Ainsi, me disais-je, ému de l’aventure, les moineaux, ceux de Paris du moins, ne connaissent pas la misère.
Ils ont bien l’hiver ! Mais un mauvais moment est bientôt passé ; et, sans compter la large aumône des charmeurs, on trouve toujours çà et là parmi les ramures quelques graines d’arrière-saison, du pain sur les balcons, dans les cours de collège, et, au besoin, l’humble grain d’avoine par les rues, après le passage des chevaux.
D’ailleurs, si parfois les moineaux souffrent, ils souffrent fraternellement. Ils n’en voient pas d’autres se gaver tandis qu’eux-mêmes crèvent de faim ; et leur misère, si misère il y a, n’étant pas rendue vraiment cruelle par sentiment de l’inégalité, ne peut pas s’appeler misère.
On ne doit pas être présomptueux en ses jugements.
Le hasard se chargea de me donner une leçon en me prouvant que si nous n’avons pas su abolir chez nous la misère, les moineaux n’y ont pas réussi davantage, à supposer même qu’ils aient essayé.