Klaipėda

ville portuaire lituanienne

Klaipėda[1] (en allemand : Memel) est une ville de 187 316 habitants et le principal port de mer lituanien. Klaipėda est la troisième ville de Lituanie après Vilnius et Kaunas.

Klaipėda
Memel
Blason de Klaipėda
Héraldique
Administration
Pays Drapeau de la Lituanie Lituanie
Région Petite Lituanie
Apskritis Klaipėda
Municipalité Klaipėda-ville
Maire Arvydas Vaitkus
Code postal LT-91001
Indicatif 46
Démographie
Population 158 420 hab. (2023)
Densité 1 617 hab./km2
Géographie
Coordonnées 55° 42′ nord, 21° 09′ est
Altitude 21 m
Superficie 9 800 ha = 98 km2
Divers
Fondation 1252
Statut Ville depuis 1257
Localisation
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Klaipėda
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Klaipėda
Liens
Site web www.klaipeda.lt
Sources

Ancienne ville hanséatique, connue sous le nom allemand de Memel, la ville a longtemps été disputée entre le royaume de Lituanie et les chevaliers Teutoniques. La paix du lac de Melno en 1422 fixe les frontières du duché de Prusse et de la Lituanie ; Memel restera en Prusse jusqu'à la défaite allemande à la suite de la Première Guerre mondiale.

Étymologie

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La ville est d'abord mentionnée comme Caloypede dans une lettre de Vytautas en 1413[2], et, dans des documents de négociation de 1420, la ville est nommée Klawppeda[3]. Dans le traité de Melno de 1422, le nom de la ville est mentionné comme Cleupeda. Selon l'étymologie populaire samogitienne, le nom Klaipėda fait référence au terrain marécageux de la ville (klaidyti=obstacle, collant et pėda=pied)[4]. Il est plus probable que le nom soit d'origine curonienne et signifie "terrain plat" ; et provienne d'une combinaison de "klais/klait" (plat, ouvert, libre) et "peda" (plante du pied, sol), en référence au terrain relativement plat des environs.

Géographie

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Klaipėda est située à 120 km de Kaliningrad et à 290 km de Vilnius. La ville se trouve à proximité du delta du Niémen, à l'extrémité nord de l'isthme de Courlande dont il est séparé par une passe maritime, le détroit de Memel. Non loin de là, sur la côte de la mer Baltique, les stations balnéaires de Neringa et Palanga sont très appréciées des Lituaniens. Klaipėda est reliée par ferry (bac) à la Suède, au Danemark et à l'Allemagne et au réseau ferroviaire par sa gare.

Le Canal Guillaume

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En 1863, débute le creusement d'un canal long de 24 km qui relie la rivière Minija, affluent du Niémen, au port de Memel afin d'éviter le transit par la lagune de Courlande. Il est baptisé Canal Guillaume (en lituanien : Vilhelmo kanalas) en l'honneur du roi Guillaume Ier de Prusse et sa construction s'achève en 1873. De 1871 à 1873, sont réquisitionnés 690 prisonniers de guerre français qui participent au creusement de la partie terminale du canal[5]. Il est aujourd'hui appelé canal de Klaipėda (Klaipėdos kanalas).

Histoire

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Après la dernière période glaciaire, la région fut influencée par la culture préhistorique de Hambourg et du Swidérien qui s'est développée d'environ 11 000 à 9 000 av. J.-C. Les temps d'environ 5 000 à 2 000 av. J.-C. sont marqués par la culture de Narva. À partir de 2 500 av. J.-C., des tribus baltes s'y installent.

Sous l'ordre Teutonique

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Klaipėda au début du XXe siècle, la ville était alors connue sous le nom de Memel

Au début du XIIIe siècle, la côte de la lagune de Courlande, face à l'extrémité nord de la flèche curonienne, était le site d'un château fort des Coures qui, à la suite de la conquête des régions baltes, fut occupé par les chevaliers Porte-Glaive. Dès 1252, le château de Klaipėda (Memelburg) fut construit sur l'embouchure de la Dane par l'ordre Livonien ; la colonie au-dessous de la forteresse a été fondée par des commerçants originaire de Dortmund en Westphalie. La ville de Memel reçoit en 1258 ses privilèges de cité, selon le droit de Lübeck, privilèges confirmés selon le droit de Culm à la fin du XVe siècle. La ville et le château faisaient partie des territoires prussiens au sein de l'État monastique des chevaliers Teutoniques.

Les citoyens de Memel commercent avec la Hanse. C'est une ville de population allemande qui marque la frontière avec les populations baltes. En même temps, le grand-duché de Lituanie au nord-est a résisté à l'avance de forces de l'ordre Teutonique et est devenu une véritable puissance régionale sous le règne de Ladislas II Jagellon qui en 1386 se maria à Hedwige d'Anjou, héritière du royaume de Pologne, et fonda l'Union polono-lituanienne. Durant la guerre polono-lituano-teutonique, la ville a été totalement incendiée et mise à sac plusieurs fois. Après la victoire de la république des Deux Nations à la bataille de Grunwald et la conclusion de la paix de Toruń en 1411, le pouvoir de l'Ordre va s'affaiblir et sous le poids de contributions les États se regroupent en une Ligue de Prusse. En 1422, la paix du lac de Melno fixa la frontière entre la « Petite Lituanie » au sein des territoires prussiens de l'État teutonique et la Samogitie intégrée au grand-duché de Lituanie – un accord qui était en vigueur jusqu'au XXe siècle. Dans cet acte, le nom balte de Cleupeda est mentionné pour la première fois.

Gouvernement prussien

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En 1525, la ville adhère à la Réforme protestante et au duché de Prusse qui prend la suite de l'Ordre teutonique dissous sous l'ancien grand maître Albert de Hohenzollern. Les siècles suivants constituent pour la ville une période de prospérité, interrompue par l'occupation suédoise à la suite du traité d'Altmark signé en 1629 et par la guerre de Scanie entre 1675 et 1679. Depuis l'arrivée au gouvernement de l'électeur Georges-Guillaume Ier en 1619, Memel faisait partie de l'union personnelle de Brandebourg-Prusse. Cette union devient réelle en 1701, lorsque l'électeur Frédéric III est couronné premier roi en Prusse à Königsberg. Memel continue de faire partie du royaume de Prusse, hormis quelques années d'occupation par la Russie, notamment la prise de la ville en 1757 par le général Fermor[6], pendant la guerre de Sept Ans.

Après l'occupation russe, l'économie de Memel s'est redressée ; elle se basait en particulier sur l'industrie du bois utilisé pour la construction navale. Pendant la guerre de la quatrième coalition, en , le roi Frédéric-Guillaume III a dû fuir Berlin et transféra sa résidence à la mairie de Memel jusqu'en . De 1818 à 1920, Memel est le chef-lieu de l'arrondissement de Memel. Avec la province de Prusse, la ville a été intégrée à l'Empire allemand en 1871.

Le Territoire de Memel

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Memel, billet de 20 mark émis en 1922
 
Carte de la région en 1939

L'article 99 du traité de Versailles prévoyait que la ville, de population allemande et à 95 % luthérienne, mais ayant un débouché sur la mer et convoitée par la nouvelle Lituanie, devienne un territoire autonome, sous protectorat français, alors que la Lituanie entrait dans la mouvance économique libérale.

Le , un administrateur délégué français, le général Dominique Odry (de) (1865-1962) reçoit les pouvoirs du commissaire allemand, le comte Lambsdorff, et le 21e bataillon de chasseurs à pied s'installe afin d’assurer le maintien de l’ordre. L’état-major et la majeure partie du bataillon s’installent à Memel.

Le , l'armée française abandonne la ville devant une attaque de l'armée lituanienne (Révolte de Klaipėda), appelée à la rescousse par des milices lituaniennes de Memel qui craignaient l'évolution du territoire vers un État libre comme à Dantzig. L'Allemagne soutient tacitement l'action[7]. Memel est alors annexée à la Lituanie, avec l'aval résigné de la Conférence des ambassadeurs, le .

Le , les premières élections dans le territoire autonome voient la victoire des partis autonomistes germanophiles qui décrochent vingt-quatre des vingt-neuf sièges. Des élections se tiennent par la suite à Memel, notamment en 1932 et 1935, avec à peu près le même résultat à chaque scrutin. Les communistes allemands proches du KPD obtiennent 3 sièges en 1932, et les sociaux-démocrates 2 sièges en 1932.

Le , la liste unique allemande, pro-nazie, obtient 87,2 % des voix aux élections territoriales.

 
Ruines du centre-ville, lors de la Seconde Guerre mondiale, en janvier 1945

Le , la ville est annexée par le Troisième Reich : après un ultimatum allemand, le gouvernement lituanien est alors forcé de signer un traité restituant Memel à l'Allemagne.

Prise en 1945 par l'Armée rouge après la bataille de Memel, les habitants qui n'ont pas fui la ville (une cinquantaine) sont massacrés. La ville est intégrée plus tard à la république socialiste soviétique de Lituanie sous le nom de Klaipėda. Un récit détaillé des combats dans la ville forme un chapitre entier du livre autobiographique Le Soldat oublié de Guy Sajer.

Démographie

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Port de Klaipėda.
 
Immeubles modernes de Klaipėda.

La population du territoire de Memel est de 136 366 habitants en 1925, dont 59 337 Allemands, 38 404 Memelliens germanophones et 37 625 Lituaniens. En 1934, le territoire comporte 149 273 habitants, dont 34 253 pour la ville de Memel.

Lors de l'annexion par l'Allemagne nazie en 1939, 12 000 Lituaniens et 9 000 Juifs se réfugient en Lituanie.

Depuis l'indépendance de 1991, la population de la ville évolue beaucoup : 202 900 en 1989, 207 100 en 1992, 194 400 en 2002, 157 350 en 2014.

Jumelages

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La ville de Klaipėda est jumelée avec[8] :

Célébrités locales

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Notes et références

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  1. L'orthographe du nom de la ville en lituanien est Klaipėda, avec un point suscrit sur le e. Le lituanien utilise en effet des signes diacritiques rares.
  2. Ruth Leiserowitz, « Vasilijus Safronovas, Klaipėdos miesto istorija, Klaipėda Mažosios Lietuvos istorijos muziejus, 2021. 304 p. (ISBN 978-609-9603-21-6) », Lithuanian Historical Studies, vol. 26, no 1,‎ , p. 161–163 (ISSN 1392-2343 et 2538-6565, DOI 10.30965/25386565-02601007, lire en ligne, consulté le )
  3. Aurelija Zonienė et Dovilė Šoblinskaitė, « KLAIPĖDOS MIESTO IR RAJONO FIZINIŲ ASMENŲ SKOLINIMOSI ĮPROČIŲ TYRIMAS », STUDIJOS – VERSLAS – VISUOMENĖ: DABARTIS IR ATEITIES ĮŽVALGOS, no VII,‎ , p. 272–279 (ISSN 2538-7960 et 2538-7928, DOI 10.52320/svv.v1ivii.255, lire en ligne, consulté le )
  4. (lt) Gitana Kazimieraitienė., « Legendos pasakoja », Lietuvos geografiniai objektai.,‎ , p. 34
  5. Gilles Dutertre, Les Français dans l'histoire de la Lituanie : 1009-2009, L'Harmattan, , 236 p. (ISBN 978-2-296-07852-9 et 2-296-07852-4, lire en ligne), p. 136
  6. D'après Franz A.J. Szabo, The Seven Years War in Europe, 1756-1763, Ed. Pearson, , p. 82
  7. « V. Kazukauskas. Visa lietuviu tauta atsieme Klaipeda », sur web.archive.org, (consulté le )
  8. Relations internationales de Klaipėda

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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