Helmut Knochen

militaire allemand

Helmut Knochen est un SS-Standartenführer[a] de la Seconde Guerre mondiale, né le à Magdebourg et mort le à Offenbach-sur-le-Main. Il a été chef de la Police de sûreté (« Sipo[b] ») et du Service de sûreté (« SD ») pour la France et la Belgique, de 1942 à 1944. Il est impliqué dans la politique antisémite de l'occupant, notamment dans les déportations massives de Français juifs vers les camps de concentration nazis, et s'est rendu responsable de l'exécution de plusieurs milliers de résistants français.

Helmut Knochen
Knochen en 1942, en uniforme de Standartenführer.
Biographie
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Biographie

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Premières années

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Son père, instituteur, capitaine d'artillerie et ancien combattant de Verdun, le fait inscrire en 1926 à la section des « jeunes du Stahlhelm » (Casque d'acier), organisation nationaliste d'anciens combattants allemands de la Première Guerre mondiale.

Adhésion au parti nazi

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Helmut Knochen adhère au NSDAP, en 1932 (ou 1933[1] ) puis il entre à la SA en 1933.

Il fait en 1935 des études en histoire et en anglais aux universités de Leipzig et de Göttingen (où il se lie d'amitié avec Jean-Philippe Larrose, un des futurs acteurs français de la collaboration à Bordeaux[2]). Il obtient un doctorat en philosophie, avec une thèse sur le dramaturge anglais George Colman[3]. Il exerce les fonctions de professeur et de journaliste. Il entre comme rédacteur dans un journal local.

Il rejoint les SS en 1936 puis suit les Jeux olympiques d'été de 1936. Il fait alors la connaissance du docteur Franz Six, responsable du service de presse de Reinhard Heydrich. Il se marie.

Il devient officier SS en 1937 puis il est envoyé à Paris pour effectuer un reportage sur l’Exposition universelle ; à son retour à Berlin, il commence une activité de renseignement en entrant dans le service central de sécurité (SD) en 1938. Promu au rang de lieutenant SS, il y dépouille les journaux, notamment les articles rédigés par les émigrés allemands en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Il élabore des synthèses, très remarquées.

Dans la nuit du au , à la suite d’un attentat raté contre Hitler à Munich qui avait été organisé par Georg Elser, il capture deux agents britanniques du MI6 à la frontière germano-néerlandaise et les ramène en Allemagne. Pour ce coup d'éclat, l'incident de Venlo, Hitler lui remet personnellement la croix de fer de 1re et 2e classe.

Occupation de la France

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Le , il dirige un commando spécial l’Einsatzkommando « Frankreich » d'une vingtaine d'hommes choisis par Heydrich (dont Karl Bömelburg, de la Gestapo), qui entre en France sur les traces de la Wehrmacht[c] et forme l'amorce de ce qui deviendra le puissant « SiPo-SD » en France. Ceux-ci installent leurs bureaux avenue Foch, et s'occupent de la collecte d'informations sur les Français et du traitement des archives tombées entre les mains du SD lors de l'invasion.

Rapidement, la Wehrmacht remarque ce groupe non-répertorié par ses services. Convoqué par la GFP, Knochen conclut un accord avec les membres de la GFP. Knochen est nommé commandant en chef de la sécurité interne de Paris, et s'occupe de traquer les ennemis du nazisme : résistants, communistes, francs-maçons, anti-fascistes, réfugiés allemands, Juifs.

En 1941, il dirige le service « investigation » de « l’Amt VI SD-Ausland » au RSHA. Avec l'accord de Heydrich, il fournit des explosifs au groupe collaborateur d'Eugène Deloncle pour commettre des attentats contre des synagogues dans la nuit du au [5]. L'armée d'occupation, débordée, laisse la Gestapo procéder aux perquisitions et aux arrestations. Knochen est promu au grade de SS-Obersturmbannführer, à l’âge de 30 ans.

En 1942, les pouvoirs de Knochen s'étendent à l'ensemble de la France occupée et à la Belgique, il est promu SS-Standartenführer et devient le Befehlshaber der Sicherheitspolizei und des SD (commandant de la police de sécurité et du SD) de cette zone transnationale. Il est alors sous les ordres directs du SS-Brigadeführer Carl Oberg (HSSPf pour la France), lequel dirige l'ensemble de la SS et des polices de la zone occupée. Charles Platon craint pour sa vie depuis la mort de Philippe Henriot. Il envoie une lettre à Richard Noseck, adjoint à Bordeaux d'Helmut Knochen, chef de la police de sûreté (Sicherheitspolizei) et du service de sécurité (Sicherheitsdienst) pour la France, leur demandant d'intervenir auprès de la Feldkommandantur de Libourne pour accentuer les patrouilles jusqu'à son domicile mais Charles Platon, est capturé par les résistants il est fusillé le 28 août 1944 en Dordogne à Valojoulx[6].

Knochen divorce et se remarie à Paris ; Henri Lafont lui aurait, à cette occasion, offert une Bentley blanche.[réf. nécessaire]

Knochen et Oberg sont arrêtés le , ainsi que le contingent SS de Paris, par les conspirateurs Stülpnagel et Boineburg-Lengsfeld, généraux de la Wehrmacht, qui croient à la réussite de l’attentat contre Hitler, lequel échoue en Prusse-Orientale. Ils sont relâchés le jour-même[7].

À cette date, les Alliés étant arrivés au Mans, Oberg décide de vider les prisons et les camps situés en France pour envoyer les détenus en Allemagne.

De même, le , la retraite en direction de l'est des services allemands d'occupation s'engage. Le lendemain, le SD quitte Paris pour Vittel. Helmut Knochen est convoqué à Berlin au siège du RSHA, alors dirigé par Kaltenbrunner, qui lui lance : « La guerre dans les bureaux et les salons est terminée pour vous, vous allez d'ailleurs me rendre ce grade qui n'avait de valeur qu'à Paris. Vous êtes désormais SS-Schütze [2e classe dans la Waffen-SS] et vous partez pour le front ! ».

Knochen est alors affecté à la 1re division SS « Leibstandarte Adolf Hitler » dans les unités combattantes de la SS, avec la fonction de Panzergrenadier (fantassin en unité mécanisée), à Berreckan près de Prague[7].

Néanmoins, Kaltenbrunner le rappelle à Berlin et, à la fin de la guerre, Knochen est fait prisonnier par les troupes américaines.

Après guerre

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Il est jugé en 1946 par un tribunal militaire britannique de Wuppertal pour le meurtre de pilotes britanniques : il est condamné à mort. Il est ensuite extradé en France, le [7].

En 1954, après une instruction longue et difficile, il comparaît en même temps que Carl Oberg devant le tribunal militaire de Paris en . Le , il est de nouveau condamné à mort pour crimes de guerre, cette fois par les tribunaux français à Paris. Il fait appel de sa peine. Le , le président René Coty commue sa peine en « vingt ans de réclusion criminelle ». Par décret du , sa peine est à nouveau commuée en « vingt ans à partir de la date du jugement ».

Le président de Gaulle signe sa libération le [7], peu de temps avant de signer le traité de coopération franco-allemand le . De retour en Allemagne, il s’installe à Baden-Baden. Ensuite, il déménage pour Hahnenklee puis pour Offenbach-sur-le-Main et exerce le métier de courtier en assurance-retraite à Francfort. Il travaillera aussi pour une compagnie d'assurance à Mülheim an der Ruhr avec Rolf Muehler et Hans Henschke (de)[8].

Lucien Steinberg réalise en 1972 une interview pour la revue Historia. À l'été 2000, il accorde une autre interview à Hubert de Beaufort[2].

Il meurt trois ans plus tard à son dernier domicile d’Offenbach-sur-le-Main.

Organisation de la police allemande en France

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La police allemande en France entre 1942 et 1944 est placée sous les ordres :

Sous les ordres d'Oberg, se trouvent :

Annexes

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Bibliographie

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  • Jacques Delarue, SS et Gestapo s'imposent à la Wehrmacht, in Le Journal de la France de l'occupation à la libération, les années 1940, Historia-Tallandier, no 47, p. 1289-1290.
  • Claudia Moisel, La France et les criminels de guerre allemands. Politique et pratique de la poursuite pénale après la Seconde Guerre mondiale, Éd. Norbert, 2004, (ISBN 3-89244-749-7).
  • René Rolland, La Gestapo arrive à Paris, article in « Historama », no 146, , p. 37-46
  • Paul Sanders, Helmut Knochen et la police nazie dans le système d'occupation en France 1940-1944, Mémoire de maîtrise, Université Paris IV, 1995.
  • Magazine Historia, Hors Série no 20, 1971, Les SS. 1 - L'ordre noir.
  • Magazine Historia, Hors Série no 26, 1972, par Serge Klarsfeld.
  • Magazine Historia, Hors Série no 27, 1972, La Gestapo en France. 2.
  • Magazine Historia, no 337, par Philippe Aziz.

Liens externes

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Notes et références

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  1. Équivalent en français de colonel, bien que ce grade soit dans ce cas précis un grade de la police et non de l’armée.
  2. La « SiPo » regroupe la « Gestapo » et la « KriPo ».
  3. À la suite des exactions de la police en Pologne, la Wehrmacht avait refusé que la Gestapo et le SD la suivent en France[4].
  4. En français, le « commandant de la Police de sûreté et du Service de sûreté », ou en utilisant les abréviations allemandes : le « commandant de la SiPo et du SD ».

Références

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  1. (en) Jeremy Josephs, Swastika Over Paris, Bloomsbury Publishing, (ISBN 978-1-4088-3448-0, lire en ligne).
  2. a et b Hubert de Beaufort, Le Livre Blanc.
  3. Helmut Knochen, Der Dramatiker George Colman, Göttingen, 1935 : Göttinger Tagebl. 83 S. 8°, Göttingen, Phil. Diss. v. 25 Okt. 1935.
  4. Dominique Lormier, La Gestapo et les Français. Pygmalion (éditions Flammarion), 2013. (ISBN 978-2-7564-0589-6). p. 33.
  5. Édouard Husson Heydrich et la Solution finale éd. Perrin, 2012 p. 443 (ISBN 978-2-262-02719-3).
  6. Jean-Paul Lefebvre-Filleau et Gilles Perrault, Ces Français qui ont collaboré avec le IIIe Reich, , 544 p. (ISBN 9782268091020, lire en ligne), p. 264.
  7. a b c et d « Helmut Knochen », sur jewishvirtuallibrary.org (consulté le ).
  8. (de) Ulrich Herbert, Wandlungsprozesse in Westdeutschland: Belastung, Integration, Liberalisierung 1945-1980, Wallstein Verlag, (ISBN 978-3-89244-609-5, lire en ligne).


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