Quo vadis ? (roman)
Quo vadis ? (titre original : Quo vadis. Powieść z czasów Nerona, littéralement : Quo vadis : une histoire du temps de Néron) est un roman historique de l'écrivain polonais Henryk Sienkiewicz, publié d'abord sous la forme de feuilleton dans la revue Gazeta Polska à partir de , puis sous la forme de roman en 1896.
Quo vadis ? | |
Scène du roman Quo Vadis de Henryk Sienkiewicz intitulée Ligia quitte la maison d'Aulus. Illustration de Domenico Mastroianni (carte postale de 1913) | |
Auteur | Henryk Sienkiewicz |
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Pays | Pologne |
Genre | Roman historique |
Version originale | |
Langue | Polonais |
Titre | Quo vadis ? |
Éditeur | Gazeta Polska |
Lieu de parution | Varsovie |
Date de parution | 1896 |
Version française | |
Traducteur | Bronisław Kozakiewicz J. L. de Janasz |
Éditeur | Éditions de La Revue blanche |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1900 |
Nombre de pages | 645 |
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En France, il est traduit pour la première fois en 1900 sous le titre : Quo vadis : roman des temps néroniens[1].
Très grand succès de librairie, Quo vadis a été traduit dans plus de cinquante langues et a été plusieurs fois adapté au cinéma.
Résumé
modifierQuo vadis ? (qui signifie en latin « Où vas-tu ? ») raconte l'histoire des amours d'un patricien romain, Marcus Vinicius, et d'une jeune fille chrétienne, Callina, surnommée Lygie, fille du roi des Lygiens mort au combat, au Ier siècle, sur fond de persécutions subies par les chrétiens sous Néron. Vinicius est le neveu de Pétrone, esthète nonchalant et manipulateur qui veut favoriser ses amours avec Lygie mais, imprudemment, attire l'attention de Néron sur la beauté de celle-ci. Néron est décrit comme un jeune homme tiraillé par ses passions, amateur de festins et déjà sur la pente du crime, et c'est encore Pétrone qui, voulant flatter les goûts poétiques de Néron, lui suggère involontairement l'idée de faire allumer l'incendie de Rome. Néron fait ensuite accuser les chrétiens de ce crime et ordonne leur persécution. Lygie, jetée dans l'arène pour les jeux du cirque et attachée à un auroch, est sauvée par son serviteur, le colossal Ursus. L'apôtre Pierre, chef de la petite communauté chrétienne, veut s'enfuir mais à la sortie de la ville, suivant une légende chrétienne reprise par l'auteur, rencontre le Christ qui lui demande de retourner à Rome pour y subir le martyre. Vinicius, devenu chrétien, épouse Lygie[2].
Analyse
modifierLe titre évoque la question qu'a posée selon la tradition chrétienne saint Pierre fuyant Rome et rencontrant Jésus-Christ portant sa croix : « Quo vadis, Domine ? » (« Où vas-tu, Seigneur ? »). Sienkiewicz transpose en fait l'oppression russe sur la Pologne alors partagée entre la Prusse, la Russie et l'Autriche, le tsar voulant convertir les catholiques uniates à l'orthodoxie étant représenté par Néron. Sienkiewicz, lors de ses séjours en Italie, participait à des réunions avec des résistants polonais à Rome dans une chapelle sur la via Appia, lieu où a été prononcé selon la tradition chrétienne « Quo vadis… ? »
Le nom de Lygie vient des Lugiens ou Lygiens, peuple antique souvent considéré au XIXe siècle comme étant à l'origine des Polonais[2].
Les sources littéraires du roman viennent en partie de l'écrit déclaré apocryphe par l'Église les Actes de Pierre, bien que l'auteur ait plus probablement utilisé les récits des guides romains que les actes de Pierre directement[3]. L'érudition classique non négligeable de Sienkiewicz lui fait peindre Néron en « monstre », à la fois terrifiant et fascinant, à partir des récits de Suétone et Tacite réinterprétés par la tradition chrétienne qui voit en Néron le premier persécuteur du christianisme et la Bête de l'Apocalypse[2].
Peu après la publication de la traduction française, Sienkiewicz dut se défendre, par un article publié dans le Figaro, d'avoir plagié des romans français, et notamment Les Martyrs de Chateaubriand, Acté de Dumas père et L’Antéchrist de Renan. Il affirma n'avoir pas lu les deux premiers et s'être servi du troisième, comme de bien d'autres romans européens, mais surtout de sources latines. Il estimait que cela était « son droit, comme celui de tout romancier[4]. »
Réception
modifierEn France, Quo vadis ? est apprécié du grand public et fait de Sienkiewicz l'auteur polonais le plus lu en France, mais mal accueilli par le milieu intellectuel : le critique Ferdinand Brunetière l'accuse, à tort, de plagiat, l'écrivain catholique Léon Bloy lui reproche de donner une image caricaturale du christianisme ; Léon Daudet y voit une machination juive, du fait que son éditeur français, Thadée Natanson, est juif. Au contraire, Anatole France et d'autres anticléricaux lui reprochent son excès de catholicisme[2]. Plus reconnu dans le reste de l'Europe, il vaudra à Sienkiewicz de recevoir le prix Nobel de littérature en 1905[5]. Diffusé dans des collections pour la jeunesse, son potentiel de violence et d'érotisme laisse une profonde impression à de futurs écrivains comme Henry de Montherlant[6] qui dit y avoir découvert « le vrai Pétrone, plus vivant et plus riche que celui de Tacite »[2].
Galerie
modifier-
Festin au palais de Néron, par Ulpiano Checa y Sanz.
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Ursus sauvant Lygie pendant les jeux du cirque, par A. D. M. Cooper.
Adaptations
modifierCe roman historique a fait l'objet de nombreuses adaptations au théâtre et au cinéma :
Cinéma / Télévision
modifier- 1901 : Quo vadis ?, film muet français de Lucien Nonguet et Ferdinand Zecca ;
- 1910 : Au temps des premiers chrétiens, film muet français d'André Calmettes, aujourd'hui perdu ;
- 1912 : Quo vadis ?, film muet italien de Enrico Guazzoni ;
- 1924 : Quo vadis ?, film muet italien de Gabriele D'Annunzio et Georg Jacoby ;
- 1951 : Quo vadis, film américain en couleur de Mervyn LeRoy avec Robert Taylor et Deborah Kerr ;
- 1985 : Quo vadis ?, série télévisée italienne de Franco Rossi ;
- 2001 : Quo vadis ?, film polonais de Jerzy Kawalerowicz.
Théâtre / Musique
modifier- 1901 : Quo vadis ?, drame en cinq actes et dix tableaux d'Émile Moreau, créé le au théâtre de la Porte-Saint-Martin[7] ;
- 1909 : Quo vadis ?, opéra en cinq actes et six tableaux d'Henri Cain, musique de Jean Nouguès, créé le au théâtre de la Gaîté-Lyrique[8]. La première de l'opéra aux États-Unis a été donnée en 1911 au Metropolitan Opera de New York[9].
Bande dessinée
modifierHenryk Sienkiewicz, Patrice Buendia et Cafu, Quo Vadis ?, Levallois-Perret, Glénat, coll. « Le Monde présente - Les grands classiques de la littérature en bande dessinée », , 55 p. (ISBN 978-2-35710-531-7)
Traductions françaises
modifier- Bronisław Kozakiewicz et J. L. de Janasz, La Revue blanche, 1901.
- C. de Baulny-Rother, Einsiedeln, Benziger, 1901, éd. illustrée, contenant 17 gravures originales, 3 vues, 2 cartes et 2 plans.
- Halpérine-Kaminsky, traduction nouvelle et complète illustrée par Jan Styka, et gravures de Georges Lemoine, Paris, E. Flammarion, 1901-1904.
- Édition illustrée de 570 aquarelles par William Julian-Damazy, Paris, Édition du Jubilé, 1903.
- P.-A. de Roncey, nouvelle traduction complète d’après l’original, illustrations de Tofani Paris, Garnier frères, 1904.
- Roger Des Varennes, Paris ; New York, Nelson, 1914[10].
- Maria Cieszewska, nouvelle traduction, Paris, Libretto, 2016.
Notes et références
modifier- (BNF 31365482)
- Étienne Wolff, « Relire aujourd'hui Quo vadis », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, no 2, , p. 217-231 (lire en ligne).
- Marek Starioweywski, « L'épisode Quo vadis ? (Acta Petri, Martyrium, 6) », Humanitas, vol. L, 1998, p. 257-262.
- Daniel Beauvois, Prologue de Quo Vadis, Éditions GF Flammarion, Paris, 2005.
- Kinga Joucaviel (éd.), Quo vadis ? : Contexte historique, littéraire et artistique de l'œuvre de Henryk Sienkiewicz, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, , 156 p. (ISBN 978-2-85816-766-1, lire en ligne), p. 153.
- Philippe Alméra, Montherlant: une vie en double, Via Romana, 2011, p. 11.
- Le Figaro, 18 mars 1901, p. 4-5, sur Gallica.
- Le Figaro, 27 novembre 1909, p. 5-6, sur Gallica.
- (en) "Quo Vadis?" staged ; spectacular opera ; Jean Nougues's Historical Work Produced by the Philadelphia-Chicago Company.
- D'après "La fortune de "Quo vadis?" de Sienkiewicz en France" par Marja Kosko, 1976.