rendre un homme précieux à l’État et à
la société. C’est parmi la classe mitoyenne,
parmi les citoyens à demi-aisés
qu’on trouve les hommes les plus
recommandables par leurs talents et par
leurs vertus. Assez éloignés de l’indigence
pour pouvoir cultiver leur esprit,
mais trop éloignés de l’opulence et des
grandeurs pour se laisser corrompre le
cœur, pour se livrer aux vices qui en
sont la suite, ils vivent tranquillement
sans connaître les tourments de l’ambition
ni les suggestions souvent perverses
de la nécessité ; sans connaître l’envie
ni la jalousie, ils sont animés d’une
noble émulation ; comme le désir d’augmenter
leur bien-être est un aiguillon
puissant, et que l’estime publique est
pour eux un moyen de réussite, ils
marchent d’un même pas à la fortune
et à la considération. Du point de la
sphère où ils sont placés ils voient
mieux les hommes et les choses, et la
connaissance des différents rapports que
les unes et les autres ont entre eux, leur
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