donné lieu : je vous dirai comment. J’ai vu M. Turgot qui m’a dit qu’il se reprochait de ne vous avoir pas répondu : il a été très flatté de votre lettre. Il en a reçu une charmante de Voltaire, qui lui dit, vous serez accablé de compliments vrais, etc. — J’ai fait demander à madame de Luxembourg quel jour revenait madame de Boufflers ; c’est lundi. Je n’ose pas me flatter de dîner demain avec vous : mais je ne puis m’empêcher de le désirer, quoique ce soit peut-être un vœu contre votre plaisir. Si vous avez été chez le comte de Broglie, mon ami, il est bien mal de ne pas m’avoir donné un moment ; vous êtes cause que je n’ai écouté l’archevêque d’Aix qu’avec distraction : je vous attendais, comment pouvais-je être à lui ? Bonsoir. Je sens que l’abbé de B… a raison, mais il a tort de me le dire. J’ai vu vingt personnes aujourd’hui, et elles n’ont pu me distraire du besoin que j’avais de vous voir. Qu’avez-vous fait ? où avez-vous soupé ? vous êtes-vous souvenu que je vous aimais ? pouvais-je dire au moins comme dans Oreste, le cœur est pour Pyrrhus, et les vœux pour Oreste. Mais adieu. Je ne veux que la vérité : songez encore une fois que vous me la devez sans détour, sans modification, telle enfin qu’elle est dans votre âme.
LETTRE XCVIII
Je ne m’y attendais pas : j’avais au fond de l’âme l’impression douloureuse de ces cruels mots : nous ne pouvons pas nous aimer, et j’y répondais avec toute