Scandale du Rubygate

affaire politico-judiciaire à caractère sexuel impliquant Silvio Berlusconi

Le scandale du Rubygate — on parle aussi de l'affaire Ruby[1]— est une affaire politico-judiciaire à caractère sexuel dans laquelle se trouve impliqué le président du Conseil des ministres italien Silvio Berlusconi.

Silvio Berlusconi est soupçonné d'avoir incité à la prostitution une danseuse de discothèque mineure. Entre février et , il aurait payé Karima El Mahroug — connue sous le nom de scène Ruby Rubacuori — alors mineure pour avoir des relations sexuelles avec lui, ainsi qu'avec de nombreuses autres jeunes femmes qui participaient à une série de réceptions privées, les bunga-bunga[2], dans une de ses villas à Arcore, près de Milan.

Silvio Berlusconi ainsi que certains de ses associés doivent répondre à des accusations d'abus de position, exploitation de la prostitution et exploitation sexuelle de mineures.

Le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi.

Alors que les enquêteurs affirment que l'interception légale de conversations sur téléphones portables leur fournit des preuves écrasantes, les avocats du président du Conseil contestent ces allégations, proclamant qu'il s'agit d'une enquête absurde et sans fondement[3],[4].

Les faits

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Le , Karima El Mahroug, une danseuse du ventre née au Maroc le et également connue sous son nom de scène Ruby Rubacuori (soit à peu près « Ruby la voleuse de cœurs ») était arrêtée par la police à Milan. Elle est accusée d'un vol de montre de trois mille euros. La jeune fille ne portant sur elle aucun papier, est emmenée au siège de la police locale pour identification et interrogatoire. En égard à son âge, la jeune fille est orientée vers un refuge pour les délinquants mineurs.

Pendant l'un des interrogatoires, le chef de la police de Milan est appelé par le président du Conseil Silvio Berlusconi en personne. Celui-ci fait pression pour faire libérer la jeune fille, affirmant qu'elle est « la nièce du président de la République arabe égyptienne Hosni Moubarak » et que, pour éviter une crise diplomatique, il faut la confier à Nicole Minetti, une femme politique locale qui appartient à son parti[5].

À la suite de deux appels téléphoniques de Silvio Berlusconi aux autorités policières, la jeune femme est libérée et remise suivant la volonté du chef du gouvernement à Nicole Minetti, depuis conseillère régionale sur les listes du parti de Silvio Berlusconi, Le Peuple de la liberté[6].

Selon une série de reportages parus dans les médias en , Silvio Berlusconi aurait rencontré Karima El Mahroug, âgée alors de 17 ans, par l'entremise de Nicole Minetti. La jeune fille insiste sur le fait qu'elle n'a pas eu de relations sexuelles avec le chef du gouvernement italien, âgé de 74 ans, mais elle déclare qu'elle a assisté à un dîner dans sa villa près de Milan. Elle dit avoir reçu une enveloppe contenant 7 000  et des bijoux.

 
La villa San Martino, à Arcore, près de Milan. Résidence privée du chef du gouvernement italien, cette villa aurait été le lieu des soirées bunga-bunga organisées par le président du Conseil italien.

En , une enquête pénale est ouverte contre le président du Conseil Berlusconi au sujet de ses relations avec Karima El Mahroug, pour avoir eu des rapports sexuels avec une mineure et d'avoir abusé de ses fonctions pour la faire relâcher[7]. Les avocats de Silvio Berlusconi s'empressent de nier ces allégations, les déclarant « absurdes et sans fondement » et ont qualifié l'enquête d'« atteinte grave à la vie privée du Premier ministre, sans précédent dans l'histoire judiciaire du pays[8]. »

Verdict

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Le , Silvio Berlusconi est condamné pour incitation à la prostitution de mineure et abus de pouvoir, à sept ans de prison ainsi qu'à une peine d'inéligibilité à vie, sentence susceptible d'être suspendue en cas de recours[9]. Durant le procès, le ministère public rejette les dénégations de Karima El Mahroug, qui, aux yeux de la procureure, « nie parce qu'elle a reçu plus de 4,5 millions d'euros » en trois mois[9].

Le vendredi , Silvio Berlusconi est acquitté par la Cour d'appel de Milan alors que le parquet a pourtant réclamé la confirmation de la peine déjà prononcée en première instance.

Notes et références

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  1. Berlusconi "se fiche complètement du sort de l'Italie", article du quotidien Le Monde, daté du 10 décembre 2012.
  2. Les fameuses soirées bunga-bunga étaient organisées entre 2009 et 2010 dans la villa San Martino, propriété privée de Silvio Berlusconi ; selon des témoins, ces soirées étaient à caractère sexuel, le chef du gouvernement ayant payé des femmes pour des relations sexuelles.
  3. (en) Stephan Faris, « Did Italy's Berlusconi Pay for Sex? », Time magazine (consulté le )
  4. (en) James Walston, « Why Silvio Berlusconi is still standing », Telegraph UK (consulté le )
  5. Guardian, Friday 14 January 2011
  6. (it) « Ruby fu affidata a una Comunità, non a Nicole Minetti », RaiNews24, (consulté le )
  7. Newsweek, January 14 2011
  8. Time Magazine, 14 January 2011
  9. a et b Anne-Laure Frémont, « « Rubygate » : Silvio Berlusconi condamné à sept ans de prison », sur Le Figaro.fr,
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