Mangeoire d'oiseaux

type d'équipement

Une mangeoire à oiseaux est un dispositif installé à l'extérieur et qui contient de la nourriture destinée aux oiseaux sauvages. À l'origine, l'intention de cette activité était de suppléer le manque de nourriture pendant la saison hivernale. Les mangeoires procurent aux oiseaux une autre source de nourriture à une période où la neige et le froid rendent plus difficile l'accès aux aliments naturellement accessibles. Nourrir les oiseaux sauvages à l'aide de mangeoires est une activité répandue dans beaucoup de pays d'occident.

Le Cardinal rouge est une espèce d'Amérique du Nord fréquemment rencontrée aux mangeoires.

Types d'aliments

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Mélange de grains offert aux oiseaux.

Environ une douzaine de types de grains sont proposés pour nourrir les oiseaux. Chaque espèce d'oiseau a ses exigences pour le type de nourriture. Il faut tenir compte des espèces susceptibles de se présenter en fonction de la région où l'on se trouve pour offrir la nourriture qu'elles préfèrent. On peut ainsi offrir le type de nourriture en fonction des espèces que l'on désire observer.

Il est préférable de disposer les mangeoires de sorte qu'elles soient inaccessibles aux écureuils, surtout lorsqu'il s'agit de graines de tournesol, de noix ou d'arachides, car ils en sont friands et peuvent rapidement vider une mangeoire. Le pain est un des aliments les plus communément offerts[1], [2], [3], mais il n'est pas certain qu'un tel produit raffiné soit approprié pour la santé des oiseaux même si ceux-ci en mangent volontiers.

Liste de quelques espèces d'oiseaux nord-américains avec leurs préférences pour les types de graines.[4]
+++ : premier choix, ++ : choix secondaire, + : choix occasionnel
Noix et
arachides
Tournesol Millet
blanc
Alpiste Chardon Colza Citrouille Maïs Blé Avoine Orge Sorgho Sarrasin
Alouette hausse-col ++ +++ ++ ++ ++ ++ ++
Becs-croisés ++ +++
Bruants ++ ++ +++ +++ ++ +++ +++ ++ ++ ++ + + ++
Cardinal rouge +++ +++ +++ ++ +++ +++ ++ ++ ++ + ++
Cardinal à poitrine rose +++ +++ + + +++ + +
Carouge à épaulettes ++ ++ +++ +++ +++ +++ + ++
Chardonneret jaune +++ ++ ++ +++ +++ ++ ++
Dickcissel d'Amérique + ++ +++ +++ +++ +
Durbec des pins +++ +
Étourneau sansonnet + +++ ++ ++ ++ +
Geai bleu +++ +++ + +++ +++ ++ +
Gros-bec errant + +++ + + + + +++ + +
Gélinotte huppée + ++ + +++ +++ +++ +++ +++
Junco ardoisé ++ ++ +++ +++ + +++ +++ ++ ++ ++ +
Mésange à tête noire +++ +++ + + +++ +
Mésange à tête brune +++ +++ +++
Mésange bicolore +++ +++ + + +
Moineau domestique + ++ +++ ++ + +++ +++ +++ +
Moqueur roux ++ ++ + +++ ++ ++
Perdrix grise +++ +++ +++ +++ +++ + ++
Pic à ventre roux ++ ++ + ++
Pic chevelu ++ ++ ++
Pic mineur ++ ++ +
Paruline à croupion jaune ++ +++ +++ +++ +++ +++ ++ +++
Quiscale bronzé ++ +++ +++ +++ + ++
Quiscale rouilleux ++ + ++ +++ +++ +++ +++ +
Roselin familier ++ +++ +++ +++ +++ ++ +++
Roselin pourpré ++ +++ +++ +++ +++ ++ +++ ++ ++
Sittelle à poitrine blanche +++ +++ +++ ++ +
Sittelle à poitrine rousse + +++ +++
Sizerins ++ ++ +++ +++ +++ ++ ++ ++ ++
Sturnelle des prés ++ ++ +++ +++ +++ +++ +
Tarin des pins +++ ++ ++ +++ +++ ++ ++ ++
Tohi à flancs roux ++ ++ +++ +++ ++ +++ ++ ++ ++ + ++
Tourterelle triste + + +++ +++ ++ +++ ++ +++ +++ +++ +++ ++ +++
Troglodyte de Caroline +++ ++ +++
Vacher à tête brune + ++ +++ ++ +++ +++ +++ +++ +++ ++ +++

Types de mangeoires

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N'importe quelle surface plane et dégagée peut servir de mangeoire si on y dépose de la nourriture. Toutefois, pour assurer une réserve de nourriture saine pour un certain temps, il est préférable de la mettre à l'abri du vent et de l'humidité à l'aide d'un dispositif approprié. Les types de mangeoires sont variés et sont conçus en fonction de la nourriture à offrir. Un concept répandu pour offrir les graines est un contenant, de taille et de forme très variables, muni d'une ouverture au bas qui permet l'écoulement par gravitation de la nourriture à mesure que les oiseaux mangent. Une variante de ce système est le tube muni de plusieurs perchoirs avec autant d'orifices qui permettent l'accès à la nourriture. Le mangeoire en forme de tube muni de très petites ouvertures est appropriée pour le Chardon, car cette graine est chère et on évite ainsi le gaspillage.

En Amérique, là où on retrouve des colibris, il est possible d'installer des mangeoires qui contiennent un liquide sucré qui imite le nectar des fleurs dont ces espèces se nourrissent.

Le gras – suif ou saindoux – peut être offert dans une cage en métal, un filet ou dans les trous d'une bûche ou d'un morceau de bois. Le gras peut-être disposé pur ou en y intégrant des graines. Le gras est particulièrement apprécié des pics, des sittelles et des mésanges. Certaines observations montrent que les oiseaux peuvent être pris au piège dans les filets contenant les boules de graisse[5].


Impacts

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Mangeoire chinoise en porcelaine datant de la dynastie Ming Xuande (1425–1435).

L'habitude de nourrir les animaux sauvages remonte probablement à des millénaires[6]. Toutefois, ce n'est qu'au cours des dernières décennies que le phénomène a pris l'ampleur que nous connaissons aujourd'hui[7],[8].

Aux États-Unis, on estime qu'entre 43 % et 50 % des ménages nourrissent les oiseaux. Au Royaume-Uni, cette estimation varie entre 34 % et 75 % et en Australie elle varie entre 38 % et 57 %. Des données du US Dept. Interior, Fish and Wildife Service de 1998 et 2002 révèlent qu'au-delà de 450 millions de kg de grains pour les oiseaux sont vendus annuellement pour une somme de 3,5 milliards de dollars aux États-Unis. On estime qu'il se dépense 440 et 220 millions de dollars US annuellement au Royaume-Uni et en Europe continentale respectivement pour la nourriture pour oiseaux sauvages[9].

 
Passants nourrissant les pigeons à Trafalgar Square à Londres. Cette pratique est maintenant interdite et les pigeons ont abandonné la place.

Nourrir les oiseaux est traditionnellement une activité hivernale[10] dans les pays de l'hémisphère nord pour compenser la rareté de la nourriture pendant cette période[11], [12]. Bien que ce soit toujours le cas dans plusieurs régions d'Amérique du Nord et du Royaume-Uni, on observe une tendance croissante à nourrir les oiseaux à longueur d'année[13].

 
Vieille femme nourrissant les pigeons en Pologne

L'impact de l'apport artificiel de nourriture par les mangeoires sur l'écologie des oiseaux sauvages est encore peu documenté[9]. On a plusieurs fois démontré toutefois que dans d'autres contextes[Lesquels ?], un apport supplémentaire de nourriture peut affecter de diverses façons la survie, le taux de reproduction, la période de reproduction, le taux de prédation ou le comportement des animaux sauvages incluant les oiseaux[14], [15], [16], [17], [18]. Il est raisonnable de supposer que les millions de kg de nourriture offerts annuellement dans les mangeoires aux États-Unis et en Europe aient un impact sur les populations d'oiseaux[9]. Selon l'ornithologue Grégoire Loïs, le nourrissage des oiseaux en hiver n'est favorable que pour la conservation « d'un petit cortège d’espèces et ne change que peu leur probabilité de survivre à l'hiver, à moins qu'il ne soit exceptionnellement rigoureux. Rappelons que les oiseaux vivent sur notre planète depuis des millions d'années ». Pour Loïs, ce nourrissage est une démarche anthropocentrique qui « nous permet de contempler la vie sauvage, de créer du lien avec la nature et de générer de l'empathie envers ces animaux[19] ».

La pratique du nourrissage peut aussi être préjudiciable. Aux États-Unis et en Australie, les mangeoires pourraient favoriser les espèces introduites comme l'Étourneau sansonnet et le Moineau domestique au détriment des espèces indigènes. Les mangeoires pourraient aussi favoriser les espèces plus agressives au détriment d'autres espèces plus petites et moins compétitives[9]. En Australie, par exemple, on a établi un lien entre l'abondance du Grand Réveilleur aux mangeoires et le déclin d'autres espèces incapables de rivaliser avec le premier[20].

Les mangeoires peuvent contribuer à la diffusion de maladies chez les oiseaux (trichomonose, Scaly foot (en), variole aviaire, salmonellose…)[21] en créant des rassemblements qui favorisent la transmission des maladies par la proximité des individus[22]. Le nettoyage régulier des mangeoires peut éviter la propagation de maladies. Les autres impacts négatifs potentiels sont : la dépendance des oiseaux aux mangeoires (piège écologique), la perte de l'habilité à trouver la nourriture dans des conditions naturelles, l'impact d'une nourriture artificielle et peut-être nutritionnellement incomplète, une modification des mouvements migratoires pour s'adapter à une source artificielle de nourriture et une augmentation de l'agressivité entre les oiseaux près des sources de nourriture[1],[9].

Face à l'incertitude sur les effets réels de cet apport massif de nourriture sur les populations d'oiseaux, les positions varient quant à l'attitude à adopter à ce sujet. Plusieurs agences gouvernementales australiennes, par exemple, découragent fortement la population de se prêter à ce loisir. Dans les pays de l'hémisphère nord – aux États-Unis et en Angleterre, entre autres – on considère cette activité comme un moyen de conservation à encourager[9].

Notes et références

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  1. a et b (en) Orams, Mark B., « Feeding wildlife as a tourism attraction: a review of issues and impacts », Tourism Management, Elsevier Science, vol. 23, no 3,‎ , p. 281–293 (ISSN 0261-5177)
  2. (en) Rollinson D.J, O'Leary R. & Jones D.N., « The Practice of Wildlife Feeding in Suburban Brisbane », Corella, Australasian ornithological research, vol. 27,‎ , p. 52-58
  3. (en) Chace, Jameson F., John J. Walsh, « Urban effects on native avifauna: a review », Landscape and Urban Planning, Elsevier, vol. 74, no 1,‎ , p. 46–69 (ISSN 0169-2046)
  4. « La nourriture pour les oiseaux » (consulté le )
  5. « Boules de graisse pour oiseaux des jardins : retirez les filets », sur Ornithomedia.com, (consulté le )
  6. (en) Kellert, Stephen R., Kinship to mastery : biophilia in human evolution and development, Washington, D.C., Island Press, , 256 p. (ISBN 1-55963-372-7, OCLC 36130632)
  7. (en) Peterson, Roger Tory, Noble S Proctor, Virginia Marie Peterson, Feeder birds of Eastern North America, Boston, Mass., Houghton Mifflin, , 112 p. (ISBN 0-618-05944-X, OCLC 45338483)
  8. (en) Chinery, Michael, Attracting wildlife to your garden, Londres, Collins, , 128 p. (ISBN 0-00-715456-9, OCLC 53390447)
  9. a b c d e et f (en) Jones, Darryl N., S. James Reynolds, « Feeding birds in our towns and cities: a global research opportunity », Journal of avian biology, Munksgaard, vol. 39, no 3,‎ , p. 265-271 (ISSN 0908-8857)
  10. Cette activité a également lieu au printemps mais est déconseillée, beaucoup de jeunes oiseaux devenant insectivores au cours du cette saison et un nourrissage prolongé pouvant perturber leurs habitudes alimentaires. Cf « Nourrissage des oiseaux, quand et pourquoi arrêter ? », sur lpo.fr,
  11. (en) Dunn, Erica H. et al., Birds at your feeder : a guide to feeding habits, behavior, distribution, and abundance, New York, Norton, , 418 p. (ISBN 0-393-04737-7, OCLC 40574027)
  12. (en) Kress, Stephen W., Bird gardens : welcoming wild birds to your yard, Brooklyn, NY, Brooklyn Botanic Garden, , 112 p. (ISBN 1-889538-08-6, OCLC 39844736)
  13. (en) Cannon, Andrew R. et al., « Trends in the use of private gardens by wild birds in Great Britain 1995–2002 », The Journal of applied ecology, Blackwell Scientific Publications, vol. 42, no 4,‎ , p. 659-671 (ISSN 1365-2664, DOI 10.1111/j.1365-2664.2005.01050.x)
  14. (en) Boutin, Stan, « Food supplementation experiments with terrestrial vertebrates: patterns, problems,and the future », Canadian Journal of Zoology, Les Presses scientifiques du CNRC, vol. 68, no 2,‎ , p. 203-220. (ISSN 1480-3283)
  15. (en) Christians, Julian K., « Avian egg size : variation within species and in exibility within individuals », Biological reviews of the Cambridge Philosophical Society, Cambridge University Press, vol. 77, no 1,‎ , p. 1-26 (ISSN 1469-185X)
  16. (en) The Wildlife Society Society, « Baiting and Supplemental Feeding of Game Wildlife Species » (consulté le )
  17. (en) Schoech, Stephan J. et al., « Food supplementation: A tool to increase reproductive output? A case study in the threatened Florida Scrub-Jay », Biological conservation, Elsevier Science, vol. 141, no 1,‎ , p. 162–173 (ISSN 1873-2917)
  18. (en) Schoech, Stephan J., Thomas P. Hahn, « Food supplementation and timing of reproduction: does the responsiveness to supplementary information vary with latitude? », Journal of ornithology, Blackwell Wissenschafts-Verlag, vol. 148, no Suppl. 2,‎ , S625–S632 (ISSN 1439-0361)
  19. « Faut-il nourrir les oiseaux en hiver », sur mnhn.fr, .
  20. (en) Parsons, Holly, Richard E. Major, Kris French, « Species interactions and habitat associations of birds inhabiting urban areas of Sydney, Australia », Austral Ecology, vol. 31, no 2,‎ , p. 217-227 (ISSN 1442-9993)
  21. (en) Bradley, Catherine A., Sonia Altizer, « Urbanization and the ecology of wildlife diseases », Trends in Ecology and Evolution, Elsevier Science, vol. 22, no 2,‎ , p. 95-122 (ISSN 1872-8383)
  22. (en) Margaret Clark Brittingham et Stanley A. Temple, « Avian disease and Winter Bird Feeding », Passenger Pigeon, Wisconsin Society for Ornithology, vol. 50, no 3,‎ , p. 195-203 (ISSN 0031-2703, lire en ligne)

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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