voir ; les discours qu’il me tint me firent
assez voir à quoi il en voulait venir.
Lorsqu’une femme galante n’a aucun
motif décidé de refuser ses faveurs, il
est rare qu’elle ne les accorde pas, pour
peu qu’on la presse et qu’on lui montre,
sinon de l’amour, du moins une tendre
ardeur et un grand zèle à l’obliger ; cette
faiblesse, cette facilité si naturelle à
notre sexe, ne lui permet guère un
refus de cette nature, et elle fait souvent
par complaisance, ce que dans un autre
cas elle n’eût fait que par amour.
Morande eut donc lieu d’être satisfait de moi ; ma seule justification sans doute, c’est que je ne connaissais pas encore ce rebut de l’humanité, ce méprisable écrivain, dont la plume vénale distille sans pudeur le fiel et la calomnie, et dont la noire méchanceté lance les traits les plus odieux contre quiconque a le malheur d’allumer sa bile et d’exciter son animosité.
Mes relations avec Morande durèrent ainsi quelques semaines ; il continuait à