Contes bruns/Sara la danseuse


Sara la danseuse

dans Contes bruns
1832



SARA LA DANSEUSE

Charles Rabou


Non, s’écriait, un soir de sabbat, le juif Fleischmann en frappant vivement de son poing la table sur laquelle il venait de souper ; non, jamais je ne souffrirai que ma fille monte sur un théâtre pour amuser par ses pirouettes les oisifs de Berlin ! Danseuse ! Par Abraham, ma fille danseuse, quand le jeune Aaron la demande en mariage, et que demain elle pourrait être la première marchande de chevaux de tout le Mecklembourg ! — Je ne dis pas non, reprenait sa femme ; mais si pourtant elle devait faire fortune dans cet état, on peut très-bien y vivre honnêtement, quoique les dames de théâtre ne soient pas toutes en possession d’une excellente réputation. — Taisez-vous, reprenait Fleischmann, vous en savez, vous, des danseuses qui ne soient pas des Babylones vivantes ? J’aimerais mieux, comme notre grand patriarche, être obligé de la sacrifier moi-même, de mes propres mains, que de la laisser entrer dans une pareille vie. La fille de Fleischmann sauteuse publique !! — Mais enfin, mon ami, reprenait la mère, David a dansé devant l’arche. — Il y dansait, répondit solennellement le vieux juif, pour célébrer les louanges du Seigneur, et sa danse ne ressemblait en aucune manière à celle que votre Sara voudrait pratiquer. C’était une danse grave, mesurée… — Pour cela, mon ami, c’est ce que vous ne savez pas. Le livre de Samuel, que les chrétiens appellent le livre des Rois, ne dit pas du tout une danse plutôt qu’une autre. — Langue de l’enfer, s’écria Fleischmann avec une voix retentissante, que ne prends-tu avec toi ta fille, et ne la mènes-tu par les rues, comme je l’ai vu faire à d’honnêtes mères lors de mon voyage à Paris ? » Cette brillante apostrophe ferma la bouche de Mme Fleischmann, qui, sans plus rien ajouter, se mit à ôter le couvert ; et elle ne reparla plus que pour rappeler à son mari, absorbé dans ses pensées, qu’il était temps de se coucher, car dix heures venaient de sonner à l’horloge de Saint-Cyprien.

Trois mois après cette conversation, la salle du grand théâtre de Berlin était pleine comme depuis long-temps elle ne l’avait pas été, et dans une des loges de l’avant-scène, occupée par l’ambassadeur de France et l’un des secrétaires de légation, avant que la toile ne fût levée, avait lieu la conversation suivante.

« Une juive pour maîtresse, disait le jeune secrétaire, a toujours été dans ma pensée l’idéal du bonheur, et si votre excellence ne la prend dans sa maison, je compte bien me mettre en diplomatie pour arriver jusqu’à son cœur. Sara ! monseigneur ; comprenez-vous ce que doit être dans les bras de son amant une femme qui s’appelle Sara ? — Sans doute, reprenait l’ambassadeur. A ce nom seul revivent tous les souvenirs de la vie patriarcale, et pour peu que la petite ait le pied bien et les formes gracieuses, je pourrais bien faire quelque chose pour elle. Aussi bien la Ripiena vieillit beaucoup. Je ne sache rien dans le monde dont on se lasse aussi vite que d’un contr’alto. — Et puis, ajoutait le secrétaire, il n’est pas jusqu’aux circonstances de son début qui donnent à ce sujet un attrait tout-à-fait piquant et romanesque. Son père est un juif à principes, qui voulait la marier à un marchand de chevaux, plutôt que de la laisser devenir la Terpsichore de l’Allemagne. Elle procède de par une vocation. Avant de monter sur la scène, elle a bravement rompu avec toute sa famille ; aussi jurerais-je sur mon ambassade à venir qu’elle ira plus loin qu’aucune des célébrités dansantes de la chrétienté… — Silence ! interrompit l’ambassadeur ; je vois là-bas le chargé d’Espagne qui cause avec le conseiller intime. Laissez-moi observer leurs figures ; j’ai dans l’idée qu’ils trament quelque chose. » Un peu après, l’ouverture commença, la toile fut levée, et des nymphes et des amours firent l’exposition de la pièce, en dansant avec des guirlandes, ce qui laissa comprendre aux spectateurs que c’étaient des nymphes et des amours qui dansaient avec des guirlandes. A la troisième scène parut Sara. C’était une grande fille, aux cheveux noirs, aux formes élégantes et élancées, comme la Sulamite du Cantique des Cantiques. Depuis un siècle peut-être rien d’aussi voluptueux n’avait paru sur la scène du grand théâtre. En un moment toutes les puissances européennes, dans la personne de leurs représentans, furent embrasées pour elle des feux les plus vifs. Il y aurait eu de quoi rompre à jamais l’équilibre et la paix de l’Europe, sans un incident qui se présenta.

Au moment où la jeune débutante, après s’être long-temps dérobée aux poursuites d’un Zéphyr, tombait comme épuisée dans ses bras et lui laissait prendre un baiser au vol, un homme dont le costume n’avait rien de mythologique, portant une longue barbe et un chapeau à larges bords, sort vivement de la coulisse, court à la débutante, la saisit par sa robe qu’il froisse et qu’il déchire. « Malheureuse ! s’écrie-t-il, rien n’a pu t’arrêter, il a fallu que tu vinsses te prostituer à la face de tout Berlin ! Eh bien ! aussi à la face de tout Berlin je te maudis, et je demande au ciel qu’il te fasse mourir dans la honte et dans la misère ; je te maudis ! » répéta-t-il. Et bien qu’il ne fût pas le moindrement du monde comédien, jamais au théâtre malédiction paternelle n’avait produit un pareil effet.

A cette terrible apparition, Sara se trouva mal ; deux soldats de la garde du roi, en faction dans les coulisses, s’emparèrent du perturbateur et le mirent à la porte de la scène, où sa qualité de père au désespoir ne lui donnait point entrée. Le directeur du théâtre ne pouvait comprendre la colère de cet homme, quand il avait fait à sa fille l’engagement le plus avantageux qui depuis dix ans peut-être eut été signé. Les puissances européennes furent un peu dérangées dans leur plan respectif par cette intervention qu’elles n’avaient pas prévue ; parmi les femmes il n’y avait qu’une voix : la débutante était passable, mais il fallait qu’elle fût une fille bien perdue et bien abandonnée pour donner à un père si respectable un chagrin si cruel. Quant aux gens du parterre, qui d’abord avaient paru touchés de cette scène, revenus de leur première émotion, ils demandèrent qu’on leur rendît leur argent ou la danseuse, attendu que l’affiche n’avait pas prévenu qu’elle eût un père, et qu’ils étaient venus pour assister à un ballet et non à un drame bourgeois ; les choses ne se fussent point passées autrement si l’on fût venu annoncer que le premier ténor était surpris tout à coup par un enrouement, ou que le premier sujet de la danse venait de se donner une entorse.

En rentrant chez eux (depuis plusieurs mois ils ne demeuraient plus sous le même toit), le père et la fille furent saisis tous les deux d’une fièvre violente, résultat de l’émotion à laquelle ils avaient été soumis. Mais la fille avait dix-sept ans, et la vie chez elle achevait à peine de se compléter ; chez le vieux père, au contraire, la nature en décadence depuis long-temps menaçait ruine ; elle s’en fut du coup. On le porta au cimetière des juifs, qui est placé en dehors de la porte de la ville, sur le chemin de France ; en sorte que, deux mois après, lorsque Sara passa par cette route dans la voiture de l’ambassadeur, elle ne put s’empêcher de penser au vieux Fleischmann et à sa malédiction.

C’est une chose étrange que la malédiction d’un père. Ce n’est pas une force, comme disent les mathématiciens ; ce n’est pas un corps, une substance, une chose matérielle, avec laquelle vous puissiez toucher celui auquel vous l’adressez ; trois mots : Je te maudis ; ce n’est autre chose que l’expression d’un vœu pour son malheur, lequel ne devait pas avoir plus de portée que cette autre forme, bien plus usuelle et bien plus arrêtée : Que le diable t’emporte ! Et cependant, d’ordinaire, la vie d’un homme s’en trouve flétrie, et il est rare qu’il mène à bien son existence, lorsqu’il en marche chargé.

Pour Sara, moins d’un quart de lieue après le cimetière, dont, au reste, aucune voix n’était sortie pour répéter l’anathème, elle avait cessé d’y songer. Elle trouvait une profonde volupté à se sentir emportée d’un train rapide vers Paris, où les danseuses sont en honneur comme jadis la vertu à Rome ; elle était fière, autant toutefois qu’on peut l’être de supporter un poids assez gênant, de soutenir la tête de l’ambassadeur de France endormi, et reposant avec toute sa politique sur son épaule. De temps en temps ses grands yeux noirs de danseuse rencontraient ceux du jeune secrétaire qui aimait tant les jeunes filles de Sion, et ils augmentaient chez lui la langueur voluptueuse qui vient visiter le voyageur glissant dans une berline bien suspendue, sur une route bien unie, lorsqu’aucune pensée triste ne le tourmente, qu’aucun cahos ne le réveille, et qu’il n’a pas trop hâte d’arriver.

Au milieu de cette douce extase, les voyageurs croient s’apercevoir que le train de la voiture redouble de vitesse. Bientôt les cris du postillon et le mouvement de plus en plus rapide des roues leur font comprendre que les chevaux s’emportent, et qu’ils sont, pour le moins, exposés au danger de verser. Si la chose se fût passée en France, où, grâce à l’état des routes, les voitures de voyage en ont une sorte d’habitude, le péril eût été moins sérieux ; mais, en Allemagne, rien ne se fait qu’en conscience, et quand une chaise vient à être brisée, il est rare que le malencontreux propriétaire s’en tire à moins de quelque côte enfoncée. L’événement ne fut que trop conséquent à cet usage ; la voiture, entraînée par les chevaux, roula dans un fossé profond ; l’ambassadeur eut une cuisse cassée ; le jeune homme, la moitié des dents brisées. Pour la jeune juive, tirée du ravin dans un état à faire pitié, on la transporta au plus prochain village. Le chirurgien de l’endroit s’empara d’elle, et, sous le prétexte qu’il voulait lui sauver la vie, il lui travailla les chairs en tout sens, et la fit cruellement souffrir. Durant la nuit qui suivit cette torture, elle entra dans le délire, parla de son père, de Berlin, de Paris, de diplomatie, de pas de deux ; sur le matin elle rendit le dernier soupir. Le lendemain, Sara la danseuse était étendue entre deux lits de terre, et les vers commençaient leur travail.

Voilà qui était bien pour ce monde-ci, reste à savoir ce qui allait se passer dans l’autre.

Aussitôt que l’âme de Sara se fut séparée de son corps, elle commença à s’avancer à travers des régions infinies et solitaires où elle eut peur de sa solitude.

À la fin elle arriva devant son juge, qu’elle n’osa jamais contempler face à face, et son jugement commença.

« Âme que j’avais faite à mon image, d’où viens-tu ? »

L’âme répondit : « Je reviens d’en bas.

— Le temps que je t’avais donné à y passer, qu’en as-tu fait ?

— Il fut bien court, reprit l’âme.

— Raison de plus pour le bien employer. As-tu souvent fait l’aumône ?

— Quelquefois.

— Oui, trente fois en tout : dix fois par charité, vingt fois par orgueil et par respect humain ; tout compensé, l’aumône ne te sera point comptée. — As-tu souvent pensé au Seigneur ton Dieu ?

— Oh ! oui, souvent.

— Oui souvent, jusqu’à l’âge de douze ans, quand ta mère te disait de faire tes prières ; mais plus tard, aux parures, aux bals, aux beaux cheveux des jeunes gens. As-tu respecté ton père et ta mère, à l’égal du Seigneur ton Dieu ?

— Je les aimais, reprit l’âme.

— Et jamais tu ne leur as désobéi ?

L’âme se tint dans le silence.

— Sara, tu as dansé ? »

L’âme commença à être agitée comme une feuille tremblant sous le vent.

— « Sara ! ton père est mort, et son âme est avec moi. »

L’âme trembla plus fort.

— « Sara ! aux ténèbres éternelles !

— Hélas ! hélas ! reprit-elle, pour avoir dansé !

— Non point pour avoir dansé, répondit le juge, car j’ai avec moi des danseurs dans la félicité éternelle ; mais parce que ton père t’a maudite, et qu’il est mort sans avoir repris sa malédiction. Adieu, Sara, adieu, ma fille, chante maintenant. »

Aussitôt les esprits de ténèbres se ruèrent sur elle, en riant aux éclats ; et, l’entraînant vers les régions de leur éternité, ils la faisaient horriblement souffrir en se l’arrachant entre eux, pour savoir qui aurait l’honneur de la présenter à leur illustre seigneur et roi.

Or Satan était assis dans toute sa gloire sur un trône emblématique, dans lequel il avait pris plaisir à parodier tous les trônes de la terre ; sa forme était, j’en demande humblement pardon à l’honorable lecteur, celle d’une chaise percée. Son front, jaune et cuivré, était sans cesse agité par un tic nerveux, et sa bouche, qui s’entrouvrait pour sourire, laissait voir dans une profondeur infinie deux rangées de dents blanches qui ne ressemblaient pas mal aux longues colonnades d’un temple antique.

— Une âme ? dit Satan.

— Oui, maître, répondirent les suppôts.

— Âme, qu’as-tu fait ? reprit le grand monarque.

— J’ai dansé, répondit l’âme, si bien que mon père en est mort, et le Seigneur mon Dieu (ici Satan fit une horrible contorsion) m’envoie vers vous pour que vous fassiez de moi ce qu’il vous plaira. »

Et l’âme aurait voulu mentir qu’elle ne l’aurait pas pu, car son arrêt la condamnait à se dénoncer elle-même, et il fallait que son arrêt fût accompli.

Lors Satan, dans un jour de familiarité, daigna consulter les démons qui avaient amené l’âme de Sara, et il leur dit : « Qu’en ferons-nous ?

— Pendons-la par les pieds ! dit le premier ; ainsi elle sera punie par où elle a péché.

— Commun ! dit le maître, et il passa à un autre avis.

— Moi, dit le second, je propose ma fameuse mixture : huile bouillante, un baril ordinaire, bonne partie de soufre et de plomb, argent et bronze en fusion, servez chaud et faites infuser la coupable… »

La pauvre âme en délibération eut une mortelle frayeur en entendant parler de cette cuisine e ffroyable.

Mais Satan, donnant un coup de pied à l’opinant : « Arrière ! lui dit-il, misérable classique ! avec tes vieilles méthodes. J’ai une idée » ; et se levant pour en faire aussitôt l’essai, il ordonne que dans un coin de son empire on élève rapidement une vaste salle de spectacle capable de contenir quelques cent milliers de spectateurs.

Ni peintures, ni dorures, ni candélabres, ni lustres, ni girandoles ne sont épargnés. Dans l’orchestre, ce sont trompettes déchirantes, clarinettes criardes, tam-tams à la voix d’airain et au bruissement lugubre, basses ronflantes et continues, avec des fifres pour les dessus.

Puis pour une heure de l’éternité les chaudières et les chevalets se reposent, et le beau monde des damnés est invité, sous bonne escorte, à venir honorer de sa présence l’ouverture de l’Académie royale de l’enfer.

Industrie de bourreaux ! les voilà qui rendent à ces femmes, à ces femmes qui depuis le temps qu’elles brûlent dans la géhenne éternelle avaient presque oublié les joies de la terre, les voilà qui leur rendent et leurs frais chapeaux de fleurs, et leurs pl umes, et leurs cachemires, et leurs satins brochés, et leurs riches fourrures ; puis tout à l’heure ils les dépouilleront de tout cela, et avec un désespérant souvenir tout fraîchement renouvelé, ils les renverront reprendre leur nudité et leur supplice. Cependant derrière les dames, au second rang des loges, l’habit bien empesé et la cravate savamment jetée, se placent les ministres, les banquiers, les diplomates et les dilettanti ; la corne dorée, la fourche au poing, grave et imposant comme un sergent de garde bourgeoise, un démon veille à chaque issue ; mais ce que vous n’auriez pas vu sur la terre, aux stalles réservées pour les hauts dignitaires, ce ne sont qu’évêques, cardinaux, archevêques, revêtus de leurs plus beaux atours, et ne tenant compte de la canaille du parterre qui, parquée derrière cette forêt de houlettes et de coiffures épiscopales, ne cesse de crier : À bas le chapeau rouge ! à bas la crosse ! à bas la mitre !

Après cela, dans une loge restée vide, et richement drapée, voyez venir sa majesté Satan ; il est accompagné de ses hauts dignitaires et de madame la Mort, reine des royaumes infernaux, de la terre, du monde, et autres lieux circonvoisins ; sur quoi la pièce commença, dont nous ne saurions au juste donner l’analyse. Nous pouvons dire cependant que deux scènes furent merveilleusement applaudies. Dans l’une, le poète et le musicien avaient agréablement tourné en raillerie la félicité des justes, condamnés, disaient-ils, pour toute réjouissance, à chanter éternellement l'Hosanna in excelsis devant la face du Très-Haut. On laisse à penser du succès que cette parodie dut avoir devant un pareil auditoire.

La donnée de l’autre scène, quoique plus fine et plus délicate, ne fut pas moins goûtée. Dans une langoureuse cavatine, un bienheureux se plaignait de n’avoir plus retrouvé dans le ciel ses amitiés de la terre ; il ne pouvait se consoler d’avoir vu toutes les forces aimantes de son âme aller se résumer dans le mystique amour des perfections divines, et il demandait qu’on lui rendît ses amours grossières de la création et les yeux de sa bien-aimée.

Ensuite ce fut le ballet.

Plusieurs danseuses vinrent successivement rivaliser de grâces et de molles attitudes. À chaque pas brillant, à chaque pirouette hardie, le roi d onnait lui-même le signal, et des tonnerres d’applaudissemens retentissaient ; mais quand ce fut le tour de Sara, il affecta, car cela était dans son plan, une froide indifférence, que le reste des spectateurs partagea avec lui. La pauvre fille avait beau se dépenser en efforts, un désespérant silence l’accueillit jusqu’à la fin de la scène ; aussi, en rentrant dans les coulisses, d’où ses compagnes avaient vu sa mésaventure, elle fut saisie d’une violente attaque de nerfs. Alors le roi Satan, qui avait voulu faire cet essai, tint pour certain que le plus grand supplice à infliger à une âme d’artiste, c’est la supériorité de ses rivales : assuré de l’excellence de ce nouveau mode de torture, et ayant autre chose à faire que d’assister jusqu’au bout à l’intrigue d’un ballet, il se leva, et aussitôt les gardiens, à grands coups de fouet, firent évacuer la salle par l’honorable assistance.

Depuis ce temps, dans cette salle déserte, dont une petite lampe, à la lumière tremblotante, ne sert qu’à sonder l’incommensurable solitude, la pauvre Sara, ayant toujours à l’oreille le bruit des applaudissemens donnés à ses compagnes, est là, qui danse sans relâche ; et il n’y a pas d’orchestre pour lui marquer la mesure, pas d’yeux pour contempler ses grâces et sa beauté, pas de prince russe pour s’en éprendre, et lui escompter son admiration.

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