François-Xavier Maistre

François-Xavier Maistre, alias François-Xavier de Maistre, dit Comte Maistre, né le 27 novembre 1705 à Aspremont (alors comté de Nice des États de Savoie), mort le 16 janvier 1789 à Chambery (alors duché de Savoie du royaume de Sardaigne), président du sénat de Savoie à Chambéry. Il est le fondateur de la famille de Maistre (Savoie) dont de nombreux descendants se sont illustrés au service de leur pays.

François-Xavier Maistre
Buste en marbre du président Maistre[n 1], par le sculpteur Giuseppe Moretti de Turin, d'après une esquisse de son fils Xavier de Maistre (Collection particulière).
Fonction
Président
Sénat de Savoie
Biographie
Naissance
Décès
(à 83 ans)
Chambéry (Savoie).
Nationalité
Formation
Études de droit
Activités
Famille
Conjoint
Christine de Motz de La Salle (1727-1774).
Enfants

Biographie

modifier

François-Xavier Maistre est savoisien d'origine niçoise. Il est né le à Aspremont, dans le comté de Nice. Il est le fils d'André Maistre (1661–1722), négociant, deuxième syndic de Nice (1708- 1709) et d'Henriette, alias Angèle, Berengero[n 2],[n 3]. André Maistre est syndic de Nice au cours des années 1708 et 1709. Il a marié sa sœur, Angèle Maistre, à Germano, comte de Villefranche, seigneur de Peillon (Peglione) et confié tous ses fils au collège des jésuites, voisins de sa propriété niçoise[n 4].

François-Xavier Maistre poursuit ses études au collège des Jésuites de Nice, puis au collège des docteurs des lois ou Jurisconsultes de Nice, avant de rejoindre l'université de Turin.

Son appartenance au Souverain Sénat de Savoie à partir du 17 mars 1740 lui confère la noblesse ainsi qu'à ses descendants par voie héréditaire. C'est donc l'année 1740 qui doit être retenue comme date d'accession à la noblesse de la famille Maistre en duché de Savoie. Le texte des Patentes royales du 17 décembre 1774 (le nommant substitut surnuméraire de l'Avocat fiscal général du Sénat de Savoie) confirme qu'il était déjà considéré comme noble à cette date mais c'est en 1778 qu'il reçoit le titre et la dignité de comte[1]. La famille ne porte alors pas de particule[n 5]. Elle est composée de douze enfants, dont neuf furent baptisés en la cathédrale Sainte-Réparate de Nice. Parmi les frères de François-Xavier, trois sont rentrés dans les ordres, dont Joseph-André, religieux Augustin, maître provincial et professeur de théologie sacrée aux royales écoles de Nice. Un autre de ses frères, Jean-Baptiste est avocat à Nice.

François-Xavier Maistre épouse le 7 avril 1750, en la paroisse Saint-Léger de Chambéry, Christine Demotz de La Salle (1727-1774), d'une famille noble originaire de Rumilly (fille de Joseph Demotz (1699–1769), Sénateur honoraire et juge mage de Savoie et de Marie Fortis). De cette union sont issus quinze enfants, dont dix vivants, parmi lesquels le philosophe Joseph de Maistre, l’écrivain Xavier de Maistre et André-Marie de Maistre, nommé évêque d'Aoste. Le cousin germain de François-Xavier est Jean-François Maistre (1698-1760), comte de Castelgrana et Carraz, second président de la chambre royale des comptes à Turin. Dans la famille Maistre, François-Xavier est le fondateur de la branche savoisienne, son cousin Jean-François est le fondateur de la branche piémontaise.

Issu d’une famille d'avocats et de marchands, François-Xavier Maistre exerce au sénat de Nice. En 1740, il est transféré par décision royale du sénat de Nice au sénat de Savoie. Promu sénateur au sénat de Savoie, il prend ses fonctions à Chambéry[n 6]. Sénateur, puis second président du sénat, il mène une carrière brillante. Il est notamment l'artisan principal, avec le président Salteur et le chancelier Caissotti, des Royales Constitutions de 1770 promulguées par Charles-Emmanuel III .

Le président François-Xavier Maistre est décédé en fonction à Chambéry, à l'âge de 84 ans, le [3],[n 7].

Carrière

modifier

Les étapes principales de la carrière du comte sont :

1729, avocat à Nice ;
1730, substitut de l'avocat des pauvres ;
1738, nommé au bureau de l'avocat fiscal général de Nice ;
1740, promu sénateur, transféré par décision royale au sénat de Savoie à Chambéry, prend le titre d'avocat fiscal général. Son appartenance au Sénat de Savoie entraine statutairement l'agrégation de sa famille à la noblesse du duché de Savoie[n 8] ;
1749, prend la direction du parquet[n 9] ;
1761, se rend à Turin pour participer à l'édit d'affranchissement ;
1764, 25 novembre, nommé second président du sénat de Savoie (le premier président étant Jacques Salteur)[n 10],[n 11] ;
1768, nommé à la présidence du conseil de réforme pour réorganiser l'enseignement universitaire dans le duché, et rédacteur à la commission de législation pour les Royales Constitutions de 1770 ;
1778, reçoit le titre et la dignité de comte  pour lui et ses descendants par ordre de primogéniture[n 12] ;
1785, conservateur général des apanages des altesses royales en Savoie[n 13] ;
1789, 16 janvier, sur les 4 heures du soir, décès de François-Xavier comte Maistre[8].

Union et Postérité

modifier

François-Xavier Maistre épouse le Christine de Motz de La Salle (alias Demotz) (1727-1774). Elle est la fille de Joseph de Motz de La Salle (1699-1769), juge mage de Savoie, et de Marie Fortis. Le couple a 15 enfants, dont 10 vivants.

  • Marie-Josephte (1751-1751).
  • Marie-Jacqueline (1751-1751).
  • Joseph (1753-1821). ∞ (1786) Françoise de Morand de Saint-Sulpice (1759-1839), filles colonel du régiment de Chablais Jean-Pierre de Morand (1703-1759) et d'Anne-Marie Favier du Noyer (1732-1812), dont il a trois enfants : leur fils Rodolphe de Maistre (1789-1866) est l'ancêtre de tous les Maistre d'origine savoisienne.
  • Jeanne Baptiste Françoise (1754-1759).
  • Marie-Christine (1755-1814). ∞ (1778) Pierre-Louis de Vignet (1733-1806). Elle a trois enfants, dont le sénateur François-Xavier de Vignet (1780-1844).
  • Nicolas (1756-1837), colonel du régiment de Savoie, chevalier de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. ∞ (1802) sa cousine Marthe Perrin d'Avressieux dont il a un fils, Éloi de Maistre , né en 1805, mort prématurément en 1806. Il participe, en 1815, à la délégation royaliste savoyarde conduite par l'évêque d'Annecy Claude-François de Thiollaz, chargée d'obtenir la restitution des États de Savoie à Victor-Emmanuel Ier[n 14].
  • André-Marie (1757-1818), nommé évêque d'Aoste, juste avant sa mort en 1818.
  • Anne (1758-1822). ∞ (1796) Jacques-Alexis Vichard de Saint-Réal (1746-1832) dont elle a une fille, Elisabeth, future comtesse de Foras, mère du comte Amédée de Foras, auteur de l'Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie.
  • Marie-Marthe (1759-1826). Elle est religieuse Ursuline sous le nom de sœur Eulalie.
  • N. (née et décédée le 21 octobre 1760).
  • Jeanne-Baptiste, dite Jenny[n 15].(1762-1834). ∞ (1794) Charles-François de Buttet (1738-1797), colonel d'Artillerie, dont elle a un fils, Louis-Éloi-Audifax de Buttet (1795-1877)[n 16].
  • Xavier (1763-1852). ∞ (1813) Sophie Zagriaski dont il a quatre enfants morts jeunes.
  • Marie-Thérèse (1765-1832). ∞ (1792) le chevalier Nicolas Constantin de Moussy (1764-1816), dont elle a cinq enfants.
  • Eugène Claude (1767-1771).
  • Victor (1771-1801), officier aux Dragons de Sardaigne. Mort sans alliance.

Citations

modifier

« Charles-Emmanuel III acheva le monument législatif dont Marie-Jeanne de Savoie-Nemours avait esquissé le plan et Victor-Amédée II fait le gros œuvre. Il s'appliqua à en unifier encore les dispositions, à en perfectionner les détails, à en polir les aspérités; de cette révision définitive sortirent ces Royales Constitutions de 1770, qui sont la base fondamentale du droit public et civil moderne...Maistre et Salteur furent les principaux ouvriers de cette codification éminemment libérale pour l'époque. ...Cette œuvre superbe, dès 1770, mit le petit royaume de Sardaigne à la tête du progrès législatif en Europe, laissant bien loin derrière elle sa grande voisine, la France. Lorsque les cahiers contenant les observations du Sénat furent achevés, sa Majesté appela Maistre à Turin pour lui en exposer les grandes lignes et participer aux travaux de la commission de législation instituée dans la capitale. Le magistrat savoyard s'acquitta de sa tâche avec une telle supériorité que le roi, qui présidait en personne, le chargea de la rédaction définitive du code. »

« Le comte François-Xavier Maistre est décédé le 16 janvier 1789 en son hôtel de la place Saint-léger à Chambéry. Les funérailles du grand magistrat eurent lieu avec une pompe extraordinaire. Victor-Amédée III, dans un message au Premier Président, exprima les regrets que lui causait la perte de ce serviteur fidèle, associé à l'œuvre législative du règne de Charles-Emmanuel III, de celui qui, le 22 mars 1773, était allé au pied du trône, porter au nouveau roi les hommages du peuple de Savoie. Le Sénat tout entier assista aux funérailles. Les royales Finances ont fourni dix-huit flambeaux et dix-huit écussons, lesdits flambeaux pesant chacun trois livres. Le Gouverneur, les troupes de la garde, et, ce qui valait mieux encore, le peuple de Chambéry, les pauvres qui vénéraient le Président, l'accompagnèrent à sa dernière demeure. »

François Descotes, Joseph de Maistre Avant la Révolution. Souvenir de la Société d'autrefois, Picard, Paris, 1893.

Notes et références

modifier
  1. Sur le socle, Joseph de Maistre a fait inscrire : Incorrupta fides nudaque veritas. Quando ullum invenient parem.
  2. « Anno dni millesimo septingentesimo sexto Franciscus Xavieri filius nobilis Andreae Maistre e D. Angelae Berengario conjugum natus est die vigesimo novembris eademque die baptisatus fuit. Patrem fuerunt D. Joannes Baptista Maistre et D.Margarita ejus mater. » in Registre des baptêmes de la paroisse d'Aspremont, signé par Andreas, curé. Nous observons que le parrain est Jean-Baptiste Maistre, avocat, oncle de l'enfant et que la marraine, Marguerite Dalmassi (épouse de François Maistre), est sa grand-mère paternelle.
  3. Dans les actes, le nom d'André Maistre est précédé du qualificatif nobilis. Selon l'opinion de Jean Nicolas, la tradition permet d'appliquer le qualificatif de noble aux syndics et consuls de Nice.
  4. En 1717, le blason des Maistre niçois est apparu pour la première fois sur le sceau du testament de Marguerite Dalmassi, veuve de François Maistre[réf. nécessaire] : Trois soucis d'or, deux et un, sur champ d'azur.
    Ce Blason est probablement inspiré de celui de la famille parisienne Le Maistre à laquelle appartenait Louis-Isaac Lemaistre de Sacy (1613-1684), janséniste de Port-Royal, sans pour autant que le moindre lien de parenté semble avoir existé entre les deux familles.
  5. Cette marque (la particule) ainsi que la devise de la famille de Maistre, « Fors l'Honneur, nuls soucis », n’apparaîtront définitivement qu'au moment où son petit-fils Joseph de Maistre sera ministre plénipotentiaire à la cour de Russie.
  6. Patentes de bourgeois de Chambéry et d'Annecy accordées à noble François-Xavier Maistre, du 25 août 1756, Archives départementales de la Haute-Savoie/Archives départementales de la Savoie[2].
  7. Le sort a voulu que ce fidèle serviteur de la dynastie de Savoie échappe aux tourmentes de la Révolution françaises de 1789 et à l'invasion de la Savoie par les révolutionnaires français en 1792, qui vont bouleverser la vie de toute sa famille.
  8. Voir la thèse de 1977 d'Henri Arminjon publiée à Annecy, chez Gardet, intitulée : « De la noblesse des sénateurs au Souverain Sénat de Savoie et des Maitres Auditeurs à la cour des Comptes ». Cette thèse est agréée par la commission des preuves de l'ANF depuis l'année 1983. Le tableau XI 5, intitulé Promotions Sénatoriales 1700-1792 mentionne : François-Xavier Maistre, niçard, entré au Sénat le 17 mars 1740. Statut ou profession du père : négociant. Statut personnel : roturier[4].
  9. Le 8 mai, M. le sénateur Maistre reçu avocat général [5].
  10. François-Xavier de Maistre et Jacques Salteur ont travaillé ensemble à l‟adaptation des Royales Constitutions de 1770 et ont conservé de ce temps une vive amitié. Leurs fils, Joseph de Maistre et Jean-Baptiste Salteur partagèrent ensuite les mêmes sentiments[6].
  11. L'avocat général François-Xavier Maistre avait été nommé président le 3 décembre, et remplacé comme avocat général par le sénateur César Lovera di Maria[7].
  12. Lettres patentes du 16 septembre, sans payement.
  13. Lettres patentes du 5 juillet 1785.
  14. Nicolas de Maistre est l'auteur anonyme d'un livre édité à Chambéry sous la Révolution, en 1794, sans marque d'édition, intitulé :Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France, ou causes et tableau de la Révolution. Le fac-similé de cet ouvrage est reproduit avec des commentaires par Paul Del Perugia aux Éditions Régionales de l'Ouest en 1993.
  15. Xavier de Maistre lui dédie son premier ouvrage, intitulé Voyage autour de ma chambre : « Je m'étais promis de ne laisser voir dans ce livre que la face riante de mon âme... Il me suffit que tu le trouves selon ton cœur, ma chère Jenny, toi, la meilleure et la plus aimée des sœurs ; c'est à toi que je dédie mon ouvrage »
  16. Orphelin de son père , il est confié à la tutelle de son oncle Nicolas de Maistre au château de Bissy. Il sera parrain de ses neveux , Éloi de Maistre, fils unique de son oncle Nicolas, né en 1805, mort à l'âge de un an et d' Éloi Amédée de Foras, né en 1830 , (petit-fils d'Anne de Maistre et de Jacques de Saint-Réal), futur auteur de l'Armorial de l'ancien duché de Savoie.

Références

modifier
  1. Henri Arminjon, De la noblesse des sénateurs au Souverain Sénat de Savoie et des Maîtres Auditeurs à la Chambre des Comptes, Annecy, Gardet, , 198 p. (lire en ligne), p. 37.
  2. Congrès des sociétés savantes savoisiennes : tenu à Chambéry les 17, 18 et 19 août 1899 sur Gallica
  3. La Savoie dans la Révolution : avec les conventionnels Jean-Baptiste Carelli de Bassy, ci-devant comte de Cevins, baron de l'Empire, et Anthelme Marin sur Gallica
  4. Jean Nicolas et Renée Nicolas, La vie quotidienne en Savoie aux XVIIe et XVIIIe siècles, Montmélian, La Fontaine de Siloé (Réédition), , 399 p. (ISBN 978-2-84206-296-5, lire en ligne), ???.
  5. François Mugnier (Conseiller-doyen de la Cour d'appel de Chambéry), Les registres des entrées à l'audience du Sénat de Savoie (Seconde partie : 1600-1792). Les anciens avocats de Savoie, Inventaire partiel du Trésor des chartes de Chambéry, 1900, p. 149.
  6. Colloque international d’Aoste du 25 et 26 octobre 2007 « Le Sénat de Chambéry dans la société savoyarde du XVIIIe siècle » par Frédéric Meyer.
  7. François Mugnier, Les registres des entrées à l'audience du Sénat de Savoie (Seconde partie : 1600-1792). Les anciens avocats de Savoie, Inventaire partiel du Trésor des chartes de Chambéry, 1900, p. 154.
  8. François Mugnier (Conseiller-doyen de la Cour d'appel de Chambéry), Les registres des entrées à l'audience du Sénat de Savoie (Seconde partie : 1600-1792). Les anciens avocats de Savoie, Inventaire partiel du Trésor des chartes de Chambéry, 1900, p. 161.

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier
  • Amédée de Foras, Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, vol. 4, Grenoble, Allier Frères, .

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier

  NODES
INTERN 1
Note 4