Clérogamie
La clérogamie caractérise le concubinage ou le mariage des prêtres. Elle était exercée durant les premiers siècles de l'Église catholique avant d'être définitivement interdite par Grégoire VII durant la réforme grégorienne. En effet, nombreux étaient les membres du clergé vivant en couple. Le deuxième canon du concile de Carthage de 390 laisse supposer que la pratique était courante[1].
Le célibat des prêtres n'est pas une astreinte pour les clercs orthodoxes, ou affiliés aux différents courants issus de la Réforme protestante.
Histoire
modifierL'apôtre Pierre, considéré comme le premier pape, fut, selon la tradition et les écritures, marié à Porphyrée, une femme de Galilée[2].
Très tôt dans l'histoire de l'Église le mariage est vu comme concurrençant l'activité ecclésiale[3].
C'est la réforme grégorienne qui fixe le célibat des prêtres, avec le deuxième concile du Latran[3].
De fait, la clérogamie fut abolie parce qu'elle pouvait entraîner le nicolaïsme, mais aussi pour d'autres raisons sans doute plus importantes dans le choix des autorités catholiques. Le prêtre est d'abord un homme censé être consacré à Dieu dans une véritable relation d'amour, parfois intime, se substituant de manière exclusive à l'amour « humain » mais également un propriétaire, détenteur de biens de l'église. La clérogamie pouvait provoquer la perte des biens de l'église par héritage au profit des descendants des clercs.
Le mariage impose aux prêtres un double devoir sacerdotal qui est souvent lu actuellement comme étant contradictoire avec sa fonction spirituelle. Dans la vie sacramentelle, le sacerdoce est un sacrement différent du mariage dans ses motivations et pouvant apporter une satisfaction et un bien-être de la même façon, selon les défenseurs de l'obligation du célibat des prêtres, qui est la position officielle des hautes instances de la hiérarchie catholique.
Il existe des exemples contemporains ou anciens de contrevenant à cette obligation ; à titre d'exemple, les Évêques Saint Chérémon, Saint Hilaire de Poitiers et Grégoire l'Ancien — qui se mariera après avoir reçu sa charge d'évêque, sera père de Grégoire de Nazianze, Docteur de l'Église, et l'ordonnera prêtre —, au IVe siècle, étaient mariés et pères de famille, tout en assumant leur charge.
Depuis le début de la réforme protestante, les pasteurs peuvent se marier selon le principe du sacerdoce universel qui veut que les pasteurs soient des individus comme les autres[4].
Le concile de Trente, ouvert peu après la réforme protestante, confirme le célibat chez les catholiques[3].
Il existe des dispenses pour les anciens pasteurs protestants devenus prêtres catholiques, et des exemples d'ordination de prêtres mariés[5]. Des cas de révocations pour concubinage sont également enregistrés[6].
Catholicisme
modifierÉglises orientales
modifierDans les Églises orientales : copte, melkite, maronite, chaldéenne, il est possible d'ordonner diacre et prêtre un homme marié mais un prêtre ne peut pas se marier et un prêtre marié ne peut pas devenir évêque[3].
Depuis le le ministère et l'ordination en occident des prêtres orientaux mariés est autorisé par le pape François[7].
Protestants rattachés à l'Église catholique
modifierLes pasteurs protestants rattachés à l'Église catholique, généralement anglicans, restent mariés[3]. La première dispense en ce sens remonte au pape Pie XII en 1951. Le phénomène se généralise à la fin des années 1970. La constitution apostolique Anglicanorum Coetibus du pape Benoît XVI a notamment pour effet de systématiser le cas pour les anglicans[8].
Viri probati
modifierÀ la suite du synode sur l'Amazonie, des propositions émergent pour ordonner dans certains cas particuliers des hommes mariés[3].
Orthodoxie
modifierLes hommes mariés ont le droit de devenir prêtre, mais les prêtres célibataires n'ont normalement pas le droit de se marier. Les évêques doivent être célibataires. Environ 80 % des prêtres sont mariés et ont une famille. En 2018 il devient possible aux prêtres veufs et à ceux que la femme a abandonnés de se remarier, après un examen au cas par cas[9].
Protestantisme
modifierLes pasteurs sont libres de se marier et de fonder une famille[10].
Dans la culture populaire
modifierLes pasteurs anglicans ont fréquemment une femme, qui fait l'objet d'un archétype célèbre[11] dans le monde anglophone, contemporain à celui, en France, de la « Bonne du curé ». La femme du pasteur a une fonction sociale, et participe souvent à des œuvres caritatives.
Notes et références
modifier- Ainsi, on peut lire :
« Epigone, évêque de Bulle la Royale, dit : Dans un concile antérieur, on discuta de la règle de continence et de chasteté. Qu'on instruise donc [maintenant] avec plus de force les trois degrés qui, en vertu de leur consécration, sont tenus par la même obligation de chasteté, je veux dire l'évêque, le prêtre et le diacre, et qu'on leur enseigne à garder la pureté.
L'évêque Geneclius dit : Comme on l'a dit précédemment, il convient que les saints évêques et les prêtres de Dieu, ainsi que les lévites, c’est-à-dire ceux qui sont au service des sacrements divins, observent une continence parfaite, afin de pouvoir obtenir en toute simplicité ce qu'ils demandent à Dieu ; ce qu'enseignèrent les apôtres, et ce que l'antiquité elle-même a observé, faisons en sorte, nous aussi, de le garder. À l'unanimité, les évêques déclarèrent : Il nous plaît à tous que l'évêque, le prêtre et le diacre, gardiens de la pureté, s'abstiennent avec leur épouse, afin qu'ils gardent une chasteté parfaite ceux qui sont au service de l'autel. »
- Martin Hengel, Saint Peter : the underestimated Apostle, W.B. Eerdmans Pub. Co, (ISBN 978-0-8028-2718-0 et 0-8028-2718-7, OCLC 466359118, lire en ligne)
- Christophe Henning, « Le célibat des prêtres, 2 000 ans d’histoire », sur la-croix.com, .
- Laure Salamon, « Pourquoi les pasteurs peuvent-ils se marier ? », sur reforme.net, .
- « Mariés, ils ont été ordonnés prêtres », La croix, (lire en ligne)
- « L'ancien curé de Vernet-les-Bains s'est marié : quand l'amour terrestre est le plus fort », L'indépendant, (lire en ligne)
- Jean Mercier, « Comment le pape a autorisé les prêtres mariés orientaux en Occident », La Vie, (lire en ligne)
- Marie-Lucile Kubacki, « Ces exceptions au célibat dans l'Église catholique », .
- Mélinée Le Priol, « Les prêtres grecs-orthodoxes autorisés à se remarier », sur la-croix.com, .
- « Le mariage des pasteurs », sur regardsprotestants.com (consulté le ).
- Charles Chaplin, Les temps modernes scène de la femme du pasteur