Manoel de Oliveira

cinéaste portugais
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Manoel de Oliveira [mɐnuˈɛɫ doliˈvɐjɾɐ][2] est un réalisateur portugais, né le à Porto et mort le dans la même ville.

Manoel de Oliveira
Description de cette image, également commentée ci-après
Manoel de Oliveira à la Cinémathèque française le 3 juillet 2008
Nom de naissance Manoel Cândido Pinto de Oliveira
Naissance
Porto (Portugal)
Nationalité Portugaise
Décès [1] (à 106 ans)
Porto (Portugal)
Profession Réalisateur
Films notables Aniki Bóbó
Amour de perdition
Le Soulier de satin
Non, ou la vaine gloire de commander
Val Abraham

Ayant tourné jusqu'à la fin de sa vie, il est le premier réalisateur centenaire en activité de toute l'histoire du cinéma. Il est le seul cinéaste qui a été récompensé plus d'une fois par le prix de l'Âge d'or.

Biographie

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Sa jeunesse

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Manoel Cândido Pinto de Oliveira est issu d'une famille de la bourgeoisie industrielle de Porto. Il s'est intéressé au cinéma dès son plus jeune âge grâce à son père qui appréciait cet art et l'emmenait souvent voir les films de Charlie Chaplin et Max Linder. Il a étudié au Colégio Universal de Porto, puis dans un collège Jésuite en Galice.

Jeune homme très sportif, il excelle en natation, athlétisme, et course automobile (il remporte un Grand Prix en 1937 sur le circuit d'Estoril, et termine second du Ve Rallye Internacional de Lisboa (Estoril) en 1951[3], son frère aîné — d'un an — Casimiro n'étant autre que le vainqueur du premier Grand Prix du Portugal la même année). À l'âge de 19 ans, il fréquente l'école d'acteur de Reno Lupo et tourne comme acteur dans quelques films, son rôle le plus important restant celui de A Canção de Lisboa, le premier film parlant portugais, en 1933. À cette époque, Manoel de Oliveira possède déjà sa première caméra, offerte par son père en 1929, une caméra portative Kinamo[4], avec laquelle il commence à tourner son premier film Douro, Faina Fluvial, un court métrage documentaire muet qui met en relation le fleuve Douro et la vie des marins. Ce film, tourné de 1927 à 1929, sorti en 1931, a été critiqué par certains à cause de son aspect naturaliste ; mais, dans ce film d'une grande maturité, on voit déjà, chez Oliveira, une âme de poète réaliste.

Son arrivée sur le devant de la scène

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Manoel de Oliveira au festival de Cannes 2001.

C'est avec son premier long métrage, Aniki Bóbó en 1942, contant le quotidien de quelques enfants des quartiers populaires de Porto et annonçant le néoréalisme italien, que Manoel de Oliveira parvient à se faire reconnaître. À la suite de la sortie de ce film, dans les années 1950[5], Manoel de Oliveira ressent le besoin de partir en Allemagne pour connaître de nouveaux horizons, mais aussi pour échapper à la vie au Portugal qui était très dure puisque le pays vivait sous la très rigide dictature salazariste.

En Allemagne, il étudie la couleur et les procédés techniques. À la suite de quoi, il reprend la caméra pour réaliser un nouvel essai sur Porto, le Peintre et la Ville en 1956. Conjuguant caméra subjective et "cinéma direct", représentation de la ville et reflets des tableaux d'Antonio Cruz, ce film instaure la naissance d'un nouveau courant dans le documentaire. Puis, il réalise Le Mystère du printemps ( O Acto da Primavera) en 1962, fondé sur un texte du XVIe siècle, Auto de Paixão de Francisco Vaz de Guimarães que les paysans de Curalha interprètent chaque année, en plein air, durant la semaine sainte. Selon Raphaël Bassan, « c'est une œuvre de transition où fiction et documentaire se côtoient pour piéger certaines données culturelles et sociales de la région ». L'un de ses deux derniers courts métrages, La Chasse en 1963 est une parabole sur la solidarité. Il avait, dit-il, « des intentions cachées touchant la dictature ». Après ce film, le gouvernement portugais l'empêche à nouveau de tourner jusqu'en 1971, année où sort Le Passé et le Présent, son troisième long métrage, une satire sur la société bourgeoise du Portugal, adaptation de la pièce de Vicente Sanches. Il poursuit, avec une autre adaptation tirée celle-ci d'un roman de José Régio, Benilde, ou la Vierge Mère (1974) qui raconte l'histoire d'une jeune femme qui tombe enceinte tout en restant vierge, se référant au récit évangélique de la conception de Jésus.

Depuis ces films, il a un rythme de réalisation beaucoup plus régulier, souvent avec des films de type romantique ou d'amour impossible. Ainsi, connaît-on bien le film Amour de perdition en 1978, l'un de ses plus beaux films, adapté d'un roman de Camilo Castelo Branco, un des grands auteurs du romantisme portugais. Narrant l'histoire, à la fin du XVIIIe siècle, d'un amour désespéré entre deux jeunes personnes appartenant à des familles ennemies, l'adaptation de Manoel de Oliveira tente de faire découvrir au public la mentalité portugaise de l'époque.

En 1981, il tourne Francisca, tiré d'un roman de Agustina Bessa-Luís. Ce film conclut la tétralogie des Amours frustrées. « Un masochisme révélateur de la psychologie portugaise au cours des âges parcourt les quatre opus de ce cycle » (Raphaël Bassan). Puis il tourne, entre autres, en 1985, Le Soulier de satin d'après Paul Claudel, en 1990 Non, ou la vaine gloire de commander, en 1993 Val Abraham, à nouveau, d'après un roman de Agustina Bessa-Luís. En 1995, il réalise Le Couvent, avec Catherine Deneuve et John Malkovich film tiré encore une fois d'un roman de Agustina Bessa-Luís, As terras dos riscos.

Il reçoit le prix Robert-Bresson en 2004.

Après ses cent ans

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Manoel de Oliveira répondant à Antonio Tabucchi à la cinémathèque française le .

Manoel de Oliveira reçoit lors du Festival de Cannes 2008, l'année de ses 100 ans, sa première Palme d'or, une Palme d'or pour l'ensemble de son œuvre. Cette récompense lui a été remise par son ami Michel Piccoli. Ému par cette distinction, il a déclaré : « J'apprécie énormément de la recevoir de cette façon-là parce que je n'aime pas trop la compétition, c'est-à-dire gagner contre mes collègues ; c'est une belle façon de recevoir un prix ».

En 2008, Christophe Colomb, l'énigme évoque, avec émotion et humour, l'histoire de Christophe Colomb. Puis Singularités d'une jeune fille blonde, adapté d'un conte de Eça de Queiroz, auteur réaliste portugais du XIXe siècle, sort en salle en septembre 2009.

En 2010, Manoel De Oliveira est à Cannes pour la présentation de L'Étrange Affaire Angélica qui concourt dans la catégorie Un certain regard.

Il est alors le réalisateur en activité le plus âgé au monde. Il est le premier réalisateur centenaire en activité de toute l'histoire du cinéma[6].

Quant à sa prodigalité et sa longévité : « Cesser de travailler, c'est mourir. Si on m'enlève le cinéma, je meurs ».

Le , avant-veille de ses 106 ans, Manoel de Oliveira a reçu les insignes de grand officier de la Légion d'honneur à Porto[7].

Pour la spécialité « cinéma audiovisuel » des terminales littéraires de l'année scolaire 2015-2016, pendant l'année et pour le baccalauréat, son film L'Étrange Affaire Angélica est au programme.

Filmographie

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Comme réalisateur

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Longs métrages

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Courts et moyens métrages

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Comme acteur

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Distinctions

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Récompenses

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Décorations

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Notes et références

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  1. Le Monde.
  2. Prononciation en portugais du Portugal retranscrite selon la norme API.
  3. V Rallye Internacional de Lisboa (Estoril) (1951).
  4. (en) Classic Cameras & Photography: Kinamo.
  5. Marie-Noëlle Tranchant, « Manoel de Oliveira: la mort d'un ascète passionné », Le Figaro,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  6. Hommage à Manoel de Oliveira pour ses 100 ans.
  7. [1].
  8. « Oliveira, 102 ans, prépare un film à Paris », Le Figaro, (consulté le )
  9. « Et un de plus pour Manoel de Oliveira », Libération Cinéma, (consulté le ).
  10. Ed. Ong cnrj : Le prix mondiale de l'humanisme.
  11. (en) « News », sur Ohrid Academy of Humanism (consulté le ).
  12. (es) « Manoel de Oliveira, Medalla de Oro del Círculo de Bellas Artes 14.06.2005 », sur Círculo de Bellas Artes (consulté le ).
  13. (es) « Relación de premiados del año 2007 », sur Ministère de la Culture, (consulté le ) [PDF].
  14. AFP, « Le cinéaste portugais Manoel de Oliveira promu grand officier de la Légion d'honneur », lepoint.fr, 9 décembre 2014.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Yann Lardeau, Jacques Parsi, Philippe Tancelin, "Manoel de Olveira", Editions DIS, VOIR, 1988
  • Antoine de Baecque, Jacques Parsi, "Conversations avec Manoel de Oliveira", Cahiers du Cinéma, 1996
  • (it) "Manoel de Oliveira" a cura di Simona Fina e Roberto Turigliatto, Torino Film Festival, 2000
  • "Manoel de Oliveira", sous la direction de Jacques Parsi, Centre Pompidou, Mazzotta 2001
  • Jacques Parsi, "Manoel de Oliveira", Centre Culturel Calouste Gulbenkian, Paris 2002
  • Guillaume Bourgois, Poétique de la divergence : le cinéma d'Oliveira à la lumière de Pessoa (et de Godard), Université de Paris VIII, Paris, 2012, 384 p. (thèse d'Études cinématographiques)
  • (pt) Júlia Buisel, Manoel de Oliveira : fotobiografia, Figueirinhas, Lisboa, 2002, 240 p. (ISBN 972-661169-5)
  • (en) Carolin Overhoff Ferreira (dir.), On Manoel de Oliveira, Wallflower, London, New York, 2008, 146 p. (ISBN 978-1-90567-480-0)
  • (en) Randal Johnson, Manoel de Oliveira, University of Illinois Press, Urbana (Ill.), Chicago, 2007, 191 p. (ISBN 978-0-252-07442-4)
  • Mathias Lavin, La parole et le lieu : le cinéma selon Manoel de Oliveira, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2008, 299 p. (ISBN 978-2-7535-0637-4) (texte remanié d'une thèse d'Esthétique du cinéma)
  • (it) Francesco Saverio Nisio, Manoel de Oliveira : cinema, parola, politica, Le Mani, Recco (Ge), 2010, 352 p. + pl. (ISBN 978-88-8012-544-0)
  • (pt + en + fr) Anabela Dinis Branco de Oliveira, Reencontro único : doutoramento honoris causa : Manoel de Oliveira : 8 de fevereiro de 2012, Universidade de Trás-os-Montes e Alto Douro, Vila Real, 210 p. (ISBN 978-989-704-074-0)
  • (pt) Manoel de Oliveira e João Bénard da Costa, Manoel de Oliveira : cem anos, Cinemateca portuguesa-Museu do cinema, Lisboa, 2008, 275 p. (ISBN 978-972-619-253-4)
  • Antonio Preto, Manoel de Oliveira : cinéma et littérature, Université Paris Diderot-Paris 7, 2011, 2 vol. (610; 117 p.) (thèse d'Histoire et sémiologie du texte et de l'image)
  • Nicolas Truffinet (dir.), Mondes imaginaires : Le cinéma de Manoel de Oliveira, Vendémiaire, Paris, 2017, 165 p.
  • Cahiers du cinéma, « Hommage : Manoel de Oliveira », no 711, mai 2015, p. 78-110
  • Rencontre avec Manoel de Oliveira, Porto : Poètes et bâtisseurs, Édouard Pons & Antonin Pons Braley. Paris: Éditions Autrement, 2010. (ISBN 978-2-746714-50-2)

Article connexe

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Liens externes

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INTERN 3
Note 2