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UN DIVORCE

fants seuls ignoraient sa honte ; elle se savait déshonorée, et l’opinion publique, au lieu de la soutenir, l’écrasait. Je m’expatriai, vous laissant ici.

J’eus tort en cela, non pour toi, mais pour Étienne, trop faible pour rester seul. Je redoutais pour vous le spectacle d’une mère-enfant, aigrie par ses ennuis et par ses remords. Je voulais conserver en vous le respect. Je me trompai, nous devions nous sauver ou périr ensemble. Tout en ne voulant pas rompre le faisceau, je le déliais, et mon fils autant que sa mère avait besoin de moi. Dieu merci ! maintenant il est sauvé par lui-même et par celle qui l’aime.

Pendant plusieurs années encore, ma fille, là-bas, j’eus à lutter contre des caprices qui me déchiraient le cœur. Heureusement, je n’ai jamais cessé de l’aimer ; elle le sentait, et plus d’une fois sa confiance en moi l’a sauvée. J’étais son père et son ami. Enfin, nous allions nous réunir tous, et je me réjouissais de voir, au milieu de vous, sa vieillesse heureuse et honorée. C’est à ce moment qu’elle est morte, en me bénissant comme un sauveur, et fortifiée pour une autre vie.

Quant à toi, Mathilde, après avoir beaucoup souffert de ta présence, ta faiblesse, tes cris, ta divine ignorance du mal qui t’avait créée, apaisèrent mes révoltes vis-à-vis de toi. Plus d’une fois, au milieu des obligations d’une vie intérieure modeste, j’eus à te donner moi-même des soins ; tu me souriais ; tu semblais attirée vers moi. Quand j’eus obtenu de mon cœur de t’aimer un peu, cette affection devint passionnée, profonde, immense comme le sacrifice et la douleur dont tu avais été la cause. Tu devins alors ma fille réellement, par l’effet d’une génération supérieure, plus forte et plus féconde, œuvre d’un effort

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