Jeannie de Clarens
Jeannie de Clarens, née Rousseau le à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) et morte le [2],[3] à Montaigu (Vendée), est une résistante déportée, membre du réseau Alliance.
Vicomtesse |
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Nom de naissance |
Jannie Yvonne Ghislaine Rousseau |
Pseudonymes |
Amniarix, Madeleine Chauffour |
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Service historique de la Défense (GR 16 P 523664, GR 28 P 4 207 308, GR 28 P 11 103)[1] |
Elle était grand officier de la Légion d'honneur, et titulaire de la médaille de la Résistance et de l'Agency Seal Medal (en) décernée par la CIA.
Biographie
modifierJeunesse et études
modifierJeannie de Clarens est la fille de Jean Rousseau, qui, après la Première Guerre mondiale dans laquelle il a combattu, est devenu haut fonctionnaire et diplomate au ministère des Affaires étrangères. Il effectue à ce titre de nombreux voyages au Proche-Orient. Jeannie de Clarens grandit ainsi dans un environnement multilingue et parle plusieurs langues dont, couramment, l'allemand. Son père devient maire du 17e arrondissement de Paris à son adolescence[4].
Elle obtient le baccalauréat à l'issue de brillantes études secondaires. Reçue à l'École libre des sciences politiques (Sciences Po) à l'âge de 18 ans, elle s'inscrit au sein de la section Finances privées[5]. Elle y côtoie notamment Georges Lamarque[6]. Elle en sort major de promotion, avec mention Très bien et premier prix, en 1939[7]. Elle convainc Claude du Granrut à s'inscrire à Sciences Po à son tour[8].
Résistance
modifierEn , après la débâcle, Paris se vide. Son père quitte la capitale occupée. Il emmène son épouse et sa fille unique à Dinard. Le maire de la ville, ami de ses parents, la sollicite pour un travail d'interprète afin de faciliter les négociations entre les services locaux et les autorités allemandes. Walther von Reichenau, commandant de la 6e armée y a installé son Quartier général.
Dès cette époque, elle communique toutes les informations qui peuvent être utiles pour connaître les projets et les préparatifs de l'occupant.
En 1941, soupçonnée, elle est arrêtée par la Gestapo et emprisonnée à la prison de Rennes. Elle est relâchée par manque de preuves et contrainte de quitter la région. De retour à Paris fin 1941, Jeannie devient secrétaire dans un bureau de relations publiques, chargée de faire le lien entre l’occupant et les industriels français. La même année[9], elle est recrutée par Georges Lamarque, alias « Pétrel », au sein du sous-réseau « Les Druides » qu'il dirige, et qui est rattaché au réseau de renseignement Alliance. Son nom de code dans le réseau est Amniarix[10].
Elle réalise en 1943 l'un des plus grands exploits du réseau « Alliance ». Engagée dans un organisme professionnel d’entente entre le patronat français et les services allemands à la recherche de fournisseurs, elle accumule de nombreuses informations sur les « armes secrètes » (V1 et V2) mises au point par les Allemands à Peenemünde. Le rapport très précis et détaillé qu’elle transmet en 1943, qui constitue les premières informations concernant ces armes, est la « confirmation indispensable » dont ont besoin les services britanniques[11]. Le rapport est transmis au professeur Reginald Victor Jones[9]. Il décide l'armée britannique à bombarder la base de Peenemünde. Le bombardement, effectué le avec près de six cents avions, fait d’énormes dégâts et tue plus de cinq cents techniciens et experts, retardant ainsi de plusieurs mois les attaques de V2 sur l’Angleterre.
Déportation
modifierAlors qu'elle doit partir pour Londres présenter un nouveau rapport, elle est arrêtée à La Roche-Derrien le [12] en compagnie de plusieurs camarades du réseau, dont deux seuls parviennent à s'échapper. Emprisonnée et interrogée à la prison Jacques Cartier de Rennes, elle est déportée de Pantin le [9] vers le KL Ravensbrück (matricule 57661) par le « convoi des 57000 ». Puis elle est envoyée au camp de travail de Torgau où elle organise une manifestation pour protester contre l'utilisation des prisonnières à la fabrication de munitions. Transférée alors au camp disciplinaire de Königsberg, elle y recense les prisonnières et fait passer ce recensement au camp de prisonniers de guerre du Stalag I-A tout proche, en espérant qu'il sera transmis à la Croix-Rouge. Puis elle s'évade du camp pour rejoindre clandestinement celui de Ravensbrück, afin de s'y cacher[9]. Bien que dénoncée, elle survit à la libération du camp, et est rapatriée par la Croix-Rouge en [9].
Elle se marie avec Henri de Clarens, en 1947[13].
Décorations
modifier- Grand officier de la Légion d'honneur
- Médaille de la Résistance française avec rosette (décret du 11 mars 1947)[14]
- Agency Seal Medal décernée par la CIA
Notes et références
modifier- « https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/base_resistants/detail_fiche.php?ref=3030492&debut=0 »
- lefigaro.fr, « Décès de l'ancienne résistante Jeannie de Clarens », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
- (en) « Jeannie Rousseau de Clarens, Valiant World War II Spy, Dies at 98 », sur The New York Times, (consulté le )
- Anne Sebba, Les Parisiennes : Leur vie, leurs amours, leurs combats - 1939-1949, La Librairie Vuibert, (ISBN 978-2-311-10256-7, lire en ligne)
- (en) « The Spy Who Studied at Sciences Po », sur Sciences Po (consulté le )
- Gazsi Mélina, Paris, les héroïnes oubliées de la Libération, Vuibert, (ISBN 978-2-311-15123-7, lire en ligne)
- Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN 978-2-7246-3915-5)
- « Sciences Po stories », sur www.sciencespo.fr (consulté le )
- (en) David Ignatius, « Amniarix, "The Reluctant Spy" : After Five Decades, a Spy Tells Her Tale. », The Washington Post, (lire en ligne)
- Les vétérinaires morts pour la France pendant la guerre de 1939-1945, dans le Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine et des sciences vétérinaires, octobre 2010.
- Fourcade, tome 2, p. 281.
- Fourcade, tome 2, p. 273.
- « Jeannie de Clarens - Mémoire et Espoirs de la Résistance », sur Mémoire et Espoirs de la Résistance (consulté le ).
- Ordre de la Libération, « Fiche Médaille de la Résistance avec rosette : Jeannie de CLARENS » (consulté le )
Bibliographie
modifier- Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de Noé, t. 2, Paris, éditions Fayard, coll. « Le Livre de poche » (no 3140), (réimpr. 1998) (1re éd. 1968), 446 p.
Liens externes
modifier- Émission de radio Interception, France Inter, Jeannie dans la gueule du loup En ligne.
- Espionne disponible dans le jeu /*Hearts of Iron 4 */ .