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du temps, pour lui, c’était tout gagner. Mademoiselle de la Thieullaye une fois rendue à sa famille, lui et son ordre cesseraient d’être responsables ; on ne pourrait plus lui imputer les partis extrêmes vers lesquels la jeune enthousiaste serait, il le croyait du moins, infailliblement entraînée par son imagination romanesque. Il exigea que Nélida se mêlât beaucoup plus qu’elle ne l’avait fait jusqu’alors à la vie des pensionnaires. Toujours docile, et privée d’ailleurs depuis quelque temps des entretiens de la supérieure qui ne venait plus la trouver dans sa cellule, mademoiselle de la Thieullaye cessa d’user des priviléges qui lui avaient été accordés, et rentra sous la règle commune.

Un matin, après l’étude, comme elle s’était un peu attardée en classe, elle s’apprêtait à rejoindre les élèves dans le jardin, et cherchait des yeux de quel côté s’étaient réunies ses compagnes habituelles, lorsque des bruyants éclats de rire, au milieu desquels il lui sembla distinguer une voix plaintive, vinrent frapper son oreille. Curieuse d’apprendre la cause d’une gaîté si expansive, elle gagna la longue allée qui coupait en deux le massif de tilleuls, et aperçut à l’extrémité une scène qui attira toute son attention. Au milieu des robes noires d’uniforme, une jeune fille, grotesquement affublée de chiffons de toutes couleurs, avait été attachée à

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