Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/265

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 255 —


voir ; les discours qu’il me tint me firent assez voir à quoi il en voulait venir. Lorsqu’une femme galante n’a aucun motif décidé de refuser ses faveurs, il est rare qu’elle ne les accorde pas, pour peu qu’on la presse et qu’on lui montre, sinon de l’amour, du moins une tendre ardeur et un grand zèle à l’obliger ; cette faiblesse, cette facilité si naturelle à notre sexe, ne lui permet guère un refus de cette nature, et elle fait souvent par complaisance, ce que dans un autre cas elle n’eût fait que par amour.

Morande eut donc lieu d’être satisfait de moi ; ma seule justification sans doute, c’est que je ne connaissais pas encore ce rebut de l’humanité, ce méprisable écrivain, dont la plume vénale distille sans pudeur le fiel et la calomnie, et dont la noire méchanceté lance les traits les plus odieux contre quiconque a le malheur d’allumer sa bile et d’exciter son animosité.

Mes relations avec Morande durèrent ainsi quelques semaines ; il continuait à

  NODES