général de la Deuxième Armée, Colombey-les-Belles, (lire en ligne), p. 5.
- Cour spéciale de justice militaire, Arrêt rendu par la cour spéciale de justice militaire séant à Paris, Paris, (lire en ligne).
- Bach 2003, p. 277-278.
- Santelli (greffier près le Conseil de guerre du Quartier Général de la Deuxième Armée), Procés verbal d'Exécution à mort, Remenoville, (lire en ligne), p. 3-4.
- Pascal Priestley, « Cent ans après, la voix des fusillés de la Grande Guerre », sur TV5 Monde, (consulté le ).
- Bach 2003, p. 280-282.
- Offenstadt 1999, p. 83.
- « Jean Marie JUQUEL » [facsimilé], sur Mémoire des hommes (consulté le ).
Voir aussi
modifierArticle connexe
modifierBibliographie
modifier- André Bach, Fusillés pour l'exemple: 1914-1915, Paris, Tallandier, , 617 p. (ISBN 978-2-84734-040-2).
- Nicolas Offenstadt, Les fusillés de la Grande guerre et la mémoire collective, 1914-1999, Paris, O. Jacob, , 285 p. (ISBN 978-2-7381-0747-3).
Liens externes
modifier- « Droits de consultation Base des fusillés de la Première Guerre mondiale », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
- « Base des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
- Patrick-Charles Renaud, « Fusillé pour l'exemple » [PDF], sur premiere-guerre-mondiale-1914-1918.com, (consulté le )