Jules Oppert

assyriologue français de naissance allemande

Jules Oppert, né Julius Samuel Oppert le à Hambourg et mort le à Paris, est un assyriologue français de naissance allemande qui est professeur au Collège de France et président de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

Études et carrière

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Né dans une famille hambourgeoise, après avoir étudié à Heidelberg, Bonn et Berlin, Oppert soutient en 1846 sa thèse de doctorat sur Le droit criminel de l’Inde, à l’université de Kiel[1]. Ses origines juives l'empêchent de mener une carrière universitaire en Allemagne[1], aussi s'installe-t-il en France, où il est d'abord professeur d'allemand au lycée de Laval puis de Reims, tout en poursuivant ses recherches sur l’orientalisme.

Il se joint, en 1851, à l'expédition scientifique et artistique de Mésopotamie et de Médie conduite par Fulgence Fresnel[2]. En , il est naturalisé français par décret en reconnaissance de ses services[3]. Il se charge ensuite de l’étude des résultats de l’expédition, portant, en particulier, son attention sur les inscriptions cunéiformes qu’il a collectées.

Oppert publie, en 1855, Écriture Anarienne, avançant l’hypothèse que la langue parlée originellement en Assyrie était d’origine touranienne (relative aux langues turc et mongol), plutôt qu’aryenne ou sémite, et que ses locuteurs avaient inventé l’écriture cunéiforme. Bien que la classification des inscriptions « Casdo-scythes » comme touraniennes fut plus tard remise en question, des études confirmeront Oppert dans son hypothèse sur le caractère discret de la langue sumérienne (comme il la rebaptise en 1869) et sur l’origine de son écriture. Il publie, en 1856, Chronologie des Assyriens et des Babyloniens.

En 1857, il est nommé professeur de sanskrit et de philologie comparée à l’école des langues de la Bibliothèque nationale de France, et c’est à ce poste qu’il publie une Grammaire sanscrite, en 1859. Cependant son domaine d’étude privilégié reste l’assyrien et ses sujets connexes. Son rapport sur la mission Fresnel ainsi que les résultats de ses études, sont publiés dans Expédition scientifique en Mésopotamie (1859-1863), avec un second volume intitulé Déchiffrement des inscriptions cunéiformes.

À la lumière de nouvelles découvertes archéologiques, il publie, en 1865, une Histoire des empires de Chaldée et d’Assyrie. Ses Éléments de la grammaire assyrienne, sont publiés en 1868. L’année suivante, il est nommé professeur de philologie et d’archéologie assyrienne au Collège de France. Son champ d’études se porte, en 1876, sur les antiquités de l’ancienne Médie et de sa langue à propos desquels il publie en 1879 Le peuple et la langue des Mèdes.

En 1881, il est admis à l’Académie des inscriptions et belles-lettres au fauteuil d'Auguste Mariette[1] et il en est élu président en 1890.

Il meurt à Paris le .

Ouvrages

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  • Écriture anarienne (1855)
  • Chronologie des Assyriens et des Babyloniens (1856)
  • Expédition scientifique en Mésopotamie (1859-1863) et le second volume Déchiffrement des inscriptions cunéiformes
  • Histoire des empires de Chaldée et d’Assyrie (1865)
  • Éléments de la grammaire assyrienne (1868)
  • L’immortalité de l'âme chez les Chaldéens (1875)
  • Salomon et ses successeurs (1877)
  • Doctrines juridiques de l’Assyrie et de la Chaldée (1877 avec Joachim Menant)

Hommages et distinctions

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Notes et références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Julius Oppert » (voir la liste des auteurs).
  1. a b et c Notice sur le site de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres, [lire en ligne]
  2. Maurice Pillet, « L'expédition scientifique et artistique de Mésopotamie et de Médie », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1917, vol. 61, no 5, p. 329-338 [lire en ligne]
  3. « Je ne crois pas devoir revenir sur mes titres scientifiques : ce serait insister sur mon mérite là où la gratitude seule doit avoir la parole. Si je porte un nom qui, dès aujourd’hui, n’est plus entièrement inconnu parmi les érudits d’Europe, c’est à la France que je le dois. Sans s’enquérir de ma religion que, peut-être, j’aurais dû renier en restant dans mon pays natal, elle m’a fourni l’occasion de travailler et de parvenir par mon travail. La France m’avait adopté de fait avant que je n’eusse prouvé que j’en étais digne : je ne fais que répondre, par cette demande, à son appel généreux. » [lettre d’Oppert au garde des Sceaux, 30 septembre 1854] ; « nommé professeur de langues allemande et anglaise en 1848 au lycée de Laval, en 1850 au lycée de Reims, ce fonctionnaire a été attaché en 1851 à la mission de M. Fresnel, consul à Bagdad, la Babylonie et la Mésopotamie. Sa connaissance des langues sémitiques a rendu d’utiles services pendant toute la durée d’une expédition qui a illustré la science française. Les ouvrages qu’il a publiés, l’estime que lui ont vouée les membres les plus savants de l’Institut, de nouvelles missions que mon département lui a confiées en Angleterre et en Allemagne, tout concourt à attacher plus étroitement M. Oppert à la France. » [lettre du ministre de l’Instruction publique et des cultes Hippolyte Fortoul au garde des Sceaux, 4 mars 1856] (Archives nationales, BB/11/646, dossier 2034 X 6) ; voir aussi sa notice sur la base Léonore [1].
  4. Notice, base Léonore [2].

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Jean Baumgarten, Jules Oppert et la naissance de l'assyriologie. In: Histoire Épistémologie Langage 23.2, 2001. p. 77-99. https://www.persee.fr/doc/hel_0750-8069_2001_num_23_2_2834
  • Charles Schoebel, Examen critique du déchiffrement des Inscriptions cunéiformes assyriennes : [compte rendu critique de l'] expédition scientifique en Mésopotamie par Jules Oppert, 1861.
  • (en) William Muss-Arnolt, The works of Jules Oppert. Berlin : [s.n.], 1894. (OCLC 84595361)
  • « L’Assyriologie au Collège de France : Jules Oppert (1825-1905) » dans A. Lefranc, Le Collège de France (1530-1930) : livre jubilaire composé à l’occasion de son quatrième centenaire, Paris : Presses universitaires de France, 1932. (OCLC 11880207)
  • Maxime Collignon, « Éloge funèbre de M. Jules Oppert, membre de l’Académie », in Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 49e année, no 4, 1905, p. 461 [lire en ligne].
  • Bernard Hassoulier, « Notice sur la vie et les œuvres de M. Jules Oppert, membre de l’Académie », in Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 50e année, no 9, 1906. p. 567-592 [lire en ligne].

Liens externes

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