La sclère, ou sclérotique, est une membrane blanche et opaque, très résistante, de structure tendineuse et d'épaisseur de 1 à 2 mm, qui forme le « blanc » de l'œil. Elle est formée d'un tissu conjonctif dense et peu vascularisé. Elle permet de contenir la pression interne de l'œil et de protéger celui-ci contre les agressions mécaniques. C'est aussi celle-ci qui donne sa forme plutôt ronde. La sclérotique forme presque les quatre cinquièmes de la surface du globe oculaire. En arrière, elle est traversée par le nerf optique et, latéralement, par des orifices destinés aux vaisseaux et aux nerfs. Dans sa partie antérieure, la sclérotique est recouverte de la conjonctive (fine membrane muqueuse), qui recouvre aussi la face interne des paupières et les rend ainsi solidaires de l'œil, et se prolonge par la cornée. C'est sur elle que s'insèrent les muscles oculomoteurs[1].

La sclérotique forme le blanc de l'œil humain.
La sclérotique blanche entoure l'œil de porc.

Cas particulier des humains

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La sclérotique des humains se démarque du reste du monde animal par le fait que tous les individus de l'espèce (Homo sapiens) possède une sclère particulièrement blanche et visible. L'hypothèse de « L'oeil coopératif » ("cooperative eye hypothesis", en anglais), affirme que cela permettrait aux humains de communiquer plus facilement entre individus à travers des regards ou des coups d'oeil. Une étude de 2001 suppose également que la sclère sombre des autres animaux, et plus particulièrement des autres Hominidés, leur permettrait au contraire de cacher leur regard et leurs intentions, ce qui peut conférer un avantage dans un contexte de compétitivité et de survie[2].

Cependant, une étude de 2021 remet en question l'hypothèse de l'oeil coopératif. Cette étude affirme que la sclère particulièrement blanche des humains serait dû à la dérive génétique, accentuée par la sélection sexuelle. Une sclère très blanche est perçu comme un signe de bonne santé et de jeunesse, tandis que la sclère peut devenir jaunâtre par la maladie ou grise à cause de la vieillesse. Posséder une sclère blanche et bien visible aurait donc été un critère de sélection lors de la recherche d'un partenaire sexuel. Dans ce contexte, la capacité des humains à communiquer juste à travers le regard ne serait qu'une conséquence de cette sclère blanche[3],[4].

Ces deux hypothèses (l'oeil coopératif et la dérive génétique mêlée à la sélection sexuelle) ne sont pas mutuellement exclusives et peuvent donc être toutes les deux justes ou fausses. Il n'existe pas suffisamment d'études concernant le lien entre la communication par le regard et la clarté de la sclère chez les animaux, il est donc compliqué de trancher sur la question de la sclère blanche des humains.

Couleurs

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  • Une sclère anormalement blanche (ou bleutée[5]/voir plus bas) peut être le signe, assez commun, d'une carence martiale (manque de fer)[6],[7],[8] ; ce pourrait être un élément d'aide au diagnostic automatisable d'anémi ;
  • Une sclère jaunâtre peut indiquer des problèmes de foie (ictère qui chez le bébé à peau noire ou foncée est d'abord visible sur l'oeil[9] ;
  • Une sclère bleue, unilatérale, ou bilatérale est un phénomène plus rare dont le diagnostic étiologique est souvent complexe ; il peut faire évoquer un syndrome génétique. S'il n'y a pas de syndrome polymalformatif évident, la couleur bleutée est attribuée à la visualisation de la choroïde sous-jacente, à travers la sclère[10], le problème est souvent congénital[11].
    John K Brooks, en 2018, à partir d'une revue d'étude a recensé 78 causes (étiologies) : 66 sont des syndromes génétiques, 8 des maladies systémiques et 4 sont des étiologies pharmacologiques (par exemple due à la minocycline)[12],[13].
    Le plus souvent les sclères bleues sont le signe d'une ostéogenèse imparfaite due à une mutation[14],[13] ;

L'apparition d'une pigmentation bleue, grise ou noire progressive de la sclère et de l'oreille externe (signe d'Osler) indique une alcaptonurie[16].

Notes et références

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  1. « Sclère et cornée », sur Vision Animale (consulté le )
  2. (en) Hiromi Kobayashi et Shiro Kohshima, « Unique morphology of the human eye and its adaptive meaning: comparative studies on external morphology of the primate eye », Journal of Human Evolution, vol. 40, no 5,‎ , p. 419–435 (ISSN 0047-2484, DOI 10.1006/jhev.2001.0468, lire en ligne, consulté le )
  3. Fleur Brosseau, « A quoi sert le blanc de nos yeux ? », sur Science et vie, (consulté le )
  4. (en) Kai R. Caspar, Marco Biggemann, Thomas Geissmann et Sabine Begall, « Ocular pigmentation in humans, great apes, and gibbons is not suggestive of communicative functions », Scientific Reports, vol. 11, no 1,‎ , p. 12994 (ISSN 2045-2322, PMID 34155285, PMCID PMC8217224, DOI 10.1038/s41598-021-92348-z, lire en ligne, consulté le )
  5. Kazuki Iio et Yu Ishida, « Blue Sclera in an Infant with Severe Iron Deficiency Anemia », The Journal of Pediatrics, vol. 247,‎ , p. 169–170 (ISSN 0022-3476, DOI 10.1016/j.jpeds.2022.05.031, lire en ligne, consulté le )
  6. H. Lobbes et J. Dehos, « Étude de la couleur bleue de la sclère pour le diagnostic de carence martiale : analyse clinique et informatisée », sur La Revue de Médecine Interne, (ISSN 0248-8663, DOI 10.1016/j.revmed.2019.10.031, consulté le ), A44
  7. L. Kalra, A. N. Hamlyn et B. J. M. Jones, « Blue sclerae SCLERAE: a common sign of iron deficiency ? », The Lancet, originally published as Volume 2, Issue 8518, vol. 328, no 8518,‎ , p. 1267–1269 (ISSN 0140-6736, DOI 10.1016/S0140-6736(86)92688-7, lire en ligne, consulté le )
  8. Iglesias Clemente JM, Rodríguez García S, Molina Hernando MA. [Evaluation of a clinical sign in predicting iron deficiency in women: the blue sclera]. Aten Primaria. 1990;7:552–4.
  9. Camara, O. (2023). Profil épidémio-clinique, thérapeutique et évolutif de l’ictère du nourrisson et de l’enfant dans le service de pédiatrie du CHU-BOCAR SIDY SALL de Kati (Doctoral dissertation, Université des Sciences, des Techniques et des Technologies de Bamako).
  10. J. Perrot et B. Labeille, « Apport de la microscopie confocale in vivo pour expliquer le la couleur bleuté de la sclère oculaire au cours de l'ostéogenèse imparfaite », sur Annales de Dermatologie et de Vénéréologie, (ISSN 0151-9638, DOI 10.1016/j.annder.2015.10.355, consulté le ), S591
  11. B. Bobelna, E. Sarrazin, H. Margot et H. Merle, « Sclères bleues congénitales bilatérales : à propos d'un cas », Journal Français d'Ophtalmologie, vol. 46, no 10,‎ , e372–e373 (ISSN 0181-5512, DOI 10.1016/j.jfo.2023.06.005, lire en ligne, consulté le )
  12. S. Johnston, « Feeling blue? Minocycline-induced staining of the teeth, oral mucosa, sclerae and ears – a case report », British Dental Journal, vol. 215, no 2,‎ , p. 71–73 (ISSN 0007-0610 et 1476-5373, DOI 10.1038/sj.bdj.2013.682, lire en ligne, consulté le )
  13. a et b John K. Brooks, « A review of syndromes associated with blue sclera, with inclusion of malformations of the head and neck », Oral Surgery, Oral Medicine, Oral Pathology and Oral Radiology, vol. 126, no 3,‎ , p. 252–263 (ISSN 2212-4403, DOI 10.1016/j.oooo.2018.05.012, lire en ligne, consulté le )
  14. D. Sillence, B. Butler, M. Latham et K. Barlow, « Natural history of blue sclerae in osteogenesis imperfecta », American Journal of Medical Genetics, vol. 45, no 2,‎ , p. 183–186 (ISSN 0148-7299 et 1096-8628, DOI 10.1002/ajmg.1320450207, lire en ligne, consulté le )
  15. Celia Rodd, Nicole Kirouac, Julia Orkin et Ruth Grimes, « L’évaluation et l’optimisation de la santé osseuse chez les enfants ayant des affections chroniques », Paediatrics & Child Health, vol. 27, no 4,‎ , p. 237–242 (ISSN 1205-7088 et 1918-1485, DOI 10.1093/pch/pxac035, lire en ligne, consulté le )
  16. N. Graceffa, A.-S. Sohet et L. Levecq, « Manifestations oculaires de l’alcaptonurie : à propos d’un cas », Journal Français d'Ophtalmologie, vol. 44, no 6,‎ , e323–e325 (ISSN 0181-5512, DOI 10.1016/j.jfo.2020.09.026, lire en ligne, consulté le )

Liens externes

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