Je l’ai trouvée charmante et bien digne de l’intérêt qu’elle vous inspire ; la manière, la figure et le ton de sa mère sont également aimables et intéressants. Oui, vous serez heureux ; je vous sais gré du hasard qui me les a fait rencontrer. Bonsoir.
LETTRE CII
Mon ami, que m’avez-vous fait ? je me sens si profondément triste, si malheureuse, tellement accablée du poids de la vie, qu’il faut que ce redoublement de malaise et de douleur me vienne de vous. La crainte que vous me causez, la défiance que vous m’inspirez sont deux supplices qui mettent sans cesse mon âme à la torture, et ce genre de tourment suffirait pour me faire renoncer à votre affection, ou du moins à ce qui y ressemble. Je ne sais quel affreux plaisir vous trouvez à porter le trouble dans mon âme : jamais vous ne cherchez à me rassurer, et même en me disant vrai, vous y mettez l’accent de quelqu’un qui trompe. Eh ! mon Dieu ! que j’ai mal à l’âme, que je souhaite passionnément d’être délivrée, il n’importe par quel moyen, de la disposition où je suis ! j’attends, je désire votre mariage ; je suis comme les malades condamnés à une opération : ils voient leur guérison, et ils oublient le moyen violent qui doit la leur procurer. Mon ami, délivrez-moi du malheur de vous aimer. Il me semble si souvent qu’il n’y a presque rien à faire pour cela, que je me sens une sorte de honte d’y avoir pu