Paul Delouvrier
Paul Delouvrier, né le à Remiremont (Vosges) et mort le à Provins (Seine-et-Marne), est un haut fonctionnaire français. Il est l'un des principaux artisans de la planification qui a remodelé la France pendant les « Trente Glorieuses ».
Président Électricité de France | |
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Préfet de la région parisienne | |
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Secrétaire général du Comité interministériel pour les questions de coopération économique européenne | |
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Jacques Donnedieu de Vabres (d) |
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École des cadres d'Uriage École libre des sciences politiques Faculté de droit et des sciences économiques de Paris (d) |
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Archives conservées par |
Archives nationales (19920347/6)[1] Fondation nationale des sciences politiques (Fonds Paul Delouvrier et Jean Vaujour, DV, Département archives, DRIS, Sciences Po)[2] |
Biographie
modifierJeunesse et études
modifierPaul Delouvrier naît en 1914 à Remiremont, dans les Vosges. Son père est cadre au Crédit lyonnais[3].
Il est admis à l'École libre des sciences politiques, où il étudie la science politique. Il se montre critique des enseignements d'économie de l'établissement, alors imprégnés de l'esprit libéral de Jacques Rueff[3]. Il obtient une licence de droit à l'université de Paris[4]. Il se spécialise en droit et devient docteur en droit.
S'il souhaite préparer les concours administratifs, la Seconde Guerre mondiale l'en empêche et il est mobilisé en mai 1940 pour participer aux combats ; il se bat alors comme lieutenant d’infanterie motorisée. Une fois démobilisé, il prépare en 1941 le concours d'entrée à l'Inspection générale des finances[4], au sein de l'écurie de l’École libre gérée par Jacques de Fouchier, qui compte comme enseignant François Bloch-Lainé[3]. Il est major du concours[3].
Entre 1941 et 1942, il étudie à l'école des cadres d'Uriage, qui le marquera en tant que catholique social ; il ne signe pas le serment de fidélité à Philippe Pétain[3]. En 1942, après la dissolution de l'école, il s'engage dans la Résistance, et devient en 1944 responsable d'un maquis armé dans la région de Nemours[5],[6].
Parcours professionnel
modifierAprès la libération de la France, il occupe sous la IVe République différentes responsabilités dans les cabinets ministériels, et dans les premières institutions de l'Europe. Il se marie en 1946 avec Louise van Lith[7],[8]. Ainsi, en 1946-1947, il est membre de l'équipe initiale de Jean Monnet lors de la mise en place du Commissariat général du Plan dont il est le chef de la division financière[9].
Après avoir été, dès , directeur général adjoint des impôts, où il contribue avec Maurice Lauré à la création de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), il rejoint Jean Monnet à Luxembourg, où il dirige la division Finances de la Haute Autorité de 1955 à 1958. Il contribue aussi en tant qu'expert à l'élaboration des traités de Rome de 1957[9]. Ayant rédigé les statuts de la Banque européenne d'investissement, il devient le vice-président de cette institution.
En 1958, le général de Gaulle le nomme délégué général du gouvernement en Algérie[6] du au chargé de la « pacification » et de la mise en application du plan dit « de Constantine »[10].
En août 1961, toujours par le général de Gaulle, il est nommé délégué général au district de la région de Paris de 1961[11]. Il est considéré comme le père des « villes nouvelles » et de l'Institut d'aménagement et d’urbanisme de la Région parisienne (IAURP)[12]. Il pilote la Réorganisation de la région parisienne en 1964
Il définit, avec l'équipe qu'il dirige, en 1965, le Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région de Paris (SDAURP)[11],[13],[14],[15], qui suit la création de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région d'Île-de-France[11]. Il reste sur cette fonction de délégué général pendant toutes les années 1960, jusqu'en 1969. Il facilite l'obtention par l'Institut d'études politiques de Paris de ses locaux du 9, rue de la Chaise[16].
Il est ensuite nommé président d'Électricité de France, jusqu'en 1979[17]. Une de ses missions y est d'accélérer le programme d'équipement en centrales nucléaires[18]. Bien qu'ayant atteint l'âge de la retraite, il termine sa carrière en 1984, à l'âge de 70 ans, en tant que président de l'Établissement public de la Villette, où il contribue à créer la Cité des sciences et de l'industrie et la Géode[18].
Parcours professoral
modifierPaul Delouvrier est un des grands enseignants du Sciences Po de l'après-guerre[3]. Il commence à enseigner en 1949, à l'occasion d'un cours à deux voix avec Roger Nathan. Il enseigne notamment la macroéconomie[16]. Il donne notamment le cours fondamental sur la politique économique de la France au niveau du second cycle (master)[3].
Très attaché à l'institution, il est président de l'Association des anciens élèves, qu'il représente au sein du conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques[3]. En janvier 1975, il supervise une enquête à grande échelle sur le profil sociologique et les parcours de carrière des étudiants de Sciences Po[19].
Principaux mandats
modifier- : directeur du cabinet de René Pleven au ministère des Finances
- 1947 et 1951 : directeur de cabinet de René Mayer
- 1948-1953 : directeur général adjoint des Impôts
- 1953-1955 : secrétaire général du comité interministériel pour les questions de coopération économique européenne (SGCI)
- 1955 : directeur financier de la Haute Autorité de la CECA à Luxembourg
- -1960 : délégué général du gouvernement en Algérie
- 1961-1969 : délégué général au district de la région de Paris
- 1966-1969 : préfet et vice-président de la direction à l'Aménagement du territoire
- 1969-1979 : président d'Électricité de France
- 1979-1984 : président de l'établissement public du parc de la Villette
Distinction
modifierHommages
modifierUn bâtiment du parc de la Villette et une place, à Paris, portent son nom, ainsi que la nouvelle gare routière de Saint-Quentin-en-Yvelines, ville nouvelle qui rend ainsi hommage à un de ses créateurs.
Son nom a également été donné au musée de la cathédrale d'Évry (Essonne) et à une allée de la forêt de Fontainebleau (il s'est opposé à un tracé de l'autoroute A6 qui aurait détruit des parcelles de ce secteur forestier).
Notes et références
modifier- « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_570 »
- « https://archives.sciencespo.fr/archive/egf/FR_751079802_580103/view:826 », sous le nom Fonds Paul Delouvrier et Jean Vaujour, DV, Département archives, DRIS, Sciences Po (consulté le )
- Sébastien Laurent, Paul Delouvrier, un grand commis de l'État:, Presses de Sciences Po, (ISBN 978-2-7246-0964-6, DOI 10.3917/scpo.laure.2005.01, lire en ligne).
- Loïc Vadelorge, « Paul Delouvrier (1914-1995) », dans Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009 : Dictionnaire thématique et biographique, Institut de la gestion publique et du développement économique, coll. « Histoire économique et financière - XIXe-XXe », (ISBN 978-2-8218-3703-4, lire en ligne), p. 283–284.
- Alessandro Giacone, Paul Delouvrier, un demi-siècle au service de la France et de l'Europe, Descartes & Cie, , p. 211.
- « Delouvrier Paul (1914-1995) ».
- Alessandro Giacone, Paul Delouvrier, un demi-siècle au service de la France et de l'Europe, Descartes & Cie, , p. 49.
- (en) Wolfgang Saxon, « Paul Delouvrier, French Official In Paris and Algiers, Dies at 80 », The New York Times, (lire en ligne).
- Alessandro Giacone, Paul Delouvrier, un demi-siècle au service de la France et de l'Europe, Descartes & Cie, , « Jean Monnet et Paul Delouvrier : histoire d'une collaboration », p. 171-203.
- Étienne Mallet, « M. Paul Delouvrier », Le Monde, (lire en ligne).
- Jean-Claude Cavard, « Structures administratives et tentatives de planification », dans Annie Fourcaut (dir.), Un siècle de banlieue parisienne (1859-1964) guide de recherche, Ėditions L'Harmattan, , p. 165-188
- Paul Delouvrier, père de l'IAURP sur IAU îdF.
- Sabine Effosse, « Chapitre 4 - Paul Delouvrier et les villes nouvelles (1961-1969) », dans Sébastien Laurent (dir.), Paul Delouvrier, un grand commis de l'État. Paris, Presses de Sciences Po, , 75-86 p. (DOI 10.3917/scpo.laure.2005.01.0075, lire en ligne).
- Franck Johannes, « Paul Delouvrier, le père des villes nouvelles, est mort », Libération, (lire en ligne).
- Film documentaire en ligne de 2015, sur l'histoire du Val-de-Marne, réalisé à l'occasion de la parution du livre Val-de-Marne : Anthologie 1964-2014 ; avec la participation dans le film de Marie-Andrée Corcuff, directrice des archives départementales du Val-de-Marne.
- Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN 978-2-7246-3915-5).
- Pierre Drouin, « La nomination du nouveau président d'E.D.F. M. Paul Delouvrier. Un féroce appétit du service public », Le Monde, (lire en ligne).
- Michèle Champenois, « M. Serge Goldberg succède à M. Paul Delouvrier », Le Monde, (lire en ligne).
- Gérard Vincent et Anne-Marie Dethomas, Sciences po: Histoire d'une réussite, Plon (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-259-26077-0, lire en ligne).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Roselyne Chenu (préf. Georges Balandier), Paul Delouvrier ou la passion d'agir : entretiens, Paris, Le Seuil, coll. « Histoire immédiate », , 417 p. (ISBN 978-2-02-021681-4, OCLC 31896300).
- Alessandro Giacone, Paul Delouvrier : un demi-siècle au service de la France et de l'Europe (préf. François-Xavier Ortoli), Paris, Descartes & Cie, , 221 p. (ISBN 978-2-84446-087-5, OCLC 420068570).
- Sébastien Laurent (dir.) et Jean-Eudes Roullier (dir.), Paul Delouvrier, un grand commis de l'État, Paris, Presses de Sciences Po, , 139 p. (ISBN 978-2-7246-0964-6, OCLC 79582197).
- Alessandro Giacone, Les Grands Paris de Paul Delouvrier (préf. Jean-Paul Huchon), Paris, Descartes & Cie, coll. « Urbanités », , 142 p. (ISBN 978-2-84446-166-7, OCLC 690245093).
- (Dir.) Emmanuel Bellanger (chercheur au CNRS) et Julia Moro (archiviste aux archives départementales du Val de Marne), Val-de-Marne : Anthologie 1964-2014, Éditions de l'Atelier, 2014
Articles connexes
modifier- Direction générale des Impôts (DGI)
- Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région d'Île-de-France
Liens externes
modifier- Ressource relative à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :