qu’une fois, devant Louise, son papa lui demandant : « M’aimes-tu ? » il avait répondu : « Pas beaucoup. »
Et quand M. Desfayes avait demandé pourquoi ? L’enfant avait dit :
— Parce que j’aime maman.
Alors M. Desfayes n’avait rien répliqué ; mais il était devenu sombre, et depuis ce temps Louise était sûre qu’il pensait toujours à cela.
Cette fois, madame Fonjallaz avait voulu caresser Fernand, mais il l’avait repoussée. Elle avait fait semblant de pleurer, en se plaignant qu’on avait excité l’enfant contre elle, et, après une longue conversation entre les deux époux, M. Desfayes était venu signifier à Louise sa volonté de garder Fernand. Louise avait protesté et supplié en vain ; elle en avait appelé à l’enfant lui-même, et celui-ci avait résisté en criant et s’était attaché à elle pour la suivre, mais madame Fonjallaz l’avait emporté de force. La jeune bonne enfin, tout éplorée, avait dû partir seule avec la petite Clara, qui la tirait par la main, en disant :
— Allons le dire à maman, bien vite.
— Je suis sûre que le pauvre innocent sera tombé dans une crise après cela, ajoutait Louise, et ils ne savent seulement pas le soigner. Mais, s’ils le laissent étouffer, pour le coup, madame est morte !
— Chut ! dit Camille en voyant Claire faire un mouvement.
Elle ouvrit les yeux, en effet, puis les referma, et se mit à trembler de tous ses membres. Camille la prit dans ses bras, et une larme brûlante tomba de ses yeux sur le visage de Claire. Elle lui ouvrit son âme alors par un regard plein d’un désespoir sombre, et referma encore les yeux après lui avoir serré la main.