jeté mon âme, me fit plus vivement
désirer d’entrer en liaison avec ce jeune
homme ; sa tristesse qui ne faisait
qu’augmenter de jour en jour, me peinait
en quelque façon, plus que mon état ;
je ne sais si c’était réellement de l’amour,
mais c’était du moins un vif sentiment
d’intérêt qui exaltait au dernier point
toutes mes facultés morales. Il me
semblait qu’en partageant les peines de
ce jeune homme, je les soulagerais, et
que je diminuerais les miennes. Comme
sa chambre était voisine de la mienne,
j’avais de fréquentes occasions d’entrer
en conversation avec lui, mais il ne me
répondait que par monosyllabes, et tout
en me témoignant qu’il était sensible à
l’intérêt que je prenais à lui, il paraissait
que ma présence lui était plus importune
qu’agréable. Je ne me rebutai pas ;
j’entrais souvent dans sa chambre lorsqu’il
était plongé dans ses tristes réflexions ;
je faisais mon possible pour
l’en distraire ; il me remerciait de mes
bontés. Un jour que je le pressais de
Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/223
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 213 —