Sérail
Le sérail est, dans une maisonnée musulmane turque, un quartier d’habitation confiné où sont retenues les épouses et concubines, qui sont la propriété du sultan.
Étymologie
modifierLe mot provient d'une variation en italien du nom persan saray, qui signifie « palais », ou « cour fermée ». Le mot italien serraglio correspond à une cage pour l'animal sauvage[1].
Une autre acception en Turquie se rapporte aux palais traditionnels et aux grands manoirs construits au centre de cours murées.
En Iran, un sérail est un terme qui désigne à l’origine une maison. On appelle aujourd’hui « sérail » une cour construite au sein d’un bazar, destinée à accueillir des magasins et des ateliers.
Fonction
modifierLe sérail est le lieu de captivité des femmes que le sultan exploite pour assurer sa descendance. Il est dirigé par la mère du sultan et gardé par des eunuques et des servantes[2]. La violence ne s'exerce pas seulement contre les femmes, mais également entre elles sachant que certaines sont retenues comme favorites. C'est le cas d'une des esclaves célèbre, Roxelane, affranchie puis épousée par Soliman Ier[1].
Le palais de Topkapı (Topkapı Sarayı) est le principal palais d’Istanbul, autrefois demeure du sultan, aujourd'hui devenu un musée.
Entre 1716 et 1718, Mary Wortley Montagu voyage dans l'Empire Ottoman et raconte dans ses lettres les modes de vie de ces femmes dans les sérails[2]. Elle compile ses écrits dans le recueil The Turkish Embassy Letters publié pour la première fois en 1763. Elle se distingue des auteurs précédents qui ont pu écrire sur la culture orientale, notamment par ses activités désintéressées sur place et son statut exceptionnel de femme voyageuse. En effet, au contraire des hommes voyageurs qui ont laissé des écrits, Mary Wortley Montagu a l'occasion de fréquenter les femmes musulmanes et celles du sérail. Elle les décrit sans jugement et valorise le statut de certaines[3].
Dans l’art ou la fiction
modifierLittérature
modifier- Lettres persanes, roman épistolaire de Montesquieu,
- The Turkish Embassy Letters (1763), recueil de lettres de Mary Wortley Montagu,
- Les Désenchantées (1906), roman de Pierre Loti[4],
- Bérurier au sérail (1964), roman de Frédéric Dard.
Opéra
modifier- Die Entführung aus dem Serail (L'Enlèvement au sérail), opéra de Mozart.
Peinture
modifier-
The Reception
John Frederick Lewis -
Sérail à Constantinople, la danse de l'almée
Félix Ziem,1880-1900
Petit Palais, Paris
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Jocelyne Dakhlia, « Entrées dérobées : l’historiographie du harem », Clio, 9–1999, Femmes du Maghreb, p. 37–55, lire en ligne.
Articles connexes
modifier- Lettres persanes de Montesquieu
- Bajazet de Racine
- Caravansérail, dérivé du mot sérail, désigne une auberge ou un point de bivouac pour les caravanes.
Références
modifier- Christelle Taraud, « Le harem sultanien et l'esclavisation des femmes blanches dans l'Empire Ottoman », dans Christelle Taraud, Féminicides. Une histoire mondiale, Paris, La Découvertes, , p. 240
- « Dans le sérail », sur BnF Essentiels (consulté le )
- Justine Dupouy, « Les lettres de Lady Mary Wortley Montagu : traces d’une vie de voyages », dans La lettre trace du voyage à l’époque moderne et contemporaine, Presses universitaires de Paris Nanterre, coll. « Chemins croisés », , 43–62 p. (ISBN 978-2-84016-448-7, lire en ligne)
- « "Les Désenchantées" de Pierre Loti, histoire d’une supercherie littéraire : épisode • 4/4 du podcast Pierre Loti et son temps », sur France Culture (consulté le )