Utilisateur:Libertinus Mercator/Brouillon Agorisme
L'agorisme est une philosophie politique anarchiste et libertarienne qui se rapproche des courants de pensées tel que l'anarchisme individualiste et le mutuellisme (l'agorisme est aussi considérée comme faisant partie de la faction des anarchistes de marché libre[1] et partageant beaucoup avec l'anarcho-capitalisme de Murray Rothbard) fondée par Samuel Edward Konkin III, dont l'objectif ultime est de parvenir à une société dans laquelle toutes les relations entre les individus sont des échanges volontaires – un marché libre. Le terme provient du mot grec agora, désignant un lieu ouvert d'assemblée et de marché dans les cités-états grecques antiques[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13],[14].
La théorie agoriste divise les individus en deux classes: ceux qui gagnent leur vie grâce au marché, de façon libre et volontaire (appelés la « classe économique ») ainsi que ceux qui gagnent leur vie en contraignant les autres, de façon autoritaire et violente (appelés la « classe politique »)[7],[15].
Les agoristes soutiennent un renversement non violent de la classe politique (qui est en charge des gouvernements) grâce à l'action directe et pacifique qui utilise les marchés noirs et gris, connue sous le nom de contre-économie, qui s'engage dans les aspects d'une révolution non violente dans le but de priver de revenus les gouvernements pour les affaiblir. Le but est de les rendre moins efficaces et moins fonctionnels, jusqu'à leur effondrement[5],[16],[17],[18],[19].
L'agorisme partage des éléments avec l'anarcho-capitalisme, mais contrairement à certains anarcho-capitalistes, la plupart des agoristes s'opposent catégoriquement au scrutin de vote, aux partis politiques (car la participation d'anarcho-capitalistes à un parti politique est en contradiction avec l'anarchisme selon eux), au terme « capitalisme » pour utiliser plutôt celui de « marché » (associant le capitalisme au corporatisme et aux corporations ainsi que ces derniers nommés comme étant une extension des gouvernements et de leur surveillance de masse), ils s'opposent aussi au devoir légal de payer ses taxes et ses impôts comme stratégie pour atteindre leurs objectifs souhaités. Les agoristes rejettent aussi le travail salarié pour une approche entrepreneuriale de type mutuelliste et individualiste, à gauche politiquement, plus proche de celle des anarchistes américains comme Spooner et Tucker (voir même de Proudhon et des anarchistes de marché)[1] tout en faisant partie de la pensée Rothbardienne (plus précisément d'un sous-courant, le rothbardisme de gauche[20],[21],[22],[23],[24]) et de l'école de pensée autrichienne économiquement parlant[18],[17],[25],[26].
Les idées de SEK3 et de l'agorisme ont eu une influence sur plusieurs individus dont Victor Koman[27],[28], auteur de plusieurs romans de science-fiction dont ces derniers ont reçu l'appelation de fictions agoristes[29] avec des oeuvres comme Kings of the High Frontier[30],[31], Solomon’s Knife[32],[33], The Jehovah Contract[34],[35] et sans oublier The Legend of Anarcho Claus[36],[37] dont il a co-écrit avec Konkin lui même. J. Neil Schulman à été aussi inspiré beaucoup par le courant agoriste, écrivain et producteur hollywoodien qui a écrit un livre de science-fiction dystopique libertarien, Alongside Night[38] destiné à articuler et promouvoir les principes de l'agorisme à travers un roman de fiction, le livre a été aussi adapté en film en 2014[39],[40],[41],[42],[43]. Aussi, une personne comme Ross Ulbricht a été inspiré par Rothbad, Konkin et Schulman pour la création de son site web d'e-commerce clandestin qui s'appelait Silk Road[42],[44],[45]. Le site offrait un marché noir de type contre-économique, opérait sur le darknet et entièrement en Bitcoin en dehors du contrôle de l'État[46].
Idéologie
modifierLes premiers défenseurs de l’agorisme proviennent des « rothbardiens de gauche » – inspirés par Murray Rothbard –, un courant du mouvement libertarien qui refusait de participer à la politique électorale du Parti libertarien. À l’initiative de Konkin, le terme « gauche » était utilisé pour signifier un esprit révolutionnaire anti-partis et pour restaurer une alliance entre le libertarianisme et la Nouvelle Gauche américaine[4],[11].
Théorie de la révolution
modifierL’agorisme prône l’instauration d’une société anarchiste par l’expansion de l’économie informelle, la contre-économie. Cette expansion devrait mener au développement d’un secteur privé suffisamment fort pour se protéger de l’État et l’abolir[47].
Théorie des types de marché
modifierKonkin définit plusieurs types de marché dans la théorie agoriste :
Marché moral :
- marché blanc : activités approuvées par l’État ;
- marché gris : activités interdites sauf si conformes aux règles de l’État ;
- marché noir : activités totalement interdites par l’État.
Marché immoral :
- marché rose : activités immorales tolérées ou ambiguës, souvent non réglementées ;
- marché rouge : activités immorales impliquant violence ou fraude, strictement prohibées.
Konkin met en avant que l’agorisme consiste à transformer les activités du marché blanc en marché noir grâce à la contre-économie[47],[48].
Théorie des classes selon Konkin
modifierLes agoristes distinguent trois catégories de classes selon leurs relations avec l’État :
- entrepreneurs (bénéfiques, non étatiques) ;
- neutres (possesseurs de capitaux sans conscience idéologique) ;
- étatistes (maléfiques, principaux soutiens de l’État)[24].
Propriété intellectuelle
modifierKonkin s’opposait à la propriété intellectuelle, qu’il considérait comme une création de monopoles par l’État. Cette position fut critiquée par J. Neil Schulman, qui défendait l’idée d’une propriété intellectuelle légitime indépendante des lois étatiques[49].
Critiques de Rothbard
modifierMurray Rothbard, bien qu’ayant inspiré l'agorisme, le critiquait, arguant que la majorité des individus étant salariés, l’approche de Konkin ne s’adressait qu’à une minorité auto-employée. Konkin a répondu en insistant sur la supériorité organisationnelle d’une société composée de contractants indépendants[25],[26].
Notes et références
modifier- (en) Roderick Long, Anarchism, Gaus, Gerald F.; D'Agostino, Fred, eds., (ISBN 9780415874564, lire en ligne), p. 217-230. Page 227 (traduction libre) : « Plus tard, [le libertarianisme de gauche] est devenu un terme désignant l’aile gauche ou « konkinite » du mouvement libertarien de marché libre, et il recouvre désormais un éventail de positions pro-marché mais anti-capitalistes, principalement anarchistes individualistes, incluant l’agorisme et le mutualisme, souvent avec une implication de sympathies (comme pour le féminisme radical ou le mouvement ouvrier) qui ne sont généralement pas partagées par les anarcho-capitalistes. »
- ↑ (en) Gary Chartier, Charles W. Johnson, Markets Not Capitalism, États-Unis, Minor Compositions, , 440 p. (ISBN 978-1570272424, lire en ligne), p. 86 :
« Agorism might be considered a branch of anarcho-capitalism or individualist anarchism/mutualism. It might be considered an attempt to reconcile anarcho-capitalism with individualist anarchism and even the rest of libertarian socialism where possible. »
- ↑ (en-US) Derrick Broze, « Agorism is Not Anarcho-Capitalism », sur Center for a Stateless Society (consulté le ).
- Samuel Edward Konkin III, Le Manifeste Néo-Libertarien (lire en ligne [PDF])
- (en) Samuel Edward Konkin III, An Agorist Primer (ISBN 0977764974, lire en ligne [PDF]).
- ↑ (en) David S. D’Amato, « Black-Market Activism: Agorism and Samuel Edward Konkin III » , sur Libertarianism.com, .
- (en) « Agorism » , sur BlackCrayon.com.
- ↑ Frédéric Mas, « Agorisme : quand le libéralisme devient clandestin » , sur Contrepoints, .
- ↑ Jérôme Morvan, « Provocateur : la jungle de Calais, oasis libérale agoriste ? », sur IREF Europe - Contrepoints, (consulté le ).
- ↑ Ludovic Lars, « Bitcoin, une monnaie agoriste », sur Journal du Coin, .
- (en) Wendy McElroy, Samuel Edward Konkin III Revolutionary Friend, États-Unis, , 220 p. (ISBN 979-8301570841).
- ↑ (pl) Marcin Chmielowski, Agoryzm: teoria i praktyka, Fundacja Wolności i Przedsiębiorczości, (ISBN 978-83-943054-0-6).
- ↑ (en) Tarrin P. Lupo, How to Make a Living Outside the System, États-Unis, Porcupine Publications, , 50 p. (ISBN 978-1937311025).
- ↑ (en-US) C4SS, « Back to Basics: What is Agorism and Counter-Economics? », sur Center for a Stateless Society (consulté le ).
- ↑ (en) Wally Conger, Agorist Class Theory (lire en ligne [PDF]).
- ↑ (en) Samuel Edward Konkin III, « Origin of Agorism: Counter-Economics », dans The Last, Whole Introduction to Agorism (lire en ligne).
- (en) David Friedman, The Machinery of Freedom, 2nd edition, États-Unis, (ISBN 0-8126-9069-9, lire en ligne), p. 77 (traduction libre) :
« Sous les institutions agoriques, presque tout le monde est travailleur indépendant. Au lieu de corporations, il existe de grands groupes d'entrepreneurs liés par le commerce, non par l'autorité. »
- (en) Center For a Stateless Society, « Market Anarchism FAQ » , sur Center For a Stateless Society.
- ↑ (es) Samuel Edward Konkin III, CONTRAECONOMÍA, Unión Editorial, , 212 p. (ISBN 978-8472099388).
- ↑ (en-US) Kevin Carson, « An Introduction to Left-Libertarianism », sur Center for a Stateless Society (consulté le ).
- ↑ (en-US) Kevin Carson, « The Left-Rothbardians, Part I: Rothbard », sur Center for a Stateless Society (consulté le ).
- ↑ (en-US) Kevin Carson, « The Left-Rothbardians, Part II: After Rothbard », sur Center for a Stateless Society (consulté le ).
- ↑ (en) Wendy McElroy, Samuel Edward Konkin III Revolutionary Friend, États-Unis, (ISBN 9798301570841), p. 155-156 :
« Rothbard and his followers accused SEK3 of using Marxist language, which was true. SEK3 referred to MLL members as “the cadre” or “the hardcore,” for instance. He was delighted when someone told him that a person close to Rothbard had called him “the Trotsky of the Movement.” So it became natural to refer to us as the Libertarian Left in that context. People and movements often convert an intended insult into a badge of honor, in the manner of the Loco Focos in the early 1800s. When SEK3 was asked what “left-libertarian” meant, his standard answer was that it meant “to the left” of Rothbard, thus making Rothbard sound more conservative. SEK3 reveled in being the radical. »
- (en) « Smashing the State for Fun and Profit Since 1969 », sur Collected writings of Samuel Edward Konkin III, (consulté le ) : « Agorists are strict Rothbardians, and, I would argue in this case, even more Rothbardian than Rothbard, who still had some of the older confusion in his thinking. But he was Misesian, and Mises made the original distinction between Innovators/Arbitrageurs and Capital-holders (i.e., mortgage-holders, coupon-clippers, financiers, worthless heirs, landlords, etc.). With the Market largely moving to the ’net, it is becoming ever-more pure entrepreneurial, leaving the brick ’n’ mortar “capitalist” behind. »
- (en) Murray N. Rothbard, « Konkin on Libertarian Strategy » , sur Mises Institute, Strategy of the New Libertarian Alliance, Number One, .
- (en) Samuel Edward Konkin III, « Reply to Rothbard », Strategy of the New Libertarian Alliance, no Number One, , p. 11-19 (lire en ligne ).
- ↑ (en) « Summary Bibliography: Victor Koman » , sur The Internet Speculative Fiction Database.
- ↑ (en) « KomanSense » .
- ↑ (en) « Agorist Fiction — Novels by Koman & Konkin ».
- ↑ (en) « Title: Kings of the High Frontier » , sur The Internet Speculative Fiction Database.
- ↑ (en) Victor Koman, Kings of the High Frontier, , 576 p. (ISBN 0-9665662-0-3).
- ↑ (en) « Title: Solomon's Knife » , sur The Internet Speculative Fiction Database.
- ↑ (en) Victor Koman, Solomon's Knife, Franklin Watts, , 278 p. (ISBN 0-531-15108-5).
- ↑ (en) « Title: The Jehovah Contract » , sur The Internet Speculative Fiction Database.
- ↑ (en) Victor Koman, The Jehovah Contract, Franklin Watts, , 277 p. (ISBN 0-531-15043-7).
- ↑ (en) « The Legend of Anarcho Claus » , sur Google Livres.
- ↑ (en) Victor Koman, Samuel Edward Konkin III, The Legend of Anarcho Claus, Kopubco, , 60 p. (ISBN 0977764958).
- ↑ (en) J. Neil Schulman, Alongside Night, États-Unis, Crown Publishers, (ISBN 978-1-58445-120-4).
- ↑ (en) J. Neil Schulman, « www.alongsidenight.com » .
- ↑ (en) J. Neil Schulman, « www.alongsidenightmovie.com » .
- ↑ (en) Nick Gillespie, « J. Neil Schulman's Alongside Night Now Streaming at Amazon Prime » , sur Reason, .
- (en) Andy Greenberg, « Collected Quotations Of The Dread Pirate Roberts, Founder Of Underground Drug Site Silk Road And Radical Libertarian » , sur Forbes, : « I read everything I could to deepen my understanding of economics and liberty, but it was all intellectual, there was no call to action except to tell the people around me what I had learned and hopefully get them to see the light. That was until I read “Alongside night” and the works of Samuel Edward Konkin III. At last the missing puzzle piece! All of the sudden it was so clear: every action you take outside the scope of government control strengthens the market and weakens the state. ».
- ↑ (en) « Alongside Night » , sur IMDb.
- ↑ (en) Brian Doherty, « What Effect Should the Revelations About Silk Road Investigators' Crimes Have Had on Ross Ulbricht's Trial? » , sur Reason, : « They also discussed authors Murray Rothbard and Samuel Konkin. Libertarians of the Internet beware. The Feds are watching. ».
- ↑ (en) « Is Ross Ulbricht a Libertarian Hero? | Mises Institute », sur mises.org, (consulté le ).
- ↑ (en) Robert W. Gehl, Laura DeNardis et Michael Zimmer, Weaving the Dark Web, MIT Press, (ISBN 9780262347587, DOI 10.7551/mitpress/11266.001.0001, lire en ligne), p. 89 - 126.
- (en-US) Samuel Edward Konkin III, « The Last, Whole Introduction to Agorism », sur Collected writings of Samuel Edward Konkin III, (consulté le ).
- ↑ (en) Samuel Edward Konkin III, Counter-Economics: what it is, how it works (lire en ligne) :
« What is counter-economics? The Counter-Economy is the sum of all non-aggressive Human Action which is forbidden by the State. Counter-economics is the study of the Counter-Economy and its practices. The Counter-Economy includes the free market, the Black Market, the “underground economy,” all acts of civil and social disobedience, all acts of forbidden association (sexual, racial, cross-religious), and anything else the State, at any place or time, chooses to prohibit, control, regulate, tax, or tariff. The Counter-Economy excludes all State-approved action (the “White Market”) and the Red Market (violence and theft not approved by the State). »
- ↑ (en) Samuel Edward Konkin III, « Copywrongs », sur LewRockwell (consulté le ).
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- « Le Manifeste néo-libertarien » [PDF] (version du sur Internet Archive)