Magistrat de la ville de Strasbourg

administration municipale de Strasbourg entre 1262 et 1681

Le Magistrat de la ville de Strasbourg[1] désigne l'ensemble des membres de l’administration à la tête l'ancienne ville impériale libre de Strasbourg au Moyen Âge et à l'époque moderne, et ne doit pas être confondu avec l'actuelle fonction de magistrat.

Cette instance politique exerçait à partir du XIIIe siècle le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire sans distinction. Plusieurs autorités et assemblées ont composés le Magistrat, notamment le conseil des Treize, des Quinze et des Vingt-et-un. Cet ensemble a gouverné Strasbourg, alors cité-État du Saint-Empire romain germanique, jusqu'à la capitulation de la ville face aux armées de Louis XIV et à son annexion par la France en . Il assure ensuite le rôle d'administration municipale jusqu'à sa dissolution le lors de la Révolution française[2].

Le Magistrat était également appelé « Régime permanent » ou « Régence perpétuelle » (en allemand : das bestændige Regiment)[3].

Composition

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Armorial des Stettmeister et Ammeister de Strasbourg réalisé par Sebald Buheler et ses continuateurs
(Musée historique de Strasbourg)

La Constitution de la ville de Strasbourg (en allemand : Schwörbrief, « charte de serment »)[4] a changé plusieurs fois tout au long du Moyen Âge, à cause notamment des conflits entre le patriciat et les corporations de la ville[5]. Une stabilisation des institutions s’effectue par la dernière charte de [6]. Quand le Magistrat promulgue une ordonnance, celle-ci commence par les mots : « Nous, les maîtres, le Conseil et les Vingt-et-un ». Les maîtres, à la tête de la cité, c’est d’abord l’Ammeister, membre d’une des vingt corporations de type professionnel ou politique. Il exerce sa charge pendant un an et ne peut être réélu que cinq ans plus tard[7]. À côté de lui il y a le Stettmeister, obligatoirement patricien, dont les fonctions, surtout honorifiques, s’exercent pendant un trimestre[8].

Le Conseil des XIII ou Treize, composé de trente membres, est l’assemblée souveraine de la ville. Dix de ses trente membres sont des patriciens élus par le Conseil et vingt autres membres sont désignés par chacune des vingt corporations. Le Conseil est renouvelé chaque année pour moitié ; aucun de ses membres n’est immédiatement rééligible.

Depuis le XVe siècle, deux commissions, dont les membres sont cooptés à vie, exercent en fait l’essentiel du pouvoir. Les Treize s’occupent des affaires militaires et de la politique extérieure de la ville, le Conseil des XV, ou Quinze, des affaires internes de la ville. Quand les deux commissions étaient réunies, obligatoirement en présence du Conseil, elles formaient ce qu’on appelait le Conseil des XXI ou Vingt-et-un, même si leur nombre s’élevait à 28 ou 31. Ces corps se réunissaient deux fois par semaine chacun de son côté, et à raison de trois séances par semaine avec les membres du Conseil. À côté de ces instances fonctionnent des tribunaux et des commissions, spécialisées par exemple pour les écoles ou, à partir de la Réforme protestante, comme curateurs des paroisses. Un ou plusieurs conseillers en faisaient obligatoirement partie. Ainsi une cinquantaine de personnes formaient le Magistrat et gouvernait Strasbourg[9].

Les pouvoirs de justice et d’administration du Magistrat ont été maintenus quasiment jusqu'à la Révolution française. Mais, après le rattachement de la ville à la France en , deux fonctions essentielles exercées par les Treize et les Quinze disparaissent : celles concernant le militaire, la défense et la politique étrangère. Celles-ci relèvent désormais de la monarchie française et du Conseil du roi à Versailles.

Notes et références

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  1. Le terme « Magistrat » est également utilisé dans d'autres villes au Moyen Âge comme à Bruxelles et Lille.
  2. Bély 2010, p. 1178
  3. Muller 1862, p. 1)
  4. Richard et Tock 2011, p. 109
  5. Keller 2017, p. 72-73
  6. Rott 1974, p. 103
  7. Himly 1972, p. 65
  8. Himly 1972, p. 112
  9. Rott 1974, p. 104

Annexes

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Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Lucien Bély (dir.), Dictionnaire de l'Ancien Régime : royaume de France XVIe et XVIIIe siècles, Paris, Presses universitaires de France, , XV-1384 p. (ISBN 978-2-1305-8422-3).  
  • Valérie Feuerstoss, Nourrir, chauffer, éclairer les habitants de Strasbourg au XVIIIe siècle : les autorités et l’approvisionnement (1681-1788), Université de Strasbourg, 2015, 829 p. [lire en ligne]
  • Jacques Hatt, Une ville du XVe siècle, Strasbourg, Collection historique de la vie en Alsace, Strasbourg, 1929, 509 p.  
  • Jacques Hatt, Liste des membres du Grand Sénat de Strasbourg, du XIIIe siècle à 1789 : des stettmeistres, des ammeistres, des conseils des XXI, XIII et des XV, Mairie de la ville de Strasbourg, 1963, 677 p.
  • François-Jacques Himly, Chronologie de la Basse Alsace : Ier-XXe siècle, Strasbourg, Archives départementales du Bas-Rhin, , 350 p.  
  • Daniel Keller, Le sceau, empreinte de l'Histoire : sigillographes et sigillographie en Alsace, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, , 142 p. (ISBN 978-2-8575-9052-1).  
  • Marc Lienhard, Magistrat und Reformation in Strassburg, Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, 1984, 42 p.
  • Georges Livet et Francis Rapp (dir.), Strasbourg au cœur religieux du XVIe siècle : actes du Colloque international de Strasbourg, 25-, Istra, Strasbourg, 1977, 614 p.  
  • Georges Livet et Francis Rapp (dir.), Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, t. II : Strasbourg des grandes invasions au XVIe siècle et t. III : Strasbourg, de la guerre de Trente Ans à Napoléon : 1618-1815, Dernières nouvelles de Strasbourg, Strasbourg, 1981.  
  • Eugène Muller, Le magistrat de la ville de Strasbourg, les stettmeisters et ammeisters de 1674 à 1790, les préteurs royaux de 1685 à 1790 et notices généalogiques des familles de l'ancienne noblesse d'Alsace depuis la fin du XVIIe siècle, Strasbourg, chez Salomon, libraire-éditeur, , 270 p. (lire en ligne).  
  • Olivier Richard et Benoît-Michel Tock, « Des chartes ornées urbaines : les Schwörbriefe de Strasbourg (XIVe – XVe siècles) », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 169,‎ , p. 109-128 (ISSN 0373-6237, lire en ligne).  
  • Jean Rott, « Magistrat et Réforme à Strasbourg : les dirigeants municipaux de 1521 à 1525 », Revue d'histoire et de philosophie religieuses, vol. 54, no 1,‎ , p. 103–114 (DOI 10.3406/rhpr.1974.4185, lire en ligne, consulté le ).  

Articles connexes

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Liens externes

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