Cosmopolitisme

concept philosophique

Le cosmopolitisme, qui s'oppose au patriotisme, est la conscience d'appartenir à l'ensemble de l'Humanité et non pas à sa seule patrie d'origine. Il consiste à se comporter comme un membre de la communauté mondiale et non comme le citoyen d'un État.

Constantin Languille

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Avant d'être un projet politique, le cosmopolitisme est un état de fait, résultant de la mondialisation. Certains le déplorent et l'appellent «grand remplacement» d'autres le célèbrent sous le nom de «métissage». Mais c'est un fait: le monde est désormais un tout unifié, où les diverses cultures se croisent et se répondent. C'est un raccourcissement brutal de l'espace temps, voire même, avec les nouvelles technologies, une instantanéité Lorsqu'il y a une caricature à Paris, il y a des morts au Niger. Mais, depuis le XIXème siècle, le cosmopolitisme est aussi un projet politique, une idéologie héritée des Lumières selon laquelle le seul fondement d'une communauté politique peut être les principes universels, soit les droits de l'homme et la démocratie. Le cosmopolitisme contemporain a été théorisé par le philosophe allemand, Ulrich Beck. C'est le concept de «société inclusive», développé notamment par le rapport Tuot. Quand tout le monde verra ses droits garantis, quand tout le monde sera tolérant, quand la justice sociale sera installée, on pourra vivre heureux ensemble. Il n'y a pas besoin d'éléments culturels et religieux pour unir les hommes.
  • « La République au défi du cosmopolitisme », Constantin Languille, Le Figaro, 3 avril 2015 (lire en ligne)


Ulrich Beck

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On pourrait dire ironiquement qu'une politique cosmopolitique d'immigration devrait suivre la maxime suivante : nous refuserons tout étranger qui veut ou doit devenir comme moi, comme nous.
  • Qu'est-ce que le cosmopolitisme?, Ulrich Beck, éd. Aubier, 2006, p. 133


Raphaël Glucksmann

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Depuis des siècles, notre France est humaniste, cosmopolite, ouverte sur les autres, le monde et l'avenir. Elle n'a jamais été ce pays clos, cette société monochrome et cette identité univoque que les réactionnaires prétendent ressusciter. Profitant du silence et de l'indolence des héritiers supposés de Voltaire et Hugo, les rejetons de Maurras et Barrès ont kidnappé notre histoire. Devenus maîtres du passé, ils contrôlent le présent et oblitèrent l'avenir. Face à la tentation du repli qui submerge notre nation, il est temps de reprendre le récit français des mains de ceux qui l'avilissent. Temps de réapprendre à dire et à aimer ce que nous sommes. De retourner aux sources de notre France pour la faire vivre à nouveau.
  • Notre France. Dire et aimer ce que nous sommes, Raphaël Glucksmann, éd. Allary, 2016, p. 4e de couverture


Je suis un cosmopolite résolu. J’aime le métissage et je déteste le nationalisme. Je ne vibre pas à « la Marseillaise ». J’espère que le cadre national sera un jour dépassé. Et l'un des principaux mérites de l'Europe, à mes yeux, est de fonctionner comme une machine à refroidir cette passion nationale.


Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binious, bref, « franchouillard » ou cocardier, nous est étranger, voire odieux.
  • Bernard-Henri Lévy, 1985, Edito, dans Globe, paru 1985.


Noël Mamère

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C’est un fait. Le cosmopolitisme et le métissage s’imposeront quoi qu’en pensent les oiseaux noirs du malheur.


La question identitaire : le FN se développe sur ce champ. Le slogan « On est chez nous » résume son positionnement et pose un problème à la gauche. Nous devons oser affronter le FN sur cette question en lui opposant le projet d’une société cosmopolite et métissée assumée. Il faut être inflexible face aux dérives xénophobes, voire racistes dans le camp de la gauche. Du bulldozer de Vitry aux déclarations de Manuel Valls sur les Roms, la gauche est contaminée par ce poison. La République, et ce depuis la Révolution française, a toujours eu deux faces, celle du devoir d’hospitalité et de la fraternité, celle de la république coloniale et de la ségrégation. Sur ce terrain, il est plus facile paradoxalement de mobiliser des forces militantes qui se retrouvent dans un humanisme radical pour l’égalité des droits et la liberté de circulation.
  • « Engager à l’échelle européenne une campagne contre le Traité transatlantique », Propos recueillis par François Calaret, Trait d’Union (lettre d’information et de débat de la FASE, GU, GA, CetA, Alternatifs), nº 7, 1er novembre 2013, p. 7. (lire en ligne)


Face à l'identité fermée, fondée sur le hasard de la naissance, l'enfermement dans le passé et l'exclusion de ce qui est différent, nous revendiquons l'identité ouverte du monde métissé, qui consiste à revisiter l'humanisme cosmopolite.[…] Le cosmopolite est avant tout un citoyen du monde qui, pour défendre la planète, cherche à dépasser la guerre de tous contre tous et l'obsession identitaire.
  • Changeons le système, pas le climat : Manifeste pour un autre monde : Manifeste pour un autre monde, Noël Mamère et Patrick Farbiiaz, éd. Flammarion, 2015, p. 90.


Ceux qui résistent à cette vague réactionnaire et néo-fasciste construisent une nouvelle identité, dont les composantes sont le cosmopolitisme et le Commun, l’autonomie, la capacité citoyenne d’agir et la coopération. Le cosmopolitisme, c’est considérer la responsabilité du citoyen (polis) envers la planète (cosmos). C’est la force du métissage contre le droit du sang…Autant de valeurs que porte l’écologie sociale.
  • « Vert contre noir, cosmopolitisme contre nationalisme », Noël Mamère, Mediapart, 24 mai 2016. (lire en ligne)


Les partisans du cosmopolitisme - et nous en sommes pleinement -, considèrent que l’histoire ne se résume pas à celle de France et à la construction de l’imaginaire français, mais qu’elle part d’une vision planétaire où l’homme et la femme sont des citoyens d’un monde, où les frontières géopolitiques sont mouvantes, où les migrations sont des phénomènes récurrents et constituants de toutes les nations et que, par conséquent, le sentiment d’appartenance des citoyens est pluriel. Celles et ceux qui peuplent la France peuvent être à la fois Parisiens ou Bèglais, Français et d’ascendance algérienne, bretonne ou africaine ; Ils peuvent être d’origines ouvrière, paysanne ou bourgeoise, athées, catholiques, protestants, juifs, musulmans ou autres… Leur citoyenneté est constituée de tous ces éléments, ce qui implique une histoire multi référentielle.


Henry de Lesquen

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Les hommes de droite ont des principes à défendre : la patrie et la liberté. C’est pour cela qu’ils s’opposent à l’utopie égalitaire de la gauche et au cosmopolitisme qui en est aujourd’hui la traduction idéologique.
  • « Quelle stratégie pour la droite ? », Éric Martin, ndf.fr, 5 septembre 2011 (lire en ligne)


Il faut rejeter le cosmopolitisme sans racines, qui est abstrait, pour le cosmopolitisme terrien, celui du citoyen de notre petite planète singulière. En même temps tous les ré-enracinements ethniques ou nationaux sont légitimes, à condition qu'ils s'accompagnent du plus profond encore ré-enracinement dans l'identité humaine terrestre…


[L]a Révolution française a été tout d'abord cosmopolite, et non française, [elle] a songé «à l'homme» plus qu'à la patrie, et n'est devenue « patriote » que quand le territoire a été envahi.
  • Études littéraires : Dix-huitième siècle, Émile Faguet, éd. H. Lecène et H. Oudin, 1890, p. VIII


[U]n honnête homme n'est ni français, ni allemand, ni espagnol, il est Citoyen du Monde et sa patrie est partout.


Cette idée de frontières et de nations me paraît absurde. La seule chose qui peut nous sauver est d’être des citoyens du monde.


Un jour, espérons-le, le globe sera civilisé. Tous les points de la demeure humaine seront éclairés, et alors sera accompli le magnifique rêve de l'intelligence : avoir pour patrie le Monde et pour nation l'Humanité.
  • Les Burgraves (1843), Victor Hugo, éd. J. Hetzel, 1843, Préface, p. 22


Je suis citoyen du monde, en tous lieux où la vie abonde, le sol m’est doux et l’homme cher ! […] Mon compatriote, c’est l’homme.


Pierre Charron

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Qu'importe être né en un lieu et vivre en un autre! Notre mère ne pouvait accoucher ailleurs. C'est fortuit que nous naissions çà ou là...Toute terre est pays à l'homme sage, ou plutôt nulle terre ne lui est pays. C'est se faire tort, c'est faiblesse et bassesse de cœur de se porter ou penser étranger en quelque lieu. Il faut user de son droit, et partout vivre comme chez soi et sur le sien :Omnes terras tanquam suas videre, et suas tanquam omnium .
  • De la sagesse: trois livres (1601), Pierre Charron, éd. Chassériau, 1824, vol. 3, p. 186


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