ont fait, leurs ancêtres l’ont fait. Poussés à bout par des brutalités insolentes, par des cruautés gratuites, par la violation humiliante de leur dignité d’hommes, ils se sont révoltés. Puisque la loi n’existait pas pour eux, puisque ceux qui devaient les protéger contre ces vexations arbitraires et ces violences sans nom les ont abandonnés, puisqu’on les a relégués pour ainsi dire hors du droit et de la justice, je le dis bien haut : ils sont excusables ; je dirais presque : innocents ! Eux pauvres, chétifs et opprimés, ils ont voulu se remettre en leur droit naturel et, par manière de dire, de bêtes redevenir hommes : qui oserait les condamner ? Certes, ce n’est pas dans le pays de La Boëtie qu’il se trouvera douze citoyens pour souffleter ainsi l’humanité ! Messieurs les jurés, je remets avec confiance le sort de tous ces accusés entre vos mains, certain qu’en ce moment où le peuple de la capitale a chassé ceux qui voulaient confisquer toutes nos libertés, vous les rendrez à leurs familles. Ferral et ses compagnons ont fait en petit ce que les Parisiens ont fait en grand : à défaut de la loi, ils ont appelé la force au service de la justice. Acquittez-les, messieurs ! la Révolution, triomphante à Paris, ne peut être condamnée ici ! Acquittez-les, et vous comblerez les vœux de vos concitoyens qui vous béniront pour avoir jugé, non en froids légistes, mais en hommes de cœur que rien de ce qui touche à l’humanité ne laisse indifférents !
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