Marie-Hélène Cardot
Marie-Hélène Cardot (, Tétaigne (Ardennes) - , Douzy Ardennes)[2], est une femme politique française.
Marie-Hélène Cardot | |
Fonctions | |
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Sénatrice française | |
– (12 ans, 5 mois et 5 jours) |
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Élection | 26 avril 1959 |
Réélection | 23 septembre 1962 |
Prédécesseur | Siège créé |
Successeur | Maurice Blin |
Conseillère de la République[1] | |
– (12 ans, 4 mois et 18 jours) |
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Élection | 8 décembre 1946 |
Réélection | 7 novembre 1948 19 juin 1955 |
Maire de Douzy | |
– (32 ans) |
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Conseiller général des Ardennes | |
– (31 ans) |
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Circonscription | Canton de Mouzon |
Successeur | Jean Saliou |
Biographie | |
Nom de naissance | Marie Eugènie Hélène Jacquemin |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Tétaigne, Ardennes |
Date de décès | (à 78 ans) |
Lieu de décès | Douzy, Ardennes |
Nationalité | Française |
Parti politique | MRP UCDP |
Conjoint | Ernest Cardot |
Profession | Industriel |
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Une vie entre résistance et politique
modifierMarie-Hélène Jacquemin rencontre son époux Ernest Cardot en 1918 et le suit à Douzy où il dirige une entreprise de transport puis un atelier de mécanique. Elle le seconde dans cette entreprise familiale de construction métallique[3].
Une résistante dans l'épreuve (1939-1945)
modifierDans les semaines qui précèdent l’armistice du 22 juin 1940, Ernest Cardot qui ne peut accepter de voir son pays occupé par les Allemands, organise une filière d’évasion pour les prisonniers de guerre[4]. Responsable des francistes dans le département avant la guerre, il engage néanmoins la lutte contre l'occupant. Marie-Hélène Cardot est brièvement arrêtée et internée en 1941[4]. Après l’assassinat d’Ernest le , Mme Cardot continue la lutte et poursuit son assistance aux maquisards et aux évadés, au sein du réseau « Organisation civile et militaire »[4]. Le , elle est arrêtée et incarcérée à Charleville-Mézières[4]. Elle est libérée le lors de l'entrée des troupes américaines dans la ville.
Naissance d'une femme politique (1945-1948)
modifierEn 1946, elle fait partie des 21 femmes élues au tout nouveau Conseil de la République (en tant que représentante des Ardennes)[4], où elle occupe le poste de secrétaire dès son arrivée au Palais du Luxembourg. Elle siège à la commission du ravitaillement et à celle des pensions. Elle intervient à plusieurs reprises pour défendre le statut des veuves et des orphelins de guerre, problèmes qui lui sont bien connus puisqu’elle préside l’association ardennaise des veuves et des orphelins de guerre, ainsi que l’association départementale des déportés et des internés[3].
Catholique fervente, anticommuniste, elle évolue, après son engagement dans la résistance et son veuvage — son mari avait été membre des Croix-de-Feu — vers le centre-droit et le Mouvement républicain populaire[3]-
Réélection au Conseil de la République (1948-1958)
modifierRéélue sénateur des Ardennes en 1948, avec l'étiquette MRP, elle siège à la commission de la famille et à celle des pensions qu'elle présidera à partir de 1955. Parlementaire très active, elle est chargée de nombreux rapports par la commission des pensions et intervient très souvent pour défendre la cause des familles touchées par la guerre et celle des anciens combattants, notamment lors des discussions budgétaires.
« La grande victime de la guerre, n’est-ce pas incontestablement l’enfant ? Une sous-alimentation prolongée, des conditions de vie où les plus élémentaires soins d’hygiène étaient méconnus, des chocs nerveux provoqués par de douloureux et sauvages spectacles, voilà ce que de trop nombreux enfants de France ont connu pendant les longues années de guerre. Ceux qui ont eu la tristesse de perdre leur père ont besoin plus que d’autres de soins particuliers que voudraient leur donner ceux qui ont la bonté de les accueillir, de leur rendre, avec l’affection, un foyer, Monsieur le ministre, veuillez tout particulièrement y penser. »
— Intervention du 2 août 1950 sur le projet de loi relatif à l’amélioration de la situation des anciens combattants et victimes de guerre
Sénatrice de la Ve République (1959-1971)
modifierÀ son activité nationale, Marie-Hélène Cardot ajoute une carrière locale également bien remplie en exerçant les mandats de maire de Douzy (durant 19 ans) et de conseiller général des Ardennes. Cette forte implantation locale lui permet d'être réélue sans difficulté au Conseil de la République, puis au Sénat dont elle est la Vice-Présidente de 1959 à 1971, date à laquelle elle quitte la Haute Assemblée[4].
Elle siègera à la commission des affaires sociales. Elle déposera une proposition de loi sur l’ordre des géomètres-experts, intervient dans la discussion relative aux assurances sociales des exploitants agricoles, s’intéresse aux Vietnamiens rapatriés en France, à l’emploi des enfants dans le spectacle, à la garantie de l’emploi en cas de maternité, à l’usage des contraceptifs, à l’exercice du droit syndical dans les entreprises et participe activement à la discussion de chaque projet de loi de finances.
Mandats locaux et nationaux
modifierMandats municipaux
modifier- Conseiller municipal de Douzy en avril 1945
- Adjointe au maire en septembre 1946
- Maire de Douzy de 1951 à 1953, puis de 1959 à 1977
Mandats cantonaux
modifierCommission de l'assistance et de l'hygiène publique.
Mandats sénatoriaux
modifierSous la IVe République au Conseil de la République
modifier- du au :
- Secrétaire du Conseil de la République ; commission du ravitaillement ; commission des pensions ; commission chargée des membres de la résistance dans la métropole pendant l'occupation.
- du au :
- Commission de la famille, de la population et de la santé publique ; commission des pensions ; commission de l'éducation nationale ; commission de la reconstruction ; commission des affaires économiques ; commission du travail et de la sécurité sociale.
- du au :
- Présidente de la commission des pensions ; commission de l'éducation nationale ; commission des affaires économiques ; commission de la famille ; commission du travail et de la sécurité sociale. Commission chargée d'étudier les demandes présentées par les associations d'anciens combattants. Membre du conseil d'administration de l'office national des anciens combattants et victimes de la guerre.
- Vice-présidente de la commission des affaires sociales.
Sous la Ve République au Sénat
modifierDistinctions
modifier- Chevalier de la Légion d'honneur, remise le [réf. souhaitée] par Alain Poher à celle qu’il qualifiait de « Sainte du Palais » : « En tant que vice-présidente du Sénat, vous avez joué un grand rôle auprès de multiples organismes où votre sens du dialogue fut d’une rare efficacité... Soyez sûre que le Sénat vous est reconnaissant de ces 25 années d’activité et vous remercie du témoignage que vous avez apporté pendant toute votre vie. Pour nous, vous resterez "la Sainte du Palais" ».
- Croix de guerre –
- Médaille de la Résistance française (décret du 3 août 1946)
- Chevalier de l'ordre de Léopold (Belgique)
Citation
modifier- « J’étais bien peu préparée à une carrière politique... J’ai essayé d’avoir le souci constant de la défense des droits des citoyens en excluant tout sentiment de haine. »
Notes et références
modifier- Sénatrice.
- « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
- Michel et Raison du Cleuziou 2022, p. 251-253.
- « Marie-Hélène Cardot, la voix de la Résistance au Sénat », sur Public Senat, (consulté le ).
Bibliographie
modifier- Gérald Dardart, Marie-Hélène Cardot : Résister et croire, éditions vile de Douzy, 2002.
- Florian Michel (dir.) et Yann Raison du Cleuziou (dir.), À la droite du père, Paris, Seuil, , 775 p. (ISBN 9782021472332), p. 251-253.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressource relative à la vie publique :
- Témoignage