Institut national du service public
L'Institut national du service public (INSP), créé le pour remplacer l'École nationale d'administration (ENA), est une grande école d'application française chargée d'assurer la sélection et la formation des hauts fonctionnaires de l'État, rassemblés dans le corps unique des administrateurs de l'État.
Fondation |
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Type | |
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Forme juridique | |
Président |
Ferdinand Mélin-Soucramanien (depuis ) |
Directeur |
Maryvonne Le Brignonen (depuis ) |
Membre de | |
Site web |
Budget |
45,6 millions d’euros () |
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Pays | |
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Localisation |
Origine
modifierAprès l'école d'administration en son temps[1], l'École nationale d'administration (ENA) concentre de nombreuses critiques et la question de sa suppression est régulièrement posée depuis les années 1970[2].
Le président Emmanuel Macron prend la décision formelle de la supprimer en 2019, en dépit de l'opposition du Premier ministre Édouard Philippe et du directeur de cabinet de celui-ci, Benoît Ribadeau-Dumas, tous deux issus du Conseil d'État[3]. Initialement prévue pour le , l'annonce est faite dix jours plus tard en raison de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Emmanuel Macron n'annonce pas formellement la suppression de l'ENA, mais plutôt une réforme visant à supprimer les grands corps de l'État au profit d'un corps unique d'« administrateurs de l'État » ; il ajoute « pour faire la réforme que j’évoquais, il faut supprimer entre autres l’ENA »[3]. Les administrateurs de l'État, recrutés sur concours, ont pour école d'application l'Institut national du service public. Cette réforme suscite le mécontentement et l'opposition des hauts fonctionnaires, qui voient leurs corps placés en extinction, à l'instar des préfets[4],[5], des ministres plénipotentiaires et des conseillers des affaires étrangères[6].
Le 8 avril 2021, le président Emmanuel Macron confirme officiellement, lors d'un discours devant les cadres de la fonction publique, la création du nouvel Institut national du service public, qui "deviendra en quelque sorte le creuset de la formation des cadres de l'État"[7].
L'ordonnance du 2 juin 2021 portant réforme de l'encadrement supérieur de la fonction publique de l'État crée l'INSP, nouvel établissement public administratif national[8]. Le décret réglant le fonctionnement de l'Institut national du service public (INSP) est publié le [9].
L'Institut national du service public (INSP) est officiellement inauguré par le Premier ministre Jean Castex le 28 janvier 2022 à Strasbourg[10]. L'établissement dispose de locaux à Strasbourg, dans la Commanderie Saint-Jean, et à Paris, avenue de l'Observatoire.
Formation
modifierL'offre de formation de l'Institut national du service public (INSP) s'inscrit dans la continuité de celle de l'ENA. Elle comprend :
- la formation initiale, ouverte aux lauréats des cinq concours d'entrée, visant à former les hauts fonctionnaires français. D'une durée de 21 mois, elle comprend une phase de stages (à l'international et en France) et une phase de scolarité. En 2023, 2128 candidatures ont été comptabilisées aux concours d’entrée de l’INSP[11] ;
- la formation continue, ouverte aux cadres de la fonction publique ;
- les cycles internationaux, ouverts à des managers publics étrangers[12] ;
- la formation diplômante, avec 2 masters et 2 mastères spécialisés[13].
Dès leur admission à l'INSP, les élèves de la formation initiale deviennent fonctionnaires stagiaires ou sont placés en détachement s'ils étaient déjà fonctionnaires. À ce titre, ils sont rémunérés par l’État et sont soumis aux obligations des fonctionnaires. En contrepartie de l’effort couvert par l’État pour financer leur scolarité, les élèves s’engagent à la fin de leur cursus, à servir l’État pendant une durée minimum de 10 ans[14]. À l'issue de leur scolarité, les élèves deviennent des administrateurs de l'État.
Concours et scolarité
modifierConcours d'entrée
modifierCinq concours d'entrée coexistent à l'Institut national du service public. Ils permettent à des profils diversifiés d’intégrer le cycle de formation initiale de l'INSP[15].
- le concours externe, ouvert aux titulaires d’un diplôme de niveau bac+3, ou d’une qualification équivalente.
- le concours externe spécial, dit "Talents". Introduit en 2021, il est réservé aux étudiants boursiers les plus méritants et aux demandeurs d'emploi, élèves d'une classe préparatoire "Talents du service public". Les élèves de ce concours sont "bi-inscrits", étant également inscrits au concours externe ;
- le concours externe "Docteurs", ouvert aux titulaires d’un doctorat. Chaque année, un arrêté précise une spécialité pour les épreuves ;
- le concours interne, destiné aux agents publics pouvant justifier de quatre années d’expérience professionnelle, sans condition de diplôme ;
- le troisième concours, s’adressant aux actifs du secteur privé, aux acteurs du monde associatif et aux élus locaux, justifiant de six années d’expérience professionnelle, sans condition de diplôme[16],[17].
Les concours se déroulent en deux temps, avec des épreuves d'admissibilité (jusqu'à cinq épreuves écrites) puis des épreuves d'admission (jusqu'à cinq épreuves orales)[18].
À partir de 2024, le format des épreuves évoluera, visant à rendre le processus de sélection moins académique et plus professionnel. Le nombre d'épreuves orales est diminué, mais le poids de leur coefficient renforcé[19]. Une "voie Orient" est ajoutée dans le cadre de la réforme des concours de la diplomatie française.
Année du concours | Promotion des lauréats | Places offertes | Inscrits concours externes
(externe et bi-inscrits "Talents") |
Inscrits concours externe "Talents" | Inscrits concours externe "Docteurs" | Inscrits concours interne | Inscrits troisième concours | Total des inscrits |
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2022 | 2023-2024 | 90 | 1058 | 199 | 134 | 443 | 122 | 1956 |
2023 | 2024-2026 | 90 | 1128 | 202 | 251 | 430 | 117 | 2128 |
Déroulement de la scolarité
modifierLe déroulement de la scolarité des élèves en formation initiale s'articule en deux phases[20] :
- une phase de stages. Les élèves fonctionnaires réalisent un stage international (en ambassade de France, dans les institutions européennes ou dans des organisations internationales), un stage territoire (en préfecture, en métropole ou en outre-mer) puis un stage dans une PME de leur département d'accueil ;
- une phase de scolarité. Les élèves fonctionnaires suivent des cours visant à les préparer à l’exercice de responsabilités administratives et managériales. Au cours de leur phase de scolarité, les élèves fonctionnaires de la formation initiale sont rejoints par des élèves étrangers et par des officiers de la Gendarmerie nationale et de l'Armée de terre[21].
La durée de la scolarité est de 21,5 mois pour les élèves des promotions 2022-2023 et 2023-2024.
À partir de janvier 2024, la scolarité sera rallongée à 24 mois[22].
Taille des promotions
modifierLe nombre d'élèves de l'INSP s'inscrit dans la continuité de celui des promotions de l'ENA, qui avait diminué dans les années 1990 avant d'augmenter au début des années 2000 puis de diminuer et de se stabiliser.
Promotions | Concours externe | Concours externe "Talents" | Concours interne | Troisième concours | Concours externe spécial « docteurs » | Sous-total | Élèves étrangers | Officiers de la Gendarmerie nationale et de l’Armée de Terre | Total |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Guillaume Apollinaire (2022-2023) | 40 | 6 | 32 | 7 | 4 | 89[23] | 26[21] | 6[21] | 121 |
Joséphine Baker (2023-2024) | 40 | 6 | 32 | 8 | 4 | 90[24] | |||
Paul-Emile Victor (2024-2026) | 40 | 6 | 32 | 7 | 5 | 90[25] |
Noms des promotions
modifierDans la continuité des traditions en vigueur à l'ENA, les élèves de l'INSP votent, au cours de leur scolarité, pour déterminer le nom de leur promotion. La procédure est décidée en plusieurs tours de scrutin. Celle-ci est souvent baptisée d'après le nom d'une personnalité célèbre ou d'un concept, une organisation ou une date. Les noms des promotions successives sont :
- 2022-2023[26] : Guillaume-Apollinaire[27]
- 2023-2024[28] : Joséphine Baker
- 2024-2026 : Paul-Émile Victor[29]
Direction
modifierPortrait | Identité | Période | Durée | |
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Début | Fin | |||
Maryvonne Le Brignonen[30],[31] (née en ) |
Portrait | Identité | Période | Durée | |
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Début | Fin | |||
Ferdinand Mélin-Soucramanien (né en ) |
Locaux
modifierStrasbourg
modifierL'Institut national du service public est installé au 1 rue Sainte-Marguerite, à Strasbourg, dans l'ancienne commanderie Saint-Jean. Ces locaux sont occupés par l'École nationale d'administration de 1991 à 2021.
Paris
modifierL'INSP dispose également d'une antenne parisienne, située avenue de l'Observatoire, dans des locaux occupés successivement par l'École nationale de la France d'outre-mer (ENFOM), l'Institut international d'administration publique (IIAP) puis l'École nationale d'administration jusqu'en 2021.
Centre de ressources et d'ingénierie documentaire
modifierDeux antennes sont à disposition des élèves de l'Institut : le Centre de documentation de l'antenne parisienne localisé dans la Bibliothèque de l'ancien Institut international d'administration publique et celui de l'antenne de Strasbourg situé dans l'ancienne Commanderie Saint-Jean[32].
Le centre de ressources est rattaché à la Direction de la recherche depuis 2022[33]. Ces collections sont centrés sur « l’État, l’administration, les institutions, l’action publique et ses grands enjeux et les différentes politiques publiques »[32] et s'ouvrent désormais au grand public via un accès libre au catalogue et son portail de veille documentaire (via la plateforme Scoop.it!).
Vie associative
modifierL'association SeRViR, sous-titrée « Association des alumni de l'École nationale d'administration et de l'Institut national du service public », regroupe les anciens élèves qui le souhaitent[34]. Elle a pris la suite de l'Association des anciens élèves de l'ENA[35],[36].
Notes et références
modifier- « La première fois que « Le Monde » a écrit ENA », sur Lemonde.fr, (consulté le ).
- Mario d’Angelo, « En 1979, déjà, Michel Crozier "envisageait de supprimer l’ENA"… », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Benoît Floc'h, « La réforme de la haute fonction publique, un concentré du quinquennat Macron », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Gratian, « Le gouvernement veut supprimer le corps préfectoral : voici pourquoi cette idée est critiquée », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le ).
- « Haute fonction publique : on vous explique la réforme mettant fin au corps préfectoral », sur francetvinfo.fr, France info, (consulté le ).
- Philippe Ricard, « La colère froide des diplomates contre l’Élysée », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- « Intervention du Président de la République Emmanuel Macron à l'occasion de la Convention managériale de l'État. », sur elysee.fr, (consulté le ).
- Ordonnance n° 2021-702 du 2 juin 2021 portant réforme de l'encadrement supérieur de la fonction publique de l'Etat (lire en ligne)
- Décret n° 2021-1556 du relatif à l'organisation et au fonctionnement de l'Institut national du service public.
- « L’Institut national du service public, le nouvel ENA », sur gouvernement.fr (consulté le ).
- « Institut national du service public | INSP », sur Institut national du service public | INSP (consulté le ).
- « Institut national du service public | INSP », sur Institut national du service public | INSP (consulté le ).
- « Formations diplômantes | INSP », sur Institut national du service public | INSP (consulté le ).
- Décret n° 2023-30 du 25 janvier 2023 relatif aux conditions d'accès et aux formations à l'Institut national du service public, (lire en ligne)
- « Découvrir les concours d'entrée | INSP », sur Institut national du service public | INSP (consulté le ).
- Décret n° 2023-30 du 25 janvier 2023 relatif aux conditions d'accès et aux formations à l'Institut national du service public, (lire en ligne)
- « Article L325-7 - Code général de la fonction publique - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
- « Arrêté du 21 mars 2023 fixant les modalités d'organisation, la nature, la durée, les coefficients et le programme des épreuves des concours d'entrée à l'Institut national du service public et les modalités d'organisation des concours d'accès aux cycles préparatoires au concours interne et au troisième concours - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
- « Arrêté du 21 mars 2023 fixant les modalités d'organisation, la nature, la durée, les coefficients et le programme des épreuves des concours d'entrée à l'Institut national du service public et les modalités d'organisation des concours d'accès aux cycles préparatoires au concours interne et au troisième concours - Légifrance », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
- « Institut national du service public | INSP », sur Institut national du service public | INSP (consulté le ).
- « Bienvenue aux élèves internationaux et officiers de la promotion 2022-2023 ! », sur Institut national du service public | INSP, (consulté le ).
- « Arrêté du 21 mars 2023 fixant les modalités d'organisation, la nature, la durée, les coefficients et le programme des épreuves des concours d'entrée à l'Institut national du service public et les modalités d'organisation des concours d'accès aux cycles préparatoires au concours interne et au troisième concours - Légifrance », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
- Arrêté du 20 juillet 2021 fixant le nombre de places offertes en 2021 aux concours d'entrée à l'Ecole nationale d'administration (lire en ligne)
- Arrêté du 4 août 2022 fixant le nombre de places offertes en 2022 aux concours d'entrée à l'Institut national du service public (lire en ligne)
- Arrêté du 1er juin 2023 fixant le nombre de places offertes en 2023 aux concours d'entrée à l'Institut national du service public (lire en ligne)
- Arrêté du 20 décembre 2021 portant nomination des élèves de la promotion 2022-2023 de l'Ecole nationale d'administration (lire en ligne)
- « La promotion 2022-2023 s’appelle "Guillaume Apollinaire" », sur Institut national du service public | INSP, (consulté le ).
- Arrêté du 19 décembre 2022 portant nomination des élèves de la promotion 2023-2024 de l'Institut national du service public (lire en ligne).
- « La promotion 2024-2026 s’appelle "Paul-Émile Victor" », sur Institut national du service public | INSP, (consulté le )
- Journal officiel de la République française (journal officiel).
- Journal officiel de la République française (journal officiel).
- Céline Canuet-Mehl, « Le Centre de ressources et d’ingénierie documentaires de l’INSP : au croisement de la formation et de la recherche », Arabesques, no 109, avril-mai-juin 2023, p. 24-25 (lire en ligne)
- « Missions : Des missions intégrées aux activités pédagogiques », sur documentation.insp.gouv.fr (consulté le ).
- « Notre identité », sur Association SeRViR (consulté le ).
- « Notre histoire », sur Association SeRViR (consulté le ).
- Arrêté du 16 décembre 2022 approuvant des modifications aux statuts de l'association reconnue d'utilité publique dite « Association des anciens élèves de l'École nationale d'administration (AAEENA) ».
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- École nationale d'administration (France)
- Administrateur de l'État
- Haute fonction publique française
- École de la fonction publique française
- Institut national des études territoriales (INET)
- Rapport Thiriez
Liens externes
modifier
- Site officiel
- Ressource relative à la vie publique :
- SeRViR (association des anciens élèves)