Le jazz West Coast (ou jazz de la côte ouest) est un genre musical de jazz pratiqué en Californie, aux États-Unis, par les musiciens, en majorité blancs dans les années 1950, plus précisément entre 1952 et 1958. La grande concentration de musiciens dans cette région, due en grande partie au travail offert par les studios de Hollywood alors en plein essor, permet l'éclosion d'une scène jazz très active. Au regard de la diversité des productions du jazz West Coast, la majorité des critiques et amateurs reconnaissent cependant une certaine parenté esthétique, au-delà de l'unité historique et géographique.

Jazz West Coast
Origines stylistiques Bebop, swing, musique classique
Origines culturelles Années 1940 ; États-Unis
Scènes régionales Los Angeles, San Francisco (États-Unis)
Voir aussi Cool jazz, Lester Young, Harry Edison

Histoire

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Origines

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La Californie, en particulier Los Angeles, est depuis le début du XXe siècle un des hauts lieux du jazz. Au début de la Seconde Guerre mondiale, la Californie connaît un fort boom économique et l'activité des clubs de jazz se fait plus intense[1]. Les plus importants jazzmen américains passent alors jouer en Californie tel Charlie Parker qui y séjourne de 1945 à 1947[2]. Los Angeles est surtout connu à l'époque pour sa scène dixieland mais le jazz moderne va finir par s'imposer au début des années 1950 dans de nombreux clubs comme le Trade Wings, Billy Berg's, Zardi's, Tyffany's ou le Surf Club.

Développement

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En 1952 est fondé à Los Angeles le label Pacific Jazz Records, qui produit de nombreux enregistrements de jazz West Coast. Parmi les musiciens qui enregistrent pour le label, on trouve Chet Baker, Gerry Mulligan, Paul Desmond, Joe Pass ou encore Gerald Wilson[1],[2]. De grands orchestres « à la musique audacieuse » apparaissent, comme l'orchestre de Woody Herman avec son Second Herd et celui de Stan Kenton. Ces deux formations vont compter en leur sein beaucoup de futures vedettes du jazz West Coast. Ainsi derrière les pupitres de Kenton vont s'illustrer Art Pepper, Shelly Manne, Shorty Rogers, Bud Shank, Bob Cooper entre autres[3].

Quant au Second Herd de Woody Herman, il crée les premiers chefs-d'œuvre du mouvement avec Four Brothers (1947) de Jimmy Giuffre et Early Autumn (1949) arrangé par Ralph Burns contenant un solo d'anthologie de Stan Getz. Le principal apport de cet orchestre est le son révolutionnaire, léger et souple, de sa section d'anches, les fameux « Four Brothers » initialement nommés Four Mothers (pour motherfuckers) comprenant les saxophonistes ténor Stan Getz, Zoot Sims, Herbie Steward et le baryton Serge Chaloff.

Tous ces musiciens sont loin d'être tous originaires de Californie. Shelly Manne dira plus tard que « tous les musiciens de la West Coast venaient de New York »[4]. Ils vont bientôt quitter les grands orchestres pour mener diverses expériences à formations variables, du trio au big band, tout en travaillant pour les studios de cinéma.

Leur point de ralliement est le Lighthouse d'Hermosa Beach à une trentaine de kilomètres de Los Angeles, où le bassiste Howard Rumsey organisait des jam sessions devenues mythiques. Trois leaders aux multiples talents s'imposent rapidement : Shorty Rogers, Shelly Manne et Jimmy Giuffre. Autour de ces trois hommes se crée une véritable communauté de musiciens créant un nombre important de disques souvent de grande qualité.

Shelly Manne a bien décrit l'atmosphère créatrice qui régnait à l'époque :

« Nous expérimentions sans cesse en nous servant de compositions écrites, il était impossible de dire où finissait la composition et où commençait l'improvisation. S'il s'est passé quelque chose de spécial à cette époque en Californie, c'est parce que nous étions un petit groupe de musiciens qui travaillions toujours ensemble, qui échangions des idées. Quand je faisais un disque, les autres étaient sur mon disque et quand ils faisaient un disque, j'étais dessus. Si le son était tellement particulier, reconnaissable, c'est qu'il venait du même groupe de gens. Quel que soit le leader, c'était le même son. (...) Nous étions très proches les uns des autres. D'abord parce que nous avions vécu ensemble les tournées des grands orchestres - Giuffre, Rogers et moi dans l'orchestre de Woody Herman, ou dans celui de Stan Kenton avec Bud Shank, Art Pepper, Shorty... Avant de nous installer sur la Côte Ouest, nous avions déjà passé des années ensemble. »

Un des premiers manifestes du mouvement est le disque Modern Sounds enregistré en octobre 1951 par Shorty Rogers and his Giants. Gerry Mulligan, à la marge du mouvement, remporte le succès avec son quartet sans piano avec Chet Baker en 1952. Shelly Manne, Shorty Rogers et Jimmy Giuffre utilisent la forme libre dans le disque précurseur The Three en 1954.

Les années 1960 sont moins favorables aux musiciens de jazz en Californie mais le club dirigé par Shelly Manne, le Shelly Manne's Hole, reste de 1960 à 1972 un des derniers bastion du jazz vivant à Los Angeles.

California Hard

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Bien que le jazz West Coast soit souvent comparé au style cool jazz, les musiciens de Los Angeles connus localement sous le nom de hard swingers, « soufflaient un bop aussi dur que tout ce qui émergeait de Detroit et de New York[1]... » Plus tard, leur musique fut connue sous le nom de California Hard. Roy Carr note que cela n'est pas surprenant. À la fin des années 1940, la scène de Central Avenue comptait le plus grand nombre de musiciens bebop en dehors de New York. Max Roach et Clifford Brown, Shelly Manne et Curtis Counce ont créé des groupes au son plus dur à Los Angeles[1].

Caractéristiques

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Le mouvement West Coast se nourrit de diverses influences : la virtuosité et les innovations du bebop, le jeu détendu de Lester Young, les expériences pré-free de Lennie Tristano, l'efficacité du swing de Count Basie mais aussi les compositeurs classiques du XXe siècle, en particulier les impressionnistes français Debussy et Ravel. Les musiciens West Coast possèdent, pour la plupart, de sérieuses connaissances musicales acquises notamment auprès du Dr Wesley LaViolette, un théoricien du contrepoint et grand pédagogue. Tous ces éléments divers se mélangent avec un dosage différent selon les enregistrements.

Une des caractéristiques constantes de ces enregistrements est l'importance et le soin accordés aux arrangements. Musique écrite et liberté d'improvisation cohabitent avec bonheur. Un des apports du mouvement au jazz est l'introduction d'instruments quasiment inédits dans le jazz comme le cor, le tuba ou le hautbois, tous issus de la musique classique occidentale. Ainsi, de nombreux projets du mouvement prolongent l'esthétique du Birth of the Cool de Miles Davis tant au niveau du soin apporté à l'arrangement que de l'instrumentation[5].

Mais il est réducteur d'assimiler comme cela a été fait pendant longtemps West Coast et cool jazz car il n'est pas difficile de trouver des solistes et des enregistrements West Coast « hot ». Pour les solistes, on peut citer l'exemple du trompettiste Conte Candoli. On a pu dire (Hugues Panassié) à raison que le jazz West Coast était un jazz de blancs. En effet, peu de musiciens noirs, hors Curtis Counce, Leroy Vinnegar, Chico Hamilton, Buddy Collette et Hampton Hawes ont participé à l'essor du mouvement. La meilleure définition est peut-être celle, poétique, que donna Jacques Réda. Il se définit, selon lui, par « ceci d'indéfinissable et d'évident qui est un ton, un très spécifique ton West Coast qui ne s'affirme mieux que lorsque les voix singulières se croisent moelleusement dans la rumeur du groupe... »

Groupes et artistes

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Formations principales

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Musiciens

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Discographie partielle

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Notes et références

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  1. a b c et d Roy Carr, A Century of Jazz: A Hundred Years of the Greatest Music Ever Made, London, Hamlyn, (1re éd. 1997), 92–105 (ISBN 0-681-03179-4), « The Cool on the Coast ».
  2. a et b AllMusic Guide to Jazz, San Francisco, Miller Freeman, (ISBN 0-87930-308-5, lire en ligne).
  3. (en) Paul O. W. Tanner, Maurice Gerow et David W. Megill, Jazz, Dubuque, IA, William C. Brown, College Division, , 6th éd. (1re éd. 1964), 103–111 (ISBN 0-697-03663-4, lire en ligne  ), « Cool (1949-1955) »
  4. Spécial West Coast, le paradis cool.
  5. Geoff Roach, « West Coast Jazz », sur All About Jazz, (consulté le ).

Annexes

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Article connexe

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Bibliographie

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  • Alain Tercinet, West Coast jazz. Parenthèses, 1986.
  • Alain Tercinet, West Coast in Dictionnaire du Jazz, Robert Laffont, 1994
  • Jazz Magazine, « Spécial West Coast, le paradis cool », Jazz Magazine, no 567,‎ .
  • Gérard Rouy, Chet Baker, 217 p., Éditions du Limon, 1992, (ISBN 2-907224-26-3)
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