Wala (Carolingien)

aristocrate français

Wala ou Walhalla[1], né vers 772 et mort à l'abbaye de Bobbio le , fut un moine bénédictin, abbé de l'abbaye Saint-Pierre de Corbie, puis abbé de Bobbio qui joua un rôle politique de premier plan sous le règne des premiers carolingiens.

Wala
Biographie
Naissance vers 772
Père Bernard
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Décès
Abbaye de Bobbio (Italie)
Abbé de l'Église catholique
Abbé de Corbie (824-836)
Abbé de Bobbio (836)
Autres fonctions
Fonction laïque
comte palatin de Saxe, régent du royaume d'Italie

Biographie

modifier

Famille

modifier

Wala était membre de la famille des Carolingiens, fils du comte Bernard lui-même fils de Charles Martel, de ce fait il était cousin germain de Charlemagne. Il avait pour demi-frère Adalard de Corbie. Sa mère, la deuxième épouse de son père, était une Saxonne dont l'identité ne nous est pas connue (peut-être était-ce Gundelindis d'Autun)[2].

Il épousa sa cousine Chrotlinde (Rodlinde, Rolande), fille de Guillaume de Gellone, comte de Toulouse et petit-fils par sa mère de Charles Martel. Ce n'est pas clairement indiqué par les sources contemporaines, mais Paschase Radbert, le biographe et confident de Wala, écrivit que :

« Wala épousa la sœur d'un tyran en fonction en Espagne[Note 1], fils d'un duc de la plus haute noblesse, plus jeune de lui d'une génération et ayant un frère aveuglé[3],[4]. »

De ce mariage naquit probablement Bertrude, signalée (« Bertrut, fille du comte Wallo ») dans le nécrologe de Saint-Germain-des-Prés aux côtés de Chrotlinde[5].

Carrière politique

modifier

Il aurait participé à la révolte de Pépin le Bossu, fils illégitime de Charlemagne, en 791, et fut exilé mais rentra en grâce peu après. Wala occupa une position de tout premier plan après le sacre impérial de Charlemagne en 800 : tour à tour administrateur, diplomate ou général, Charlemagne lui délégua de plus en plus de pouvoir sur la fin de son règne. Son rôle devint considérable. Il séjourna le plus souvent à la cour impériale d'Aix-la-Chapelle lorsqu'il n'était pas en mission.

En tant que général, il vainquit à plusieurs reprises les Saxons et défit une flotte musulmane en 812.

Il fut nommé comte palatin de Saxe, puis en Italie en 812, il devint administrateur auprès de son demi-frère Adalard, régent du royaume au nom de Pépin d'Italie[6].

À la mort de Charlemagne en 814, une révolution de palais mit en disgrâce une grande partie de la famille impériale, et Wala dut trouver refuge à l'abbaye de Corbie. Après le soulèvement de Bernard d'Italie, Louis le Pieux accorda son pardon et restitua leurs biens aux rebelles, à l'assemblée de Thionville[7] de 821. Adalhard et Wala furent rappelés de leur exil à Noirmoutier. Pour garantir la paix, l'unité de l'empire et celle de l'Église, Louis le Pieux mit en œuvre une pénitence générale, à l'assemblée d'Attigny de 822. Le clergé prit dès lors un ascendant sur l'empereur. Wala, ayant retrouvé un rôle de premier plan à la cour, réclama, à l'empereur une réforme de l'Église et des clercs du palais impérial. En 828, Louis le Pieux céda aux exigence de Wala et des évêques : il promit la convocation de quatre synodes pour réformer l'Eglise et remédier aux vices de la société.

Il soutint le soulèvement des fils de Louis le Pieux, qui aboutirent à la déposition de l'empereur en avril 830 et à la relégation à l'abbaye Sainte-Radegonde de Poitiers de l'impératrice Judith, considée par Wala comme un suppôt de Satan ; mais Louis le Pieux parvint à se rétablir sur le trône. À l'assemblée de Nimègue d', il renvoya Wala à l'abbaye de Corbie. Le , l'empereur déposait l'évêque d'Amiens Jessé, envoyait son fils aîné Lothaire en Italie et Wala sur les bords du lac de Genève[8].

Carrière ecclésiastique

modifier

Après le décès de son épouse et celui de Charlemagne, il devint moine, volontairement ou sous la contrainte et le nouvel empereur, Louis le Pieux, l'exila, en 818, avec son frère Adalard au monastère fondé par saint Philibert à Noirmoutier.

Revenu en grâce auprès de l'empereur en 821, il devint alors conseiller du coempereur Lothaire[6],[9]. En 822, avec son frère Adalard, il fonda le monastère de Corvey[10], [11] (Corbeia nova : nouvelle Corbie) non loin de Höxter sur la Weser.

En mai ou juin 824, il était à Rome où il œuvra à l'élection du pape Eugène II. À la mort de son frère Adalard de Corbie, le , il était en Saxe où il visita l'abbaye de Corvey. À l'âge de 61 ans, il fut élu abbé de Corbie et Paschase Radbert, moine de Corbie obtint la confirmation de cette élection par l'empereur Louis le Pieux qui ordonna à Wala de quitter la Saxe, de rentrer à Corbie et d'accepter la dignité abbatiale[12].

En 836, il suivit Lothaire en Italie et il se vit confier le monastère de Bobbio, où il mourut peu après son arrivée, le [6],[13].

Rédaction de la Vie de Wala

modifier

La vie et l'action de Wala nous sont connues par la relation que nous en a laissée Paschase Radbert, moine et théologien de l'abbaye de Corbie.

Paschase Radbert évoqua avec bienveillance la vie de Wala dans son Epitaphium Arsenii, curieux écrit tenant à la fois de l'éloge funèbre, de la biographie, de l'hagiographie et du pamphlet (contre Judith et Bernard de Septimanie), Édition : PL 120, col. 1559-1650, ou mieux Ernst Dümmler, « Radbert's Epitaphium Arsenii », dans Preussische Akademie der Wissenschaften Berlin. Abhandlungen der historisch-philologischen Klasse, 1900, p. 18-98.

L'ouvrage est composé sous forme de dialogue en deux livres rédigés, le premier, peu de temps après la mort de Wala et avant celle de Louis le Pieux, donc entre 836 et 840 ; le second après 849, sous le règne de Charles le Chauve. Dans le premier ouvrage, Paschase Radbert dialogue avec les moines de Corbie et fait l'éloge de Wala. Dans le second ouvrage, l'auteur utilise pour les personnages des noms d'emprunt et retrace les différends qui opposèrent l'empereur, l'impératrice et Wala mettant en cause des personnages encore en vie à l'époque de la rédaction d'où la nécessité de masquer l'identité réelle des protagonistes (Wala étant Arsénius ou Jérémie, Adlhard, Antonius, Louis le Pieux, Justinien ; l'impératrice Judith, Justine, etc.)[14].

Notes et références

modifier
  1. Les historiens s'accordent à voir en ce tyran le duc Bernard de Septimanie, frère d'Héribert (aveuglé en 834) et fils de Guillaume de Gellone. Ce Bernard a trois sœurs connues : Helmburgis, morte jeune avant 804 ; Gerberge, exécutée à Chalon en 834 ; et Chrotlinde.

Références

modifier
  1. Foundation for Medieval Genealogy : « Wala ».
  2. Settipani 1993, p. 355, note 1120.
  3. Riché 1983, p. 143.
  4. Settipani 1993, p. 357.
  5. Settipani 1993, p. 358.
  6. a b et c Settipani 1993, p. 356.
  7. Geneviève Bührer-Thierry, Charles Meriaux, La France avant la France (481-888) (ISBN 2701133580).
  8. Louis Halphen, Charlemagne et l'empire carolingien, collection « L'Evolution de l'humanité », Paris, Albin Michel, 1947 et 1968.
  9. Riché 1983, p. 150.
  10. Georges Bordonove, Charlemagne, empereur et roi, Pygmalion, , p. 307.
  11. Charles George Herbermann, The Catholic encyclopedia: an international work of reference on the constitution, doctrine, discipline, and history of the Catholic church, The Catholic Encyclopedia Inc., 1913, volume 1, p. 126.
  12. Dom Grenier, Histoire de la ville et du comté de Corbie (des origines à 1400), fin XVIIIe siècle, Amiens, Yvert et Tellier, Paris, Picard fils et Cie, 1910 p. 102.
  13. Riché 1983, p. 155 et 276.
  14. Ouvrage collectif, Corbie, abbaye royale, volume du XIIIe Centenaire, Facultés catholiques de Lille, 1963 pp. 95-96.

Bibliographie

modifier
  • Philippe Depreux, Prosopographie de l'entourage de Louis le Pieux (781–840), Sigmaringen, Jan Thorbecke Verlag, coll. « Instrumenta » (no 1), , 496 p. (ISBN 978-3-7995-7265-1, lire en ligne), p. 390-393.
  • Jean Favier, Dictionnaire de la France médiévale, Paris, Libraire Arthème Fayard, , 982 p. (ISBN 2-213-03139-8).
  • David Ganz, « The Epitaphium Arsenii and opposition to Louis the Pious », in Peter Godman & Roger Collins (éd.), Charlemagne's heir. New perspectives on the reign of Louis the Pious (814-840). Oxford, Clarendon Press, 1990, p. 537-550.
  • Louis Halphen, Charlemagne et l'empire carolingien, collection « L'Evolution de l'humanité », Paris, Albin Michel, 1947 et 1968.
  • Mayke de Jong, « Becoming Jeremiah : Radbert on Wala, himself and others », in Richard Corradini & alii (éd.), Ego trouble : authors and their identities in the early Middle Ages. Wien, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 2010 (= Forschungen zur Geschichte des Mittelalters, Band 15), p. 185-196.
  • Chanoine Henri Peltier, « Wala, disciple d'Adalhard », in Corbie, abbaye royale. Volume du XIIIe centenaire. Lille, 1963, p. 95-104.
  • Paschase Radbert, Epitaphium Arsenii (La Vie de Wala), en deux livres, le premier rédigé entre 836 et 840 ; le second écrit après 849.
  • Pierre Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », (réimpr. 1997), 490 p. (ISBN 2-01-278851-3, présentation en ligne).
  • Carl Rodenberg, Die "Vita Walae" als historische Quelle. Inaugural-Dissertation... Göttingen, Druck von Dieterich, 1877 (102 p.).
  • Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle Histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d'Ascq, éd. Patrick van Kerrebrouck, , 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6).
  • Chiara Verri, « Il libro primo dell’Epitaphium Arsenii di Pascasio Radberto », in Bullettino dell'Istituto storico italiano per il Medio Evo, 103 (2001), p. 33-131.
  • Lorenz Weinrich, Wala. Graf, Mönch und Rebell. Die Biographie eines Karolingers. Lübeck & Hamburg, Matthiesen Verlag (= Historische Studien, Heft 386), 1963 (107 p.).

Articles connexes

modifier


  NODES
Intern 1
Note 6
os 10