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UN DIVORCE

tout à coup, au milieu de son désespoir, il se frappe le front : une grande idée a germé dans ce sol fertile, il fera tourner ce désastre même à son profit. Oui, mon ami, il faut le reconnaître, cet homme avait vraiment du génie. Aussitôt que l’orage commence à s’apaiser, il fait seller son cheval, et malgré les larmes de sa femme, les supplications de ses enfants, il part… La pluie et le vent régnaient encore ; pour abréger sa route, il prend des chemins défoncés, perdus. La nuit vient ; il persiste, il va toujours ; son cheval heurte contre un tronc d’arbre et tombe ; il se relève, le traîne par la bride, achève son entreprise et ne rentre chez lui que le lendemain, harassé, brisé, mais plein de satisfaction ; car il vient d’acheter, à cinq lieues à la ronde, toutes les tuiles des manufactures. Comme je te le disais, mon ami, il a gagné dix mille francs à cette opération. Dans toute la circonscription de Lausanne, un grand nombre de toits étaient dévastés, et il fallait réparer le dégât au plus vite. On ne put s’adresser qu’à Grandvaux, qui doubla les prix. Mais il ne se releva pas du lit, où il s’était mis en arrivant. La fièvre ne le quitta plus, et tous les remèdes furent inutiles.

— Hélas ! oui, l’homme vit de son péché, jusqu’à ce que son péché l’emporte.

— Toujours philosophe, mon ami. À propos, j’espère que tu as couronné ta carrière par d’honnêtes bénéfices, et que tu viens te fixer définitivement parmi nous ?

— Non, mon ami, mes devoirs me rappellent en Russie. Par la mort de son père, mon élève est devenu propriétaire de domaines immenses et d’un grand nombre de serfs qu’il s’agit d’affranchir sérieusement — pas à la manière du czar. Tcherkoff est digne de cette mission,

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