Vittel (eau minérale)

eau minérale

Vittel est une marque d'eau minérale en bouteille française moyennement minéralisée appartenant à Nestlé Waters, division eaux de la multinationale agroalimentaire Nestlé depuis 1992.

Vittel
Image illustrative de l’article Vittel (eau minérale)

Pays d’origine Drapeau de la France France
Ville d’origine Vittel
Société Nestlé Waters
Date de création 1854
Type Eau plate
Site web www.vittel.frVoir et modifier les données sur Wikidata

Vittel fait partie de la Société des eaux de Vittel, comprenant Hépar et Contrex.

L'impact écologique du prélèvement de Vittel sur la nappe phréatique est mis en avant par de nombreuses associations environnementales, incluant des soupçons de conflit d'intérêts au niveau local et de privatisation de la ressource. Dans cette problématique, la découverte d'une quantité industrielle de déchets plastiques retrouvée sur différentes parcelles autour du centre de production de la marque est également relevée.

Propriétés et composition analytique

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Le pH de l'eau Vittel est de 7,6. Vittel appartient au groupe des eaux moyennement minéralisées. L'extrait sec à 180 °C est de 1 084 mg/L.

Espèce Formule Teneur (mg/L)[1]
Bicarbonates HCO3 384
Calcium Ca2+ 240
Chlorures Cl 8
Fluorures F 0,16
Magnésium Mg2+ 42
Nitrates NO3 4,4
Potassium K+ 1,9
Sodium Na+ 5,2
Sulfates SO42− 400

Historique

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Vittel est une cité thermale dès l’époque gallo-romaine.

 
Publicité pour l'eau de Vittel, en 1905.

Louis Bouloumié, après trois cures les années précédentes, rachète le au cultivateur Charles Rifflard, la source de Gérémoy, réputée diurétique, et un pré de 80 ares, à Vittel dans les Vosges. En 1855, il obtient l'autorisation gouvernementale d'exploiter la source. L'année suivante, il crée la station thermale de Vittel. Il décide de commercialiser l'eau minérale de Vittel en bouteille pour la cure à domicile. En 1856, les bouteilles sont en grès. Au décès de Louis Bouloumié en 1869, la source est reprise par son fils aîné Ambroise (né le à Toulouse), qui fut d'abord avocat à Toulouse et secrétaire de l'homme politique Émile Ollivier de 1865 à 1868. La première ligne d'embouteillage est mise en place en 1875. La Société générale des eaux minérales de Vittel (SGEMV), regroupant Vittel et Hépar[2][source insuffisante], est créée en 1882. En 1898, première bouteille en verre.

En 1903, Jean Bouloumié succède à son père Ambroise à la direction de la station thermale. Puis, il succède en 1938 au sénateur Maurice Flayelle à la tête du conseil d'administration de la Société des eaux. Une unité d'embouteillage plus productive est mise en place en 1930 avec quatre lignes automatisées de 6 000 bouteilles/heure.

Au décès de Jean Bouloumié en 1952, la succession est assurée par sa sœur Germaine Bouloumié (1885-1981). En 1968, première bouteille en PVC. En 1969, le groupe suisse Nestlé entre au capital de Vittel, à hauteur de 30 %. En 1972, Guy de la Motte-Bouloumié, neveu de Germaine, prend la direction de la SGEMV[3].

En 1974, la bouteille ronde devient carrée. En 1989, la société des eaux de Vittel rachète et relance la production de l'eau minérale Quézac[4]. En 1992, Nestlé rachète Vittel et l'intègre dans sa division Eaux, Nestlé Waters, qui comprend Perrier, Contrex et Hépar. En 1994, première bouteille en PET. Les thermes sont cédés au groupe Partouche en 2001 puis rachetés par la commune de Vittel en 2008.

Dès 2014, des décharges massives de plastiques sont découvertes près des usines de la marque Vittel. Dès 2018, la marque Vittel est accusée de pomper excessivement la nappe phréatique.

En 2024, un rapport interne met en évidence un taux important d'arsenic[5].

Production

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La production annuelle en bouteilles est en 1898 de 1 million, en 1903 de 3 millions, en 1913 de 10 millions, en 1921 de 14 millions, en 1947 de 34 millions, en 1951 de 100 millions, en 1960 de 233 millions, en 1990 de 1 milliard et en 2009[6] de 900 millions. En 2009[6], l'entreprise possède 15 lignes d’embouteillages avec des cadences pouvant atteindre 35 000 bouteilles/heure.

L'usine d'embouteillage produit plus de 2 milliards de bouteilles par an pour les marques Vittel, Contrex et Hépar (elle est reliée par des pipelines avec l'usine Contrex à Contrexéville à quelques kilomètres de Vittel qui continue à embouteiller l'eau Contrex, cela permet d'embouteiller Contrex indifféremment dans l'usine de Vittel ou Contrex).

En 2009, la marque Vittel est présente dans une centaine de pays[6]. Les bouteilles sont à 90 % commercialisés en Europe dont 49 % en France, 20 % en Allemagne[7], 12 % en Belgique, 10 % en Grande-Bretagne[6]. En , la destination des eaux extraites a évolué[8] : 67 % destinée à la France et 33 % à l'étranger, dont 60 % pour l'Allemagne. L'entreprise utilise une source en France, en Belgique et en Suisse (« Grande source »), et une seconde source pour l'Allemagne et le reste du monde (« Bonne source »)[9]. Début , Nestlé annonce la cessation de l'export de la marque Vittel vers l'Autriche et l'Allemagne (où l'image de la marque a été grandement écornée par les scandales environnementaux) pour se concentrer sur d'autres marques[8]. Les autres marques, Contrex et Hépar sont quasi exclusivement vendues en France.

En complément de l'eau minérale, Nestlé a commercialisé plusieurs produits cosmétiques en contenant[2][source insuffisante]. L'atomiseur en 1978, la ligne de soins en 1984, la crème de nuit et le démaquillant pour les yeux en 1986, le gel gommant pour le visage et le lait démaquillant en 1988. En 1990, le groupe L'Oréal, par l'intermédiaire de sa filiale LaSCAD, signe un accord de licence pour des produits cosmétiques qu'il commercialise en grande distribution[2][source insuffisante].

Impact écologique

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Surexploitation de la nappe phréatique

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La nappe phréatique de Vittel, isolée des autres nappes phréatiques (le tout formant la nappe des grès du Trias inférieur - GTI), est surexploitée ; près de la moitié de l'eau est exploitée par la mise en bouteille (Nestlé Waters) et une fromagerie industrielle (Ermitage)[7],[10]. Selon l'ONG Vosges Nature Environnement, 80 % du déficit de la nappe (800 000 m3) est du fait de l'embouteillage[7].

Il est prévu que le niveau de l'eau baisse de 4 mètres entre 2016 et 2050[11]. L'association « La vigie de l'eau » et une commission locale sont chargées de trouver des stratégies d'économie d'eau. La solution d'abord retenue est la création d'un réseau parallèle de canalisations pour alimenter la ville depuis d'autres ressources en eau déjà utilisées par d'autres villes[7]. Pour plusieurs institutions publiques et privées, cela reviendrait à privatiser la nappe phréatique de Vittel[12]. La construction de ce réseau (dont le coût est estimé entre 8 et 17 millions d'euros) serait en partie financé par Nestlé[12],[13]. Des soupçons de conflits d'intérêts entre Nestlé, l'association « La vigie de l'eau » et la commission ont été signalés en 2016 au parquet d'Épinal avec le soutien d'Anticor, et le procès s'est ouvert le [7],[13],[8]. Des liens unissent par exemple la présidente de la Commission locale de l’eau (en charge d’examiner les scénarios d’action pour remédier au déficit en eau de la nappe) et le groupe Nestlé (employeur de son mari)[14]. Le projet est finalement écarté[8] et la présidente de la Commission locale de l'eau est reconnue coupable de prise illégale d'intérêt, et condamnée à 3 mois de prison avec sursis[15].

Le directeur du site indique en que les volumes prélevés dans la nappe phréatique dépasse sa capacité de recharge[8].

Cet impact écologique est plus marqué dans les médias allemands que dans les médias français. Pour le site Arrêt sur images, cela est dû à l'impact économique du groupe Nestlé sur la région[7].

Nestlé a annoncé réduire ses extractions d'eau profonde de plus de moitié, l'arrêt de la baisse des nappes n'est pas attendu avant [8].

Décharges de déchets plastiques

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En , une décharge de déchets plastiques illégale a été signalée à Nestlé sur un terrain lui appartenant. 3 autres décharges sont découverte plus tard, dont une contenant 42 000 m3 de plastique d'après la direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement. Nestlé attend pour les reconnaître[16].

En , Nestlé informe l'État de l'existence des décharges, et lui annonce avoir lancé des investigation en . L'entreprise reconnaît 9 décharges de déchets plastiques, dont 4 datant des années et [8]. Elle indique toutefois ne pas se considérer responsable pour les décharges datant d'avant son rachat de Vittel.

L'entreprise a annoncé souhaiter nettoyer les décharges sur ses terrains[8] et a indiqué avoir mandaté une entreprise pour restaurer le site, toujours en l'état de décharge en 2023[16].

Notes et références

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  1. Composition de l'eau minérale naturelle Vittel, Nestlé Waters (consulté le 28 juillet 2014).
  2. a b et c Saga Vittel, Prodimarques, avril 2005
  3. Bertrand Munier, Le grand livre des élus vosgiens, 1791-2003 : conseillers généraux et régionaux, députés, sénateurs, ministres, Gérard Louis, 2003, p. 205.
  4. [PDF] Quézac, la Lozère dans votre verre, Couleurs Lozère, juin à août 2010
  5. Un rapport confidentiel de Nestlé révèle un « risque élevé » d’arsenic dans les eaux de Vittel, Mediapart, Pascale Pascariello, 31 octobre 2024
  6. a b c et d Vittel, LSA (consulté le 23 août 2015).
  7. a b c d e et f Juliette Gramaglia, « Nestlé se gorge d'eau de Vittel : émotion allemande… discrétion française », Arrêt sur images,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. a b c d e f g et h Jörg Daniel Hissen, « À sec - La grande soif des multinationales » [archive], sur arte.tv, (consulté le )
  9. Jörg Daniel Hissen, « À sec - La grande soif des multinationales » [archive], sur arte.tv, (consulté le )
  10. « Nestlé assoiffe Vittel », le Canard Enchaîné,‎ , p. 5
  11. « La nappe d’eau de Vittel est en train de se vider », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. a et b « À Vittel, l’eau de Nestlé ne coule plus de source », Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. a et b « Bataille de l'eau à Vittel entre des habitants et Nestlé », sur sciencesetavenir.fr, (consulté le )
  14. « À Vittel, bientôt le procès de Nestlé », sur mediapart.fr, Journal, (consulté le ).
  15. Yannick Vernini, « Prise illégale d’intérêts : Claudie Pruvost reconnue coupable », L'Est Républicain,‎ , p. 8 (lire en ligne  )
  16. a et b France Info, « « Les arbres ont poussé dans le plastique » : dans la forêt près de Vittel, l'immense décharge sauvage de Nestlé menace de polluer les nappes phréatiques », sur France Info, (consulté le )

Voir aussi

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Filmographie

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Liens externes

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