Métiers du Moyen Âge
Les métiers du Moyen Âge nous sont connus par quelques textes, dont le Livre des métiers d'Étienne Boileau, et des ordonnances royales.
Les métiers sont généralement organisés en corporations, avec un saint patron propre à chacune. Les corporations se composent de maîtres et de compagnons.
À Paris, en 1292, 130 métiers sont répertoriés et organisés.
À partir du bas Moyen Âge, sont nommés vils métiers diverses professions, légales et utiles à la société, mais pourtant par celle-ci méprisées et jugées inférieures, étant considérées (et aussi pour des raisons religieuses) comme vulgaires ou sales. Par exemple, celles liées au corps ou à la mort. Les personnes qui les exercent, ainsi que leurs proches et leurs descendants, font l'objet de ce simple fait de discriminations statutaires, sociales et économiques souvent importantes, tel une mise à l'écart vers un quartier ou autre lieu distinct ou l'impossibilité de fonder une famille en dehors de son milieu. L'exemple le plus évident est le bourreau, mais aussi toute autre profession en rapport avec le sang (boucher, équarisseur, chirurgien…) ou la mort (fossoyeur…)[1].
Professions
modifierLe paysan
modifierOn distingue deux sortes de paysans au Moyen Âge : les paysans propriétaire(alleutier) ou non propriétaire (libre ou serf) de leurs terres.
Les paysans non propriétaires se décomposent en deux catégories: les serfs appartiennent au seigneur qui a tous les droits sur eux, lorsqu’un seigneur vend une partie de ses terres, les serfs sont vendus avec. Et les paysans libres appelés vilains, par contre ne sont pas rattachés à la terre mais doivent travailler, payer des impôts au seigneur et effectuer des corvées dans la réserve.
Les paysans propriétaires: un alleutier pouvait être soit le détenteur d'une terre noble affranchie de toute suzeraineté autre que celle du roi, soit un paysan affranchi ne relevant d'aucun seigneur sauf le roi, et possédait une terre nommée alleu ou franc-alleu[2].
Les paysans ne sont pas très riches, ils vivent dans des maisons en torchis(mélange de terre et de paille) ou en pierre; le plus souvent couvertes de chaume (paille). Ils n’ont souvent qu’une seule pièce, mal éclairée par de petites fenêtres sans vitres et fermées par des volets. Le sol est en terre battue, le mobilier est simple : lit garni d’une paillasse, quelques meubles.
L'activité de paysan est très difficile, leurs travaux sont effectués du lever du soleil jusqu’au coucher. Ils doivent faire de nombreux travaux et corvées pour leur seigneur. Leur vie est rythmée en fonction des saisons et des mois. Il y a le mois de la taille des vignes, du labour, du fauchage de l'herbe, des semailles, des vendanges… Pour travailler la terre, ils utilisaient l'araire : charrue de bois dépourvue de roues. Ensuite est arrivée la charrue, elle comporte 3 outils : le coutre (couteau qui coupe la terre), le soc (coupe horizontalement en profondeur) et le versoir (retourne la terre coupée sur le côté).
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Culture de la vigne et fabrication du vin, enluminures d'un psautier, vers 1180.
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Récolte du chou (Tacuinum sanitatis, XVe siècle).
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Préparation du fromage, Tacuinum sanitatis.
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Récolte du raisin blanc pour faire du verjus (Tacuinum sanitatis, 1474).
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Été, Tacuinum sanitatis.
Le vigneron
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Cathédrale de Chartres, vitrail de la Vierge : deux vignerons taillent les vignes.
Le meunier
modifierUn meunier est une personne qui moud le blé à l’aide de moulin soit à eau, soit à vent pour en faire de la farine. Les graines sont écrasées entre les meules en pierre.
Parce qu’il produisait la farine, le meunier était un personnage important, le pain étant la principale alimentation du Moyen Âge. Sans lui plusieurs autres métiers n’existeraient pas comme le boulanger ou le marchand.
Les paysans qui apportent leur grain à moudre doivent payer une redevance souvent en nature destinée au seigneur, dont profite aussi le meunier (appelé bonnet) qui à mauvaise réputation en raison de sa rapacité, ( nombre de quolibets et chansons conservés par la tradition folklorique attestent ce fait )[3].
Le meunier vit assez pauvrement, le travail est très rude. Même sous le soleil tapant, la neige, la pluie ou la grêle.[réf. nécessaire]
Au Moyen Âge, les moulins appartiennent au seigneur. Le meunier touche un salaire : « la mouture ». Il travaille souvent avec un apprenti et quelquefois avec un « chasse-pochée », qui va chercher le grain dans les fermes et livrer la mouture.
À partir du XIVe siècle, pour éviter au meunier de prendre trop d’importance, le métier de boulanger lui est interdit.
Le boulanger
modifierUn boulanger est une personne qui fabrique du pain. Le pain est la base de l'alimentation et chacun en consomme à peu près un kilogramme par jour.
Au départ, les boulangers devaient cuire leur pain au « four banal ». Le mot banal vient de l’impôt instauré par le seigneur : la taxe de banalité.
À la fin du XIIe siècle, ils ont eu l’autorisation de construire leur propre four.
L’arrivée des moulins a facilité le travail du boulanger, l’eau pouvait arriver directement au lieu de fabrication.
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Boulangerie, Tacuinum sanitatis, XIVe siècle.
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Un boulanger avec son mitron ; les miches rondes de l'illustration étaient les plus courantes.
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Un boulanger, pris en train de tromper un client, est attaché à un traîneau et tiré dans les rues avec son pain accroché autour du cou.
Le boucher
modifierLes bouchers ont été parmi les premiers capitalistes du commerce. Ils appartenaient à une caste spéciale de la bourgeoisie, distincte selon certains, mais parmi les plus prospères avec les drapiers et les avocats. Certains d'entre eux possédaient d'immenses richesses sous forme de divers biens, comme le montrent les inventaires notariés. Le représentant le plus notable de cette bourgeoisie bouchère était Etienne Marcel, qui dirigeait un véritable conglomérat d'entreprises (viande, orfèvrerie, banque). Les bouchers investissaient considérablement dans l'achat puis la découpe des animaux pour la vente. En comparaison, les autres professionnels de l'alimentation étaient plus des artisans ou des petits commerçants.
Les bouchers n'ont obtenu leur première charte qu'en 1134, mais leur métier est l'un des plus anciens dans le domaine de l'alimentation. Ils formaient une société relativement fermée et étaient parfois craints en raison de leur nature belliqueuse, qui les poussait rapidement à la révolte. Leur rôle a été significatif dans l'histoire des conflits civils en France, notamment pendant la guerre de Cent Ans et les violents affrontements entre le parti du duc d'Orléans et celui du duc de Bourgogne[4].
Le boucher s'occupait de tuer les cochons, vaches et moutons des paysans et nobles. Soit il se faisait payer, soit il gardait une partie de la viande.
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Boucher, Tacuinum sanitatis.
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Boucher, Tacuinum sanitatis Casanatensis (XIVe siècle).
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Boucher, Tacuinum sanitatis.
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1436.
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1465.
Le pêcheur
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Produits de la pêche, Tacuinum sanitatis.
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Vers 1425.
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Vers 1426.
Le marchand de vin
modifierLe cuisinier
modifierMarchands
modifierLes marchands ont été un élément essentiel de l'économie depuis que les gens ont souhaité échanger diverses marchandises. Suite la chute de l'Empire romain la plupart de la population était composée de paysans travaillant les terres des nobles. Les marchands étaient une classe sociale relativement restreinte, néanmoins ils avaient plus de pouvoir que les paysans.
Au Moyen Âge, le commerce a connu un développement spectaculaire, permettant aux marchands d'obtenir richesse et statut social. Les villes marchandes ont prospéré au XIIe siècle, avec les marchands apportant des produits locaux pour les vendre sur les marchés urbains.
Au XIIIe siècle, les marchands sont devenus plus stables et sédentaires, étendant leurs activités pour inclure le financement et le transport des marchandises. Les XIIIe et XIVe siècles ont vu la montée du commerce de détail et le déclin du féodalisme, propulsant ainsi la classe des marchands vers un statut social plus élevé. Les foires médiévales sont devenues des lieux populaires de vente de marchandises.
Au XVIe siècle en Europe, deux catégories de marchands ont apparu : les marchands locaux et ceux travaillant avec des partenaires extérieurs à la région, étant dans des activités telles que l'importation/exportation, le crédit et la finance[5].
Métaux
modifierLe forgeron
modifierLe forgeron travaille le fer. Il chauffe son métal (bronze, cuivre ou argent) dans un brasier de charbon, puis à l’aide d'un marteau et d’une enclume il forme des objets.
Il y avait plusieurs spécialités de forgerons :
- le serrurier
- le faiseur de cercles (fabrication des cercles pour les tonneaux) ;
- le faiseur de charrue (fabrication des cerclages des roues de charrettes) ;
- le chaudronnier (fabrication des outils des champs) ;
- le taillandier (il travaille en finesse des objets tranchants).
- le forgeron
Le forgeron était souvent au centre des villages, alors que la plupart des autres métiers se trouvaient à l'extérieur[réf. souhaitée]. Il était rare que la forge appartienne au forgeron ; elle appartenait au seigneur qui en récupérait le bénéfice.
Étoffes et habillement
modifierLe tisserand
modifierLe tisserand est un artisan qui fabrique des tissus. Il utilise pour cela un métier à tisser ou parfois des aiguilles. Ses matières premières sont le coton, la laine, le lin, le chanvre et la soie. Une fois que le fil est créé, il passe au foulage : il se fait tremper, piétiner dans l’eau pour améliorer sa qualité puis étirer, sécher et enfin, on le tend. Certains tisserands préfèrent travailler chez eux, d’autres en ville ou encore dans certains châteaux. Ils créent dans leurs ateliers de vêtements, des tapisseries et des draps. Beaucoup de tailleurs et de rois achètent leurs produits. Les tissus sont ensuite teintés chez un teinturier. Un tisserand doit commencer son travail après le lever du soleil sous peine d’une amende, il devait aussi payer des taxes.
Le drapier
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Cathédrale de Chartres, vitrail de l'Histoire de saint Jacques le Majeur : Drapiers.
Le tailleur
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Vêtements en laine, Tacuinum sanitatis.
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Vêtements de soie, Tacuinum sanitatis.
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Vers 1425.
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1489.
Le chausseur
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Cathédrale de Chartres, vitrail : chausseuse de pierre.
Bâtiments
modifierL'appareilleur
modifierLe maçon
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Maçons, vers 1343-1348.
Le Mortellier
modifierChargés de la confection des ciments et des mortiers, mais également tailleurs de pierre (fabricants de mortiers ou de vases bien polis).
Le tailleur de pierre
modifierLe charpentier
modifierLe travail de charpentier consiste à construire toutes sortes de choses en bois. Le bûcheron fournit le bois aux charpentiers. Le bois sert également à construire des toits, à les rénover ou faire de petites retouches. Le charpentier est un peu comme un menuisier. Les maîtres charpentiers du roi devaient, pour être admis, avoir travaillé quelque temps dans les ports et faire un chef-d’œuvre, qui consistait à la construction d’un gouvernail ou d’un cabestan (appareil autour duquel on enroule un câble pour tirer de lourdes charges).
Les principaux outils employés par le charpentier sont : les scies, la hache, les terrières et le vilebrequin qui sont certainement les premiers outils que possédait le charpentier. Pour percer des trous profonds, il employait de grandes mèches bien aiguisées.
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Vitrail de la Cathédrale de Chartres : charpentier.
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Charron et tonnelier, deux métiers d'origine gauloise ou celte, sur le vitrail de la cathédrale de Chartres.
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Tonnelier, vers 1425.
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Tonnelier, vers 1425.
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Couvreur, vers 1425.
Le menuisier
modifierLe verrier
modifierCuirs et peaux
modifierPelletiers et fourreurs
modifierOrfèvrerie, joaillerie, sculpture
modifierL'orfèvre
modifierDivers
modifierLe potier
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Cathédrale de Chartres, vitrail : potier.
La nourrice
modifierLe chandelier
modifierFabricant et marchand de chandelles.
Enseignement et métiers intellectuels
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Scène de Justice, miniature au début du Style du droit français de Jean Masuyer, vers 1483-1485.
Métiers du livre
modifierDès le XIIIe siècle des artisans du livre trouvent leur place dans la ville de Paris. Il s'agit d'écrivains, de parcheminiers, d'enlumineurs, de relieurs et de libraires. Au XIVe siècle, ils sont liés à l'université de Paris, qui les a placés sous son contrôle en 1307 ; libraires, stationnaires et parcheminiers connaissent une influence forte sur leur métier de la part de l'université, influence moins forte pour les enlumineurs et relieurs. Cependant, ces deux siècles connaissent également un mouvement de laïcisation de ces métiers. Une organisation professionnelle se dessine entre eux et entre les artisans. La première association des membres des métiers du livre que nous connaissions date de 1401 ; elle est faite sous la forme de la confrérie de Saint-Jean-l’Évangéliste[6]. Certains liens familiaux existent entre les artisans : maris et femmes, pères et fils ou filles, frères ; et bien souvent les veuves reprennent le métier de leur mari. Certains artisans ont pratiqué plusieurs de ces métiers, d'autres étant spécialisés[6].
Sciences
modifierLa sage-femme
modifierLe médecin, le chirurgien et l'apothicaire
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Soins chirurgicaux selon un manuscrit anglais du XIe siècle : à gauche, patient atteint de goutte aux pieds que l'on incise et cautérise, à droite en haut patient atteint de hernie inguinale, à droite en bas opération des hémorroïdes.
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Miniature représentant le médecin Perse Rhazès, dans le Recueil des traités de médecine de Gérard de Crémone, vers 1250-1260.
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Soin d'une fracture, Codex Manesse, entre 1305 et 1315.
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Un dentiste médiéval portant un collier sertis de dents. Londres, 1360-75.
L'apothicaire
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Médecines, Tacuinum sanitatis.
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Apothicaire, Tacuinum sanitatis.
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Timbre allemand du XXe siècle contenant une représentation médiévale : apothicaire avec sa camisole et sa toque, se servant de sa balance (1492).
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Apothicaire (France, XVe siècle).
Notes et références
modifier- https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/025613/2013-01-25
- « ALLEUTIER : Définition de ALLEUTIER », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
- Sophie Cassagnes-Brouquet, « Les femmes dans les ateliers d’artistes en Europe du Nord au Moyen Âge », Histoire de l'art, vol. 63, no 1, , p. 5–12 (ISSN 0992-2059, DOI 10.3406/hista.2008.3237, lire en ligne, consulté le )
- Maguelonne Toussaint-Samat, « Les bouchers au Moyen-Âge. » (consulté le )
- (en-US) « Commerce en méditerranée au moyen âge : Les secrets du passé », sur StudySmarter FR (consulté le )
- Fianu Kouky, « Familles et solidarités dans les métiers du livre parisiens au XIVe siècle », Médiévales, , p. 83-90 (lire en ligne)
Annexes
modifierSources
modifier- Étienne Boileau, Le livre des métiers, éd. René de Lespinasse et François Bonnardot, Paris, Imprimerie nationale, 1879, 420 p. [1]