Yascha Mounk

politologue et journaliste allemand naturalisé américain

Yascha Mounk, né à Munich, est un politologue allemand, naturalisé américain, directeur exécutif de l'équipe Renewing the Centre au Tony Blair Institute for Global Change[1], chercheur postdoctoral et chargé de cours à l'université Harvard à Boston[2].

Journaliste indépendant, il écrit notamment pour The New York Times, The Wall Street Journal, Foreign Affairs, Slate et Die Zeit. Il entretient également un podcast, The Good Fight.

En , il obtient la nationalité américaine[3].

Biographie

modifier

Yascha Mounk est né en 1982 à Munich, fils d'une femme juive ashkénaze polonaise d'obédience socialiste ayant émigré avec ses parents en 1969, après qu'ils eurent été autorisés à partir à la suite de la purge de tous les Juifs de l'appareil communiste polonais. En raison de ses origines, il s'est toujours senti comme un étranger dans son pays de naissance, et bien que l'allemand soit sa langue maternelle, il ne s'est jamais senti accepté comme un « véritable Allemand » par ses pairs[4].

À l'âge de 13 ans, il adhère au SPD, le parti socialiste allemand, qu'il quitte en 2015 par une lettre ouverte à l'ex-président du SPD Sigmar Gabriel. Il dénonce l'attitude austéritaire des institutions allemandes, leur indifférence envers les réfugiés et la passivité des leaders du SPD au cours de la crise de Crimée de 2014, ainsi que lors de la crise grecque, considérant qu'il s'agit d'une trahison de leurs idéaux sociaux-libéraux originels[5],[6].

Entre temps, en 2005, Mounk part étudier aux États-Unis où il a obtenu un doctorat en science politique.

Positions politiques

modifier

En tant que directeur exécutif de l'équipe « Renewing the Centre » au Tony Blair Institute for Global Change, Yascha Mounk défend un renouveau du social-libéralisme politique à même de contrer ce qu'il perçoit comme le danger du "populisme"[7]. Dans une interview à la Süddeutsche Zeitung, il a déclaré en que sa position avait changé face au nationalisme. Il voyait cela comme une relique du passé, qu'il fallait surmonter par un « nationalisme inclusif », car sinon, ce terrain pouvait être occupé par un nationalisme agressif[8]. Il estime que les peuples et les nations devraient de nouveau avoir le sentiment de retrouver le contrôle de leur vie sociale, économique et de leur destin politique, et que ce désir est légitime et non honteux[9].

Il expose le conflit qui oppose désormais les valeurs démocratiques et le libéralisme dans Le Peuple contre la démocratie. Il identifie d'une part des démocraties populistes qui comme en Hongrie ne sont plus libérales, et d'autre part un libéralisme antidémocratique qu'incarnent les élites technocratiques européennes. Il considère que l'État-nation doit utiliser sa ressource principale, historiquement définitive – le territoire –, pour dompter le capitalisme. Il réfute une forme de pensée républicaine qui distingue le nationalisme dangereux, car porteur de dédain des autres nations, du patriotisme porteur de solidarité au sein de la nation. Il pense que les deux appartiennent au même phénomène et qu'il faut se battre pour domestiquer le nationalisme et en faire un nationalisme inclusif qui affirme que tous ceux qui vivent de manière continuelle sur le territoire doivent être inclus dans la nation[10].

Ouvrages

modifier

En anglais

modifier

En français

modifier
  • Le Peuple contre la démocratie [« The People vs. Democracy: Why Our Freedom is in Danger and How to Save It »] (trad. de l'anglais par Jean-Marie Souzeau), Paris, éd. de l'Observatoire, , 528 p. (ISBN 979-1-032-90453-4)
  • La Grande Expérience : les démocraties à l'épreuve de la diversité [« The Great Experiment: Why Diverse Democracies Fall Apart and How They Can Endure »] (trad. de l'anglais par Benjamin Peylet), Paris, éd. de l'Observatoire, , 432 p. (ISBN 979-1-032-91645-2)[11]
  • Le Piège de l'identité : comment une idée progressiste est devenue une idéologie mortifère [« The Identity Trap: A Story of Ideas and Power in Our Time »] (trad. de l'anglais par Benjamin Peylet), Paris, éd. de l'Observatoire, , 560 p. (ISBN 979-1-032-92718-2)

Notes et références

modifier
  1. (en) « Yascha Mounk », sur Institute for Global Change (consulté le ).
  2. (en-US) Harvard University, « Yascha Mounk », sur Center for European Studies at Harvard University, (consulté le ).
  3. (en) « Yascha Mounk: 'How Did I Celebrate Becoming American? Protesting Trump », sur The New York Times, 2017/03/24 (consulté le ).
  4. Stranger in My Own Country: A Jewish Family Moderne, Germany, jewishbookcouncil.org
  5. Par la présente, je sors de la SPD de, zeit.de, 15.
  6. Waarom ik uit de SPD stap, dewereldmorgen.be, 17.
  7. « Yascha Mounk on Saving Democracy From Populism – Third Way », sur www.thirdway.org (consulté le )
  8. La Démocratie libérale se cassent juste part, sueddeutsche.de, 15.
  9. (en) « Does the political scientist who foresaw the Trump era still believe … » [archive du ], sur haaretz.com,
  10. « Yascha Mounk : “Il faut se battre pour domestiquer le nationalisme” », sur philomag.com,
  11. « Le multiculturalisme, prochain grand défi des démocraties modernes ? », France Culture, La grande table Idées par Olivia Gesbert, le .

Voir aussi

modifier

Recueils d'articles

modifier

Liens externes

modifier

  NODES
Idea 2
idea 2
Note 2
twitter 1