Julien Marie Crozet, né le à Port-Louis (Bretagne), au lieu-dit La Croizetière (aujourd'hui en Riantec, Morbihan) et mort le à Paris[1], est un officier de marine français du XVIIIe siècle.

Julien Crozet
Nom de naissance Julien Marie Crozet
Naissance
Port-Louis
Décès (à 53 ans)
Paris
Nationalité française
Famille Jeanne-Marie Calvé (épouse), cinq enfants

Découvertes principales Archipel du Prince-Édouard (1772), îles Crozet (1772)
Pour le compte de France
Bâtiments L’Éléphant (1753), ''Petit chasseur (1754), Danae (1755), Volant (1758), Mascarin (1771), Élisabeth (1777)
Première expédition Sénégal (1753)
Dernière expédition Mascareignes (1777)

Biographie

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Jeunesse

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Son père, Joseph Crozet, dauphinois d'origine[2], commerçant et fournisseur aux armées, s'installe à Port-Louis, rue de la Pointe, en 1727[3]. Il y épouse le , Marie Relo. Le couple aura dix-neuf enfants, onze garçons et huit filles. Julien-Marie est l'aîné[4]. Il est baptisé le à l'église Notre-Dame.

Le , il est confié au capitaine Jean-Baptiste Gaultier de La Renaudais et embarque comme pilotin sur le Maurepas à destination de Pondichéry. La Renaudais se charge alors de son instruction.

De retour à Port-Louis le , il rembarque, toujours comme pilotin, en , sur le Philibert, pour la Chine et ne reviendra qu'en .

Carrière

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La guerre de Succession d'Autriche

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Le , il part comme volontaire pour les Indes à bord du Maurepas, sous les ordres du capitaine Pierre-André de Sanguinet, pour défendre les comptoirs du Sénégal, de Saint-Louis et de Gorée contre les Anglais au cours de la guerre de Succession d'Autriche. Après la perte du navire le , il revient en France. Il est alors nommé enseigne surnuméraire.

Le , il s'embarque comme volontaire sur le Duc de Penthièvre[5] à destination de l'île de France, aujourd'hui île Maurice, puis de là rejoint l'escadre de Mahé de La Bourdonnais à Pondichéry. Le , il est de retour en France puis prend part en à la campagne de Ouidah comme enseigne-écrivain sur le Triton. Le , il joint le Glorieux comme 2ème enseigne sous le commandement de Jean-Baptiste d'Après de Mannevillette et voyage aux Mascareignes. Le navire est désarmé à l'île-de-France en octobre 1751, et l'équipage transféré sur le navire les Treize Cantons[6].

En , son premier commandement lui est confié, celui du brigantin L’Éléphant qui conduit au Sénégal [7]. Il est ensuite nommé capitaine du Petit chasseur à Saint-Louis. En mai 1754 il prend le commandement de l'Anna Maria, une prise anglaise saisie pour trafic illégal à Portendick en Mauritanie, qu'il ramène à Lorient où elle est désarmée en juillet 1754 [8].

Il embarque le sur la Danaé en qualité de 1er enseigne, et y prend les fonctions de 2ème lieutenant sous le commandement de Daniel Marie Dufay la Brancherre[9]. Il débarque à Pondichéry, et passe sur le Lys en février 1756[10]. De retour à Lorient le , il y apprend la mort de son père survenue deux mois auparavant.

La guerre de Sept Ans

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La guerre de Sept Ans ayant éclaté en 1756, il reçoit le , le commandement d'une frégate de dix canons, le Volant[11] et mène de violents combats contre les anglais sur les côtes du Sénégal. Le , il est capturé devant Gorée.

Libéré, il rentre en France le et y apprend le décès de sa mère[12]. Le même mois, il est nommé capitaine de brûlot avec pour mission de lever les plans de la Basse-Vilaine et d'analyser la possibilité de faire sortir les navires de la Marine Royale bloqués dans cette rivière.

Le , il embarque comme 2ème lieutenant sur le Comte d'Argenson sous les ordres de Marion Dufresne[13]et se rend à l'Ile de France où est déposé l'astronome Alexandre-Guy Pingré, qui rejoint ensuite l'île Rodrigues pour y observer le passage de la planète Venus devant le soleil. De retour en France le , il y découvre son premier enfant né le .

Le , il embarque comme 2ème lieutenant pour la Chine à bord du Penthièvre, sous le commandement de Louis de Joannis, et revient à Lorient le [14].

En , il est nommé premier lieutenant sur le Condé, sous le commandement de Jean Baptiste Philibert Le Veyer de Belair, et repart aux Indes[15]. Il est de retour en septembre 1769.

Le 1770, il embarque comme premier lieutenant sur le Duc-de-Praslin à destination des Indes, sous les ordres du capitaine Clonard[16]. Il débarque le 20 mars 1771 lors d'une escale à l'Ile de France, repéré par Pierre Poivre chargé par Marion-Dufresne des préparatifs d'une expédition dans le Pacifique.

L'expédition Marion-Dufresne-Crozet

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Marion-Dufresne est chargé de ramener à Tahiti Aoutourou que Bougainville avait amené en France en 1769. Il demande alors qu'un des ravitailleurs du Roi lui soit attaché. Il engage Crozet comme second sur le Mascarin (1771). Aoutourou meurt de la variole dans la baie de Fort-Dauphin à Madagascar. Marion-Dufresne décide alors d'entreprendre un tour du monde pour découvrir de nouvelles îles et surtout le continent austral[17].

Découverte des îles du Prince-Édouard et Crozet

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Les îles du Prince-Édouard
 
Les îles Crozet

Les deux navires, deux flûtes, partent ainsi du cap de Bonne-Espérance le . Le , ils découvrent de nouvelles terres que Marion-Dufresne nomme Terre de l'Espérance. Il s'agit aujourd'hui de l'Archipel du Prince-Édouard dont l'une des îles porte aujourd'hui le nom de Marion. Le 22 et le , ils découvrent des îles que Marion-Dufresne baptise Îles Froides et Île Aride, ce sont les actuelles îles Crozet. Julien Crozet prend possession de l'île principale nommée île de la Possession par Marion.

 
Vue des îles Crozet

Crozet lors de cette prise de possession où selon la coutume il enferme l'acte dans une bouteille déposée au sommet d'une pyramide de pierres écrit : L'endroit où je débarquai était absolument pierreux. Je montai sur une éminence d'où j'aperçus de la neige qui s'étendait dans plusieurs vallées ; la terre semblait aride et était couverte d'une petite herbe fine...[18] Il y découvre une immense colonie d'éléphants de mer, manchots, pétrels et cormorans.

 
Les îles Crozet abritent une importante faune

Escale en Nouvelle-Zélande

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Le , les navigateurs arrivent en Terre de Van Diemen où ils sont accueillis par une population belliqueuse. Ils quittent l'île le en direction de la Nouvelle-Zélande qu'ils atteignent le 22. Ils y rencontrent le chef Tacouri avec qui ils entretiennent des rapports amicaux.

Les rapports deviennent tels que Marion Dufresne décide de faire désarmer les canots et les baleinières allant à terre malgré la désapprobation de Crozet[19]. Le , Crozet remarque qu'un indigène avec qui il s'est lié d'amitié est anormalement triste et lui fait de nombreux cadeaux, ce qui lui paraît étrange. De même, les hommes avec qui les officiers avaient sympathisé, pour la première fois, ne se rendent pas à bord. Le , Marion Dufresne s'embarque dans sa baleinière avec seize hommes dont deux officiers dans le but d'aller chercher et manger des huîtres. Ils sont accompagnés par le chef Tacouri et quelques hommes à lui. A la nuit tombée, personne ne revient à bord, ce qui d'abord n'inquiète, en raison de l'hospitalité et de la grande confiance qui règne, personne. Le lendemain, une chaloupe est envoyée à terre chercher de l'eau. Quelque temps plus tard, un homme est aperçu revenant à la nage vers le navire et est recueilli. Grièvement blessé, il apprend alors à tous qu'il vient d'échapper au massacre des hommes de la chaloupe et a vu périr tous ses compagnons[20]. Crozet en déduit aussitôt le sort de Marion et de ses hommes. Il fait alors rechercher tous les hommes restés dans les stations à terre et a confirmation du massacre, les indigènes proclamant à tue-tête Tacouri maté Marion (Tacouri a tué Marion). Il parvient enfin à s'embarquer et à regagner les navires[21].

 
Trajet du Mascarin commandé par Marion-Dufresne jusqu'à son assassinat en Baie des îles le 12 juin 1772, puis par Julien Crozet.

Afin de s'assurer de la mort réelle de Marion Dufresne et de ses compagnons, Crozet fait ensuite envoyer une chaloupe fortement armée pour effectuer des recherches minutieuses. Il donne l'ordre d'exterminer les habitants et de mettre le feu au village après avoir fouillé les habitations[22]. Les hommes découvrent les preuves du cannibalisme, un crâne cuit avec des lambeaux de chair demeurant même chez Tacouri ainsi qu'une cuisse entamée fixée à une broche. Des vêtements et des objets furent aussi retrouvés.

Au retour de la chaloupe, Crozet recherche alors les instructions du gouverneur de l’Île de France dans les affaires de Marion et décide de poursuivre le voyage.

Crozet écrit à ce moment-là dans son récit : « Ici et là, on nous dresse une image de ces hommes primitifs ; ils sont portés aux nues par ceux qui ne les connaissent pas et qui leur attribuent, gratuitement, plus de vertus et moins de défauts que ceux possédés par ces hommes qu'ils se plaisent à appeler artificiels parce que l'éducation a réellement parachevé la raison. »[23]

Crozet dans son récit se montre partisan d'un continent englouti entre la Nouvelle-Zélande et Tahiti[24].

Le , Crozet, secondé par Ambroise Bernard Marie Le Jar, chevalier Du Clesmeur qui prend la responsabilité du Duc de Castries, quitte la Nouvelle-Zélande en direction des îles Rotterdam (aujourd'hui Namuka-i-Lau) et Amsterdam. Il découvre alors une nouvelle île qu'il nomme île du Point du Jour. Il s'agit vraisemblablement de l'île de Niuafoʻou[25]. Enfin, il atteint l'île de Guam le . Après un séjour de deux mois à Guam, il quitte Agana le en direction des Philippines et s'ancre en baie de Manille le pour y faire réparer les navires. Le , le Castries, entièrement remâté et caréné se sépare du Mascarin pour faire route vers l’Île de France. Le Mascarin quant à lui prendra la même route le . Après avoir passé Sumatra le , il s'engage dans le détroit de la Sonde et fait escale à l'île Rodrigue. Il arrive enfin à l’Île de France le .

Fin de carrière

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De retour en France le sur le Triton, Julien Crozet reste avec sa famille pendant un an. Il est ensuite nommé capitaine de brûlot par Louis XV et obtient le commandement de l'Ajax le [26], avec lequel il navigue en direction des Mascareignes. Lors de l'escale au Cap en mars 1775, il rencontre James Cook à qui il communique les découvertes réalisées en 1772 lors de l'expédition avec Marion-Dufresne.

Il revient à Port-Louis le pour repartir en mer le comme capitaine de l'Élisabeth[27]. Bien que plusieurs ouvrages anciens mentionnent sa mort en mer en 1780[28], des recherches plus récentes ont permis de montrer qu'il existe un acte de décès qui fait état de la mort de Julien Crozet à Paris le [1].

Famille

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Le , il épouse sa voisine et cousine Jeanne-Marie Calvé. Elle lui donnera cinq enfants, Jean-François (né le ), Toussaint-Blaise (né en ), Julien-François (né le -mort en ), Julien-Marie (né le ) et Jeanne-Marie (née en ).

Hommages

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Les îles Crozet sont nommées d’après lui, de même qu’une rue et un lycée professionnel portent son nom dans sa ville de naissance.

Œuvres

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  • Terres Australes, Extrait de la campagne de la flutte du roy le Mascarin, à commencer de son départ du Cap de Bonne Espérance jusqu'à son arrivée aux Manilles aux Terres australes, 1771-1773, 1773
  • Voyage à la Mer du Sud, 1783

Bibliographie

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Notes et références

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  1. a et b Maurice Recq, « Julien-Marie Crozet (1728-1782). Sa rencontre avec James Cook en 1775. », Revue Australe et Polaire,‎ , p. 65-69 (lire en ligne)
  2. Il est né à Voiron
  3. Henri François Buffet, Notice biographique, Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, Tome XXIII, 1943
  4. Ibid.
  5. Rôle d'équipage du Penthièvre, (lire en ligne)
  6. Rôle d'équipage du Glorieux, (lire en ligne)
  7. Rôle d'équipage de l'Éléphant, (lire en ligne)
  8. Rôle d'équipage du Petit Chasseur renversé sur l'Anna Maria, (lire en ligne)
  9. Rôle d'équipage de la Danaé, (lire en ligne)
  10. Rôle d'équipage du Lys, (lire en ligne)
  11. Rôle d'équipage du Volant, (lire en ligne)
  12. Morte le 13 juin 1759
  13. Rôle d'équipage du Comte d'Argenson, (lire en ligne)
  14. Rôle d'équipage du Penthièvre, (lire en ligne)
  15. Rôle d'équipage du Condé, (lire en ligne)
  16. Rôle d'équipage du Duc de Praslin, (lire en ligne)
  17. Julien Crozet, Le Voyage de Crozet, p.21
  18. Le Voyage de Crozet, p.27
  19. Crozet, p.59
  20. Le récit entier de son sauvetage et du massacre (cannibalisme) est donné par Crozet, p. 61
  21. Crozet, p.63
  22. Crozet, p.68
  23. Crozet, p.72
  24. Crozet, p.79
  25. (en) Akihisa Tsukamoto, The language of Niuafo'ou Island, thèse de doctorat, Australian National University, , 482 p., p. 3
  26. Rôle d'équipage de l'Ajax, (lire en ligne)
  27. Rôle d'équipage de l'Élisabeth, (lire en ligne)
  28. Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Tallandier, 2002, p.118

Liens externes

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