Pont-Long

établissement humain en France (Pau)

Le Pont-Long (ou Pont Long) est le nom donné à la plaine (anciennement marécageuse) située au nord de Pau. Antan peu fertile, elle fournissait de maigres pâturages aux Ossalois. Son nom, en gascon poun-lounPau), pal-loun (en Ossau) ou paloun loung : « grand marécage »[1], a plus à voir avec l'anglais pond 'mare' qu'avec le français pont. Ce territoire, mentionné dès le XVe siècle, resta en friches jusqu'au milieu du XXe siècle.

Carte topographique du Pont-Long
Carte topographique du Pont-Long

Géographie

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Le territoire du Pont-Long s'étend actuellement de Sendets à Uzein et Mazerolles, sur une vingtaine de kilomètres de longueur pour une largeur allant de 4 km à l’est à 10 km à l’ouest.

Paul Raymond indique, en 1863, dans son dictionnaire topographique Béarn-Pays basque[2], que le Pont-Long s’étend sur une partie du territoire des communes d’Andoins, Artigueloutan, Beyrie, Bougarber, Buros, Denguin, Idron, Lée, Lescar, Lons, Montardon, Morlaàs, Pau, Nousty, Ousse, Poey, Sauvagnon, Sendets, Serres-Castet, Serres-Morlaàs et Uzein.

Il sépare les eaux du gave de Pau de celles du Luy de Béarn. De nombreux ruisseaux la sillonnent d'est en ouest sans assurer un drainage efficace de l'eau stagnante malgré un dénivelé de près de 100 m :

Les marécages sont nombreux, comme le Grabe Male, aux sources de l'Aïgue Longue, et le Palù Male vers Bougarber et sont à l'origine de la réputation de pauvreté et d'insalubrité qui a poursuivi le territoire pendant des siècles[1].

Géomorphologie
 
Carte géologique du Pont-Long
 
Carte des pentes dans le secteur du Pont-long

Le Pont-Long est une partie d'un des glacis alluviaux constitués par le gave de Lourdes à la fin du Tertiaire et au début du Quaternaire[3]. La couche de matériaux descendus des Pyrénées, graviers et galets enrobés d'argile et partiellement décomposés en conséquence de l'acidité des sols de surface liée à la pluviométrie locale, est épaisse, puisque les sondages effectués dépassent les 50 mètres, sans atteindre le fond de la nappe[4].

Le profil de coupe des landes du Pont-Long montre une épaisseur superficielle de 80 centimètres de terre noire, posée sur 40 centimètres de silt jaune, très argileux, empêchant la remontée des eaux de la nappe phréatique et l'infiltration des eaux de pluie[1].

La carte géologique vecteur harmonisée au 1:50 000e du BRGM indique que le Pont-long repose sur une couche décrite ainsi : « Mindel et pléistocène moyen : alluvions anciennes, terrasse à galets, lentilles de sable, cailloutis et matrice argilo-sableuse »[5]. Elle s'étend de Soumoulou (au sud-est) à Sault-de-Navailles (au nord-ouest) et dépasse largement les limites traditionnelles données par les béarnais pour le Pont-Long.

Végétation rustique

Grand marécage en hiver, mais pouvant s'assécher en été, sur un sol superficiel naturellement acide (sables, particules d'argile et matières organiques), au pH compris entre 5,2 et 5, 8, fortement déficient en chaux et acide phosphorique, le Pont-Long présentait une végétation naturelle constituée de bois éparses et de landes à tuie (ajoncs, fougères et bruyères)[1].

Toponymie

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Pont-Long est un toponyme qui apparaît sous les formes Pont-Loncq (1277[2], cartulaire d'Ossau[6]), Pau-Long sive Pont-Long et Pon-Loncq (respectivement 1539[2] et 1548[2], réformation de Béarn[7]) et Palloncq (1579[2], lettre de Henri IV faisant mention du procès en cours entre lui-même et les habitants de la vallée d’Ossau).

Son nom vient très probablement du latin spondam longam, qui donne espoune loungue en béarnais : la longue bordure[8].

Lacroix (2005) y voit un radical gaulois et propose le sens de "passage, traversée du marais"[9].

Histoire

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Le cadre historique du Pont-Long est défini par une série de textes et d'accords établis entre les Ossalois, les communes environnantes et l'autorité seigneuriale.

Protohistoire

À l'instar des autres glacis alluviaux du Béarn, de nombreux tumuli y ont été découverts, indiquant la fréquentation du lieu par des peuples protohistoriques[10].

Moyen Âge

Les prétentions des communes de la vallée d'Ossau s'en déclarant propriétaires de droit immémorial, sont connues depuis le milieu du Moyen Âge[11]. On peut les expliquer par la nécessité pour ces communautés montagnardes, pratiquant l'élevage transhumant de brebis et de vaches, de trouver des terrains de pâture hivernaux. Si les ovins étaient accompagnés jusque dans les landes de Gascogne, le gros bétail passait la mauvaise saison dans celles du Pont-Long.

Pour cette raison, les Ossalois se battirent pendant des siècles pour maintenir ce territoire en friches. Seuls deux villages, Sendets à l'est et Uzein au nord-ouest, purent s'implanter et se développer à l'intérieur des limites, les autres communes, Pau y compris, étant contraintes à négocier pied à pied des empiètements pour assurer leur développement, et à signer des traités avec les habitants de la vallée d'Ossau. Ainsi la charte de paix de 1277[12] reconnaît aux habitants de Pau le droit de labourer jusqu'à l'Ousse des Bois.

XVe siècle

La superficie du territoire au XVe siècle[13], était de 56 000 arpents, soit à peu près 18 600 hectares. Il s'étendait en une longue bande orientée nord-ouest sud-est, entre Mazerolles (nord-ouest) et Soumoulou (sud-est), à l'abrupt des coteaux de Momas, Sauvagnon, Serres-Castet et Morlaàs au nord, qui dominent le Luy de Béarn, et au sud, le rebord de la terrasse qui accueille Lescar et Pau et surplombe l'Ousse des Bois. Il englobait les communes d'Uzein et de Sendets.

XVIIIe siècle
 
Extrait de la Carte générale de la France de Cassini, centré sur le Pont Long

Après des siècles de contestations épisodiques[14], la pression sur les droits des Ossalois sur le territoire du Pont-Long s'intensifie, résultat de l'expansion démographique et de l'évolution des esprits s'accommodant mal des privilèges très anciens et s'indignant de voir une telle étendue laissée en friche alors que le Béarn « ne produit du grain pour la subsistance de ses habitants que pendant quatre mois de l'année »[15].

XIXe siècle

Les droits de la vallée d'Ossau sont néanmoins reconnus et reconduits par le tribunal civil de Pau en 1828, pour peu de temps d'ailleurs, puisque l'arrêt du ne lui laisse que la moitié de la superficie de la lande, le reste étant partagé entre 31 communes riveraines[16]. En effet, à la suite de l'épizootie de 1774-1775 ayant décimé 86 % de leur cheptel, les Ossalois ne pouvaient plus justifier la nécessité du maintien en friche de l'ensemble de la lande.

En 1853, la lande accordée aux Ossalois fut partagée en deux parties, entre les syndicats du Haut Ossau et du Bas Ossau (1 018 hectares). Ce dernier ne tarda pas (1866) à vendre sa part, dans le mouvement de défrichement, visant à tester les méthodes de culture en grand, alors à l'ordre du jour.

Le syndicat du Haut Ossau continua pour sa part, jusqu'au début du XXe siècle, à pratiquer l'antique mode d'exploitation, déplaçant de mars à juin des troupeaux de bovins (500 à 600 têtes avant 1940) sur la partie qu'il avait conservé (827 ha à partir de 1936), et exploitant la tuie.

XXe siècle

Ce n'est qu'au XXe siècle qu'apparurent les mises en valeur de grande ampleur comme l'hippodrome du Pont-Long et les terrains d'aviation et militaires.

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Notes et références

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  1. a b c et d Jean Loubergé, La mise en valeur agricole des landes du Pont-Long au nord de Pau, Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 46, fascicule 3, pages 313 à 324, Toulouse, juillet 1975 (lire en ligne)
  2. a b c d et e Paul Raymond, Dictionnaire topographique du département des Basses-Pyrénées, Paris, Imprimerie Impériale, , 208 p. (BNF 31182570, lire en ligne).
  3. H. Enjalbert, Les pays aquitains. Le modelé et les sols, Imprimerie Bière, Bordeaux 1960, pages 386 à 401, cité par Jean Loubergé, maître-assistant à l'université de Pau et des Pays de l'Adour
  4. J. Capderou, cité par Jean Loubergé, maître-assistant à l'université de Pau et des Pays de l'Adour
  5. « Cartes géologiques vectorisées et harmonisées à 1/50 000 du BRGM », sur www.geocatalogue.fr (consulté le )
  6. Cartulaire d'Ossau ou livre rouge, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, manuscrit du xve siècle.
  7. Réformation de Béarn, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, coll. « manuscrits du XVIe au XVIIIe siècle ».
  8. Michel Grosclaude (préf. Pierre Bec), Dictionnaire toponymique des communes du Béarn, Pau, Escòla Gaston Febus, , 416 p. (ISBN 9782350680057, BNF 35515059), p. 180.
  9. Jacques Lacroix, « Le thème gaulois longo- dans les noms de lieux », Nouvelle revue d'onomastique, vol. 45, no 1,‎ , p. 113–130 (DOI 10.3406/onoma.2005.1566, lire en ligne, consulté le )
  10. Cartailhac, Émile, Dictionnaire archéologique de la Gaule : époque celtique, vol. 2, Paris, Imprimerie nationale, 1875-1923, 785 p. (lire en ligne), p. 265
  11. Tucoo-Chala Pierre, « Forêts et landes en Béarn au XIVe siècle », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, vol. 67, no 31,‎ , p. 247-259 (DOI https://doi.org/10.3406/anami.1955.6053, www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1955_num_67_31_6053)
  12. Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, E 2334, citées par Jean Loubergé, maître-assistant à l'université de Pau et des Pays de l'Adour
  13. Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, E 2337, citées par Jean Loubergé
  14. Coincy, Henri de, Jean de Laclède (1728-1813), maître particulier des eaux et forêts, à Pau, Tarbes, Impr. Lesbordes, , 175 p. (lire en ligne), p. 46-93
  15. Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, E 2341, citées par Jean Loubergé
  16. Procès d'Ossau au sujet du Pont-Long, procès-verbal de bornage 1842-1844, détenu par les archives de Pau, citées par Jean Loubergé


Articles connexes

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Liens externes

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